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Résumé Le Provencal

du 26 octobre 1970

 

SKOBLAR TROIS FOIS !

Victoire du "punch"

LYON - On ne doit pas se battre souvent au stade Gerland. Que le public y soit lyonnais, c'est-à-dire calme par nature, n'en est peut-être pas la raison essentielle.

L'élément pondérateur serait plutôt la trop grande distance séparant les acteurs des spectateurs. De si loin, que les joueurs paraissent minuscules. On ne vit pas les rencontres, on les dissèque. La passion disparaît ou n'apparaît que trop peu, laissant libre cours à l'esprit critique.

Voilà sans doute pourquoi la plupart des personnes qui s'étaient trouvées le dimanche précédent à Saint-Étienne, n'ont pas tellement apprécié ce Lyon - O.M.

Or, ces personnes étaient obligatoirement marseillaises. On en déduira sans peine que le rôle joué par la froideur du terrain n'a pas été négligeable.

L'O.M. gagné par 4 à 1 sur le terrain d'un adversaire encore invaincu chez lui et il se trouve des supporters marseillais pour n'aimer qu'à demi cette victoire.

C'est assez curieux n'est-ce pas ?

L'exceptionnel réussi de Skoblar

Il est vrai que la rencontre fut elle-même très curieuse.

À un quart d'heure de la fin, on pouvait penser que, malgré deux buts de Skoblar, les véritables héros olympiens de la rencontre étaient Novi et Zwunka qui, avec l'aide de tous leurs partenaires, avaient tenu en échec le tandem d'avant-centre lyonnais : Guy - Di Nallo.

Là-dessus, l'O.M. ajoute deux buts et l'on est bien forcé alors de conclure que nous venions d'assister à une véritable victoire par k.o.

Le "puncheur" tout en concédant de nombreux points à son adversaire (8 corners à 5 et de nombreuses occasions de buts) avait tiré le maximum de profit de sa force de frappe.

En fait, la moyenne de réussite de l'O.M. a été exceptionnelle. On peut la chiffrer à peu près à 60 %.

La part de Skoblar dans cette moyenne est exceptionnelle. Josip a attiré trois buts de quatre occasions véritables. Comme nous le disait un jour Raymond Kopa :

"C'est le propre des grands joueurs de faire beaucoup avec très peu de balle".

La quantité et la qualité

Le cas de Magnusson est encore plus extraordinaire. À la 30e minute de la première mi-temps, nous pouvions noter : Magnusson s'est fait prendre quatre fois le ballon dans les pieds et n'a réussi qu'une passe en touche. Ce qui revient à dire que pendant les trente premières minutes, l'aimable Suédois n'était pratiquement pas sur le terrain. Il allait là-dessus réussir deux exploits, pas plus, mais de taille.

Après avoir dribblé et redribblé Coluna, il réussit à centrer en direction de Skoblar sans résultat. Peu après, à la suite d'une série de dribbles merveilleux en plein centre même il croisait trop son tir, mais Chauveau, le gardien lyonnais avait eu chaud.

En seconde mi-temps, le jeu de Magnusson valut beaucoup plus par la grande qualité que par la quantité.

Mais son centre qui permit à Skoblar de marquer le deuxième but de la rencontre, fut un modèle du genre. Loubet ayant lui aussi tiré le plus grand bénéfice de son mini match de trente minutes, il faut bien convenir que la part des attaquants de pointe de l'O.M. fut prépondérante.

Dans une victoire par k.o., l'important et toujours le punch.

Les grands boxeurs n'ont parfois besoin que d'une bonne occasion sur 15 rounds pour expédier leur adversaire au tapis pour le compte.

La double erreur de Lyon.

À l'opposé, Lyon manifesta une très grande activité, posa de multiples banderilles, attaqua, se démena, mais à la seule exception de Di Nallo, pris en charge par la "sangsue" Novi, la qualité de punch de cette équipe n'apparut pas.

Guy se paya même le luxe de rater un penalty en voulant le tir trop en force. Les Lyonnais devaient commettre une erreur plus grande encore qui devait transformer leur courte défaite en un échec humiliant.

Alors que grâce au but de Di Nallo, ils n'étaient menés que par 2 à 1 et que rien n'était encore perdu, leurs défenseurs se muèrent en attaquants avec une imprudence folle.

On se rendit compte alors que cette défense de Lyon, forte, solide quand elle est attaquée de face, n'était pas faite pour le football de mouvements.

En laissant ouverts de larges boulevards dans leur camp, ils signèrent leur défaite de façon irrémédiable.

Deux échappées, l'une de Skoblar, l'autre de Loubet... et le match était définitivement joué.

Mais, répétons-le encore, ce que firent Skoblar et Loubet cette fois là ne peut-être le fait que de "puncheurs" de grande qualité.

Contre la plupart des autres équipes françaises n'ayant pas, et de loin, la puissance de frappe de l'O.M., le risque eut sans doute été infiniment moins grand. Peut-être même nul.

À chaque dimanche la vérité

On le voit, et c'est ce que nous firent remarquer plusieurs supporters olympiens, la rencontre terminée, la victoire marseillaise se joua presque à 100 % sur des exploits individuels.

Contrairement à ce qui s'était passé à Saint-Étienne, l'O.M. ne s'est pas imposé par la force collective, sur l'ensemble du terrain à tout le moins, car la défense a parfaitement fonctionné et n'a commit qu'un minimum d'erreurs.

Pour s'approcher encore plus près de la vérité, en dira que l'O.M. a parfaitement réussi à empêcher Lyon de jouer et de marquer, sauf en une occasion, et que le brio de ses attaquants a fait le reste.

Ce n'est peut-être pas un mal. Deux matches ne sauraient se ressembler et une équipe ayant de nombreuses cordes à son arc n'est pas à plaindre.

À chaque dimanche sa variété, l'important, en définitive est bien d'avoir raison. Raison de son adversaire, cela va de soi.

Maurice FABREGUETTES

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Rien n'était joué à un quart d'heure de la fin

LYON - Partout ou l'O.M. passe, cette saison, il déplace les foules et menace les records de recette.

Le Lyonnais n'a pas la réputation d'être enthousiaste par nature ; pourtant, une bonne heure avant le coup d'envoi, les deux grandes tribunes étaient très confortablement garnies, alors que les gradins, particulièrement ceux situés au soleil, s'emplissaient eux aussi au fil des minutes.

Car le soleil était au rendez-vous de cet après-midi magnifique, amené probablement dans leurs bagages par quelques centaines de supporters marseillais, venu en majorité par la route.

Rien de comparable, évidemment avec la récente transhumance des milliers de nos concitoyens vers Saint-Étienne, mais de tels phénomènes peuvent se reproduire à huit jours d'intervalle.

Qu'importe : un petit millier de Marseillais dans un stade, ça peut faire du bruit autant que 20.000 Lyonnais !

15e minute : la patte de Skoblar

Déjà, les premières minutes donnèrent aux deux chorales rivales l'occasion de se mesurer. C'est ainsi que Skoblar réussissait un magnifique "petit pont" aux dépens de Baeza, qui l'empêchait de filer au but en le ceinturant.

Mais, surtout après un départ de Di Nallo, enrayé par Novi, Lyon ratait, à la 7me minute, sa première occasion de la partie : Ravier lobait en effet, la défense marseillaise au profit de Chiesa, bien placé, qui ratait complètement son tir facilement contrôlé par Escale.

Après quelques essais de Guy, dont on connaît la puissance de frappe, la première tentative sérieuse de l'O.M. était la bonne. Kula, de la ligne médiane, adressait une longue transversale vers Couecou, qui rabattait de la tête la balle vers Skoblar : un tir du pied gauche, et l'O.M. reprenait l'avantage "contre le cours du jeu", serions-nous tentés d'écrire, si le fameux cours du jeu avait quelque chose à voir avec les résultats.

L'occasion de Bonnel...

Cette réussite, en tout cas, coupa court à la domination lyonnaise, et l'O.M. continua sur ses lancées extrêmement dangereuses.

Bonnel, après un premier tir à côté, débordait sur la droite et se présentait seul devant Chauveau, qui lui fermait intelligemment l'angle de tir, et le contraignit à mettre la balle à côté (22me).

On notait ensuite un tir plongeant de Leclercq, puis un coup de tête de Skoblar reprenant un centre de Magnusson, qui avait réussi à se débarrasser du petit, vif et rapide Lhomme, un adversaire tout à fait coriace (27me).

Mais, Perrin, à la suite d'une passe de Coluna et d'une remise habile de Di Nallo, ratait de peu l'égalisation, sa balle frappant en effet la limite de la porte et, rebondissant, passant tout près des buts marseillais (32me).

...et le tir de Magnusson

Cependant, à la 35me minute, Roger Magnusson, pas très heureux depuis le début, arrivait sur la gauche et, de là, repiquait vers le centre en évitant, avec une facilité insolente, tous les Lyonnais se présentant devant lui, arrivant face aux buts et déclenchait un tir croisé à ras de terre qui frôlait le poteau, alors que Chauveau - comme tout à l'heure Escale - était battu.

Nous assistions, en tout cas, à une première période extrêmement animée et indécise. Nous n'avions encore rien vu !

L'exploit d'Escale

En effet, à la 38me minute, à la suite d'un véritable bombardement des buts marseillais, les défenseurs repoussant à quatre ou cinq reprises le ballon sans parvenir à l'écarter le danger définitivement, Bonnel, interceptant la balle du bras sur une ultime tentative de Ravier, coûtait à l'O.M. son penalty hebdomadaire.

Guy le tirait en force, ô combien ! mais Escale, dans un excellent réflexe, déviait la balle en corner, avant de s'écrouler sous les embrassades de ses camarades.

Le début de la seconde période souffrait, tout d'abord, de la comparaison avec cette série de passes d'armes spectaculaires.

Novi de justesse

Mais un magnifique échange entre Novi et Skoblar nous réconciliait avec le bon football. Le demi marseillais, venu de loin, se présentait seul devant Chauveau, sur la remise de son brillant partenaire, mais après cet effort, ne pouvait tromper le gardien lyonnais bien placé (53me). Il n'empêche que l'action avait été remarquable.

On voyait ensuite Escale arrêter facilement un tir appuyé de Di Nallo (65me).

À ce moment-là, Charly Loubet remplaça son ami Couecou et, immédiatement, avait maille à partir avec le jeune Domenech.

Nous allions vivre, en effet, une minute de jeu peu banal : la 65me !

Tout d'abord, Magnusson, de la droite, après avoir esquissé un pas de danse devant Lhomme, centrait juste devant les buts lyonnais et Skoblar marquait d'une tête en plongeant acrobatiquement.

Les Marseillais certains de tenir la victoire se congratulaient l'encore, que Di Nallo s'infiltrait dans la défense, bénéficiait d'un contre favorable et du point de penalty, réussissait un tir qui remettait tout en question !

Encore deux buts

À ce moment-là, comme on pouvait s'y attendre, les Lyonnais se ruaient à l'attaque, et ce désir farouche d'égaliser allait causer leur perte, les contre-attaques marseillaises faisant des ravages en terrain découvert : une première fois, Loubet partait seul et Chauveau devait s'aventurer à 40 mètres de sa cage pour l'arrêter ; d'une minute plus tard, Kula de la gauche, réussissait une nouvelle transversale qui lobait la défense lyonnaise arrêtée et trop avancée, et faisait le bonheur de Skoblar qui allait fusiller infortunée Chauveau (76me).

Enfin Charly Loubet, l'homme frais, transformait la victoire en triomphe, en déboulant sur la gauche, crochetant Domenech en pleine course et signant le quatrième but d'un joli tir de plein fouet (80me).

Alors que les supporters marseillais, comblés, exprimaient bruyamment leur joie, leurs malheureux rivaux quittaient déjà le stade en baissant la tête.

Louis DUPIC

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 LE HEROS DU MATCH

EVIDEMMENT JOSIP !

LYON - Josip Skoblar a réussi, hier à Gerland, le premier triplé de sa carrière marseillaise en championnat, et a rejoint au classement des buteurs son compatriote Kovacevic.

Un tel exploit réalisé à l'extérieur, face à une défense centrale composée de deux hommes d'expérience, les internationaux Baeza et Mihajlovic, classerait son homme s'il en avait encore besoin.

Dès les premières minutes, il avait annoncé la couleur en mystifiant son garde du corps Baeza qui dut le ceinturer pour éviter le pire.

À la 15e minute, lorsque Kula réussit une belle transversale leur Couecou, il sentit que la balle pouvait lui parvenir et il se démarqua habilement sur la gauche, où il ouvrit le score d'un coup de patte précis.

Son second but, à la 65e minute, fut un but de "junior". Sur un centre de Magnusson, bien difficile à reprendre pourtant, il se lança à corps perdu et parvint à dévier de la tête une balle qui devait être, à ce moment-là, à 20 centimètres du sol.

Enfin, le dernier (76e minute), fut un chef-d'oeuvre de sang-froid et de précision. Parti à toute allure sur une belle passe de Kula, il franchit la défense et, après une course de 40 mètres, ne laissa aucune chance à Chauveau sorti à son encontre.

Mettons encore à son actif un sensationnelle une-deux qui aurait pu permettre à Novi de marquer également.

Josip mérite bien un grand coup de chapeau admiratif et fut incontestablement le héros marseillais du match.

L.P.

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 Pierre Pibarot :

ous avons commis trop de fautes"

LYON - Le directeur sportif de Lyon, visiblement déçu - on ne saurait à moins - essayait d'analyser la rencontre :

"Nous étions les moins forts et par-dessus le marché, nous avons commis trop d'erreurs ; cela ne pardonne pas.

"En deuxième mi-temps, nous avons raté un penalty et nos meilleures occasions de but alors que aurions pu prendre l'avantage.

"En deuxième mi-temps, notre défense s'est mise à jouer avec une folle imprudence alors que nous n'étions pas encore complètement battus. Dans ces conditions nous n'avions aucune chance de gagner et je m'incline devant l'évidente supériorité de l'O.M."

 Mignot : "Skoblar était hors jeu"

L'entraîneur lyonnais à l'accent d'Aix-en-Provence :

"Nous n'avons pas eu de chance, nous dit-il. C'est le troisième but de Skoblar, à mon avis complètement hors jeu qui a fait basculer le match.

"Mais il faut honnêtement reconnaître que l'équipe de l'O.M. et intrinsèquement supérieure à la nôtre et en définitive elle mérite son succès".

M.F.

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 M. Leclerc :

"Une grande joie !.."

Inutile de dire que l'euphorie, une nouvelle fois, régnait dans le vestiaire marseillais.

Le président Leclerc nous disait :

"Je viens de voir trois rencontres 24 heures de : à Stuttgart, à Strasbourg et à Lyon. Et il est évident que c'est ici que j'ai trouvé la plus grande joie.

Notre équipe à manoeuvrer admirablement cette courageuse formation lyonnaise."

Mario Zatelli exultait.

"Dire que nous avons remporté trois victoires sur quatre rencontres en déplacement. C'est merveilleux !

"Vous savez, j'aurais signé les yeux fermés si l'on m'avait proposé trois points sur ces quatre matches et nous en avons gagné six ! D'ailleurs, maintenant, je crois que nous sommes meilleurs en déplacement qu'à domicile".

Le capitaine Zwunka était content de ses troupes : "Il faut être un insatisfait total pour ne pas être pleinement heureux après une victoire pareille. Tous les gars ont été formidables".

Skoblar, le héros du jour, avait le triomphe modeste :

"Il est parfois plus facile de bien jouer à l'extérieur qu'au stade-vélodrome où notre public, trop exigeant, nous paralyse parfois.

"Je suis heureux d'avoir eu mon premier triplé en championnat pour l'O.M. et de rejoindre, par la même occasion, mon ami Kovasevic au classement des buteurs ".

Roger Magnusson, un peu plus loin expliquait : "Je crois que nous sommes très à l'aise dans la contre-attaque. Pour nous, tout a été plus facile car Lyon s'est découvert pour essayer d'égaliser. Quant à moi, j'ai débuté péniblement car je souffre d'un gros rhume au point d'avoir dû rester pratiquement les deux derniers jours au lit. Je ne pouvais pas respirer et j'ai mis une demi-heure à trouver mon souffle. Je trouve que Josip a fait un match terrible".

Jean-Paul Escale, l'un des héros de Gerland, nous a montré sa main droite :

"Ce Guy, il frappe comme un sauvage : un moment, j'ai bien cru qu'il m'avait cassé la main tant il tire fort.

Par ailleurs, je suis heureux que ce match soit fini. Depuis plusieurs jours, j'étais vraiment malade et j'avais peur de ne pas tenir le coup".

Novi, dans son coin, grimaçait de douleur sous les mains du Docteur Lucioni et du soigneur Yansanne.

"J'avais peur de m'être démoli l'épaule gauche qui me fait horriblement mal. Je suis tombé lourdement à deux minutes de la fin".

Heureusement, l'international en sera quitte pour deux ou trois jours de repos.

Bonnel, sanctionné d'un penalty, se défendait d'avoir commis une faute volontaire : "Le ballon est allé à mon bras. Heureusement Jean-Paul était là pour rattraper cette malheureuse décision de l'arbitre".

Didier Couecou, remplacé par Loubet après une heure de jeu, regrettait : "Je n'ai pas vu les derniers buts de mes camarades, le délégué m'ayant interdit de demeurer sur le banc".

Enfin, son remplaçant, Charly assurait : "A ce régime d'une petite demi-heure par semaine, je vais pouvoir prolonger ma carrière professionnelle jusqu'à 40 ans".

Mais la bonne vie est finie pour lui, Mario Zatelli nous ayant annoncé que, contre Metz, le 12me homme serait, en principe, Daniel Leclercq.

Louis DUPIC

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