Résumé Le Provencal du 15 février 1971 |
SKOBLAR et MARCELLIN : Deux buts hors du commun |
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La rencontre terminée, Kader Firoud, nous a dit, avec le très large sourire que vous devinez : "Dommage pour l'O.M., nous avions oublié la valise à Nîmes ". Mais la joie au demeurant légitime, de l'entraîneur Nîmois, avait une autre cause. Son équipe avait beaucoup mieux joué que le dimanche précédent, sur ce même stade Vélodrome, contre Nice en coupe. Un peu plus loin, Georges Boulogne témoin attentif de la rencontre, devait nous confier : "Le Nîmes-Olympique m'a agréablement surpris, aujourd'hui. Mézy et Marcellin ont apporté à leur équipe, une assise technique de premier ordre". C'est le premier point qu'il convient de dégager à l'issue de ce demi échec des Olympiens sur leur terrain, devant une foule compacte très coopérative du bout en bout. Avant toute chose, il est essentiel de souligner la bonne tenue des Crocodiles au cours d'une rencontre de bonne qualité et passionnante jusqu'à son terme. Le football français n'est pas aussi mauvais que certains l'affirment et qu'une équipe moyennement classée puisse, fort régulièrement, tenir en échec le titulaire du maillot jaune, chez lui, est la preuve de réels progrès en profondeur. Pas de cause en championnat Condamner l'O.M. en bloc, sur cette rencontre, serait trop facile et injuste. Constamment sous pression, soumise (et c'est normal) au traitement des grandes vedettes, l'équipe olympienne a accusé une certaine fatigue plus psychique que physique. Ce phénomène dit de la décompression, et le mal courant des champions obligés de remettre leur titre en jeu de très nombreuses fois en une saison. Revenu victorieux de ses deux matches en Corse, et contre une équipe corse, pensant déjà à ses prochaines rencontres à Sedan, à Lyon et face à Saint-Étienne, sans oublier un match amical de prestige, l'O.M. pouvait considérer ce derby comme une sorte de temps mort. Une petite pause. Ce fut, bien entendu, une erreur involontaire. Il n'y a jamais de pause, en championnat, pour le premier. Skoblar et Marcellin : deux buts extraordinaires Cette chaude, mais correcte, ou en tout cas pas méchante rencontre fut aussi celle des buts curieux. Celui de Skoblar est le modèle du genre. L'angle de tir était nettement réduit, que Landi, se plaça en fonction d'un centre. S'il s'agissait d'un autre joueur que Josip nous n'hésiterions pas à écrire : "Buts heureux, à la suite d'un centre raté". Mais avec ce diable de Skoblar, nous avons vu tellement de buts sortant de l'ordinaire, que nous porterons ce 23e de la série à son crédit. Qu'il ait pu dire à Landi : "Je ne l'ai pas fait exprès" n'y changera rien. Très combatif, sur le terrain, Skoblar est un parfait gentleman rencontre terminée. |
Le but égalisateur du grand Marcellin est aussi de ceux que les meilleurs buteurs marquent une fois par an. Tout y était : la force, la précision, l'effet. Nous avons vu rarement mieux, au stade Vélodrome. Rappelons toujours sur coup franc direct, un but du fameux Pelé de Santos et un autre d'Adamec contre la Hongrie en coupe du Monde. Chaque fois, les gardiens parurent figés et impuissants. Mézy applaudi par le public marseillais Ce but égalisateur de Marcellin (39e) fut-il le tournant du match ? On a remarqué qu'il avait rendu confiance aux Nîmois, jusque-là archi-dominés et accentué le malaise de l'O.M. D'un O.M. dont la défense n'avait jamais paru aussi flottante et peu précis dans la relance du jeu. Il est bien certain qu'un but égalisateur a toujours une influence psychologique sur les deux équipes. Mais, il ne faut rien exagérer. Il restait encore 56 minutes à jouer. L'O.M. put reprendre l'avantage sur penalty et entama la deuxième mi-temps avec un but d'avance. En 56 minutes, on a largement le temps d'oublier un pareil incident de parcours. Or, il se trouve que, durant la deuxième mi-temps, on vit le meilleur Nîmes et le moins bon O.M. Le jeu s'équilibra les Nîmois menacèrent tout autant Escale que Landi le fut (3 fois) par l'attaque olympienne. Et l'on entendit le public applaudir Mézy. À dimanche à Sedan Comme nous le faisons en déplacement, quand il s'agit de l'O.M. (exemple Valenciennes) nous ne commenteront pas le penalty. L'arbitre était mieux placé que nous - et de très loin - pour savoir si le ballon avait été intercepté (entre Gress et Skoblar) par l'épaule, le bras ou la main de Bettton. Il a sifflé penalty, donc il y a penalty. N'en parlons plus. Ce qui permit à Skoblar de porter son total de buts à 24. Notre conclusion sera très simple : Bravo Nîmes et incident de parcours pour l'O.M. Il était inévitable que cet accident se produisit un jour ou l'autre. Que l'équipe marseillaise se reprenne dimanche prochain à Sedan, ne serait pas pour nous une grande surprise. Maurice FABREGUETTES |
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NIMES : MENTION BIEN Sous le regard de Georges Boulogne... |
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Georges Boulogne a-t-il le mauvais oeil pour l'Olympique de Marseille ? On peut se poser la question, en effet, le sympathique entraîneur national ne vient pas souvent rendre visite au stade vélodrome mètres les deux dernières fois il n'a pas pu voir triompher les Olympiens car ils opéraient contre Sochaux et hier, contre Nîmes... oOo Quand les Nîmois pénétrèrent sur le terrain, ils furent accueillis par une bordée de coups de sifflet, ce n'était ni très charitable ni très sportif, il est vrai que les Gardois sont les bêtes noires des Phocéens. oOo On attendait beaucoup de monde pour ce passionnant derby sudiste, mais on n'aurait pas cru que le stade serait aussi pris d'assaut. Décidément malgré l'augmentation importante du nombre de places assises, il risque bientôt d'être trop petit ! oOo A Nîmes, il y a toujours un Roumain de service, la semaine dernière, Firoud avait fait rentrer comme douzième homme Pircalab, hier ce fut le tour de Voinea qui eut le mérite d'être à l'origine du but égalisateur. oOo C'est la première fois que l'O.M. jouait au grand complet en compétition, c'est-à-dire avec les "Sud Américains" et Gress, dommage que cette première n'est pas été couronnée par un triomphe retentissant. oOo Landi fera sans doute un excellent avocat. Il fallait le voir plaider avec les mains la cause des "crocodiles" et supplier arbitre M. Mouthon, de ne pas siffler un penalty contre son camp, malheureusement, Il ne sut pas être totalement convaincant. |
oOo Georges Boulogne était venu applaudir les Marseillais, il a été agréablement surpris par la tenue des Nîmois et c'est ce qu'il a confié à Lucien Leduc lorsqu'il est venu lui serrer la main dans les vestiaires. oOo Au début de la rencontre l'ambiance était sud américaine, avec jets de fusées vertes et jaunes et les démarrages à la brésilienne de Charly Loubet, mais les lampions durent s'éteindre rapidement. oOo Plusieurs de nos confrères nîmois étaient heureux du comportement des Gardois mais ils soupiraient tout de même "Ah s'ils avaient joué de cette façon de voir les Niçois, aujourd'hui nous serions qualifiés pour le prochain tour de la coupe de France". oOo Un capitaine devrait donner l'exemple du fair-play. Augé, capitaine de Nîmes a failli coûter un penalty à son club lorsqu'il faucha Charly Loubet à la limite de la surface de réparation ! Alain DELCROIX |
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Ils disent |
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Nous avions déjà vu ces tristes visages quelque part. Après Sochaux. Après le Red Star. Vous vous souvenez ? Dans leur vestiaire, à l'issue d'un nouveau match nul concédé au stade vélodrome, les Olympiens hier, en fin d'après-midi, avaient à peu près la même attitude. Celle généralement causée par une certaine amertume. C'était si apparent que M. Marcel Leclerc s'est efforcé d'apporter des paroles de réconfort. "Allons ! a dit le président à ses hommes, ne vous laissez pas abattre ! Nous tacherons de faire payer la note à Sedan !" Puis analysant la rencontre à l'intention des journalistes : "Tel est le cours du championnat. Nîmes, il faut reconnaître a bien joué le coup. Par contre l'O.M. à mon avis, a manqué de jus en deuxième mi-temps. Nous avons fait des erreurs en défense. Et voilà ! "Le malheur dans l'histoire est que cette contre-performance se soit passée devant 35.000 spectateurs. Mais, enfin, on ne choisit pas ses meilleures rencontres. Et puis c'est le football. Cela nous arrivera encore. De la sorte nous aurons maintenant une juste vision des choses". Passons aux autres opinions : Lucien LEDUC. - "Eh oui ! Je le disais bien, chaque rencontre est un problème. Je le savais aussi, nous devions nous méfier de Nîmes. L'O.M. a joué en première mi-temps, nos adversaires en seconde. C'est la preuve que le vent a tenu un grand rôle dans cette partie. Enfin, il faudrait se racheter à Sedan". Mario ZATELLI. Que voulez-vous que je vous dise. Nous venons de gagner deux rencontres très difficiles à l'extérieur. Aujourd'hui nous sommes accrochés sur notre terrain et tout le monde est "catastrophé". Le vent nous a gênés, c'est sûr. Mais il n'y a pas de quoi en faire un drame. Les points ça se rattrape !" Et Mario, qui pensait à Sedan, est allé aussitôt sortir le champagne de la glace. ESCALE. - Ce n'est pas possible, je ne parviens plus à faire un beau match à Marseille ! Sur le coup franc de Marcellin, j'ai glissé en prenant mon élan. Sinon cette balle je dois l'arrêter je suis juste sur la trajectoire. C'est vous dire si c'est la poisse !" LOPEZ. - "Je constate simplement que nous avons perdu un point. À part cela je ne pense pas qu'il faille ajouter grand-chose". HODOUL. - "C'est toujours pareil. La partie est bien lancée, nous menons à la marque. Et puis hop ! On se retrouve à deux partout. Alors on s'énerve, on ne parvient plus à imposer notre jeu. Le résultat vous le connaissez". ZWUNKA. - "Depuis que le football existe, on s'évertue à répéter qu'un match n'est jamais gagné d'avance. Nous en avons encore la preuve aujourd'hui". KULA. - "Nous avons manqué le coche ! Avec le match nul de Saint-Étienne à Sochaux, c'était l'occasion de nous détacher un peu. Hélas n'avons pas su en profiter". |
NOVI. - "Il est toujours navrant de perdre un point à domicile. Surtout dans ce point décide de la première place. Il est bien certain qu'en allant à Sedan avec une longueur d'avance sur Saint-Étienne, nous aurions eu un tout autre moral. Maintenant tout est à refaire. BONNEL. - "Tout ce que l'on peut dire, c'est que Nîmes a tiré son épingle du jeu. Mais là, il fallait un peu s'attendre à voir les Gardois de tenir la dragée haute. Ils avaient trop mal joué contre Nice, dimanche dernier. Ils tenaient à se racheter. C'était à prévoir". MAGNUSSON. - "Moi je ne comprends pas pourquoi nous faisons nos plus mauvaises parties à Marseille. Quand nous jouons à l'extérieur nous sommes bien meilleurs, tous les commentaires le disent. Pour ma part, j'aimerais bien en connaître les raisons". GRESS. - "Je suis déçu ! N'avons pas su saisir notre chance. Il y a des jours, comme cela, ou rien ne réussit. Enfin, peut-être le prochain match nous sera-t-il plus favorable". SKOBLAR. - "Que dire ? J'ai marqué deux buts mais l'O.M. a perdu un point. Satisfaction d'un côté, déception de l'autre. Vous voyez bien, je ne peux pas tout à fait me réjouir". LOUBET. - "Ma foi, ce fut un bon match. Nimes a joué comme il fallait pour nous tenir tête. J'ajouterai pourtant que nous n'avons pas exploité toutes les occasions. Sans cela nous avions largement la place de l'emporter". COUECOU. - "Et bien moi je vous dirais que j'ai eu très froid sur le banc de touche. À part ça, je crois que c'est la crainte de mal faire qui nous enlève une partie de nos moyens. Devant son public que l'O.M. joue la peur au ventre. Je ne vois pas d'autres explications à nos mauvais résultats ici au stade vélodrome". PANTELIC. - "J'ai été étonné par le bon match des Nîmois. L'O.M., bien sûr est plus fort, je pensais même qu'il allait gagner, mais le partage des points, aujourd'hui est normal. Quant au but encaissé par Escale, il est dû à la malchance. Escale a glissé, autrement, je suis certain qu'il aurait arrêté la balle". Enfin, un autre témoin attentif, Georges BOULOGNE. - "Un match très ouvert, très clair, comme j'aimerais en voir souvent. Peut-être les Marseillais ne seront-ils pas d'accord mais j'estime que Nîmes a mérité son résultat". Ajoutons pour conclure que M. Boulogne était aussi présent lors de la venue de Sochaux, puis du Red Star. Le sélectionneur national ne porterait-il pas chance à l'O.M. ? Jean FERRARA |
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MEZY : le blanc lui irait si bien |
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Mezy, baptisé par nos confrères nîmois : "le petit prince du Grau-du-Roi" avait longtemps figuré parmi les possibles futurs Olympiens. Il paraîtrait que ses dirigeants se montraient trop gourmands. Ce sera, peut-être pour la saison prochaine !.. Il est certain que de bon jeune nomme, dont le pied gauche fut parfois comparé à celui de Piantoni, a tout fait hier, pour nous plaire au public marseillais. Ses passes longues, ses contre-pieds, sa façon classique de protéger le ballon, son sens du jeu et, aussi, une qualité athlétique non négligeable (sa détente lui permit de récupérer beaucoup de balle de la tête) en firent l'un des meilleurs joueurs de la rencontre. Indiscutablement, il a plu et pas seulement à Georges Boulogne, lequel en a fait un titulaire de l'équipe de France. Si rien ne vient entraver sa progression, Mezy sera certainement l'une des vedettes à part entières des prochaines saisons. Pour notre part, nous le voyons fort bien en blanc. M.F. |
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Les questions que vous vous posez |
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Comment Nîmes, après avoir été assez médiocre contre Nice a-t-il pu, une semaine plus tard, réussir le nul avec l'O.M. ? Au risque de nous répéter, disons que les matches se suivent sans se ressembler, et que la vérité, en football et évolutive. Nîmes nous a dit Kader Firoud avait été excellent contre Valenciennes. Il a été méconnaissable contre Nice est très bon hier au stade vélodrome. Pour l'entraîneur gardois on n'a pas vu le vrai Nîmes en Coupe de France et il le regrette encore amèrement. Il estime que cette mauvaise sortie fut purement accidentelle, et que son équipe a montré son vrai visage face à l'O.M. Mais ce net décalage entre les deux productions de Nîmes à une semaine intervalle n'a pas manqué de surprendre les spectateurs qui avaient assisté aux deux rencontres. M. Mouthon a-t-il eu raison d'accorder un penalty à l'O.M. à la 39e minute ? Les lois qui régissent penalty et hors jeu sont les deux poisons de l'arbitrage, les cactus des règlements. Autant la faute de Augé, fauchant Loubet qu'il est de lui échapper un mètre en dehors de la surface, valait moralement s'entend un penalty autant celle de Betton si faute il y a eu, nous a paru vénielle. Il se trouvait à moins de deux mètres de Gress lorsque ce dernier déclencha sa passe qui vient heurter le haut du bras du Nîmois. Nous n'avons pas vu le bras de Betton aller au ballon, mais bien le ballon allait vers le bras. À notre avis, M. Mouthon dans l'arbitrage fut par ailleurs excellent n'aurait pas dû accorder ce penalty. Nous espérons que le film nous éclairera mieux à cet égard. |
Loubet est actuellement en superforme. Il l'a montré à Nice et hier aussi, surtout en première mi-temps. Pourquoi fut-il pratiquement délaissé en seconde, alors qu'il se montra dangereux chaque fois qu'il fut servi rationnellement ? Ce n'est assurément pas volontairement qu'il fut oublié par ses camarades. Mais depuis trois saisons la personnalité de Magnusson s'est tellement affirmée que le jeu de l'équipe s'oriente tout naturellement sur la droite. Bonnel a tendance à attaquer sur la droite en bon droitier qu'il est, Gress se trouve dans le même cas. Il est certain qu'en certaines circonstances l'O.M. devrait "rectifier le tir" et notamment quand Magnusson ne passe pas. C'était le cas hier, ou le Suédois fut fort bien tenu en échec pas un excellent Kabile. Que faut-il penser du but encaissé par Escale sur coup franc de 20 mètres ? Il est certain que Jean-Paul aurait arrêté ce tir remarquable certes de Marcellin, mais non inarrêtable, s'il n'avait glissé au moment de prendre son appel. En ce moment notre ami Escale est plus malchanceux que critiquable. Nous avons pour preuve le second but qu'il encaissa après avoir fort bien repoussé une première tentative de Voinea. Landi, en face détourna sans les contrôler 5 ou 6 tirs sans qu'aucun attaquant marseillais ne soit la pour reprendre la balle... |
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(photo Norman Jardin)