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Résumé Le Provencal

du 11 mars 1971

 

Devant un nombreux public, le "onze" marseillais a dû subir les assauts d'un volontaire challenger

L'O.M. craque a ANGERS (1-2)

MAGNUSSON et ESCALE ont pourtant fait de leur mieux...

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES)

ANGERS - Depuis qu'il est remonté en première division, l'O.M. n'a jamais gagné à Angers.

La série noire n'a pu être interrompue hier soir, et c'est au cri de "Allez le S.C.O. ! Allez le S.C.O scandé par un public délirant que l'équipe d'angevine a quitté son terrain.

Il faut objectivement reconnaître que cette victoire reflète parfaitement ce que nous avons vu hier soir. Angers, survolté par le désir de faire toucher les épaules au premier du championnat, a joué un très grand match. Le meilleur de la saison, d'après tous ses supporters.

Du commencement à la fin de la rencontre, les Angevins menèrent un train d'enfer, sous la conduite de leurs joueurs du milieu de terrain et plus particulièrement de l'excellent Guillou.

L'O.M. a cependant fait preuve d'un excellent esprit. Il s'est battu jusqu'au bout et malgré la domination angevine incontestable, il a mené vers la fin de la rencontre quelque dangereuse contre-attaque.

Mais ce n'était cependant pas suffisant pour gagner la rencontre malgré la grande performance individuelle de Magnusson et les arrêts d'Escale.

Le temps des blonds

La première mi-temps fut celle des blancs des blonds. Magnusson, redevenu insaisissable, inspiré et contre lequel Perreau ne trouva comme parade que quelques prises de karaté.

Gaidoz, l'ex-attaquant de Valenciennes, qui, à la manière de Joseph blanc, fut remarquable dans un rôle d'avant-centre extrême pointe.

Surpuissant, collant à la balle et réussissant même à secouer Zwunka, ce qui est belle performance athlétique, l'attaquant angevin fut un danger permanent pour l'O.M. Et le prouva d'ailleurs en marquant un premier but superbe.

Kula fut le troisième blond en vedette. Sa reprise de la tête sur un coup franc tiré de la droite par Gress vint au moment opportun, alors qu'Angers essayait d'augmenter son avantage.

Mais quelques bruns aussi se distinguèrent.

Novi, dans une forme faisant bien augurer de son prochain match international à Valence, fut d'assez loin le plus sûr et le plus efficace des Olympiens dans le domaine de la défense pure.

Guillou, le gaucher angevin, fit étalage au milieu du terrain d'une grande maîtrise technique.

Une opposition de style

Cette première mi-temps avait été aussi marquée par une opposition de style.

Sans égaler Saint-Étienne, Angers est une équipe d'une indiscutable qualité au centre du terrain. Pendant le premier quart d'heure, grâce à ce que l'on appellerait en basket un pressing effréné, elle joua presque constamment dans le camp olympien, sous les encouragements de son public.

Petit à petit l'O.M. commença à montrer son véritable visage : celui d'une robuste machine de championnat sachant faire front sur terrain adverse même dans des conditions très difficiles.

Nous ajouterons qu'elle manquait un peu de génie hier soir.

Tant et si bien que cette première mi-temps pourtant très mal engagée par l'équipe marseillaise et marquée par une domination assez nette d'Angers, devait pourtant se terminer sur une égalité au tableau d'affichage, somme toute méritée, si on fait la juste part des choses.

Escale se distingue

Des situations difficiles, Dieu sait pourtant qu'il y en eut pour l'O.M. en deuxième mi-temps.

On put croire un moment que l'O.M. allait être mangé tout cru, tellement la pression angevine était vive, incisive et tellement virevoltante le jeu des avants au maillot rouge.

Ce fut alors la grande période d'Escale. Jouer les sauveurs à Angers est devenu une spécialité de cet excellent garçon, méconnu seulement chez lui. Seul devant Edwige, comme il l'avait été quelques jours plus tôt devant Keita, il sauva un but paraissant immanquable.

En crut alors que l'on venait d'assister à un des tournants du match.

Mais escale ne pouvait parer à tout et la pression angevine, qui se poursuivait inlassablement, fut justement concrétisée par un but du gauche Roy, un but imparable.

Par la suite, Escale eut encore d'autres arrêts difficiles à faire, un sur tir de Gaidoz et, tout à fait en fin de rencontre, ce même Gaidoz marqua un troisième but, refusé pour jeu violent.

Pendant qu'Angers dominé, l'O.M. ne se manifestait que par le seul Magnusson, véritablement remarquable hier soir.

Malheureusement pour lui, le reste de l'équipe et surtout de l'attaque ne pouvait se hisser à sa hauteur.

À un quart d'heure de la fin, Couecou rentra pour remplacer Gress. C'était alors beaucoup trop tard, les jeux étaient déjà faits.

Couecou se battit avec une hargne et la bonne volonté que tout le monde lui connaît, mais il était à ce moment-là impossible de renverser la rencontre.

Angers a donc remporté une rencontre qui fera le plus grand plaisir à ses supporters et qui pèsera lourd dans la balance du championnat.

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  Une défaite normale

(D'un de nos envoyés spéciaux : Jean FERRARA)

ANGERS - La douceur angevine n'est pas un mythe.

Il fait, ce soir, à Angers, le temps que l'on aurait souhaité samedi à Marseille.

Pour cette raison, à laquelle est venu s'ajouter le match nul de l'équipe locale à Angoulême, le public est-il nombreux.

C'est l'équipe d'Angers, follement encouragée par son public qui va se montrer la plus dangereuse. Novi, dès la première minute, doit même concéder un premier corner devant Edwige, puis quelques secondes plus tard Escale repousse du poing un autre centre venu de la gauche. Mais jusqu'ici ce ne sont que des banderilles portées toutefois avec audace par onze joueurs angevins décidés.

 15e minute : but de Gaidoz

La pression angevine va trouver sa conclusion à la 15e minute, précisément par Gaidoz, entreprenant au possible en ce début de partie. Après avoir évité la charge de Gress, Guillou adresse une balle impeccable à son avant-centre juste à la limite de la surface de réparation. Gaidoz, très adroitement évite Zwunka et alors qu'escale se précipite pour boucher l'angle, le bat d'un tir croisé imparable.

 18e minute : égalisation pour Kula

Mais les Marseillais ne vont pas tarder à tout remettre en question. Magnusson, qui devient de plus en plus menaçant sur son aile droite, est arrêté par Perreau de manière assez suspecte. Coup franc dit l'arbitre M. Pauger.

Gilbert Gress, très astucieux, le donne comme un petit corner. La balle survole toute la défense angevine et va trouver à l'autre aile la tête de Kula. L'arrière marseillais, dont on dit souvent qu'il hésite à tenter sa chance, se détend cette fois comme un bolide et Gallina n'a plus que la ressource d'aller chercher le ballon au fond des ses filets.

L'O.M. a donc magnifiquement rétabli la situation et justement au moment qu'il fallait.

À la reprise l'O.M. se rend d'ailleurs compte qu'il a tout intérêt à calmer le jeu.

Angers va pourtant faire passer le frisson dans le dos des quelques supporters olympiens. Après un tir de Roy, lui aussi au-dessus de la transversale (47e minute), Edwige file seul vers le but de l'O.M. Escale alors une intervention extraordinaire d'autorité. Il sort au-devant du brun attaquant angevin et dans un réflexe inouï lui subtilise la balle (48e).

Escale - incontestablement - vient de sauver ses camarades d'une situation pour le moins périlleuse.

Angers pourtant reprendra son assez sensible domination. Kovacevic touché à la jambe est remplacé par Lemée (67e), mais l'O.M. ne va pas en tirer une bien grand profit.

Une balle de Bourdel est reprise par Edwige devant les buts marseillais. Il s'ensuit un cafouillage, mais l'ailier angevin a le temps de passer le ballon à Roy dont le tir du gauche, du point de penalty, ne laisse aucune chance à Escale (68e).

Angers mène deux à un et les affaires de l'O.M. s'arrangent d'autant moins que Gress boitille à son tour et doit laisser sa place à Couecou (70e mn).

Les Olympiens vont essayer pourtant de refaire encore leur retard. Ils obtiennent deux corners sans résultat, mais un tir de Gaidoz (85e minute) est encore magistralement stoppé par Escale. Ce même Gaidoz marque même un autre but (87me minute) mais il est refusé pour charge dangereuse sur le gardien marseillais.

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 Les Olympiens : "Nous avons mal joué"

ANGERS - Il va sans dire que les joueurs de l'O.M. ont accusé le coup de cette défaite. Mais la délégation marseillaise dans son ensemble ne cherche pas l'excuse. Mario Zatelli, le premier, nous dit :

"Nous avons mal joué et en faisant un mauvais match, on ne pouvait prétendre battre ce soir une équipe comme Angers, plein de détermination".

Lucien Leduc estime que ses hommes ont trop laissé l'initiative à l'adversaire : "Oui, dit-il, notre jeu collectif etait loin d'être au point. Nous avons donné à Angers l'occasion de se regrouper et de portée des contre-attaques toujours dangereuses ; certes, Skoblar n'est pas en grande forme, mais on ne peut pas lui faire porter seule la responsabilité de la défaite. Tous ses camarades sont aussi en cause. Je crois en fin de compte que le match de samedi dernier contre Saint-Étienne et surtout ses commentaires nous ont porté préjudice. Enfin, il faudra réagir".

Et les joueurs, que disent-ils.

Pas grand-chose, au contraire. Ils se contentent de hocher la tête comme pour signifier toute leur déception. Écoutons toutefois leurs rares commentaires :

Escale : "Ils ont très bien joué et nous avons fait une mauvaise partie. Dans ces conditions, je ne pense pas qu'il y ait grand-chose à ajouter".

Lopez : "C'était aujourd'hui le jour des Angevins et pas le nôtre. Voilà comment on peut expliquer la victoire angevine".

Hodoul : "Encore un match qui nous échappe, parce qu'une fois de plus nous n'avons pas été nous-mêmes".

Zwunka : "Deux nouveaux points de perdus, c'est décidément pour nous une mauvaise semaine".

Kula : "Oui j'ai marqué mon premier but en championnat, mais je ne crois pas que je doive beaucoup m'en réjouir. J'aurais préféré, vous l'imaginez que l'O.M. gagne sans mon concours".

Novi : "Nous avons très mal joué, il n'y a pas d'autre excuse à fournir".

Bonnel : "Que voulez-vous que je vous raconte ? Un match de cette sorte n'appelle pas de longs commentaires".

Magnusson : "Je ne sais pas pourquoi nous ne parvenons jamais à terminer un match dans de bonnes conditions. La dernière demi-heure a été pénible. Et comment Angers avait marqué un but, nous avons été incapables de revenir sa hauteur".

Gress : "Je n'ai absolument rien à déclarer, je suis sorti parce que j'avais reçu un coup sur la cheville".

Skoblar : "Maintenant le match est terminé, mais le championnat ne l'est pas encore. Je garde toujours bon espoir".

Loubet : "Il y a des jours comme cela, ou rien ne tourne rond. Je crois aussi que les critiques d'après notre match contre Saint-Étienne nous ont porté tort. Nous avons accusé le coup. Maintenant, il nous faut réagir.

 LADISLAS NAGY :

"NOTRE VICTOIRE

EST MERITEE ET MERITOIRE"

Ladislas Nagy, l'ex-gardien de l'A.S. Aixoise, était le plus heureux des entraîneurs dans un vestiaire angevin ou tout le monde s'embrassait. Il nous a dit :

"Je pense que personne ne discutera notre victoire. Elle fut, hier soir, celle de la meilleure équipe du jour. Le jeu collectif de mes joueurs m'a fait le plus grand plaisir. Ils ont joué avec beaucoup d'engagements mais également avec une grande technique. Je suis persuadé que nous ferons une très bonne fin de saison".

Le seul Angevin un peu déçu était l'arrière gauche Perreau. Il nous a dit : "J'avais déjà marqué Magnusson avec assez de bonheur, mais hier soir il m'a surpris. Il a joué vraiment comme un phénomène".

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