Résumé Le Provencal

du 23 mars 1970

Jour de gloire pour JOSEPH, 5 buts à St-Ouen

(De notre correspondant particulier : Marcel SERRE- SUBE)

PARIS (de notre correspondant particulier) - Le coup d'envoi de ce match Red-Star - Marseille est donné devant plus de 11.000 spectateurs. Le temps est gris et doux : un vrai temps de semaine Sainte.

L'équipe parisienne attaque aussitôt et joue très vite le ballon, le jeu est assez confus. C'est pourtant l'O.M. qui obtient le premier corner à la suite d'un centre de Djorkaeff destiné à Joseph.

À la 6me minute, Escale est alerté sur un coup franc tiré à proximité du point de corner.

Le jeu n'est pas ordonné et seule une tête de Joseph (difficilement arrêtée par le gardien Laudu) apporte quelque clarté au débat.

Les Parisiens courent comme des petits lapins et gênent les marseillais qui ne peuvent s'organiser.

À la 15me minute, Monin reste à terre... Spectacle inhabituel lorsque l'on sait la rudesse du défenseur parisien et sud américain !

À la 21me minute, Escale est sanctionné d'un coup franc pour avoir effectué un pas de plus que prévu par le règlement. Quelques secondes après le numéro 7 du Red-Star, Garcia, manque une bonne occasion d'ouvrir le score.

Quatre minutes plus tard, Joseph s'échappe et tire sèchement : arrêt.

A la 26me minute, descente et centre impeccable de Lopez sur Novi qui manque l'accès des buts pourtant ouvert.

Pluie de corners (cinq au total) entre la 28me et la 34me minute : 2 contre l'O.M., 3 contre le Red-Star, interrompue par un slalom réussi de Magnusson, mais Loubet tire à côté.

On pense arriver à la mi-temps sur un score nul lorsque, à la 40me minute, Zwunka passe la balle à Joseph qui sert Skoblar en position d'ailier gauche. Le Yougoslave fort bien placé, ouvre le score sans difficulté, mais moins d'une minute plus tard, Bonnel marche sur le pied de Gomez dans la surface fatidique de réparation. Le ballon est perdu, Gomez temps et l'arbitre siffle un penalty qui est réussi par Farias.

C'est sur le ce score de 1 à 1 qu'est sifflé la fin de la première mi-temps.

Monin traîne la jambe en début de cette seconde mi-temps et devra sortir à la 65me minute, et sera remplacé numériquement par Faure. Avant de sortir, il décochera quelques coups de pied à Joseph.

Le Red-Star épuise ses dernières forces en galops éperdus et vains. C'est Joseph qui à la 54me minute, va faire basculer le sort du match en marquant le deuxième but de l'O.M. Voici comment : Charly Loubet part à l'attaque sur l'aile gauche, résiste à l'attaque de deux adversaires, tombe, se relève, puis centre, d'une pichenette. Joseph trompe Landu.

À la 63me minute, Magnusson centre de l'aile droite à hauteur du point de peu de corner, Joseph plonge et, de la tête, marque le troisième but.

Trois minutes plus tard (à la 66me minute) Joseph va récidiver. Sur un centre de Magnusson parti du milieu du terrain et qui a "effacé" successivement trois adversaires, Joseph réussit le quatrième but et ce n'est pas fini...

En effet, à la 73me minute, après un bon travail préparatoire de Loubet au centre de la ligne d'attaque, Joseph, placé en position d'inter gauche, envoie un "pétard" fulgurant qui prend Laudu à contre-pied.

Cinq à un !

La demi-douzaine va être atteinte à la 87me minute. Cette fois-ci c'est l'O.M. qui va bénéficier d'un penalty. Djorkaeff part à l'attaque. Il est abattu par Garcia dans la surface de réparation. C'est un penalty beaucoup moins discutable que celui obtenu par le Red-Star.

Djorkaeff laisse tirer ce penalty par Joseph afin que le joueur africain améliore sa situation au classement des meilleurs buteurs.

Joseph tire en force, Laudu est battu.

Le match se termine par ce cinquième but de Joseph et, par la confortable victoire de l'O.M. : 6 à 1.

JOSEPH, numéro un marseillais

PARIS - Bien malin celui qui, à la mi-temps de ce match Red-Star - O.M., aurait prévu que les Marseillais l'emporteraient par 5 buts d'écart...

En effet, pendant 45 minutes - Les premières - l'O.M. fut contrariée par la vélocité des joueurs du Red-Star qui empêcha les coéquipiers de Djorkaeff d'organiser le jeu. Les cartes étaient brouillées constamment par des courses éperdues. L'O.M. était troublé par des contre-offensives lancées le plus souvent par Farias.

Et le jeune Garcia manqua même un but que l'on dit "tout fait".

À ce moment-là, le milieu de terrain de l'O.M. n'arrivait pas à s'imposer. Magnusson, surveillé de très près par deux adversaire était le plus souvent contré, Loubet tombait souvent et Joseph était isolé au centre de la ligne d'attaque.

Puis, en seconde mi-temps, subit changement à vue les joueurs du Red-Star fatigués par les efforts éperdus fournis pendant 45 minutes, jouaient moins vite et l'O.M. prenait le match en main.

Le but (le 2me) réussi par Joseph, à la 54me minute, libéra complètement l'équipe marseillaise qui, dès lors, nous fit admirer ses talents.

Magnusson passait ses adversaires à tous coups et Joseph était bien placé pour conclure. Loubet ne restait plus à terre et se relevait immédiatement (comme à la 54me minute) lorsqu'il lui arrivait de chuter.

Novi, Bonnel Djorkaeff faisaient la loi au milieu du terrain et les défenseurs contenaient, facilement les rares contre-attaques du Red-Star.

La sortie de Monin n'arrangeait pas les affaires du Red-Star et c'est en toute logique que leur score s'enflait, que d'écart se creusait pour atteindre le 6 à 1 final.

Joseph a mérité incontestablement le numéro un de ce match. Bien placé, adroit (quelquefois subtil) puissant, il assassina littéralement la défense du Red-Star.

Il faut associer Magnusson au succès de Joseph, le Suédois par ces centres précis et par l'affolement qui sema dans les rangs parisiens servit au mieux les intérêts de l'O.M.

Bonnel a beaucoup travaillé tout au long du match. Skoblar fut un peu décevant, surtout en première mi-temps, alors que la défense : Lopez, Zwunka, Hodoul renforcée souvent par Djorkaeff eut le mérite de bien résister pendant les 4 premières minutes délicates.

Loubet et Novi alternèrent le bon et le passable. Quant à Escale (toujours aussi populaire à Paris), il passa un après-midi sans grande inquiétude et fit très bien le peu qu'il eut à faire.

Au Red-Star, équipe courageuse mais peu de joueur à citer, sinon le défenseur Mouthon et le milieu de terrain Herbet.

Farias, bord en première mi-temps disparut complètement en seconde.

Cela explique, en partie, deux mi-temps aussi dissemblables.

ESCALE : "Il n'y avait

pas penalty"

Jean-Paul Escale n'a pas passé un mauvais dimanche à Saint-Ouen. C'est en souriant qu'il nous dit :

"Victoire bien méritée, je pense... Mais ce penalty accordé au Red-Star n'existait que dans l'imagination de l'arbitre. J'étais bien placé pour voir que Bonnel a marché involontairement sur le pied de Garcia. De plus, lorsque cet incident s'est produit, le ballon n'était déjà plus en jeu mais en touche.

MM Leclerc, Gallian et Zatelli : "Bonne journée"

Les dirigeants, M. Leclerc et Gallian, l'entraîneur Mario Zatelli, étaient pleinement satisfaits : les deux premiers disaient : "Victoire logique et sans histoire même si nous avons un peu douté en première mi-temps."

Quant à Zatelli, il commentait :

"Dire que j'ai failli ne pas faire jouer Joseph. Il n'était pas très en forme ces derniers jours et je me suis interrogé longuement avant de lui faire confiance, car j'avais envisagé de mettre Merschel en milieu de terrain et Bonnel en attaque.

"C'est dommage pour Merschel, inutile de vous dire que je ne regrette pas d'avoir fait jouer Joseph".

Joseph : "J'ai gardé mon sang-froid"

"Bien sûr je suis content d'avoir marqué cinq buts. Cela n'arrive pas souvent en championnat. Cela va sérieusement améliorer mon classement chez les buteurs.

"Mais je suis surtout content de ne pas avoir perdu mon sang-froid sur les cinq occasions qui m'ont été données".

Il y a quelques années, cela ne se serait peut-être pas passé de la même manière.

Red Star : "La blessure de Monnin nous coûte cher"

Dans le vestiaire du Red-Star, c'était la désolation. Aux quatre coins de la pièce, des visages accablés.

"Quelle défaite, soupire le président Gilbert Zenatti. La blessure de Monin nous coûte très cher. Mais je crois que Marseille nous était supérieur et que nous aurions quand même été battus".

Le bras droit raide le long du corps, Carlos Monnin était déjà revêtu lorsque ses équipiers le rejoignirent.

"Dans un choc avec Joseph, je suis mal tombé, explique de solide défenseur audonien. J'ai encore été touché à l'épaule ensuite et il fallut que je cède ma place. Je vais aller passer une radio pour savoir si je n'ai pas une fracture."

Jean Mouthon se battit désespérément jusqu'à la dernière minute.

"Il n'y avait rien à faire, dit-il. L'O.M. était trop fort. Mais je reprocherais à certains de nos adversaires de jouer durement. Je pense à Skoblar qui ne m'a pas épargné".

Et Jean Mouthon montre le haut de sa cuisse zébré de la marque les crampons du Yougoslave de l'O.M.

La déception de l'entraîneur Ladislas Nagy fût telle qu'il ne trouva aucun commentaire à faire dans l'immédiat.

La défaite de son équipe venant devant plus de 10.000 spectateurs l'avait laissé sans voix.