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Résumé Le Provencal

du 21 septembre 1969

 

Courte mais incontestable victoire de l'O.M.,

sur AJACCIO (1-0)

Assistance tout à fait honorable honnête pou la venu de l'A.C. Ajaccio et la première sortie de l'O.M. "derrière les barreaux".

Les Corses alignent les Provençaux Tassone, Pucci, Richard, Le Donche, tandis que Mario Zatelli fait débuter Couecou.

Joseph pour le preneur fois de sa carrière porte le numéro 12.

Couecou dangereux

Le début de la partie nous montre un ACA agressif, le premier tir est l'oeuvre de Pucci, l'ancien junior de l'O.M. dont on sait qu'il a un méchant gauche. La réponse marseillaise arrive par Loubet dont le tir après une belle percée, est arrêté par Baratelli. Couecou obtient un corner puis, à la 10e mn place du gauche et en biais, la balle au-dessus.

Mais où l'ancien Bordelais se fait applaudir, c'est lorsqu'il reprend en ciseau de volée, une balle de Novi qu'il met au-dessus (11e mn). Toujours à la pointe du combat, il se fait, sur l'ouverture de Bonnel, souffler la balle de justesse par le gardien insulaire.

Pucci montre à nouveau sa puissance de frappe sur un coup franc de 30 mètres qui va de peu à côté (19e mn).

Occasion pour Loubet

Mais sur un débordement de Magnusson, c'est Loubet qui, se lançant à corps perdu, rate une belle occasion de marquer (20e mn). Richard ripostant par un tir à ras de terre qui frôle le poteau. Nouveau ciseau acrobatique de Couecou sur une balle arrêtée de Novi, qui échoue à côté, comme ses présentes tentatives (26e mn).Mais un peu plus tard, Baratelli en plongeant un peu trop tôt, sur essai de Loubet, et à deux doigts de laisser filer la balle (27e mn).

L'O.M. fatigué

Payant sans doute les efforts fournis à Prague, les Marseillais ne parviennent pas à prendre à partie en main et à se créer de nettes occasions de but.

Quant à Le Donche (35e mn), il tire fort, mais de trop loin pour surprendre Escale, qui peut contrôler la balle en deux temps.

À la 40e mn, il obtient le premier corner en faveur des visiteurs, puis c'est une dangereuse action de Loubet, servant Couecou, bien placée mais en position de hors-jeu.

La pause survenait sans que Escale et Baratelli aient été sérieusement menacés, les défenses ayant selon l'expression consacrée par l'usage pris le pas sur les attaques.

Domination marseillaise.

L'A.C.A. revient sur le terrain avec Georgin à la place de Girod dans sa ligne intermédiaire. Mario Zatelli n'ayant pas modifié sa formation.

Probablement sermonnés pendant la pause, les Marseillais accentuent nettement leur pression. La balle passe de longs moments dans la surface de réparation insulaire, mais sans trop de mal pour le souple Baratelli bien protégé par le réseau très dense de sa défense, articulée autour des très vifs et rapides Brucato et Vanucci.

But refusé à Couecou

A la 63ème une balle à ras de terre de Couecou, décochée de la droite, entre finalement dans le but corse, mais le point est refusé pour une position de hors-jeu de Loubet, auteur d'une feinte de corps devant Baratelli.

65me minute : but de Loubet

Mais ce n'est que partie remise ! Le temps pour le public de protester vigoureusement et Charly Loubet se débattait comme un beau diable au milieu de la défense insulaire, réussissant à mettre la balle au fond.

Encouragé, l'O.M. maintient sa pression, et, Baratelli doit arrêter un tir très dur de Zwunka.

On note une réaction corse vite muselée au moment ou l'on aborde le dernier quart d'heure, puis un coup franc de Novi que Baratelli arrête en plongeant (75me mn).

Les occasions de Couecou

Puis, sur une très belle percée de Bonnel, terminé par un centre en retrait, Couecou, de la tête, place la balle de très peu à côté (80e mn).

Décidément très malheureux il ne peut dévier dans les filets un centre à ras de terre parfait de Lopez (83me mn) qui trompe toute la défense corse et roule devant le but. Un centre digne de Roger Magnusson.

Sur coup franc, Zwunka place de la tête la balle au-dessus (85me mn). Escale stoppe un autre coup franc, très appuyer de Risso et c'est la fin, sur une courte mais incontestable victoire de l'O.M.

Louis DUPIC

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BONNEL : la Colette BESSON de

l'O.M., la tête en plus

On attendait... on attendait... que l'O.M. jouant contre un mur, vint y trouver la fissure, le trou, espace libre. Appelez ça comme vous voudrez.

Pour être objectif, empressons-nous d'ajouter que cette situation à sens unique n'avait commencé à s'inscrire sur le vert de la pelouse qu'après la mi-temps.

Les premières 45 minutes ne méritaient qu'un minimum de commentaires.

Un débat soporifique à peine éclairés par quelques morceaux de bravoure !

Deux ciseaux de haute volée de Couecou, un mini-festival de Magnusson, du Bonnel super-actif... et une tenue très honorable des Corses.

Mais tout cela n'était pas allé très loin : un seul tir dans l'encadrement facilement arrêté par Baratelli.

L'O.M. accusait nettement les fatigues de son match et de son voyage à Prague. L'A.C. Ajaccio paraissait dépourvu de sens et de possibilités offensives.

Bref, passons sur cette première période.

Tout commença

à la mi-temps.

On devine, sans y avoir été, que Mario Zatelli a du dire dans les vestiaires :

"Dites, les gars, si vous continuez à cette allure de sénateur, on va droit au zéro à zéro".

Voilà sans doute pourquoi vit-on l'O.M., dès son retour sur le terrain, dominer autre autant que faire se peut.

Nous travestirons cependant la vérité en écrivant que Baratelli fut aussitôt soumis à un véritable bombardement.

L'O.M. jouait constamment dans le camp de son courage adversaire, mais il n'y avait toujours quelque chose qui accrochait au moment du dernier geste.

On s'aperçut alors, une fois de plus, que l'O.M. et surtout à l'aise dans la contre-attaque.

Des joueurs comme Loubet, Magnusson, Couecou ou Joseph ont besoin de champ pour tirer le meilleur de leurs qualités.

Enfin Loubet surgit.

Commença alors, pour en revenir au début de notre article, la longue attente.

On avait la quasi-certitude que l'O.M. finirait par marquer...

...Mais enfin, ce qui n'est pas fait reste à faire.

Seul sujet de non-inquiétude, pendant cette période blanche, pour les supporters du club, on ne voyait du tout comment les attaquants corses pouvaient troubler la sérénité d'Escale.

Enfin... enfin... Loubet surgit permettant ainsi à son équipe d'obtenir l'essentiel : les deux points de la victoire.

Pauvre arbitre

Vous vous en doutez, bien sûr, que voilà un match difficile à commenter.

Commençons par quelques remarques.

1) Quoi qu'il fasse, quoi qu'il siffle, l'arbitre est toujours conspué.

Quel sacré métier !

Si l'on peut appeler ça un métier.

2) Les joueurs, eux aussi, l'exemple venant d'en haut, c'est-à-dire des tribunes, ont pris la fâcheuse habitude de contester les décisions du directeur de jeu.

Des "pros" devraient pourtant être les premiers à donner l'exemple.

3) On joue de plus en plus avec les mains, comme au rugby.

Le Lamer, devant Magnusson, abusa de cette façon de déjouer, mais il ne fut pas le seul, tant s'en faut, dans les deux équipes.

Des étoiles

ou des bougies

Nous plaignons sincèrement ceux de nos confrères contraints de donner des étoiles ou des bougies aux joueurs à titre individuel.

C'est du bon journalisme puisque ça plait aux lecteurs ; ce n'est pas du sport.

Quelle note, par exemples attribués à Escale qui n'eut rien à faire ?

0 ou 10 ?

Comment départager Lopez, Zwunka, Hodoul et Djorkaeff, éléments irréprochables d'une défense n'ayant jamais eu à se surpasser.

Comment juger également, à titre individuel, les défenseurs corse ?

Il faut, honnêtement, reconnaître qu'ils méritent des félicitations en bloc.

Couecou ou Joseph

Pour le reste, on s'aperçut que Risso était un habile technicien et que Pucci fut trop isolé au centre pour faire quelque chose d'utile.

À l'O.M., Bonnel, que l'on disait fatigué, prouva une fois encore, qu'il était bien la Colette Besson de l'O.M., la tête en plus.

Magnusson ?

On a vu souvent mieux jouer.

Loubet ?

Un ailier (gauche ou droit) de classe, en petite réussite hier soir, malgré son but.

Couecou ou Joseph ?

On n'a pas fini d'en parler.

Conclusion : un match de série et une indiscutable victoire marseillaise.

Il ne reste plus qu'à souhaiter que la série victorieuse continue.

Maurice FABREGUETTES

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La cage aux fauves ?

Et voilà !

Ce grillage que l'on réclamait à cor et à cri et enfin installé.

On pouvait redouter qu'il soit inesthétique.

Fort heureusement. Il n'en fut rien. Il ne nuit pas à l'harmonie du stade. Il ne jure pas avec le cadre... olympique.

Seulement, il nous faisait penser à la cage aux fauves.

Vous savez ces cages que l'on monte dans tous les cirques du monde quand le dompteur doit venir faire des grâces à ses tigres orgueilleux ou ses lions majestueux.

Une petite différence tout de même au cirque que ce soit chez Bouglione ou chez Amar, la cage est faite pour protéger les spectateurs des coups d'éclats d'un Brutus quelconque désireux brusquement de retrouver la liberté et, plus près de nous, nous nous souvenons avec émotion de la malheureuse aventure de la sympathique Jacqueline Dulac qui a failli mourir défigurée pour avoir voulu qu'on lui prenne des photos à côté des rois de la jungle.

Ici les fauves ne sont pas les gens de l'intérieur, mais ceux de l'extérieur.

Nous les avons vus, du moins certes une faible minorité, il faut le reconnaître, se transformer en sauvages lors du match O.M. - Saint-Étienne et provoquer par leurs débordements, la défaite de leurs favoris alors que les Olympiens tenaient dans leurs pieds au moins un match nul et peut-être même la victoire.

Hier, les excités étaient tenus à distance et le grillage avait un petit air anodin.

Il n'avait rien de l'enceinte électrisée d'un Sing - Sing pour les "socios" passionnés.

On avait même l'impression que ce grillage était sympathique, sauf un tout petit détail : la bordure est sévère, elle est constituée de pointes acérées qui nous rappellent les chevaux de frise que l'on rencontre sur les routes aux barrages de gendarmerie.

Certainement, elles sont faites pour décourager les plus audacieux ou les apprentis fakirs, à supposer qu'il y en ait parmi les jeunes en délire du stade.

Ce grillage paraît donc bien costaud, très capabel de décourager les plus entreprenants. À moins qu'il n'y ait parmi eux des perchistes.

En ce cas si l'on trouvait parmi les supporters les émules des Papanicolaou et John Pannel le problème serait à reconsidérer : il faudrait sur-élever le grillage de plusieurs mètres, mais fort heureusement, nous n'en sommes pas là.

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"Moins de peintres et plus de contremaîtres"

Nul n'est prophète en son pays. On le sait, mais tout de même...

Savez-vous que sur la pelouse du Stade Vélodrome, l'A.C. Ajaccio présentait, hier soir, plus de Provençaux bon ton que l'O.M. ?

Comptez bien, Richard, Le Donche, qui jouèrent tous deux à Aix, Pucci et Tassone firent partie de l'O.M.

Plus d'un tiers de l'équipe insulaire en quelque sorte.

* * *

Dans la tribune de presse, aussi surprenant que cela puisse paraître les championnats d'Europe faisaient l'objet de plus de conversations que le match proprement dit.

Il est vrai que l'exploit de nos équipes de relais méritait de grands coups de chapeaux.

Avant la rencontre, Risso et Loubet s'entretenaient amicalement. L'objet de leurs propos ; et bien, tout simplement les chances de remonter de l'O.G.C. Nice en Division Nationale.

L'ancien étudiant en médecine, l'intellectuel de l'équipe Corse, comme on aime à l'appeler dans la cité napoléonienne, a gardé en effet d'étroits contacts avec la formation niçoise.

* * *

Muro, l'entraîneur d'Ajaccio, n'a pas son pareil pour imaginer une conversation. Questionné au sujet de la valeur présente de son équipe, il se contenta de répondre : "Il y a moins de peintre et plus de contremaître. On ne travaille plus dans l'artisanat maintenant..."

* * *

On affirme volontiers, et avec juste raison semble-t-il, que Marseille au même titre que Nice d'ailleurs, et l'une des deux plus grandes villes de la Corse. La capitale en quelque sorte. Hier soir, la colonie de l'île était présente au rendez-vous.

Il chaque action dangereuse des visiteurs fut violemment vivement applaudie.

Pour un peu, on se serait cru à Timizzolo.

Depuis la pose forcée du grillage, le nombre de ramasseurs de balle a pris d'extraordinaires proportions. Nous en avons compté plus d'une trentaine en survêtement, sagement alignés devant la tribune Jean Bouin, attendant un ballon catapulter au-delà de la barrière verticale et se le disputant volontiers pour le renvoyer sur le terrain.

* * *

Albert Vannucci, frère d'Armand, ancien champion de boxe qui s'occupe dans le civil d'une entreprise de transport. Son style est dépouillé de toute fioriture, et il s'engage volontiers pour la prise du ballon, ce qui suscitait la remarque d'un de nos confrères : "Il se conduit en véritable déménageur".

Couecou se rallier volontiers à cette définition.

* * *

Joseph est resté, hier soir, sur le plan de touche.

Les efforts de Prague l'ayant marqué physiquement. Certains évoquaient aussi une sombre histoire qui l'aurait mis aux prises, l'an passé, avec Brucato.

Coiffé de son inévitable casquette, "Ze" se contenta donc de jouer les spectateurs.

Mais à son arrivée au stade, il avait gentiment salué quelques supporters, découvrant un crâne toujours aussi tondu à double zéro.

Gérard PUECIL

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MURO : "Ajaccio ne méritait

pas de perdre !"

Pas d'acrimonie chez les Ajacciens. Le vice-président M. Luciani, nous a dit : "Ce fut un match très correct ! C'est dommage que nous d'avoir perdu sur un but stupide !"

Tassone, qui transpirait à grosses gouttes, nous confia : "Nous avons bien joué le coup ! Nous avons peut-être eu le tort d'opérer de façon trop défensive..."

L'entraîneur Muro remarquait avec beaucoup de flegme : "On ne méritait pas de perdre. L'O.M. n'a pas réussi à se créer de véritables occasions de buts et il score sans panache ! Je dois féliciter tous mes hommes tant sur le plan moral que sur le plan physique".

Risso, en secouant la tête, s'exclama : "Nous avons tous joué mais nous n'avons pas concrétisé. C'est dommage !"

Et Baratelli ajoutait : "Je n'ai pas eu beaucoup de boulot. Le match nul n'a tenu qu'à un fil".

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ZATELLI : "nous aurions dû marquer d'avantage"

Chez les Marseillais, les visages étaient sereins, pas de folle exubérance. Seulement le sentiment du devoir accompli.

Entraîneur Mario Zatelli était assis satisfait et il ne nous cachait pas son sentiment : "Nous avons fait un bon match. Après le déplacement à Prague nous pouvions tout redouter, nous avons eu des occasions. Une seule chose à regretter : c'est que nous n'ayons pas marqué d'avantage !"

Charly Loubet, tout en aspirant une bouffée de tabac, s'exprimait en ces termes : qu'est-ce que nous leur avons fait aux arbitres ? Car je vous l'assure, le premier but que j'ai marqué n'était pas hors-jeu

Djorkaeff était prolixe : "Nous avons mérité de gagner cette rencontre car nous avons eu plus d'occasions que nos adversaires ! Certes, nous étions fatigués par notre match contre Dukla et nos actions s'en sont ressenties, mais le principal c'est de prendre deux points !".

Escale sourit aux anges : "Ce fut pour moi une agréable soirée. Deux tirs à arrêter en tout et pour tout !"

Hodoul acquiesçait en ajoutant : "Il faut dire qu'en défense n'avons pas eu grand-chose à faire !"

 

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