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Résumé Le Provencal

du 02 février 1970

 

ENCORE FAUSSÉ !

ESCALE n'a joué qu'une mi-temps

2 buts à 1 pour SAINT ETIENNE où l'on a cherché... MAGNUSSON

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES)

SAINT-ETIENNE - "Le football français d'élite n'a pas de chance en ce moment.

Aujourd'hui, alors qu'il y avait le public et l'ambiance d'une grande rencontre, un incident de jeu a faussé le déroulement normal de la partie.

Le premier O.M. - Saint-Étienne n'avait pu se terminer par la faute de quelques bouillants spectateurs. Le second déjà hypothéqué au départ par l'absence de plusieurs titulaires dans les deux équipes, a été aussi incomplet".

Nous ne faisons que reproduire, en guise de préambule, la pertinente conclusion du président Leclerc.

L'incident, ou plutôt l'accident qui devait fausser la rencontre se situe à la 35me minute.

Sur un centre très aérien du jeune Parizon, Escale et Revelli se lancèrent vers le ballon avec la même fougue.

Le gardien olympien s'empara du ballon, mais il fut violemment touché au passage par le pied levé de son adversaire.

Simple accident ou charge volontairement dangereuses ?

Quand il s'agit de juger les footballeurs professionnels, on n'a pas le droit de condamner hâtivement.

Accordons donc à Revelli, footballeur sympathique et réputé correct, le bénéfice du doute.

Quoi qu'il en soit, Escale, après avoir été soigné sur le terrain, termina la mi-temps en boitant fortement et il devait rester aux vestiaires à la reprise.

Il était remplacé par Hodoul, gardien improvisé, tandis que Merschel prenait la place dite de couvreur.

À ce moment-là on pouvait encore lire au tableau d'affichage : Saint-Étienne 0 - O.M. 0.

C'est assez souligner l'importance de cette blessure.

Un long round d'observation.

Qu'avait été cette première mi-temps ? Sans être d'une qualité exceptionnelle, elle avait été plaisante, disputée et correcte.

Ce qui lui manquait le plus était le rythme.

De part et d'autre, on jouait au petit trot et si l'A.S. de Saint-Étienne, comme prévu, régnait en maîtresse au milieu du terrain, les contre-attaques de l'O.M. paraissaient tout autant dangereuses que les tentatives stéphanoises.

Du haut de notre tribune, nous avions l'impression d'assister à un round d'observation qui n'en finissait plus, et l'on attendait le premier but pour voir la partie s'animer, enfin.

À cette réserve près, il y avait tout de même assez d'actions brillantes pour permettre d'accorder à l'ensemble une mention honorable.

Mais enfin, malgré la belle santé affichée par le public, les pétards phosphorescents, les cris, les encouragements divers, cela manquait un peu de sang, de vie, de nerf des deux côtés.

Les deux équipes se présentant au complet sur le terrain, on aurait pu espérer que la deuxième mi-temps en éclat à qui avait manqué à la première.

Mais quand on vit Hodoul rentrer avec, sur le dos, le maillot jaune canari de son ami Escale, on comprit que le jeu n'atteindrait jamais son plein développement.

Touchée au moral, on le serait à moins, l'équipe olympienne se replia sur elle-même, laissant presque complètement la direction du jeu à Saint-Étienne.

Curieusement, les champions de France ne profitèrent nullement de cet avantage.

Des passes, des passes, encore des passes, mais un minimum de tirs et une lenteur dans la manoeuvre plutôt désespérante de la part de la meilleure équipe française.

Il fallut que Keita, assez discret à l'aile gauche passât souvent le grand braquet, pour que le jeune Parizon pût marquer enfin le premier but de son équipe.

Mais à 1 à 0, la cause de l'O.M. ne paraissait pas complètement désespérée.

Trop sûrs d'eux, de leur avantage en nombre et de leur habilité, les défenseurs stéphanois se mirent à jouer au chat et à la souris avec les rares attaquants de pointe olympiens.

L'égalisation était toujours possible, quand une montée subite de Bosquier se termina par un tir lointain de Larqué qui va faire le deuxième but de l'A.S. Saint-Étienne.

À trente secondes de la fin, ce que nous avions prévu se produisit. Sur un centre de Lopez, Skoblar, profitant d'une distraction collective de la défense de Saint-Étienne, s'y prit à deux fois pour tromper Carnus.

Ainsi donc, cette partie avait-elle été faussée jusqu'au bout.

HODOUL :

"Escale aurait au moins arrêté le deuxième but"

Pour avoir une idée exacte du handicap subi par l'O.M., nous avons demandé à Hodoul, jeune homme de bon sens et de jugement sur, ce qu'il en pensait.

Voici sa réponse : "Sur le tir de Larqué qui fit le deuxième but de Saint-Étienne, je suis parti avec au moins deux secondes de retard. Je suis certain qu'Escale aurait arrêté ce tir-là.

"En ce qui concerne le premier, la chose est moins certaine. Mais mon impression est que Jean-Paul qui se serait mieux placé que moi et aurait du plongé, avait une chance sérieuse de dévier le ballon en corner.

"À l'entraînement, quand je suis échauffé, je suis d'ailleurs un bien meilleur gardien que je ne l'ai été tout à l'heure.

"J'ai fait de mon mieux : je n'ai rien à me reprocher. Mais avec Escale, nous aurions fait au moins match nul".

Mention bien à la défense

A huit jours de son match de Coupe contre Nîmes, l'O.M. conserve son moral absolument intact, malgré cet échec.

Il ne faudra cependant pas en déduire que l'équipe marseillaise a paru irrésistible hier à Saint-Étienne.

Sur l'ensemble de la rencontre, et alors que l'on comptait sur le brio de son attaque internationale pour faire toucher les épaules à Saint-Étienne, c'est la défense qui a supporté tout le poids du match et qui s'est montrée de loin la meilleure.

Jusqu'à sa blessure, Escale, assez peu sollicité, avait été irréprochable.

Zwunka, Hodoul Djorkaeff et Lopez, ce dernier cependant parfois à rude épreuve devant Keita, ne méritent que des félicitations.

Ils ont bien été la solide ossature de l'équipe.

Novi a également été très bon et très utile, tout le long du match.

Malgré son évidente bonne volonté, Destrumelle n'a pas remplacé Bonnel. On s'en doutait. Au demeurant, qui peut remplacer Bonnel à l'O.M. en ce moment ?

Merschel, en deuxième mi-temps se montra très sur et précieux tant qu'il fut bien couvert par ses partenaires.

Tous les joueurs, enfin, firent ce que l'on pouvait attendre d'eux.

Qu'est-il arrivé à MAGNUSSON ?

L'attaque n'a pas rendu le quart de ce qu'on pouvait espérer d'elle. Mitic, sérieusement blessé au pied dès le début du match a des excuses à faire valoir. Il fut au moins très courageux.

Loubet revint en forme, mais petit à petit. Il eut bien quelques éclairs dignes d'un international, mais son tir n'est pas encore au point.

Skoblar, un peu découragé dans le désordre de son équipe, fit cependant de louables efforts pour sortir de l'anonymat, et son but, presque final fut la juste récompense de ses efforts.

Mais il y a surtout le cas Magnusson.

Quelle mouche tsé-tsé avait piqué hier le virtuose suédois ? À deux ou trois petites choses assez brillantes près, il se contenta d'assister à la rencontre en spectateur.

Ce n'est pas normal. Il y a là quelque chose qui échappe à tout le monde.

À huit jours d'Alès, c'est tout de même assez inquiétant.

BOSQUIER toujours impériale

Saint-Étienne n'a jamais joué hier en grand champion de France.

Et pourtant, cette équipe, ordinairement brillante, est particulièrement assurée de gagner son quatrième titre consécutif.

Hier, on peut dire qu'elle a tourné le plus souvent en rond, à vouloir trop tourner rond.

Les meilleurs ? Bosquier, plus impérial que jamais ; Mitoraj, Durkovic et Revelli.

Keita ne joua pratiquement qu'avec une jambe.

Mais cette jambe est tellement bonne que l'on comprend que son entraîneur, Albert Batteux, préfère faire jouer sa vedette malienne plutôt que de mettre un remplaçant.

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Josip SKOBLAR frappa trop tard

(D'un de nos envoyés spéciaux : Louis DUPIC)

SAINT-ETIENNE. - La journée que nous avons vécue hier - nous disons bien la journée et non pas le match - fera date, sans doute nul doute, dans les annales du football forézien. Saint-Étienne, en ce dimanche froid et ensoleillé de février, était livrée à des milliers de supporters marseillais déchaînés, comme Paris le fut, certains jours de mai 1969. À tout visiteur non initié et dépourvu d'une certaine dose de culot, il était par exemple à peu près impossible de prendre un repas dans un quelconque restaurant de la ville noire. Et, sur le coup de 14 heures, alors que les dirigeants stéphanois nous révélaient avoir vendu le matin même, 2.000 places aux visiteurs après les 5.000 expédiés dans la semaine, les deux chorales adverses commençaient à donner vaillamment de la voix, les 7.000 provençaux tenant tête à plus de 20.000 Foréziens.

L'entrée de l'équipe marseillaise, après les incidents d'août dernier, était saluée par les huées du public local, tout comment le premier dégagement en catastrophe et en corner de Hodoul devant Keita qui avait prit Lopez de vitesse.

Ainsi dès la première minute, nous étions dans le vif du sujet, Keita obtenant tout aussitôt un second corner.

Mais alors que Saint-Étienne semblait s'installer solidement dans le camp marseillais, une contre-attaque prolongée par Destrumelle vers Mitic permettait à ce dernier, par deux tirs consécutifs, d'inquiéter fortement Carnus, contraint de mettre en corner (8e minute).

Après un bon tir de Novi, ratant de peu son objectif, un échange de balle rapide entre Keita et Revelli s'est terminé par une reprise instantanée du Gardannais, qui heurtait la transversale (12e mn).

Peu après, un nouveau tir de Revelli était dangereusement dévié par une la tête marseillaise (15e mn).

Revelli allait être le héros malheureux de ce premier tir de la partie et même de la première mi-temps.

À la suite d'un coup franc de Larqué, dévié de la tête par Keita, il reprenait la balle au bond et marquait au moment même où retentissait le sifflet de l'arbitre (23e mn).

En somme, cette première demi-heure marquée d'excellentes actions collectives du champion stéphanois et de victorieuses contre-attaques du vainqueur de la coupe, tout en ne manquant pas d'intérêt, nous laissait quelque peu sur notre faim.

35me minute : ESCALE blessé

Mais ce drame, on allait le vivre à la 35e minute, lorsque Escale, sortant de son but pour cueillir un centre de Parizon, était touché au genou par Revelli venu rapidement au contact.

Une occasion pour les supporters marseillais de manifester bruyamment, d'autant plus que dès la remise en jeu, Bosquier stoppait durement Loubet, bien parti sur la gauche.

Dans la cage de l'O.M. heureusement préservée pour le moment des attaques stéphanoises, on voyait Escale boitiller, enlever un moment son maillot de gardien, prêt visiblement à quitter le terrain, puis se raviser sur injonction de son capitaine Djorkaeff.

HODOUL : gardien

Aussi, à la reprise, n'était-on pas très surpris de voir Hodoul revêtu du maillot jaune de gardien de but, Merschel devenant verrouilleur à sa place. Mitic, pour sa part semblait avoir abandonné les avant-postes, Loubet occupant le centre de l'attaque en permanence.

Huit minutes se passaient sans qu'Hodoul, gardien de fortune n'eut à intervenir.

Avertissement à Loubet

La partie, qui allait bien commencé, mais dont l'intérêt depuis la blessure d'Escale ne faisait que décroître, était une succession d'actions décousues, les défenses prenant généralement l'avantage sur les attaques.

À la 56e minute, Loubet touchait bien inutilement son concitoyen azuréens Herbin et écopait d'un avertissement.

Les Stéphanois qui semblaient s'énerver au fil des minutes, allait pourtant aboutir après tout juste une heure de jeu.

But de Parizon.

À la 60e minute, donc, Keita qui n'avait montré son talent que par éclairs, décrivait un slalome irrésistible à travers la défense marseillaise et donnait de la gauche vers la droite pour Parizon, une balle parfaite. Le petit ailier, très effacé jusqu'alors, réagissait avec vivacité et d'une dizaine de mètres marquait en coin d'un tir précis de l'extérieur du pied droit.

Pour répondre immédiatement à la question que vous devez vous poser, disons qu'Escale n'aurait sans doute pas arrêté ce tir de prêt à contre-pied.

Le quart d'heure suivant était marqué aussi bien par une nette domination stéphanoise que par une bonne résistance de l'O.M., Hodoul en tête, qui allait plonger avec succès dans les pieds de Revelli (66e mn).

But de LARQUET

Saint-Étienne qui faisait courir la balle, mais donnait l'impression de jouer quelque peu avec le feu, allait se mettre à sept minutes de la fin à l'abri toute surprise désagréable, Bosquier interceptant une balle à 20 mètres de son but l'acheminait en collaboration avec Larqué, jusqu'à la limite de la surface de réparation marseillaise, d'où le jeune Stéphanois marquait d'un très joli tir de l'extérieur du pied droit.

Et Skoblar marque

Les Stéphanois avaient été bien inspirés de se donner un peu d'air, car juste avant le coup de sifflet final, Skoblar toujours à l'affût, profitait d'un centre de Loubet, et d'une double erreur de Carnus, pour réduire à de plus juste proportion la défaite de l'O.M. et mettre un peu de baume sur la blessure d'amour-propre de ses 7.000 supporters.

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LE PRESIDENT ROCHER : "Il faut infliger une amende à certains joueurs marseillais"

Albert Batteux, toujours réservé, se montrait satisfait, aussi bien du dénouement que de la production de son équipe.

"Entre deux formations privées chacune de plusieurs titulaires, ce fut cependant, à mon avis, un bon match. J'estime notre victoire méritée par le fait d'avoir su le plus souvent imposer notre meilleur jeu collectif.

"Le début de la partie, notamment, avait été très bon et il est dommage que la blessure de l'excellente Escale en soit venue troubler l'ordonnance. Par ailleurs, ce succès, qui nous place maintenant à dix points devant vos principaux rivaux nous permettra de poursuivre notre saison avec sérénité".

Le président stéphanois Rocher nous avait paru très inquiet au cours des heures précédant la rencontre, apparemment soucieux de ne pas avoir son organisation débordée comme le fut celle du Stade-Vélodrome au match aller. Visiblement soulagé, il se montrait heureux de l'issue de la partie. Mais alors que nous interrogions sur le comportement de l'O.M., il se montrait curieusement assez sévère sur celui de certains joueurs marseillais.

"Il y avait aujourd'hui à l'O.M., des joueurs qui sont payés très chers et qui n'ont pas fait, tout leur devoir, loin de là. À la place du président Leclerc, je leur infligerai une amende représentant un mois de salaire.

Nous laissons évidemment au bouillant président stéphanois la responsabilité de ses déclarations.

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Hervé Revelli : "Je suis navré pour Escale !"

Dans le vestiaire stéphanois, envahi de supporters et de dirigeants nous avons trouvé Hervé Revelli extrêmement abattu et visiblement désireux de se justifier.

"Vous ne pouvez savoir à quel point je suis désolé d'avoir blessé Escale. Mais je voudrais qu'il soit persuadé que c'est tout à fait involontaire. En fait, je ne l'ai pas vu arriver, je suivais le jeu qui se déroulait sur la droite et lorsque je me suis tourné vers le but marseillais, je me suis trouvé devant lui. J'étais lancé, le pied levé pour essayer de contrôler la balle et je n'ai pas pu freiner ma course. J'espère que ce ne sera pas grave, car Jean-Paul et un bon camarade. "

Nous avons, bien entendu, fait part à Escale des regrets de son adversaire, mais le gardien marseillais, de même que Zwunka, qui était à proximité de l'action, n'était pas tout à fait d'accord avec l'avant-centre stéphanois, qui nous avait pourtant paru très sincère."

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Zatelli : "Nous aurions pu causer une surprise si..."

"Dans les conditions de cette rencontre, je ne peux rien leur reprocher. Pour la plupart ils ont fait de leur mieux. Il est certain qu'avec Escale nous aurions pu, au moins obtenir le match nul. Le handicap de cette absence a été surtout moral pour eux, quand ils sont rentrés sur le terrain en deuxième mi-temps, ils étaient tous très touchés, et je me suis rendu compte que ma défense tenait le coup. Je crois que si mes attaquants avaient fait leur devoir, nous aurions pu causer ne très grosse surprise.

Quoi qu'il en soit e reste très confiant pour le match de dimanche prochain, à Alès."

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(Photo : Collection personnelle Stéphane Cohen)

 

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