Résumé Le Provencal

du 28 mai 1970

BASTIA-OM : un match passionnant

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGETTES)

BASTIA - Une soirée d'été, un stade plein. C'est la fête du football à Furiani où l'équipe marseillaise est toujours très populaire.

L'O.M. est arrivé vers 17 heures. Après un voyage en avion sans histoire et avec Hodoul.

C'est donc l'équipe moins Skoblar, remplacé numériquement par Destrumelle qui va s'aligner tout à l'heure.

L'équipe bastiaise sera aussi celle annoncée dans notre journal d'hier.

En ouverture nous avons assisté à un agréable match féminin. Ces demoiselles corses, apparemment, n'ont rien à apprendre de l'art du dribble ou de l'amorti et du tir à l'essai.

Pas de round d'observation. Kanyan s'envole dès le coup d'envoi et centre, Blanchard plonge, mais son coup de tête expédie le ballon légèrement à droite.

Comme prévu, attaque bastiaise déferle de tous côtés, surtout sur la droite, ou Serra obtient un corner.

Sur ce corner, le ballon est renvoyé vers la droite ou se trouve Tejedor. Le jeune Miramasséen centre, Blanchard reprend de la tête et marque (5e minute).

Bastia : 1 - O.M. : 0.

L'O.M. essaie de calmer le jeune y réussit assez bien. Dès la 9e minute, un tir de Lopez oblige Casanova à s'y reprendre à deux fois pour arrêter le ballon. Là-dessus, Magnusson, servi par Novi, part de son allure royale, sur l'aile droite. Il centre au millimètre et Joseph marque à bout portant (10e minute).

Bastia : 1 - O.M. : 1.

Le but égalisateur par sa netteté a, semble-t-il, lancé u froid et sur le terrain, et sur les gradins maintenant pleins à craquer du stade. Mais les Bastiais continuent à se montrer plus dangereux.

Sur coup franc tiré par Mekloufi, Serra reprend magnifiquement de volée et c'est un arrêt non moins magnifique et heureux d'Escale (16e minute).

Le deuxième quart d'heure se poursuit à la même allure endiablée. Nous assistons à une fort belle rencontre et, jusqu'à présent, très correcte.

Le jeu s'équilibre, Bastia ayant cependant le plus souvent l'initiative de l'offensive.

Mais voila (23e) que Magnusson, à l'issue de deux dribbles merveilleux, va ses faire soigner sur la touche.

Pendant ce temps, Bonnel, qui a échappé à la vigilance de la défense bastiaise, met, avec l'aide de Joseph, le jeune gardien corse Casanova en fâcheuse posture.

A cette contre-attaque marseillaise répond une véritable ruée des avants bastiais et Blanchard est écroulé in extremis par Hodoul.

Un match très disputé vraiment.

Bastia joue en challenger, devant un O.M., faisant honneur à sa réputation.

Dernier quart d'heure de cette mi-temps. Magnusson joue assez peu, marqué de très près qu'il est par Farina, mais à chacun de ses départs c'est la panique dans le camp corse.

A la 32e minute, un de ses centres met joseph en bonne posture, mais Tosi intervient énergiquement au bon moment.

Encore Magnusson dans son numéro favori et puis Lopez, qui, lancé par Bonnel, rate la dernière phase alors que le plus dur était fait.

L'inévitable réplique bastiaise est signée Kanyan mais la défense de l'O.M. se montre imperméable.

Cependant, à la 43e minute, un coup franc et accordé à Bastia. Mekloufi le tire d'abord mais la défense de l'O.M. étant trop avancée, l'arbitre le fait retirer.

Mekloufi passe le ballon à Serra et c'est un éclair, une véritable fusée qui rentre dans la cage de l'O.M. battant, imparablement Escale.

Bastia : 2 - O.M. : 1.

Cet exploit est accueilli par les cris d'enthousiasme que vous auriez du mal à imaginer.

La première occasion de ma deuxième mi-temps est pour Kanyan mais l'ailier bastiais glisse au moment psychologique et joue le penalty sans pourvoir abuser l'arbitre.

On note ensuite un bon tir de Tejedor, juste ce qu'il faut pour échauffer Escale... et ensuite un nouveau duel Magnusson - Farina à l'avantage, cette fois, du Sarde, maintenant naturalisé français. Une nouvelle percée de Serra, u tir trop enlevé de Mekloufi et, pour terminer ce premier quart d'heure de la deuxième mi-temps, un nouvel accrochage Magnusson - farina à l'issue duquel l'arbitre fait quelques observations au Suédois.

Depuis quelques minutes Bastia ne joue qu'à dix, Blanchard se faisant soigner sur la touche. Une blessure au front, sans doute, car il rentre avec un magnifique bandeau.

Mais voici de nouveau un tir fulgurant de Kanyan sur lequel Escale réussit un très acrobatique arrêt (65e minute).

Cinq minutes plus tard, exactement, va se jouer une action aussi rare que curieuse. Sur un dégagement d'Escale à ras de terre Kanyan surgit au sprint, s'empare du ballon et fonce en solitaire vers le but de l'O.M.

Arrivé dans la surface de réparation il essaie de dribbler Escale mais n'y réussit qu'à demi et le gardien olympien a finalement le dessus, au propre et au figuré.

Rebravo Escale !

Le dernier quart d'heure va être assez difficile car les Bastiais essaient de gagner du temps, ce qui est peut-être une erreur. C'est ainsi que Magnusson obtient un coup franc et le tire lui-même. Mais le coup de tête de Joseph rate la cage.

Le temps passe, passe et la fatigue se faisant sentir de par et d'autres les actions des deux équipes perdent de leur percussion, sauf celle du joueur frais de l'O.M., Loubet, qui réussit à placer un très bon tir péniblement arrêté par Casanova (80e minute).

Nouvelle attaque de l'O.M. par Bonnel, Magnusson et Lopez et excellente tête en retrait de Bonnel. Mais ce dernier sursaut olympien semble inutile. Sur une longue balle à suivre Blanchard arrache le ballon à la défense de l'O.M. Mekloufi arrive et très adroitement glisse la balle dans la cage d'Escale.

Bastia, 3 - O.M., 1.

Mais nous ne sommes pas au bout de nos émotions. Sur une attaque collective de l'O.M. Loubet déborde et place un tir remarquablement croisé. Canova est battu mais Calmette arrête le ballon des deux mains sur sa ligne. L'arbitre, fort justement accorde ce but.

Bastia, 3 - O.M., 2

Et c'est la fin de cette rencontre.

BASTIA, SERRA et FARINA en tête, a joué

avec un magnifique esprit de challenger

Nous avons assisté hier soir, à Furiani, à une rencontre passionnante.

Un vrai match de Coupe plutôt qu'un match de Championnat, extrêmement disputé et passionnant de bout en bout.

L'équipe bastiaise, qui avait absolument besoin des deux points de la victoire, a joué dans un magnifique esprit de challenger. Deux de ses joueurs, plus particulièrement, se sont surpassés : Serra, qui fut à la pointe de toutes les offensives et pesa lourdement sur la défense de l'O.M., et, également, le Sarde maintenant naturalisé français, farina, qui, de l'avis de nos voisins, a joué le match de sa vie.

Bien orchestrée par un Mekloufi encore jeune, l'équipe de Bastia a joué un très bon match.

Nous avons noté encore dans ses rangs le jeune Téjédor, que l'on a vu un pet partout, la sûreté de l'arrière central Tosi, et également, quelques éclairs de Kanyan.

L'O.M. a fait le match que l'on attendait de lui : la fatigue de la folle soirée de mardi, à l'Opéra de Marseille, n'a pas paru l'avoir éprouvé.

Escale, en particulier, a été à la hauteur de sa réputation.

De bout en bout, l'O.M. a joué le jeu, et s'il a té battu, ce n'est pas de sa faute, mais à cause du mérité de l'équipe de Bastia qui, hier soir, voulait absolument cette victoire et l'a obtenue par des moyens en définitive très loyaux.