Résumé Le Provencal

du 04 juin 1970

Chevauchée fantastique de l'O.M.

La soirée d'hier nous a ramenés plusieurs saisons en arrière, aux temps où l'O.M., frais émoulu de la Seconde Division, et fidèle adepte de la "ligne", se faisait étriller par Angers, qui possédait en Dogliani, Margottin et Dubaele, d'incomparables briseurs de barrage.

Nous nous souvenons - comment aurions-nous pu oublier ! - Des grandes chevauchées angevines dévastatrices, en terrain découvert, qui firent douter un instant de l'avenir de l'O.M.

Dix buts en deux rencontres, dont l'un devant le grand public du Parc et la Télévision, ce sont des choses qui comptent dans la vie d'un club, dans celle d'un joueur.

Il est certain que Escale, Djorkaeff, Zwunka, Skoblar, Joseph et l'entraîneur par intérim Destrumelle devaient avoir, hier soir, un certain sourire, eux les rescapés des deux grandes hécatombes.

Mais, les rôles, par cette belle et douce soirée, dans un Stade Vélodrome déserté par les amateurs de télévision sportive, étaient radicalement inversés.

Certes, l'excellente équipe angevine, curieusement adeptes de la zone, comme jadis l'O.M., avait incontestablement plus de ressources - malgré les défections de Dogliani, Kovacevic et Roy - que la formation marseillaise de l'automne 69.

Cela ne permit d'assister à une première mi-temps peu commune, et notamment à une première demi-heure ahurissante. Les Angevins, bien emmenés par Dubaele, Margottin, Poli, Guillou et un étonnant Edwige, rendant coup pour coup.

Les deux équipes soufflaient un peu entre la 25me la 40me minute, mais, là, l'O.M. se déchaînait, et les brèches se faisaient de plus en plus béantes dans le dispositif angevin. Imitant Loubet, Djorkaeff, puis Magnusson et Skoblar, s'y engouffraient à plaisir.

4 à 2 au repos !... Ce score, qui pourrait paraître étonnant, aurait pu se chiffrer à 6-3 sans que les assistants, éberlués, puissent y trouver à redire.

En fait, dans cette bataille d'attaquants, où les défenseurs n'avaient pas eu, pour une fois, la partie belle, ceux de l'O.M. avaient tout simplement imposé leur valeur individuelle.

Et, si Joseph, auteur d'un but qui ouvrait le bal, avait été dans un de ses meilleurs jours, l'affaire aurait pu tourner au carnage !

C'était, hier soir, le grand jour de Loubet, qui, crochetant, feintant, sprintant et tirant à perdre haleine, nous rappela le Loubet qui élimina Dukla de la Coupe des Coupes.

Magnusson, pour sa part, joua un match très sérieux devant l'énergique et souple Perreau, alors que Skoblar se montrait un merveilleux passeur de balles.

Souvent troublée par l'excellent jeu offensif des Angevins, la défense valut par sa participation à l'assaut constant mené contre le but de Gallina, et les contre-attaques de Lopez et Djorkaeff furent toujours dangereuses, à l'image de celle, victorieuse, du capitaine olympien.

Battu par plus fort que lui, Angers a beaucoup plu par son état d'esprit résolument offensif, et il faut tresser les lauriers aux Poli, Guillou, Perreau, Margottin, Dubaele, et surtout Edwige, pour leur brillante participation à cette soirée qui a fait honneur au football professionnel.

Louis DUPIC

Une première mi-temps

hors du commun

Il n'y avait pas foule hier soir au Stade-Vélodrome et il est probable que la retransmission tardive, hier, du match Brésil-Tchécoslovaquie y était pour quelque chose.

Sous la direction de M. Mouthon les équipes se présentent dans les formations annoncées c'est-à-dire que l'O.M. alignait Magnusson et Skoblar, alors qu'Angers ne pouvait disposer des services de son trio d'attaquants Dogliani, Kovacevic et Ray.

Angers partait très fort et, deux fois consécutivement, Edwige se montrait très dangereux pour Escale mais Skoblar portait tout aussitôt le danger à l'autre bout du terrain.

Puis sur passe de Rigaud, Dubaele tirait tout juste à côté du montant (8e mn).

C'est cependant l'O.M. qui allait ouvrir la marque par Joseph, reprenant de près la balle lâchée par Gallina sur un tir très dur de Loubet et quelques secondes plus tard d'ailleurs le gardien angevin, sans doute gêné par l'éclairage, ne pouvait contrôler un centre de Magnusson.

Mais l'O.M. n'avait pas conservé longtemps son avantage. Edwige récupérait la balle mal dégagée par la défense, fonçait et égalisait d'un très joli tir de face.

Le temps pour les Angevins de se congratuler et Loubet profitant d'un contre favorable, partait du rond central, surprenait ses opposants, crochetait Gallina et redonnait l'avantage à son camp.

Pas pour longtemps ! Le match basculait à nouveau. Margottin, servi par le précieux Dubaele, ajustait un tir à la limite qui pénétrait en coin à ras du poteau. Et ce n'était pas fini.

Servi par l'excellente Edwige, Perreau montait à l'attaque, mettait au-dessus une balle facile alors qu'il était seul face aux buts (30e mn).

Quelle partie étonnante ! Son intérêt n'allait pas se démentir au cours du troisième quart d'heure.

Et c'était décidément le soir des grandes chevauchées ! Parti de la ligne médiane, Djorkaeff imitait son camarade Loubet, crochetait le malheureux Gallina et marquait dans le but vide.

Cet exploit inspirait Magnusson (rejoint in extremis par Edwige après une longue course), puis Skoblar qui donnait à Joseph une balle de but que "Zé" catapultait à côté par excès de confiance.

Ce n'était pas fini. Charly Loubet, en bonne condition, sprintait et feintait sur la gauche, il donnait à Magnusson qui, face aux buts, ne pouvait rater pareille occasion.

La seconde mi-temps débutait comme la première avait fini... par une occasion de but. Servi par Skoblar, Joseph, de la tête, mettait la balle à côté.

Puis Skoblar tirait au ras du poteau. L'intérêt ne faiblissait pas, Edwige tendait sa chance de volée, sans succès, tout comme Magnusson un peu plus tard.

Encore un déboulé peu commun de Loubet qui donnait au centre pour Joseph, serrait de près (60e minute).

Deux fois de suite Gallina devait sortir en catastrophe pour aller dégager son camp au-delà de sa surface, mais Perreau ratait de très peu l'objectif (70e minute).

Escale arrêtait un coup franc de Bourdel (75e minute).

Au cours du dernier quart d'heure le rythme baissait quelque peu. Joseph ratait sa reprise d'un coup franc de Skoblar. À douze minutes de la fin Prandin remplaçait Dubaele mais l'O.M. reprenait la direction du jeu.

Skoblar se faisait remarquer par ses services. À la 86e minute, sur un corner, héritant d'une passe de Magnusson, il marquait le cinquième but très applaudi.

Puis Magnusson tirait au-dessus (88e minute) et voyait une autre tentative échouer sur Gallina (89e minute).

Le score devait rester inchangé mais semblait un peu lourd pour Angers.

Louis DUPIC

DESTRUMELLE : "Cinq buts à

chaque match ce serait bien !"

Dans le camp marseillais chacun avait un large sourire.

Destrumelle, qui remplacé Zatelli, loin de Marseille, en mission, nous déclara gentiment :

"Nous aurions pu mettre dix buts aux Angevins ! Pourtant, nous avons gagné devant une bonne équipe, mais nous nous étions bien préparés ! Ensuite, nous voudrions bien marquer 5 buts à chaque match".

Magnusson, avec un large sourire, s'est exclamé : "Je suis un peu fatigué ! Nous aurions dû réussir deux ou trois buts supplémentaires".

Merschel remarquait : "C'est vraiment un match de fin de saison pour Angers ! J'ai trouvé les Angevins un peu trop dilettantes !".

Bonnel soulignait de son côté : "La première mi-temps fut difficile, la seconde fut beaucoup plus facile ! Enfin, un vrai match de fin de saison..."

Leduc :"Notre défense a

fait des cadeaux"

Les Angevins étaient peu bavards. Le lourd score encaissé contre les porteurs du maillot bleu, ne les incitait pas aux confidences.

L'entraîneur Leduc ne chercher aucune circonstance atténuante particulière : "Nous n'avons pas bien engagé cette rencontre ! En première mi-temps nous avons eu des possibilités quand nous sommes arrivés à égalité ! Mais ensuite, nous avons ouvert des boulevards et avec des joueurs aussi rapides que ceux que nous trouvions en face, ce n'est pas étonnant que nous ayons encaissé de nombreux buts !".

Le gardien Gallina était stupéfait : "Certes, les Marseillais sont dangereux mais enfin je n'aurais pas dû encaisser cinq buts ! "Les blancs ont eu beaucoup de réussite en deuxième mi-temps et nous avons été médusés, incapables de refaire le retard perdu..."