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Résumé Le Provencal

du 18 avril 1971

 

O.M. : la classe d'abord, le courage ensuite...

Sans Skoblar et Magnusson (blessé)

les Marseillais obtiennent le "nul" à SOCHAUX (1-1)

Montbéliard, hier soir, a vécu une soirée d'exception.

D'ordinaire, en pays franc-comtois, le record de la saison était établi avec la venue de Saint-Étienne.

L'O.M., cette année, a bousculé la hiérarchie des influences, comme celle du championnat.

Le record absolu au stade Bonal était de 19.200 spectateurs. Une bonne demi-heure avant le coup d'envoi, les habitués estimaient qu'il pouvait très bien être battu, au moment ou les spectateurs les plus mal placés se répandaient sur la piste avec une sagesse surprenante et l'accord d'un service d'ordre débonnaire.

La soirée, d'une douceur printanière, se prêtait d'ailleurs admirablement à un tel succès populaire. L'éclairage était excellent et la seule ombre légère au tableau - ou plutôt à notre tableau personnel - était constituée par un pylône de fer nous masquant tout juste l'une des deux cages. Car le stade Bonal est loin d'être moderne. Il est resté ce qu'il était il y a 35 ans, au moment où Sochaux régnait sur le football français en compagnie de l'O.M. et de quelques autres grands de l'époque comme Lille, Sète ou le Racing.

Les enceintes, donc, sont emplies à craquer quand M. Uhlen, un arbitre qui n'a pas la réputation d'avantager les visiteurs, donne le signal des hostilités.

5me MINUTE :

BUT DE NOVI

La partie commençait assez curieusement pour Sochaux : Watteau, qui n'est pourtant pas coutumier du fait rata complètement sa première passe ; mais plutôt bien pour l'O.M., avec un splendide tir de Gress, de la gauche, vers Lopez.

Kula lançait ensuite Loubet mais la passe au centre de Charly trouvait Novi en position de hors jeu.

C'était pour Sochaux un avertissement sans frais et dès la 5me minute, c'était un coup de théâtre : Novi débordait sur la gauche, et au moment ou l'on croyait à un centre, Jacky décochait du pied droit un tir terrible qui trompa Batmann et secouait les filets. Le type même de l'exploit personnel, ô combien précieux pour son équipe, nantie, dès les premiers échanges, d'un avantage inespéré.

Stimulé par cette première réussite, l'O.M. faisait feu des quatre fers, et produisait une grosse impression sur le sportif public sochalien, Magnusson et Gress obtenant deux corners coup sur coup.

Mais Watteau, à la 13me minute, tirait en force un coup franc de 20 mètres au ras de la transversale.

15me MINUTE :

PANTELIC SAUVE.

Peu après, Maier se rabattait de la droite sur le centre et se présentait seul devant Pantelic qui intervenait avec décision et déviait en corner, en plongeant, le tir adressé à bout portant.

La réplique était immédiate. Magnusson centra de la droite une balle que Couecou ne pouvait utiliser, mais qui était reprise par Loubet et stoppée par Batmann.

Encore un centre de Lopez que Seles, cette fois de la tête, enlevait à Couecou bien placé (20me).

Nous assistions à une rencontre de toute beauté et Novi, en verve, tirait fort au ras de la barre. Puis Gress servait Novi qui poussait trop loin sa balle que Batmann ne pouvait saisir (25me).

Novi et Bonnel prenaient le meilleur sur Lech et Watteau, les privant de la balle à tout coup.

À la 30me minute, l'O.M. menait le jeu à sa guise, mais Lech tirait de trop loin pour inquiéter Pantelic. En revanche, Gress, après débordement sur la droite, ratait Couecou de quelques centimètres.

Magnusson, touché au genou gauche dans un choc avec Lechantre, se faisait soigner sur la touche mais revenait assez vite reprendre sa place.

35me MINUTE :

MELIC SUR LE POTEAU.

L'O.M. connaissez une autre inquiétude quand Melic décochait un tir à ras de terre renvoyé par le poteau !

Les dernières minutes de cette première mi-temps avec Magnusson boitant bas à son aile droite, allaient dans l'ensemble, être sochalienne et beaucoup moins brillantes.

L'O.M. parvenait cependant à conserver son avantage malgré une jolie reprise de la tête de Melic qui passait tout juste au-dessus de la barre.

43me MINUTE :

LECLERCQ REMPLACE MAGNUSSON.

Cette période l'O.M. l'avait joué pratiquement à dix, Roger Magnusson indiquant sans équivoque, par des signes, qui ne vous pouvait plus continuer à tenir sa place et Leclercq entrait en jeu juste avant le repos.

Fâcheuse affaire pour l'O.M., le Suédois ayant été jusqu'à sa blessure excellent.

On pouvait craindre à juste titre que la machine marseillaise, après avoir tourné dans l'huile pendant la première demi-heure, n'accuse quelques ratés. D'ailleurs pour ne pas bouleverser sa formation, le sien Leduc plaçait Leclercq à l'aile gauche et Loubet à droite, les deux hommes n'hésitant pas, en outre, à se replier fortement sur les attaques sochaliennes.

C'en était apparemment fini du spectacle : l'O.M. allait se battre comme il sait le faire pour tenter de préserver son avantage.

Novi, cependant, menait une action personnelle enrayée de justesse par Burkle à la 50ème minute.

53me MINUTE :

LECH SUR LA BARRE.

De son côté, Georges Lech tentait sa chance de loin et la balle allait s'échouer sur le sommet de la transversale. Confiant en son coup d'oeil, Pantelic n'avait pas bougé.

On voyait ensuite Leclercq partir de loin, tenter et manquer un "lob" au moment d'être rejoint.

Piat ratait en partie une reprise de volée en bonne position, puis, de la tête il envoyait la balle droit dans les mains de Pantelic, mais trop mollement pour le mettre en difficulté. La défense marseillaise faisait flèche de tout bois.

Ce n'était pas évident du goût du public, pourtant l'O.M. avec Bonnel, boitillant lui aussi, passait souvent dangereusement attaque et Novi, encore lui, tirait en force à côté (65ème minute).

La domination sochalienne, en ce milieu de seconde mi-temps, devenait parfois écrasante, mais il y avait aussi beaucoup de monde devant le but de Pantelic, le mérite des Marseillais étant de ne pas s'affoler dans des conditions devenues précaires.

82me MINUTE :

DUFFEZ ÉGALISE.

En fin de partie, les choses allaient se précipiter, Couecou tirait tout d'abord sur la barre, ratant une magnifique occasion de placer son équipe hors de portée. Puis, sur la contre attaque Sochaux obtenait un coup franc. Il était donné par Watteau. La balle a été repoussée par Pantelic, mais reprise au bond par l'arrière Duffez, qui égalisait.

Les dernières minutes se déroulaient dans le tumulte, un incident mettant même aux prises la majorité des joueurs des deux équipes.

L'O.M. parvenait cependant à conserver son match nul.

Louis DUPIC

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  Lucien LEDUC : "Nous aurions gagné avec Roger"

MONTBELIARD - L'O.M. a-t-il gagné ou perdu un point à Sochaux. C'est la question que l'on se pose après la rencontre dans le vestiaire marseillais. Il est certain que, a priori, Lucien Leduc aurait vraisemblablement "signé", comment on dit, pour le nul. Mais, après coup, et en raison de l'admirable première mi-temps jouée par son équipe, il avait quelque peu changé d'avis.

- La blessure de Roger Magnusson est venue bien mal à point désorganiser le jeu extrêmement brillant jusqu'alors de notre équipe. Jusqu'à sa blessure, le Suédois avait posé constamment un problème à la défense sochalienne par ses dribbles, ses accélérations et ses passes. Je ne veux pas dire que Daniel Leclercq, entré à sa place, n'a pas convenablement tenu le rôle qui lui était assigné, mais enfin, son rendement ne pouvait être comparable à celui de Roger.

"N'oublions pas, d'autre part, que nous étions privés de Skoblar. Alors, un nul à Sochaux, sans nos deux vedettes étrangères, c'est, à tout prendre, une bonne opération".

René Gallian, qui accompagnait l'équipe, avait été victime, à la rentrée aux vestiaires, d'un accident peu banal : il avait, en effet, reçu dans le dos une bouteille de bière bien lancée à toute volée, ce qui lui avait procuré une contusion douloureuse.

- On se plaint toujours de notre public, mais je constate qu'ailleurs c'est bien pareil. Je me demande ce que les spectateurs sochaliens pouvaient reprocher à notre équipe, alors que c'est Lechantre qui a délibérément blessé Magnusson. Nous ne sommes, par ailleurs pas satisfaits du comportement de l'arbitre, M.Uhlen, qui nous a accablés de coups-francs. Je veux rappeler que l'un d'eux nous a coûté la victoire.

Roger Magnusson était revenu au vestiaire en boitant bas :

- Je crois bien que j'ai les ligaments du genou sérieusement touchés. Lechantre est venu par derrière et je n'ai pu éviter sa charge. C'est vraiment dommage car, au cours de la première mi-temps, nous aurions pu faire largement la différence.

Didier Couecou, qui avait écopé d'un avertissement en avait lui aussi après l'arbitre.

- Ces arbitres sont vraiment tous les mêmes. Je veux bien recevoir des coups dans les jambes, mais de là à prendre le poing de Seles à toute volée en pleine figure, cela est une limite qui ne devrait pas être atteinte.

"D'ailleurs, dans cette affaire, je suis victime d'un sérieux quiproquo : le défenseur yougoslave de Sochaux, croyait dur comme fer que j'étais le responsable de la grave blessure dont il fut atteint à Marseille, dès le début du match il ne cessait de me dire : "Toi, tu m'as cassé la jambe au Stade Vélodrome, et tu vas voir".

Pantelic expliquait à Mario Zatelli comment il avait encaissé le but égalisateur. Mario prétendait qu'il aurait dû laisser passer la balle, mais le grand Ilija expliquait :

- De toute façon dont j'étais placé, je ne pouvais savoir qu'il n'y avait aucun adversaire derrière moi. D'ailleurs, j'avais éloigné suffisamment la balle pour croire que mon but ne pouvait être en péril, mais la fatalité a voulu qu'elle aille retomber juste sur le pied de l'arrière Duffez, monté à l'attaque, et que je ne pouvais pas voir.

Nous avons vu Joseph Bonnel boitillant en seconde mi-temps. Après la rencontre, alors qui se déshabillait, nous avons constaté que ses deux chevilles étaient étroitement bandées. Il nous a dit :

- Je souffre toujours un peu de mes chevilles, mais Seles a aggravé ce mal en me donnant un bon coup.

Jean-Paul Escale avait, comment le sait, assisté à la rencontre en spectateur. Il nous avouait :

- Ne croyez pas pour autant que j'ai suivi le match en décontraction. Je crois n'avoir jamais autant souffert de ma vie. Finalement, même dans des conditions difficiles, je préfère souffrir sur le terrain.

Jacky Novi, en super forme, a été l'un des héros marseillais du match :

- Je me sentais particulièrement bien aujourd'hui, et je pense que le but de marquer dès la 5me minute m'a mis en confiance et pouvait en appeler d'autres : deux ou trois fois, en effet, je me suis trouvé en excellente position de tir.

Quant au capitaine Zwunka, il se montra dans l'ensemble profondément satisfait du comportement de ses hommes :

- Il est certain qu'un résultat nul à Sochaux constitue pour nous une bonne opération, mais considérant le jeu fourni au cours de notre brillante première demi-heure, c'est une rencontre qui ne manquera pas de nous laisser des regrets...

L.D.

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 NOVI, un but à la SKOBLAR !

MONTBELIARD - Avant cette rencontre considérée comme très importante pour l'O.M., on se posait trois questions principales :

1) Dans quelle mesure la première absence de Skoblar depuis le début de saison va-t-elle diminuer l'efficacité de l'attaque marseillaise ?

2) Couecou qui va enfin jouer à son poste de prédilection pourra-t-il non pas faire oublier mais remplacer utilement son prestigieux partenaire ?

3) L'O.M. confirmera-t-il devant un adversaire de qualité la bonne impression produite mercredi dernier à la modeste équipe de Valenciennes.

UNE EXCELLENTE

PREMIÈRE MI-TEMPS

OLYMPIENNE.

Et bien, les choses ne se passant jamais comme prévu en football, l'exploit habituel de Skoblar, le but inattendu sous un angle impossible, c'est Novi qui le réussi dès la 5me minute. Batman, le gardien de Sochaux, en fut le premier surpris : "Me faire ça à moi !" semble-t-il dire en dodelinant du chef.

Ce but nous a permis dès 'la première mi-temps, de répondre à la troisième question.

L'O.M., très détendu, vigilant en défense et offensif en même temps, se mit à fort bien jouer au moins aussi bien que contre Valenciennes car dans des conditions plus difficiles.

L'opposition de style entre les deux équipes était évidente et le plus souvent à l'avantage de l'O.M. Aux combinaisons habiles mais lentement construites et un rien tarabiscoté de Sochaux, l'O.M. répondait par un jeu plus simple, plus directe, et des séries d'attaques auxquelles participaient presque tous les joueurs du terrain.

En fait, la supériorité olympienne était surtout marquée au centre du terrain ou Gress, Novi et Bonnel imprimaient au jeu un risque que Georges Lech, Watteau et à un degré moindre Melic, ne pouvaient suivre.

Ajoutons-y les dribbles de Magnusson et vous comprendrez mieux les causes de l'excellente mi-temps jouée par l'O.M. hier au stade Bonal.

COUP DUR :

MAGNUSSON ÉLIMINÉ.

La réponse aux première et deuxième questions de notre préambule est relativement facile : Skoblar a marqué à son équipe, c'est évident, mais Couecou, dans une situation très difficile pour ne pas écrire impossible, eut le grand mérite de participer de bout en bout au combat de son équipe. Mais la situation devait se compliquer à 3 minutes de la mi-temps quand Magnusson, touché par Lechantre, quitta le terrain pour céder sa place à Leclercq. L'O.M. sans Magnusson et Skoblar à Sochaux, contre l'une des meilleures équipes de France, n'est-ce pas beaucoup ?

C'est la nouvelle question que l'on pouvait se poser quand le jeu reprit pour 45 minutes.

LA CONTRE BATAILLE

DE LA DEUXIÈME MI-TEMPS.

Le départ de Magnusson et l'avance d'un but eurent alors pour l'O.M. d'un effet psychologique.

On put voir, on verra les Olympiens repliés devant leurs buts faire feu de tout bois et ne procédant que par quelques rares contre-attaques, livrer une grande bataille pour conserver le bénéfice de la victoire.

Pendant de très longues minutes, ils réussirent par leur activité, par leur supériorité dans l'attaque du ballon, à étouffer littéralement l'attaque de Sochaux.

La meilleure preuve, Pantelic, durant toute cette période n'eut qu'un tir de la tête relativement aisé à arrêter.

Nous assistions à des attaques répétées de Sochaux devant un O.M. parfaitement groupé dans son camp mais très solide et formant une forteresse semble-t-il inexpugnable.

De temps en temps, un joueur olympien réussissait à s'échapper ; manque de chance, les deux plus belles occasions échurent au jeune Leclercq qui, s'il a beaucoup de sang-froid et une très grande précision, manque certainement de vitesse.

LE BUT DE DUFES

ET UNE GRANDE BAGARRE.

On a pu croire, jusqu'à 8 minutes de la fin que l'O.M. finirait par conserver son avantage.

Mais vous savez déjà qu'à 8 minutes de la fin, l'ailier Dufes réussissait à égaliser.

Par la suite, la partie dégénéra à la suite d'une charge brutale de Seles sur Couecou. Une mêlée générale eut lieu au milieu du terrain et il fallut que l'arbitre, aidé par les policiers de service, intervienne. Tout cela se calma heureusement.

Il résulte finalement que l'O.M., privé pendant toute la partie de Skoblar et pendant un temps de Magnusson, a réussi pour le moins à tenir Sochaux en échec sur son terrain.

Après sa première très bonne mi-temps au cours de laquelle ils avaient confirmé son retour en force, l'O.M. a prouvé que ses vertus morales restaient intactes.

Tant qu'il fut dans sa meilleure formation, il joua au football ; une fois diminuée par le départ de Magnusson, il sut se battre.

Mais en définitive, dans les conditions très particulières de cette partie, un point très précieux que l'O.M. vient de prendre à Sochaux.

Maurice FABREGUETTES

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Lechantre :

"Je regrette d'avoir

touché Magnusson"

MONTBELIARD - On avait beaucoup parlé dans les vestiaires marseillais du petit ailier gauche sochalien Lechantre, joueur extrêmement fin qui ne passe habituellement pas pour une terreur et qui en avait pas moins mis Roger Magnusson hors de combat (ligaments atteints).

Nous lui avons demandé comment les choses s'étaient passées. Il nous a répondu :

"En bon attaquant que je suis, j'éprouve beaucoup de peine pour Roger Magnusson qui avait fait une première demi-heure sensationnelle, mais je puis vous assurer que j'ai cherche loyalement à disputer la balle et que c'est bien involontairement que je l'ai touché au genou".

Ce point de vue est d'ailleurs partagé par l'arbitre M. Uhlen qui n'a adressé aucune réprimande au jeune Sochalien.

L.P.

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PAUL BARRET

UN NUL LOGIQUE

MONTBELIARD - L'entraîneur sochalien Paul Barret s'est montré très fair-play : "Il est certain que tant que Magnusson était sur le terrain, nous n'avons pour ainsi dire pas vu le jour. L'O.M., au cours de cette période, sous la baguette de son chef d'orchestre suédois, a été véritablement éblouissant. Mais les choses étant ce qu'elles sont, j'estime que le match nul est justifié en raison de notre bonne seconde mi-temps au cours de laquelle nous avons dominé sans arrêt".

L.D.

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