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Résumé Le Provencal

du 06 novembre 1969

 

VICTOIRE NANTAISE A L'ENERGIE

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

NANTES - L'O.M. est devenu cette saison, l'une des têtes d'affiche du championnat.

À Nantes, hier soir, comme à Angoulême, à Metz et à peu près partout en France, les records d'affluence de spectateurs vont être approchés sinon battus. La pluie diluvienne qui avait accueilli les Olympiens mardi à leur arrivée à Nantes a fait place un très beau temps sec... et c'est sur une pelouse en parfait état et sous un éclairage de premier ordre que va débuter la rencontre.

L'équipe marseillaise sera celle annoncée. Lopez est légèrement grippé, mais on ne pense pas qu'un simple refroidissement ou un petit microbe puisse affecter ce solide athlète du football.

Battus quatre à zéro à Sedan lors de la dernière journée, les Nantais n'en seront que plus dangereux. On s'attend généralement à une partie très spectaculaire, à une sorte de match de gala. Acceptons-en l'augure.

Magnusson et Blanchet

C'est tout de suite l'ambiance des grands jours rencontre. Portées par les 25.000 spectateurs les deux équipes attaquent dès le coup d'envoi.

Magnusson frappe le premier. Le tir est arrêté par le gardien international junior Demane après une série de dribbles en plein centre de la défense nantaise.

Blanchet, habilement lancé par Levavasseur, réplique par un tir sur le poteau.

En jouant à peine depuis cinq minutes.

Les Nantais semblent maintenant pressés d'ouvrir la marque : deux corners, un coup franc pour charge irrégulière sur Blanchet, mais là-dessus Magnusson, après avoir effacé trois adversaires, tire à côté.

Le Suédois de l'O.M., le genou bandé, fait signe à son entraîneur que ça ne va pas.

De Michele en profite pour s'infiltrer sur la gauche et tirer sous un angle très fermé. Escale arrête assez facilement. Mais quelle superbe premier quart d'heure.

Nantes à l'attaque

Laissant le seul Lemerre à la garde de Joseph, les Nantais continuent d'attaquer en nombre et en force sur un rythme infernal.

Pourront-ils tenir toute la partie à cette allure ? C'est la question que l'on peut se poser déjà.

Certes, la défense olympienne fait-elle feu de tout bois pour s'opposer aux vagues susceptibles de l'adversaire, mais rien ne passe et c'est bien l'essentiel.

Voici enfin (25e) une contre-attaque olympienne conduite par Joseph. Elle vaut un coup franc direct à l'O.M., sur lequel Loubet tente franchement sa chance. Le jeune Demane arrête ce tir non sans peine. Encore une nouvelle charge de Joseph qui met toute la défense nantaise dans ses petits souliers.

Joseph est d'ailleurs en pleine forme. Seul contre tous il se bat sur toutes les balles passant à sa portée avec une telle détermination que le public finit par l'applaudir.

0 à 0 à la mi-temps

Le dernier quart d'heure de la première mi-temps est marqué par un ralentissement certain de l'offensive nantaise.

On assiste, il est vrai, à un départ en solitaire de Gondet dont le tir trop enlevé conclut assez mal cette forte bonne action.

Peu après Magnusson réussit une nouvelle série époustouflant de dribbles avant d'être couché au sol par une charge irrégulière. Joseph toujours lui, bouscule les uns et les autres et réussit à poser des problèmes à toute la défense de Nantes.

Les Nantais, à quelques minutes de la mi-temps, reprennent leurs offensives, mais toujours sans réussir à conclure.

Il est vrai que bien couverte par Hodoul, qui fait ce soir une excellente partie, la défense de l'O.M. ne cède pas de terrain : 0 à 0 à la mi-temps.

47me : Gondet marque

Les Nantais allaient être payés de leur générosité dès la reprise.

Courtin centre de la gauche en direction de Levavasseur. Ce dernier, après avoir contrôle le ballon et se rendant compte qu'il était mal placé pour tirer, s'avança devant son partenaire Gondet, lequel arrivait au sprint de l'arrière.

Le tir en pleine foulée de l'ex-international ne laissa absolument aucune chance à Escale (47e).

Nantes 1 - O.M. 0.

Déchaîné, Gondet. On le voit aussitôt après, comme aux plus beaux jours de 1966, foncer en plein centre, sauter par-dessus la jambe de Zwunka pour terminer le tout d'un tir percutant. Celui-ci arrêté par un dos olympien.

Mais il y a aussi Magnusson - qui a ôté son bandage et semble avoir retrouvé toute sa virtuosité - ce qui lui vaut d'être couché au sol par Lemerre. Le jeu a gagné en intensité ce qu'il a perdu en précision.

Des deux côtés on se bat sur toutes les balles le plus souvent en marge de la régularité.

Une belle bataille plutôt qu'un beau match.

un exploit de Joseph

Joseph, lui aussi, allait être payé de tous ses efforts depuis le début de la rencontre, et de son esprit combatif.

Mais le but égalisateur de l'O.M. ne lui revient pas en l'exclusivité. Il vient en conclusion d'une action à trois, d'une offensive claire et bien conduite. Bonnel au départ, Loubet dans le rôle de relayeur et un tir du pied gauche de Joseph dans la foulée. Un deuxième but tout aussi inarrêtable que le premier.

Nantes 1 - O.M. 1.

68me :

au tour de Levavasseur

Les choses ne vont pas en rester là bien longtemps.

Loubet, qui avait été à l'origine du but de l'O.M., va être curieusement la cause indirecte de celui de Nantes. Replié en défense, il réussit à subtiliser le ballon à Blanchet, mais se trouvant sur la ligne de but il marque une hésitation, le ballon revient à Blanchet, qui centre seul devant Escale.

Il y a sûrement une faute de la défense, Levavasseur a le temps de contrôler le ballon et de marquer.

Nantes 2 - O.M. 1.

Il serait inutile d'ajouter que le public manifeste son contentement de façon extrêmement brillante.

À ce moment les deux numéros 12 entrent à la place de Laguillez et Destrumelle à celle de Magnusson.

Victoire nantaise

Le dernier quart d'heure et tout aussi acharné que ceux que nous avons vu jusqu'à présent.

L'O.M. se défend bec et ongles, et Bonnel et Joseph, au centre du terrain, essaient d'égaliser.

Mais tout cela ne donne pas grand-chose, et à quelques minutes de la fin, sur une attaque nantaise, le demi Eo, monté en attaque, tire sur le poteau. Le jeu devient de plus en plus dur, mais l'arbitre arrête la partie sur le résultat final de 2 à 1 en faveur de Nantes.

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Un match d'homme

NANTES - Nous attendions une rencontre de gala, nous avons eu, et ce n'est peut-être pas plus mal, une belle bataille.

Un match d'hommes, viril, acharné et indécis jusqu'à la dernière seconde. Nantes, dont on se plaisait à louer autrefois la finesse du style, a joué en équipe de tempérament.

Dès le début de la rencontre, tous les Nantais se ruèrent à l'attaque avec le désir évident de conclure le plus tôt possible. Ils se heurtèrent alors à une défense marseillaise dure, opiniâtre et qui défendit sa surface de réparation comme si s'agit d'une forteresse.

La rencontre, dans son ensemble, fut essentiellement marquée par l'acharnement des 22 joueurs dans la lutte pour la possession du ballon.

À ce jeu, on peut dire que les deux équipes firent pratiquement match nul. Mais les Nantais, sur leur terrain, réussirent à prendre l'avantage.

On ne saurait dire cependant que cette rencontre n'a pas été illustrée par quelques actions d'éclat, les deux premiers buts furent très beaux. Celui de Nantes vit Levavasseur s'effacer rapidement pour laisser le chemin du but grand ouvert à son compère Gondet. Le tir direct dans la foulée de l'ex-internationale fut une merveille du genre.

Quant au but égalisateur de l'O.M., il a été lui aussi de qualité. Bonnel et Loubet ont parfaitement conduit leurs offensives pour offrir à Joseph qui se trouvait alors sur la gauche des buts, une balle excellente. Le grand "Zé" reprit directement le ballon d'un gauche fulgurant. Dans ces deux cas, les deux gardiens, le jeune Demane et Escale ne pouvaient absolument rien. Le deuxième but de Nantes, celui qui devait faire la décision, fut assez incompréhensible. On s'explique mal que Levavasseur ait pu se trouver tout seul devant la cage d'Escale et ait eu le temps de contrôler le ballon et de tirer.

D'autre part, Loubet replié en défense, s'est montré en cette occasion aussi mauvais défenseur que bon attaquant. Il hésita à se débarrasser du ballon et cette hésitation fut à l'origine de ce but capital pour Nantes.

Joseph à la pointe

du combat

L'équipe de l'O.M. a livré ce soir une fort belle bataille. Tous les joueurs méritent d'être félicités pour le courage qu'ils manifestèrent durant toute la rencontre et pour leur volonté.

Joseph, le plus souvent seul en attaque, aux prises avec l'international Lemerre, livra de bout en bout une bataille quasiment héroïque. En grande forme, il bouscula très souvent ses adversaires et eut le mérite de marquer, répétons-le, un fort joli but.

Mais Magnusson, handicapé par une blessure au genou, n'a fait étalage de son grand talent qu'épisodiquement. A vingt minutes de la fin, il dut d'ailleurs quitter le terrain pour céder sa place à Destrumelle.

Loubet n'a pas fait aujourd'hui une très grande partie. Certes, on le vit de temps en temps réussir quelques actions brillantes et fort intelligentes, comme celle qui amena le but de l'O.M.

Quant à Bonnel, il fut comme toujours un des meilleurs joueurs du milieu de terrain, de l'O.M. Il se battit constamment lui aussi et il doit être crédité d'une excellente note.

En défense, ce sont tous les arrières qui se battirent plus particulièrement Zwunka et Hodoul que l'on vit dans tous les coups durs.

Escale, quant à lui, n'a absolument rien à se reprocher.

Le retour de Gondet

Equipe nantaise a valu aujourd'hui beaucoup plus par sa masse, sa puissance, son énergie, que par la valeur de certains de ses joueurs.

Le jeune gardien international junior Demanes n'a fait lui aussi, aucune faute. Il paraît avoir un très grand avenir.

En défense, Lemerre extrêmement rapide, se montra très sur. Au milieu du terrain, le milieu fut certainement Eo qui, plus que Michel, soutint constamment son attaque.

Avec lui de Michele, se préoccupant assez peu de Magnusson, participant activement à l'attaque. Dans celle-ci, on a remarqué essentiellement Philippe Gondet, ancien international qui joua aujourd'hui un match digne de son ancienne réputation.

C'est bien sympathique. À noter également la puissance de Levavasseur et la finesse de Blanchet, l'un des meilleurs joueurs de cette rencontre.

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Mario Zatelli : "Un but stupide

que je ne m'explique pas "

NANTES - Les joueurs de l'O.M. avec conscience, la rencontre terminée, d'avoir fait tout leur devoir, mais ils n'en étaient pas moins dépités d'avoir perdu la rencontre par un tout petit but.

Seul, au milieu des vestiaires, Mario Zatelli dodelinait du chef, lequel se trouvait d'ailleurs sous une casquette à carreaux.

"Je pensais après l'égalisation de Joseph, que nous allions vers le match nul. Je ne m'explique pas le deuxième but nantais. Il n'est pas normal que Levavasseur se soit trouvé seul devant Escale, plus prêt de lui que le point de penalty, et ait pu contrôler le ballon et marquer tout tranquillement".

"Il y a certainement une faute de défense. Les deux arrières centraux se sont trop avancés au-devant du ballon, découvrant ainsi leur but.

"Quoi qu'il en soit, les joueurs se sont battus avec beaucoup de conviction et je ne saurais leur adresser le moindre reproche.

MAGNUSSON : "S'IL FALLAIT JOUER DEMAIN CONTRE ZAGREB JE NE LE POURRAI PAS "

Roger Magnusson, habillé bien longtemps avant les autres, nous a montré son genou droit. C'est toujours le coup que j'ai pris samedi au Parc des Princes avec la Suède. Le genou me fait mal. Je ne dispose pas, aujourd'hui, de tous les moyens. Si le match contre Zagreb devait se jouer demain je ne pourrais pas jouer.

A notre question "Pensez-vous que vous serez guéri mercredi prochain ?" Il nous répondit avec un sourire triste : "Je le pense, mais je n'en suis pas complètement certain".

DJORKAEFF : "MOI NON PLUS, JE NE M'EXPLIQUE PAS LE DEUXIEME BUT "

Djorkaeff, à son habitude, tenait une petite conférence de presse : "Je ne m'explique pas, moi non plus, ce deuxième but. Il est certain que nous sommes gênés entre nous, ouvrant ainsi largement le but à Levavasseur. Quant au premier but, il aurait pu, lui aussi, être évité, mais il faut reconnaître nettement que, dans ce cas, le tir de Philippe Gondet a été absolument remarquable".

ARRIBAS : "QUELLE BELLE DEFENSE MARSEILLAISE !"

L'entraîneur nantais Arribas, on sans doute, était ravi du succès mérité au demeurant de son équipe. Il nous a dit : "J'ai surtout remarqué la forme et l'homogénéité de la défense de l'O.M. Quel bel exemple. La victoire de mon équipe n'en a que plus de mérite. Ce fut un match très dur, un match viril que mes joueurs ont remporté finalement à l'énergie.

"Je crois que s'ils peuvent continuer à cette allure, termineront parmi les clubs de tête du championnat. Mais je dois vous dire que l'équipe marseillaise m'a favorablement impressionné".

 

 

 

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