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Résumé Le Provencal

du 25 mars 1971

 

O.M. : Un point précieux à ANGOULEME (0-0)

ANGOULEME - Nous conservions de la capitale de la Charente un souvenir humide et à peu près très aquatique.

Alors que les deux adversaires opéraient, il y a six ans, mois pour mois ou presque, en seconde division, Angoulême renouant avec le professionnalisme et l'O.M. joua la montée en nationale, nous avions assisté à une rencontre acharnée, disputée sous une pluie diluvienne dans le bourbier du vieux stade Lebon empli à craquer et, à cette époque, fief archaïque du football, ce parent pauvre...

N'ayant pu prendre place dans la minuscule tribune, nous avons vécu le match sur le banc de touche, entre Mario Zatelli et le remplaçant Fiawoo qui récitait ses prières ; et nous nous souvenons encore des paquets de boue que les joueurs nous dispensaient généreusement au passage...

Depuis l'A.S. Angoulême a fait son chemin, mais elle n'a eu, en revanche, que la rue à traverser pour conquérir droit de cité au stade Chanzy, auparavant réservé exclusivement aux seigneurs quinzistes et beaucoup plus convenable par ses dimensions, et surtout l'état de sa pelouse.

Outre ce changement de cadre nous trouvions la ville de Ravaillac, nous et n'étions plus revenu depuis, baignant dans la douceur d'un soleil miraculeusement printanier.

Nous ne nous plaindrons pas de cette transformation radicale, car nous devons gravir à pied de la colline où se trouve le stade et dont les abords ont été, en raison du succès de la rencontre, déconseillés aux voitures.

Pantelic dans les buts...

Sage précaution, car il y aura beaucoup de monde au stade Chanzy, une bonne heure avant le début de la rencontre.

Nous y voyons arriver, à ce moment-là, la délégation marseillaise avec Jean-Pierre Escale en civil.

Il nous apprend que Roger Magnusson s'étant désisté, c'est Pantelic qui fera ses débuts officiels dans la cage, Bonnel portera N.7, Leclerc le 8 et Gress le 9, tout en évoluant à l'aile droite.

Voilà comment se présente la situation pour l'O.M. au moment ou M. Ulhen donne le coup d'envoi, l'équipe d'Angoulême se présentant dans la formation annoncée.

Nous allons donc voir face-à-face, si nous osons nous exprimer ainsi, les deux grands gardiens étrangers opérant en France, le Tchécoslovaque et le Yougoslave. Pour le moment ils n'ont guère de raisons de s'inquiéter, car le jeu se cantonne au milieu du terrain ou les deux équipes multiplient les passes courtes.

Pour nous démentir, à la 8e minute, Gress lance en profondeur Couecou qui se débarrasse de Glizinski, mais place la balle au-dessus. Une action qui ne laissera aucun regret dans le camp marseillais, le juge de touche avait agité son drapeau.

9ème minute :

Kouba sauve

Une minute plus tard, en revanche, l'alerte est beaucoup plus sérieuse quand Novi passe en retrait à Skoblar qui tire sèchement. Kouba sauva son camp grâce à un excellent réflexe et Novi qui récupère le renvoi, tire nettement au-dessus.

La partie qui avait débuté mollement, s'anime maintenant sous l'impulsion de l'O.M. qui joue avec beaucoup de mobilité. C'est ainsi que Gress abandonne le plus souvent son aile droite pour venir renforcer le milieu du terrain et servir de rampe de lancement à Lopez, ou à Novi.

A la 17me minute cependant, Pantelic doit se détendre sur un tir appuyé de 20 mètres en coin de Jean-Louis Leonetti et ne manque pas cette occasion de se mettre en évidence.

C'est le signal d'une bonne réaction d'Angoulême qui domine à son tour. Le match n'est pas désagréable à suivre, mais n'offre aucun caractère acharnement. Privé de ses deux ailiers titulaires, l'O.M. se comporte fort bien et l'on se prend à regretter leur absence, les Charentais au jeu quatre classique ne paraissant pas capable de passer la vitesse supérieure.

Nous savons bien qu'il ne s'agit là que d'une impression, mais alors qu'on approche de la demi-heure de jeu, les deux équipes se comportent comme si elles se satisfaisaient du nul.

On voit alors un centre à ras de terre dangereux de Edom rouler devant le but marseillais, sans aucun mal pour Pantelic, personne n'étant là pour le reprendre. Mais le grand Yougoslave, un peu plus tard, doit capter d'ailleurs facilement un corner, puis un coup franc de Leonetti et Lopez écarte de la tête le danger devant Edom, le plus percutant des avants locaux.

Un peu avant la mi-temps, Grizetti détaché, se retrouve seul devant Kula mais Vachet ne peut profiter de la situation, la passe du premier au second étant trop longue et imprécise.

La première période s'achève donc sur une vive poussée locale, la défense marseillaise faisant bonne garde et ne laissant rien passer.

Lorsque les deux équipes rentrent aux vestiaires, la foule, que les habitués évalués à 10.000 ou 12.000 personnes, scande : "Angoulême ! Angoulême !", sur l'air des lampions, conspue l'arbitre, on ne sait trop pourquoi, et nous voyons voler un coussin en direction de M. Ulhen. Rien de grave en tout cela.

Toujours rien

A la reprise, on voit les Charentais partirent à la baïonnette à l'assaut du but marseillais. Mais ce n'est qu'un feu de paille, car ce n'est pas du tout leur style.

Couecou, de son côté, sur passe de Novi, tente une reprise difficile, met la balle nettement au-dessus (51me).

Gress est arrêtée pour hors jeu, sur une subtile talonnade de Skoblar.

Péri tire de trop loin pour inquiéter Pantelic (53me).

Il n'y a tant tout cela pas de quoi fouetter un chat.

Mais, sur un lointain coup franc de Leclercq, Kouba commet une erreur de jugement qui aurait pu coûter cher (56me).

Ça s'anime...

À l'autre bout du terrain, Gallice se débarrasse de Hodoul et tire sec, avant d'être attaqué par Zwunka. Pantelic lâche la balle, mais réussit à la rependant avant qu'elle ne pénètre dans la cage (58e).

On voit ensuite, successivement, Zwunka sauver sur un sens de Edom, Pantelic mettre en corner un long tir de Leonetti, puis, sur la contre attaque marseillaise, Gester souffler astucieusement de la poitrine la balle à Bonnel menaçant (61me).

La partie s'anima vraiment lorsqu'on aborde la dernière demi-heure, mais sans grand résultat les deux équipes se regroupant massivement et en toute occasion en défense.

Un tir trop lointain de Vacher passe nettement au-dessus (70me) ; Edom déborde, mais Pantelic est là pour arrêter son centre.

Gress malheureux

A la 73me minute, une passe de Skoblar arrive miraculeusement vers Gress, qui tarde à tirer, et se fait bousculer par Deloffre.

Puis, l'Alsacien, deux minutes plus tard, est en mesure de rendre la politesse à Skoblar. Il lui passe la balle, et il nous semble bien que Glyczinski, placé entre les deux Marseillais, l'a interceptée avec la main.

M. Ulhen ne bronche pas. Il est vrai que le défenseur charentais qui tournait le dos. Il ne se passera rien au cours de des dernières minutes, et les deux équipes ne peuvent se départager.

Louis DUPIC

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  Sans MAGNUSSON et LOUBET

les Marseillais n'ont pu s'envoler

ANGOULEME - Spectacle inhabituel pour nous, hier soir, à Angoulême.

L'O.M. jouait fort bien au milieu du terrain mais il paraissait avoir perdu toute sa force de percussion et ses passages en vitesse aux ailes.

Le résultat d'une rencontre bon ou mauvais, ne constituant pas une base de jugement, il est certain que Magnusson et Loubet sont très difficiles à remplacer pour ne pas écrire irremplaçables.

Avec eux, dans une forme seulement moyenne, l'O.M. avait largement et peut-être même facilement mené à la mi-temps. Au lieu de cela, Kouba ne fut réellement en danger qu'une seule fois sur un tir de Skoblar.

On remarquera qu'à l'origine de cette action tranchante, se trouvait un passage à pleine vitesse de Novi sur l'aile droite.

Dans le football moderne, comme dans le football ancien d'ailleurs, les ailes et les ailiers qu'ils soient vrais ou faux sont d'une importance primordiale.

 SKOBLAR TOUT SEUL

La chose ce remarquable d'autant mieux hier soir que l'ennemi majeur d'Angoulême est la vitesse. C'est assez facile à comprendre, à la moyenne d'âge cette équipe est la plus vieille de France. Techniquement, elle ne manque pas de qualités, mais ses meilleurs joueurs surtout ceux du centre du terrain, Deloffre, Leonetti et Grizetti ont du mal à revenir ce qui laisse un champ assez grand pour les contre-attaques.

Hier soir, répétons-le, l'O.M. lourdement handicapé par l'absence de ses grands ailiers, ne laissa que le seul Skoblar en position avancée, ce qui n'était pas suffisant malgré la classe du premier buteur du championnat.

 UN MILIEU DE TERRAIN TROP CHARGÉ.

Il convient maintenant de préciser comment joua l'O.M. hier soir. Nous pensions qu'en l'absence de Magnusson, Gress allait jouer en position d'ailier droit. Ce ne fut jamais le cas, Gress joua comme il le fait d'habitude, c'est-à-dire sur tous les points du terrain.

Le résultat fut le suivant, c'est que l'O.M. au centre de la pelouse comptait quatre joueurs, Novi Bonnel, Leclercq et Gress. Par suite, les Olympiens bénéficièrent d'une fausse domination, mais d'une domination qui ne fut concrétisée que par un minimum d'occasions de buts. En première mi-temps, Kouba ne fut, nous l'avons dit, alerter qu'une seule fois.

En deuxième mi-temps, le gardien angoumoisin faillit être battu deux fois seulement sur des fautes de sa défense.

On ne peut cependant adresser de reproches à l'équipe olympienne. Handicapée comme nous l'avons dit, elle fit toutefois preuve de beaucoup de sang-froid, de beaucoup de calme et elle a sauvé l'essentiel, c'est-à-dire un point précieux.

Toutefois, il convient de faire rentrer Magnusson le plus tôt possible et de soigner Loubet pour qu'il ne manque pas lui aussi trop longtemps à l'équipe.

 MATCH NUL MERITE

Du commencement à la fin, du haut de notre tribune, nous avons senti venir ce match nul par 0 à0.

Tout se passait au milieu du terrain ou les deux équipes se prenaient le ballon, se le passaient, se le repassaient mais sans jamais attaquer franchement.

Le défaut d'Angoulême, nous l'avons déjà dit et d'être une équipe trop âgée. Celui de l'O.M. hier soir était de jouer comme une équipe craignant de perdre la rencontre.

De ce fait, le match nul par 0 à 0 est parfaitement mérité et l'on peut dire que les deux grands gardiens étrangers, Kuba et Pantelic ont fait pratiquement match nul.

En deuxième mi-temps, le Yougoslave eut un peu plus de travail que le Tchèque, mais sans jamais avoir à se surpasser.

En conclusion, on dira donc que l'O.M. handicapé a eu le mérite de ramener un point de ce déplacement.

Dans les conditions de cette partie, ce n'est pas pour nous un point perdu, mais un point gagné.

Maurice FABREGUETTES

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 LEDUC : "Une opération appréciable..."

ANGOULEME - Dans le camp marseillais, on a accueilli le match nul réalisé à Angoulême avec, disons, des sentiments divers. D'un côté, la satisfaction d'avoir enlevé à nouveau un point à l'extérieur, vite estompée par l'annonce de la large victoire de Saint-Étienne sur Bastia, et la déception d'avoir laissé échapper une victoire à portée d'une équipe marseillaise complète.

Lucien Leduc, l'entraîneur, disait : "Je ne suis pas mécontent tout à fait du match nul, c'est tout de même une opération appréciable. Mais je ne suis pas entièrement satisfait non plus. Je pense que nous avons laissé échapper la victoire en début de match, lorsque Couecou et Skoblar se sont trouvé successivement en fort bonne position devant Kouba. Notre part, je pense que nous n'avons pas été avantagés par l'arbitrage de M. Ulhen et de ses juges de touche. Je pense qu'à Marseille nous aurions bénéficié d'au moins un penalty sinon deux".

Le secrétaire Henri Neumann s'en prenait surtout à l'arbitre, et estimé qu'il n'avait pas très bien accompli son travail : "M. Ulhen, de même que ses juges de touche, n'a pas été très courageux. Il a fait ce qu'on appelle un arbitrage local, et nous a largement défavorisés".

Le capitaine Zwunka résumait en quelques mots le sentiment général : "Match nul, ce n'est certes pas mal, mais nous ne pouvons nous empêcher de penser à la victoire que nous avons frôlé ce soir à Angoulême".

Gress, qui avait bénéficié de deux bonnes occasions en fin de partie, et avait été l'auteur de la passe interceptée de la main par le défenseur charentais Glyczinski, était formel : "Pour moi, il n'y a aucune doute, les Glyczinski a nettement intercepté la balle de la main. Il y avait donc un penalty indiscutable".

Roger Magnusson avait, par la force des choses, en raison de sa blessure au mollet, assisté à la rencontre en spectateur. Il nous disait : "Je pense que nous avions l'occasion de gagner en début de match. Mais n'oublions pas qu'Angoulême a fourni une assez bonne partie. Bien sûr, le match nul ne me satisfait pas entièrement, mais je trouve somme toute équitable".

Autre spectateur, Jean-Paul Escale, qui s'efforçait de faire contre mauvaise fortune bon coeur, à la suite de son éviction de dernière heure : "Mon successeur Pantelic n'a commis aucune faute, mais dans le fond, il n'a pas eu grand-chose à faire et, honnêtement, je crois que je m'en serais tiré tout aussi bien à sa place. Quant à la rencontre, je pense que nous sommes passés vraiment très près de la victoire. C'est un match qui laissera des regrets.

Jean-Louis Leonetti :

mon coeur demeura Marseille !

Dans le vestiaire d'Angoulême, nous avons retrouvé les deux Marseillais, Jean-Louis Leonetti et Robert Peri.

Le premier nous a déclaré : "L'O.M. m'a produit une impression simplement moyenne, et cela me fait dire que le match nul était tout à fait équitable. Je pense que St-Étienne possède un jeu collectif nettement supérieur, alors que l'O.M. procède surtout par éclairs de ses individualités. Je pense que, si l'on réussit à neutraliser Skoblar, le plus gros du travail est fait. Ceci dit, et tout en reconnaissant que l'O.M. m'a un peu déçu, je lui souhaite sincèrement d'être champion de France, car, ne l'oublions pas, mon coeur demeure à Marseille".

L.D.

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  Un excellent LEONETTI

L'équipe d'Angoulême a joué avec une très bonne technique au centre du terrain surtout mais très lentement, beaucoup trop lentement même pour mettre sérieusement en danger la défense de l'O.M.

Son meilleur joueur fut, comme toujours, quand il joue contre l'équipe de sa bonne ville de Marseille : Leonetti.

Avec ses longs cheveux dans le cou, il réalisa une excellente rencontre et en première mi-temps, un de ses tirs faillit tromper Pantelic.

C'était hier le jour des vieux, car avec Leonetti on a remarqué l'ailier gauche Edom, très virevoltant et qui réussit quelques centres de classe.

Les deux jeunes de l'équipe Gallice et Vachet sont très vifs, très impulsifs, parfois agressifs, même, mais ils manquent un peu trop de sang froid.

Le gardien tchèque Kouba n'eut à vrai dure qu'un seul arrêt en cours de partie, ce qui est peu pour le juger.

M.F.

  

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