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Résumé Le Provencal

du 16 février 1970

 

AH ! CE MISTRAL !

MAGNUSSON, SKOBLAR et l'O.M.

Vainqueurs sans problème (2-0)

Nous demandions dans quelle mesure, la défaite Alésienne contribuerait à éclaircir les gradins du stade-vélodrome.

Le mistral - et nous n'apprend rien à nos lecteurs en leur disant combien il était glacial - a complètement faussé les données du problème.

Plus de 7.000 spectateurs avec les abonnés (improprement qualifiés de socios) c'est, tout de même, assez encourageant, compte tenu des circonstances.

La rencontre terminée, ses supporters sifflaient leur équipe, pourtant victorieuse.

C'était injuste.

Nous savons bien, pour avoir vu nos stylos bille geler sur le pupitre réservé à la presse, que la partie fut pénible à suivre de bout en bout.

Mais elle a été, aussi, très difficile à jouer.

Répétons-le, après le verglas, le vent violent et plus particulièrement notre mistral, est l'ennemi N.1 des footballeurs et du bon football.

À l'impossible

nul n'est tenu

Pour cette excellente et venteuse raison, nous avons trouvé, au contraire que les deux équipes avaient fait de louables efforts pour offrir un bon spectacle.

Les Rouennais, dont l'esprit collectif se manifesta tout le long de la rencontre, essayèrent de conserver la balle à terre et de menacer Escale par des combinaisons souvent adroitement construites.

Il manque, évidemment, à cette équipe des attaquants de pointe à la hauteur de ses intentions constructives.

L'O.M., beaucoup plus riche, du moins dans la division offensive, en virtuoses de la balle ronde, gagna justement, grâce à quelques coups d'accélérateur.

Faire mieux était difficile.

On nota, cependant, de la part des Olympiens, quelques mouvements d'ensemble très prometteurs.

L'attaque, ce n'est peut-être qu'une impression, a paru plus soudé que d'habitude.

Sur deux penalties

Cela écrit, nous n'avons pas assisté au bombardement espéré.

Escale n'eut que très peu à faire et Rigoni ne fut mis vraiment en difficulté que sur un coup franc signé Skoblar et un tir de Loubet dévié par le dos de l'un de ses arrières.

Le vent a gêné les buteurs, c'est certain, mais ces derniers n'essayèrent pas suffisamment de s'en faire un allié.

Le premier but de l'O.M., un centre très astucieux de Joseph repris directement par Loubet (6e mn) eut l'avantage de mettre les Olympiens en confiance.

Le même Loubet valut à l'O.M. un premier penalty.

Le public réclama Magnusson, sur l'air des lampions et c'est Djorkaeff qui le tira... dans les bras de Rigoni.

Ainsi, quand l'O.M. obtint un deuxième penalty (51e mn.) pour charge de Senechal sur Bonnel, c'est Magnusson qui fut chargé (avec succès) de son exécution.

Quatre penalties pour l'O.M. en deux rencontres consécutives sur son terrain... c'est la bonne moyenne.

Sénéchal et Bonnel

Nous en arrivons, maintenant, à cette irritante question du jeu dur.

Une question qui devrait être mise à l'ordre du jour de toutes les réunions de du syndicat des joueurs "pros".

Dans les vestiaires de l'O.M., un seul coupable : cette brute de Sénéchal.

Pas très loin de là, chez les Normands, un nom sur toutes les bouches : "ce sauvage de Bonnel !"

Laissons Sénéchal à ses basses oeuvres, nous ne le voyons jouer que deux fois par an, mais il est dommage que Bonnel termine une fin de carrière étincelante, par une agressivité stupide et permanente.

Si, en première mi-temps, il y avait eu un arbitre de touche digne de ce nom, Bonnel eut été expulsé pour k.o. infligé à Rio, derrière le dos de l'arbitre principal et alors que le ballon était de l'autre bout du terrain.

Un grand joueur doit ignorer la vendetta.

Magnusson

frais et rose

Dans l'équipe olympienne, où la défense gênée par une balle capricieuse, joua de manière trop imprécise, nous avons relevé quelques bonnes choses.

Skoblar fit une première mi-temps exemplaire. Sa distribution de balle fut assez remarquable.

Joseph semble retrouver, après une convalescence plus longue que prévu, sa santé et partant sa force de percussion.

Magnusson, frais et rose, toujours aussi spectaculaire et déroutant, pose un problème.

Comment pouvait-il être hors d'état de jouer il y a huit jours ?

Il y a là un mystère des adducteurs...

Loubet se fit siffler par le public. Cependant, il fut, à la fois l'auteur du seul but en mouvement de la partie, et du meilleur tir.

Bonnel et c'est là le plus paradoxal, se montra, comme à son habitude, aussi utile qu'indispensable à la bonne tenue de son équipe.

À Rouen, Riconi, Sénéchal, Largouet, Dos Santos et le jeune Leroy parurent les meilleures d'un ensemble plutôt sympathique.

Maurice FABREGUETTES

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La sixième minute...

deux fois fatale à ROUEN

Après la déception de la Coupe, on attendait, avec une curiosité légitime, la réaction des supporters devant une affiche de reprise assez pâlote, la sympathique équipe normande étant de celles qui ne disent pas grand-chose au public... même pas à celui du vieux stade des Bruyères qui est le sien.

Mais, sans doute, la rencontre se serait-elle jouée devant les dizaines de milliers de spectateurs si le mistral n'avait pas faussé complètement les données du problème. Nous ne vous apprendrons rien en vous disant qu'il faisait vraiment très froid, hier après-midi au Stade Vélodrome balayé par les rafales, et nous ne sauront que la prochaine fois si le public marseillais dans son ensemble, a bien ou mal digéré la perte du trophée dont il était si fier.

Les 2 buts de l'O.M.

Ils furent également acquis à la 6me minute, un au cours de chaque période. Le premier but fut fort bien amené par Joseph, qui parut perdre la balle, la récupéra, résista à Sénechal, parvint à la ligne de but et centra à ras de terre et en retrait pour Loubet bien placé au point de penalty. Le second but marqué sur penalty par Roger Magnusson. La faute de Sénéchal qui le provoqua était indiscutable, le Normand ayant stoppé Bonnel d'un ciseau aux jambes dans la surface.

Les faits marquants

Ils furent assez peu nombreux, les actions étant évidemment contrariées par le mistral. Côtés marseillais nous signaleront :

O A la 23me minute, belle ouverture de Joseph, Novi, qui perce, mais tire nettement à côté.

O À la 36me minute, après un échange Skoblar - Loubet, ce dernier est abattu d'un croc en jambe, dans la surface par Sénéchal. Le penalty est raté par Djorkaeff, qui tire à mi-hauteur sans force ni précision. Rigoni repousse.

O À la 48me minute, Rigoni arrête en plongeant, juste sur la ligne, un coup franc bien tiré par Skoblar.

Du côté des visiteurs rouennais, nous notons :

O À la 11me minute, une hésitation de Villa bien servi par Largouet.

O À la 22me minute, sur coup franc de Dos Santos et reprise de Dubouil, Escale réussissait son unique parade.

O En fin de partie, alors que l'O.M. s'engourdissait quelque peu, Villa, à la 70me, puis de Santos servi par Douis, à la 78me tiraient de peu à côté.

Le jeu

Compte tenu de la violence du mistral, on peut estimer que les deux équipes remplirent convenablement leur contrat devant un football fort honnête.

L'O.M. jouait contre le vent en première mi-temps, mais cela ne l'empêcha pas de se montrer aussi dangereux que son adversaire. Rouen, plus tard, semble, par manque d'habitude, moins bien s'en accommoder, malgré ce son jeu court et groupé.

La réussite immédiate de l'O.M. ainsi que les principes de jeu normands nous permirent d'assister à un match très ouvert, sinon d'un niveau élevé.

Les joueurs

Nous venons tout de suite préciser qu'après toutes les critiques dont ils avaient fait l'objet, d'ailleurs à juste titre, Skoblar et Magnusson dominèrent de toutes leurs possibilités partenaires et adversaires.

Décontractés, ils devraient être les grands éléments spectaculaires de cette fin de saison qui va être longue et que leur classe peut en partie sauver.

Avec eux, nous avons vu Joseph en nets progrès très remuant, en meilleure forme physique. Les autres jouèrent leur partie habituelle, et si nous consacrons quelques mots à Bonnel, ce n'est pas tant pour sa performance que par ses nombreuses irrégularités. Nous n'entendons ce qui se dit sur le terrain, mais voyons ce qui s'y passe... contrairement au juge de touche qui vit pourtant, comme nous, l'ami Bonnel frappait Rio dans le dos de l'arbitre...

Parmi les Normands - à la bonne volonté évidente mais assez légers - nous avons remarqué Rigoni le gardien ; le solide arrière Largouet ; Dos Santos, par éclairs, et le jeune ailier Leroy, chargé visiblement de gêner Magnusson.

L'arbitrage

Celui de M. Vuillemin (de Belfort) et de ses assesseurs fut un arbitrage normal, c'est-à-dire largement favorables à l'équipe locale. Les penalties accordés à l'O.M. étaient, certes, indiscutable, mais la bienveillance des arbitres peut se traduire de bien d'autres façons, notamment, comme dans le cas de Bonnel, en fermant tout simplement les yeux.

La recette

Elle fut de 57.563 francs pour 6.098 spectateurs. Ces derniers sifflèrent le nom de Magnusson lorsqu'il fut annoncé au micro. Un peu plus tard, les siffleurs avaient changé d'avis.

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Le président LECLERC : "Nous aurions dû mieux faire"

Dans le camp marseillais, les dirigeants et les joueurs n'étaient pas satisfaits outre mesure. Djorkaeff nous a parlé du penalty raté : "Rigoni est parti avant que je ne shoote ! Je n'ai pas mal tiré !"

Le président Marcel Leclerc a constaté en souriant : "Nous aurions dû faire mieux ! Nous avons joué correctement pendant une demi-heure puis nous avons poussé le ballon pendant le reste de la partie ! Ce n'est pas de cette manière que nous ferons revenir le public au stade vélodrome !"

Joseph était très laconique : "L'essentiel pour nous, c'était de gagner ".

Jules Zwunka se plaignait : "Il faisait vraiment trop froid ! J'avais mis deux maillots et je n'ai pas eu une goutte de transpiration !"

Magnusson a fait remarquer : "Difficile de jouer dans de telles conditions ! Le mistral arrêtait tout le temps le ballon !"

Novi murmurait : "C'est embêtant de jouer avec un vent pareil !"

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SENECHAL : "Les arbitres du Stade - Vélodrome sont trop gentils avec l'O.M."

L'entraîneur Gérard ne faisait pas beaucoup de commentaires : "Difficile de jouer avec un tel vent !" Nous n'avons pas été gâtés !"

Sénéchal n'était pas content : "Les Marseillais n'ont pas de raison d'être fiers de leur équipe ! Elle n'est pas terrible ! Skoblar n'est pas du tout fair-play ! Les arbitres, à Marseille, n'osent pas faire déplaisir aux joueurs locaux ! J'ai vu l'arbitre, à un moment donné, vouloir infliger un avertissement à un joueur marseillais puis brusquement se dégonfler."

M. Leonide nous confiait de son côté : "Ca aurait pu tourner autrement quand Douis a tiré sur la balle pouvant faire mouche".

Alain DELCROIX

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