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Résumé Le Provencal

du 06 avril 1969

 

SAINT GERMAIN distancé dès les premières minutes (5-1)

O.M. EN DEMI-FINALE C'EST FAIT !

N'aurait-il pas mieux valu jouer ce match l'après-midi ? Nous le pensons fortement, ayant personnellement horreur des nocturnes, surtout en cette saison. Nous nous mettons à la place des absents, sans négliger les arguments de M. Leclerc, auquel nous posions la question sur le coût de 8 heures, alors qu'il suivait des yeux de façon assez pessimiste les maigres fils de spectateurs traversant la cour d'honneur.

Nous savons très bien que les commerçants sont pour les nocturnes du samedi, mais aussi que le public des lointaines banlieues est contre. Il faudra donc choisir entre les deux.

Les supporters marseillais étant néanmoins fidèles, assistance était tout de même honorable pour une rencontre dont la plupart, à tort ou à raison, considéré l'issue comme tout à fait inéluctable, n'attendant de ce quart de finale aucune émotion, la qualification de l'O.M. étant pour eux acquise.

Sous les lumières tamisées du Stade-Vélodrome, le décor était planté pour l'hallali...

Zembsky rate...

Saint-Germain, comme on peut s'en douter, n'était pas d'accord et les "blanc-bleu-rouge" banlieusards étaient bien décidés à empoisonner les "rouge-blanc-bleu" de Provence.

C'est ainsi que Menou ravissait une première balle à Magnusson, mais sur la seconde, son centre pouvait provoquer un but.

Puis Djorkaeff slalomait et tirait sec (3me minute). Choquier arrêtait bien mal, en compensation, à la suite d'une bonne attaque générale, Zembsky avait le but au bout du pied mais tirait sec du gauche au ras du poteau (7me minute).

...et Novi marque

Ce que l'Allemand d'Île-de-France avait raté, Novi, le Gardois de Marseille, allait le réussir. Son tir en cloche surprenait complètement Choquier qui, sur cette action, nous parut coupable (8me minute).

Mais un peu plus tard (10me minute), il arrêtait un tir dangereux de Joseph, puis Gueniche, en bonne position, plaçait sa balle au-dessus (13me), Joseph, lui, secouait les filets mais de l'extérieur (15me minute).

Magnusson marque et fait marquer

Au milieu de cette première mi-temps, deux actions de Magnusson provoquaient l'hallali dont nous parlions tout à l'heure. Tout d'abord il mettait très habilement un terme à un véritable bombardement du but de Choquier, complètement désemparé.

Le temps de remettre en jeu, de procéder aux travaux d'approche, et il réussissait, après une ahurissante série de dribbles, à mettre la balle sur le pied de Bonnel, qui n'avait qu'à la pousser doucement.

Cette double réussite désemparait visiblement les vaillants amateurs qui procédaient, désabusés à la remise en jeu. Mais ils réagissaient toutefois.

32e : Escale sauve

Après une série d'accrochage entre Bonnel et divers visiteurs, une erreur de Hodoul, laissant littéralement la balle à Prost, à 40 mètres de sa cage, laissait croire que ce dernier allait sauver l'honneur, mais Escale sortait judicieusement et le privait de cette satisfaction, et Joseph, pour marquer le coup, tirait fort à côté.

38e : Encore Prost

Le jeune, rapide et athlétique Prost allait encore, la 38me minute, échapper aux défenseurs provençaux. Mais d'une position difficile. Il ne pouvait que glisser la balle sur le côté du filet. La sortie d'Escale lui bouchait l'angle de tir.

Mi-temps : 3 à 0.

C'était la dernière action notable d'une première mi-temps qui s'était déroulée de façon tout à fait conforme aux prévisions des supporters.

La seconde débutait de façon banale, la cause étant - nous ne vous l'apprendre rien - largement entendue, et les trois buts marqués par l'O.M. venant, en plus, compromettre les chances de Saint-Germain de s'attribuer le challenge récompensant la meilleure équipe amateur de la Coupe.

Nouveaux accrochages : le premier plaisant, le futur professeur d'éducation physique Prost, réussissant aux dépens de Zwunka, qui venait de l'attaquer, un mouvement du plus curieux effet. Puis, Magnusson avait maille à partir avec les défenseurs parisiens.

Un peu plus tard, le numéro 12 visiteur, Fruhauff, qui avait depuis longtemps pris la place de l'arrière Fitte-Duval, gratifiait Gueniche d'une semelle qui aurait pu être dangereuse et portée à retardement.

Nous voudrons bien revenir au football tel qu'on le conçoit d'habitude, mais, en ce quatrième quart d'heure, il ne peut se passer plus grand chose qui vaille la peine d'être noté.

60e minute : Carré marque

Ce relâchement général faisait l'affaire des amateurs. Un coup franc de Fruhauff amenait un corner et, sur ce coup de pied en coin, donnée par Guignedoux, l'ailier gauche Carré réduisait le score d'un très joli coup de tête.

Le même Carré, encouragé par son exploit était à deux doigts de récidiver, mais son tir, l'un des plus appuyé de la rencontre, était très bien dévié par Escale. Bonnel continuait à batailler et l'on assistait même, vers la 65me minute, à une mêlée générale, spectacle assez peu habituel en quart de finale de Coupe, il faut en convenir.

Joseph et Fiawoo

Les Africains allaient alors se distinguer : Joseph, en pivotant, obtenait à la 70me minute, d'un remarquable tir du gauche, un joli but, et, trois minutes plus tard, son compère Fiawoo, qui venait de remplacer Magnusson marquait son entrée par une balle placée, également du gauche, qui lobait le malheureux Choquier.

Nous tenions là, les derniers faits d'armes de la rencontre.

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Quelle mouche a piqué les

joueurs d'un match terminé ?

Il n'y aura pas d'après pour Saint-Germain-en-Laye.

On s'en doutait un peu avant et c'est bien sûr ce qui retint chez eux environ 30.000 des spectateurs d'O.M. - Angoulême.

Sans doute les reverra-t-on au Stade Vélodrome, avec leurs drapeaux, leurs banderoles, leurs pétards pour O.M. - X à la fin du mois.

Cet X pouvant être Bordeaux, Angers, Sedan et Strasbourg.

Car l'important, même si la rencontre d'hier soir à quelque peu déçu son public, est que voici l'équipe marseillaise qualifiée pour les demi-finales.

Quelle mouche ?

Mais, chaque chose venant en son temps, il faut tout de même consacrer quelques lignes à ce match de retour.

Ce que nous avons du mal à admettre et comment ce départ a pu, en deuxième mi-temps, tourner franchement à l'aigre-doux alors que l'équipe professionnelle menait par 5 à 1.

Nous n'avons pas cherché qui a commencé, c'est toujours assez difficile, mais nous avons vu - de nos yeux bien sûr - et de part et d'autre trop de gestes déplaisants.

On ne se les explique d'autant moins que la rencontre était depuis longtemps terminée.

Quelle mouche vous a piqué Messieurs !

Prost aurait pu marquer 4 buts

Qui dit coupe dit indécision.

Hier soir, il n'y en eut pas.

L'O.M. qui menait déjà par 2 à 0 prit rapidement le large :

3 à 0 (Novi), 4 à 0 (Magnusson), 5 à 0 (Bonnel).

À la mi-temps donc, le problème était complètement résolu.

Pourtant l'équipe de St-Germain avait beaucoup mieux joué que huit jours plus tôt au Parc des Princes.

Alors qu'à Paris, Escale avait eu très peu à faire, hier soir, à Marseille, les attaquants sangermanois se créèrent de multiples occasions...

Plus adroit, ou ayant davantage de sang-froid, ce qui revient au même, le puissant avant-centre Prost aurait pu marquer 4 buts à lui tout seul.

En première mi-temps, arriva deux fois seul devant le gardien marseillais.

En deuxième mi-temps après avoir tiré sur la transversale et du poteau droit, il rata un but relativement facile, presque à bout portant.

C'est dire que St-Germain, malgré la lourdeur du résultat final (7 à 1) a joué hier soir un fort bon match.

On ne saurait absolument rien reprocher à ces footballeurs amateurs (tous ont un véritable travail) et nous trouvons très déplacée l'attitude de ce jeune supporter olympien qui vient les insulter, la rencontre terminée, à travers un carreau cassé de leurs vestiaires.

Et l'esprit sportif enfin !

Un bon Novi

Après la petite guerre de la deuxième mi-temps, il y eut pour l'O.M. la période noire.

Deux bolides, l'un de Joseph, de Fiawoo, ce dernier venant juste de remplacer Magnusson, vinrent saler l'addition.

Tout cela pour dire que sur les cinq attaquants alignés par l'O.M., seul Gueniche ne marqua pas son but.

Peut-être avait-il délégué ses pouvoirs à son ami Novi.

Le jeune nîmois et récent vainqueur dur Real ne fit pas que marquer le premier but du match.

En première mi-temps, surtout, il se mit assez régulièrement en vedette, jouant avec une aisance qui nous parut améliorée.

Le devoir des "Pros"

On s'étendra moins que d'habitude aujourd'hui, sur l'équipe.

Après un début de match assez facile et qui assura l'essentiel, elle perdit la tête.

Car nous pensons que les tors étaient partagés et qu'il appartenait à l'équipe professionnelle largement victorieuse et jouant sur son terrain, de faire preuve de mansuétude.

Quand on est le plus fort on doit le prouver dans tous les domaines.

Enfin, tout cela est déjà oublié et il ne reste plus maintenant, qu'à préparer l'importante suite du programme.

Avec moins de nervosité possible.

Maurice FABREGUETTES

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M. LECLERC : "Enfin l'O.M. est en demi-finale "

Dans le camp marseillais, après le match, on lisait sur chaque visage la satisfaction du devoir accompli.

Le président Marcel Leclerc avait un large sourire pour nous dire : "Tout arrive ! Nous voilà enfin qualifiés pour les demi-finales de la Coupe, mais Saint-Germain, jusqu'à la dernière minute, s'est battu avec le courage du désespoir ! En demi-finale, j'espère que l'O.M. ne tombera pas sur Bordeaux, je préférerais de beaucoup Angers ! Sur ce, Gunnar Andersson présenta à M. Leclerc le père de Roger Magnusson venu en visite à Marseille.

Magnusson, nous a montré son poignet et nous a confié : "J'ai eu vraiment mal ! Chaque fois que l'on me touchait le bras j'avais envie de crier, c'est pour cette raison que j'ai préféré sortir !"

L'entraîneur Mario Zatelli était très flegmatique : "Ce fut un match sans histoire ! Pourtant nos adversaires se sont battus jusqu'à la dernière seconde ! Ils ont été accrocheurs !"

Destrumelle remarquait sans acrimonie : "Ils ne sont pas mauvais ses amateurs mais ils sont réellement trop orgueilleux !"

Novi ajoutait : "Ils nous avaient chambré à Paris et ici ils ont recommencé !"

Bonnel reconnaissait : "J'étais nerveux, je le reconnais, ce n'est pourtant pas dans mon caractère, mais les joueurs de Saint-Germain ont la manière de vous mettre les nerfs à fleur de peau !"

Djorkaeff commentait le match en ces termes : "Nous avons fait la différence rapidement, mais nous aurions du marquer davantage de buts !"

Joseph concluait avec une légère moue : "Ce fut un petit match entraînement. Nous n'avons pas eu à forcer.

Alain DELCROIX

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Quenolle : "Paradoxe : nous avons mieux

joué à Marseille qu'au Parc "

Les amateurs de Saint-Germain essayaient de faire contre mauvaise fortune bon coeur.

L'entraîneur Roger Quenolle constatait avec une certaine objectivité : "Chose curieuse et paradoxale, nous avons fait un meilleur match à Marseille qu'au Parc des Princes ! Si nous avions remonté à 3 à 1 nous aurions pu mieux faire ! Notre gardien a commis des fautes dont il n'est pas coutumier, sans doute a-t-il été gêné par l'éclairage !"

Ménou tempêtait sans éclats de voix : "Magnusson est certes un bon joueur, il a un excellent dribble, mais il est un peu feignant, il faut le servir ! J'ai joué contre Kopa et à mon avis il avait plus de classe. Les Marseillais disent que nous avons chambrés à Paris. C'est faux ! C'est le contraire qui s'est produit..."

Prost indiquait : "Je ne comprends pas le comportement de Bonnel et s'il avait reçu un mauvais coup !"

Fruhauff résumait son opinion par ces mots : "Nous avons fait le maximum. Mais le score est un peu sévère. Nous avons eu pas mal d'occasions. L'O.M. est une équipe... sérieuse."

Alain DELCROIX

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PAS ENCORE LES MOUSTACHES

On s'en doutait un peu. Ce ne sont pas les Sangerminois qui feront couper les moustaches à Novi et ses amis. L'ex-Nîmois a dû sentir une touffe de pois pousser sous le nez quand le ballon lui échut pour un tir style assommoir. Un vrai traumatisme pour le l'infortuné Choquier.

Malgré l'assurance que leur conférait ce nouvel avantage, les Marseillais ne se contentaient pas de faire roue libre. Peut-être parce qu'il faisait frais boulevard Michelet hier soir, et les banlieusards parisiens ne firent rien pour faire sombrer le match dans la monotonie.

Pourtant il y avait de quoi se laisser aller au renoncement le plus légitime, après les traditionnelles passes et esquives de Magnusson. Torero du football le Suédois accomplit sous le pâle éclairage de l'arène, une fiera lumineuse, ponctuée par une estocade personnelle définitive. Il faudra s'y faire, au risque nous répéter, les termes de la tauromachie sont notre plus fidèle vocabulaire pour traduire les ébats de ce footballeur d'exception.

Et puisque nous y sommes, ajoutant que la cuadrilla du Suédois était elle aussi celle d'une bonne plaza. Bonnel, picador, oh ! combien hier soir incessant bourdon du milieu de terrain et Joseph banderillero têtu... et récompensé.

La cuvette n'était pas à la même température que lors du dernier rendez-vous de coupe. Mais que voulez-vous aux plus grandes passions concèdent parfois d'agréables moments.

Nous avons vécu un de ses derniers hier soir, dans la froidure d'avril.

François MISSEN

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