Résumé Le Provencal du 23 octobre 1969 |
Triomphe de l'O.M. à ANGOULEME (3-1) (De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES) |
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ANGOULEME (par téléphone) - L'été est revenu dans la Charente ou l'A.S. Angoulême et l'O.M. vont disputer la revanche de la Coupe. Plus vivre cet événement sportif, plus de 10.000 spectateurs - chiffre presque record ici - occupaient les nombreuses installations du stade Général Chanzy. Le nouvel éclairage ferait rêver tous les habitués du Stade-Vélodrome. Le temps est donc idéal, la pelouse en parfait état... Bref, toutes les conditions d'une grande rencontre sont réunies. Il ne reste plus aux joueurs qu'à se mettre au diapason. L'équipe de l'O.M. qui a particulièrement apprécié son séjour à Jarnac, va se présenter dans la formation annoncée dans "Le Provençal". Idem pour Angoulême. Les deux entraîneurs Mario Zatelli et Goujon nous ont paru également confiants. 19e minute : le but de Joseph Pas de premier quart d'heure d'observation. Dès le début de la rencontre, l'O.M. et Magnusson entre dans le vif du sujet. Le premier dribble du Suédois laisse Prigent et Leonetti sur place, et il en résulte un centre extrêmement dangereux pour Angoulême. Les Angoumoisins répliquent par Leonetti, remarquable du distributeur de jeu ; mais l'O.M. conserve la maîtrise du ballon. Ce qui se traduit par deux tirs, l'un de Loubet, autre de Novi. La partie est, jusqu'à présent, d'une exemplaire correction, et voici le but olympien, presque attendu. Magnusson, balle au pied, traverse sur la droite à défense d'Angoulême avant de servir Joseph, dans le prolongement de sa course. Le tir croisé dans la foulée de l'avant-centre marseillais ne laisse aucune chance à Guissepin : 19me minute : O.M. 1 - Angoulême 0. 30e minute la réplique de Grizetti La réaction angoumoise est marquée par un tir très tendu, de Edom, non moins bien arrêté par Escale. L'arbitre va maintenant donner une belle occasion au public de manifester sa colère. Il ne veut pas sanctionner une charge violente de Lopez sur Edom, et le reste coule de source. La partie se durcit, quelques pieds commencent à traîner et Trigent, en désespoir de cause, couche Magnusson au sol, d'un admirable plaquage de rugby. Cet incident n'empêche d'ailleurs pas Magnusson de poursuivre son numéro de dribble et de charme et Solas, le meilleur anti-Magnusson sur le terrain, de décocher un excellent tir d'une bonne vingtaine de mètres. Escale ne peut que dévier le ballon en corner. Sur ce corner, le ballon est mal repoussée devant Grizetti, légèrement en retrait, reprise de volée du fils de l'entraîneur de Paris Neuville et but. 30e minute : O.M. 1 - Angoulême 1. Un but refusé à Joseph La rencontre est maintenant bien lancée, les Angoumoisins attaquent, mais peu s'en faut qu'il ne fasse contrer. Habilement servi par Loubet, Magnusson arrive seul devant Guissepin. On croit au but, mais une sortie fort opportune du gardien d'Angoulême, contribue à dévier le ballon en corner. Le jeu est assez égal, si l'on s'en tient à l'occupation du terrain, mais la menace que fait peser l'attaque olympienne sur la défense d'Angoulême, laisse bien augurer le résultat final. Là-dessus, sur un dégagement en camp, pour Angoulême, Grizetti et Solas s'entendent si mal qu'ils permettent à l'opportuniste Joseph, sous un angle invraisemblable, de loger le ballon dans la cage. Manque de chance, le ballon n'était pas encore remis en jeu. À quelques minutes de la fin de la mi-temps, Magnusson se trouve une nouvelle fois seul devant Guissepin et cette fois, c'est Prigent qui, in extremis, réussit à repousser la menace. |
Mi-temps donc : 1 à 1. Le début de la 2me mi-temps est marqué par la vengeance de la souris Prigent sur le chat Magnusson, de méchants coups de pied dans la cheville. Mais le Suédois a de la ressource. Il passa une nouvelle fois sur la droite, en grand seigneur, et centra en retrait presque ras de terre. Le blond Solas plongea pour intercepter le ballon de la tête et ne réussit qu'à battre son propre gardien, marquant ainsi contre son camp (49me minute). O.M. 2 - Angoulême 1. Disons que ce but heureux ne fit que redonner à l'O.M. un avantage largement mérité. En venait à peine de rengager qu'un loupé total, très inhabituel de Swunka mit Escale en difficulté. On était à peine remis de cette émotion forte que Magnusson, encore et toujours lui, se fit arrêter en pleine surface de réparation angoumoisine par Le Chenadec, Solas et ce que nous appellerons les moyens du bord. La partie a pris une physionomie nouvelle. L'O.M. ayant l'avantage, attend son adversaire tout en lançant des contre-attaques qui auraient pu être meurtrières. Un tir puissant de Joseph rase le poteau et Djorkaeff fait encore mieux, en ce permettant de prendre la défense au goût d'Angoulême de vitesse et d'arriver seul devant Guissepin. Mais, une fois de plus, le gardien angoumoisin sort et repousse le tir de l'arrière marseillais. Solas répond du pied et le meilleur joueur de son équipe aujourd'hui, malgré son auto-but malheureux, se multiplie et l'un de ses centres permet à Gallice de réussir une fort belle reprise de volée, qui manque le but de quelques centimètres. Edon, autre joueur angoumoisin de la soirée, se manifeste à son tour par un tir percutant et Prigent sort pour être remplacé par le Yougoslave Alexis (71me minute). De ce fait, Magnusson retrouve Solas son adversaire de l'année dernière. En guise de préambule, les deux blonds se serrent la main, on va bien voir. 78e : encore Joseph Ce que l'on voit dans la minute qui suit est d'abord un centre de Novi, intercepté par Guissepin dans les pieds du redoutable Joseph, et un tir de Loubet, obligeant le même Guissepin à dévier le ballon en corner. L'O.M. est bien le plus fort ce soir, et sa victoire prévisible en est encore assez mal reflétée par ce 2-1 trop étriqué. Les choses ne vont pas en rester là. C'est d'abord Magnusson qui, échappant à Solas puis à Le Chenadec, voit son tir repoussé... et c'est ainsi le troisième but en trois l'épisode. Tir de Magnusson, les têtes de Séraphin et de Joseph disputant le même ballon, ce choc de la tête du premier, repousse le ballon vers l'arrière avant que son possesseur ne s'écroule. Merschel reprend et tir dans le tas formé par Séraphin au sol et Guissepin ; le ballon et une nouvelle fois repoussé, tant bien que mal, mais Joseph est là, toujours debout, et glisse le ballon dans la cage (78e minute). O.M. 3 - Angoulême 1. Une victoire méritée Comme toujours en pareil cas, la fin de la rencontre et marquée par quelques vives réactions des Angoumoisins ; Escale doit tout d'abord plonger dans les pieds d'Alexis, et repousser en corner un tir très appuyer de Edon. Mais Joseph, lui aussi, réussit à passer la défense d'Angoulême et se faire arrêter par Guissepin, à quelques mètres de la cage de ses adversaires. Là-dessus, l'arbitre siffle la fin sur la victoire de l'O.M. par 3-1, une victoire archi-mérité. |
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Deux buts de JOSEPH mais un très grand MAGNUSSON |
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Jamais victoire ne fut plus méritée que celle obtenue hier soir à Angoulême par l'O.M. Le succès olympien s'inscrivit le plus logiquement du monde dans le déroulement de toute la rencontre. Devant un adversaire non dénué de qualité, les Marseillais montrèrent une maturité supérieure ; leur organisation générale fut meilleure et leur calme plus grand. Entre les deux équipes que nous avons vues à Angoulême, il y a une classe d'écart. Ainsi l'O.M. après sa victoire de la saison dernière, victoire difficile et discutée, vient-il de remettre les choses en place. Magnusson un ton au-dessus Bien sûr, il y avait un grand Magnusson, et l'on sait que ce joueur d'exception apporte à son équipe quand il est au meilleur de sa forme et, parlant de sa réussite. Nous avons revu à Angoulême le dribbleur de charme, le joueur précise et collectif, quoi qu'en ait dit, qui, à lui seul désorganise tout le système défensif de l'adversaire. Prigent l'arrière gauche latéral d'Angoulême fut, il faut bien l'écrire, complètement ridicule. Les seules fois où il réussit à arrêter Magnusson ce fut avec les bras, les coudes ou en lui ruant dans les jambes. Solas qui termina la partie devant son adversaire de l'année dernière, ne fut guère plus heureux. Certes, il réussit une bonne interception, mais pas là la suite il ne put empêcher Magnusson de passer presque à tous les coups. Deux buts de Joseph Joseph, l'opportuniste, a marqué deux buts de son équipe, tous deux sous des angles très difficiles. Le premier surtout, fut de toute beauté : un tir dans la foulée qui ne laissa aucune chance à Guissepin. |
A une place très difficile, où il fut toujours pris en charge par deux adversaires, Joseph a prouvé qu'il restait un des bons avants-centres opérant en France cette saison. Le reste de l'équipe fit hier soir un match presque exemplaire. Bonnel que l'on vit sur tous les points du terrain joua avec le maximum de calme et de précision ainsi que Merschel. Loubet dans un jour de petite forme - sans doute est-il mal guéri de sa blessure au pied - ne se montra à son avantage que très épisodiquement. La défense fut à la hauteur de sa réputation avec un Novi très sur dans la partie défensive, et un Escale irréprochable. Sur l'ensemble de la rencontre le meilleur joueur d'Angoulême fut Solas : il est très vif, voit très claire et a fait de gros progrès. C'est certainement un espoir du football français à son poste. Edom confirma sa réputation d'ailier percutant est toujours dangereux. Leonetti après un bon début de partie voulut trop en faire et rata quelques-uns de ses dribbles. Nous devons également souligner la grande partie de Guissepin qui, à lui seul, évita son équipe une défaite plus lourde. Bonne note à l'arrière central Glysenski. Quant aux deux jeunes Vacher et Gallice, ils nous parurent un peu dépassés par les événements. |
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CE QU'ILS DISENT |
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Dans les vestiaires de l'O.M. c'était la joie, dans le calme. Aucune manifestation spectaculaire, mais un contentement de bon aloi. Roger Magnusson, souriant de toutes ses dents, nous a dit : "J'ai retrouvé la forme en Suède, avant le match contre la France. Je me suis entraîné sérieusement et j'ai perdu ainsi les quelques kilos que j'avais en trop. Aujourd'hui je me sentais très bien et je crois que la forme et redevenue définitivement. Mes adversaires ne m'ont causé aucun souci, surtout le petit Prigent, qui a été toujours obstiné de m'arrêter de façon irrégulière. Mais tous mes partenaires ont fort bien joué et je suis, ce soir, particulièrement content par mon ami Joseph qui a marqué deux buts. "Avec cette équipe de l'O.M. et ce moral, nous irons très loin cette saison." Djorkaeff : " Une victoire normale " Djorkaeff ne s'emballe jamais. Tout en continuant à se peigner devant une glace de poche, devait nous confier : "Une victoire que je trouve normale. Nous méritions de gagner ce soir, et nous pensions entre nous qu'Angoulême serait beaucoup plus redoutable. Mais mes partenaires n'ont pas favorisé le jeu des Angoumoisins, et je crois tout simplement que notre équipe, ce soir, a fait un bon match. La conclusion de cette rencontre nous a été fournie, avec beaucoup de franchise, par un Marseillais, Jean-Louis Leonetti. Encore en petite tenue, dans le vestiaire d'Angoulême, il nous a dit, avec un accent bien marseillais : "Oh, il n'y a pas de problème, ils sont plus forts que nous ! |