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Résumé Le Provencal

du 09 décembre 1971

 

L'O.M. tombe à BASTIA (1-2) !

Les Marseillais constamment dominés ont fortement déçu

(DE NOS ENVOYES SPECIAUX)

BASTIA - Nous n'y étions jamais venu à Furiani, et nous comprenons maintenant pourquoi les meilleurs redoutent ce déplacement. Non pas que la foule bastiaise se montre plus désagréable qu'une autre.

Un peu partout dans l'Hexagone on a prit la mauvaise habitude de ne pas respecter les visiteurs et d'applaudire, s'il y a lieu, aux gestes d'anti-jeu des joueurs locaux. Mais, à Furiani, il y a cette terrible proximité qui ne peut manquer d'exercer sur le déroulement de la partie une influence certaine en impressionnant les visiteurs et en stimulant les autochtones.

Quant à l'équipe bastiaise, elle a résolument tourné le dos à la période des gladiateurs, et l'on peut se plaire à louer son esprit constructif. Il est évident qu'à Bastia en attendaient l'O.M. comme on attend un peu partout, depuis qu'il fait figure d'équipe à battre, mais on ne saurait dire qu'il était pris à la gorge.

Il faut sans doute chercher d'ailleurs les raisons peut-être mystérieuses, capable d'expliquer son effacement.

 BASTIA À CENT À L'HEURE

Comme on pouvait s'y attendre, les Bastiais abordèrent le débat à 100 à l'heure, faisant feu des quatre fers et recherchant le "capo". Mais, il faut le remarquer, avec plus de fougue que d'organisations et de méthode, confondant souvent vitesse et précipitation, ce qui permettait à la défense marseillaise, bousculée, de limiter les dégâts.

Quand les Bastiais tiraient, ils le faisaient de trop loin, emportés par leur ardeur. Et s'ils tentaient de s'approcher des buts de l'O.M., ils se faisaient contrer immanquablement par Zwunka et ses camarades.

Cela explique que malgré une domination écrasante d'une grande demi-heure, les Corses du Nord aient dû se contenter d'accumuler les corners.

Et Carnus, s'il avait vu souvent le ballon voltiger devant sa cage, n'avait à vrai dire pas eu beaucoup plus de travail que son vis-à-vis Pantelic.

On peut même prétendre que le grand Illa avait eu un certain mérite de stopper à froid le seul essai dangereux de l'O.M., un tir de près de Novi.

 EN VEDETTE KANYAN ET COUECOU

Naturellement, après avoir fait le jeu pendant cette première demi-heure, les Bastiais éprouvaient le besoin de souffler un peu et les champions de France revenaient relativement à la surface.

On voyait même Roger Magnusson, marqué Tosi, réussir quelques bons dribbles. Mais, après le repos, le jeu s'équilibrait à un niveau d'ailleurs très modeste, les actions d'éclat se comptant toujours sur les doigts d'une seule main.

En première mi-temps, Kanyan et Couecou avaient d'ailleurs incontestablement "volé" la vedette aux deux monstres sacrés de l'O.M.

Le premier par ses courses, ses contrepieds et ses dribbles, donnait un mal fou à Kula, pourtant vigilant, mais il terminait malheureusement très mal des actions amorcées de façon spectaculaire.

Le second se montrait le plus méritant des avants marseillais, se battant avec une conviction magnifique contre une défense qui ne le ménageait guère.

 L'OBSTINATION BASTIAISE

Ne nous étonnons pas si ce but, que tout un peuple attendait, fut marqué à la suite d'un coup franc par Giordani, ancien de Mazargues, d'un tir de face de 20 m, d'une pureté absolue.

Il restait aux Marseillais après cet aboutissement logique, cette concrétisation de la domination bastiaise, une demi-heure pour forcer un destin contraire.

Il allait mettre pour ce faire exactement sept minutes et ce fut, bien entendu, Skoblar, surveillé impitoyablement jusqu'alors par Calmettes, qui allait, avec l'aide précieuse de Bonnel, traverser la défense Corse avec une facilité insolente et tromper son vieil ami Pantelic.

On pouvait alors se demander si l'équipe bastiaise, qui tombait de haut, n'allait pas subir une défaite injuste, après avoir donné longtemps l'impression d'abattre le champion de France.

On sait comment le remuant Félix, en échappant à ses gardes du corps, symbolisa, en marquant le but de la victoire, l'obstination bastiaise.

 L'O.M. CONSTAMMENT BOUSCULÉ

Ainsi, l'O.M. n'a pu effacer le signe indien, voulant qui ne gagne jamais à Bastia.

L'équipe marseillaise, le plus souvent bousculée par son ardent adversaire, a fortement déçu, avec l'excellente série qu'elle venait de réaliser.

Certes, on put croire un moment, après l'égalisation de Skoblar, qu'elle arriverait à ses fins et éviterait la défaite, et parviendrait peut-être même à décrocher une nouvelle victoire qu'elle ne méritait manifestement pas, pour n'avoir jamais pu imposer son jeu.

Ce fut, en effet, le seul moment où l'on vit le véritable O.M. Ce qui n'était évidemment pas suffisant.

Quant au Bastiais, ils opérèrent avec un engagement, un enthousiasme, une vitalité qui justifièrent largement leur succès. Il ne sera pas facile, cette saison, de gagner à Furiani, et le S.E.C.B., devrait obtenir un classement des plus honorables.

Louis DUPIC

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M. Leclerc : "Un jour sans !"

- Décidément, l'O.M. n'arrive pas à s'imposer à Bastia ?

C'est par cette question que nous nous sommes adressé à M. Leclercq, à l'entrée des vestiaires marseillais, où l'atmosphère, bien sûr, n'était pas des plus euphoriques.

- Eh oui, nous a répondu le président, les dimanches se suivent et ne se ressemblent pas. Et il est évident que nous avons fait un mauvais match. Le ballon n'a pas circulé. Les joueurs étaient statiques. Heureusement, il faut une moyenne, et l'O.M. sera, je pense, bien meilleure la prochaine fois.

"À dire la vérité, le score de 2 à 1 me semble même bien léger. À mon avis, nous pouvions prendre un ou deux buts de plus. Dans l'affaire, nous nous en tirons pas mal.

"Une mauvaise rencontre donc. Si l'O.M. jouait chaque fois de la sorte, il ne serait certainement pas en tête du championnat. Mais, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, il faut bien, un jour ou l'autre, que les joueurs aient un passage à vide. Cela nous est arrivé à Bastia. Je pense que mes joueurs feront en sorte que cette peut reluisante aventure ne se renouvelle pas d'ici la fin de la saison".

À Mario Zatelli nous avons demandé ce qu'il pensait du jeune Franceschetti, dont on disait qu'il intéressait le club marseillais.

"Franceschetti a répondu Mario, c'est un très bon joueur, jeune, il se montre à son avantage sur le terrain. Pour l'instant, je ne peux vous en dire davantage.

"En ce qui concerne le match, lorsque l'O.M. eut égalisé, j'ai pensé que le match nul était à notre portée. Hélas, nous avons eu un deuxième but à quelques minutes de la fin, qui a réduit à néant nos belles espérances. Mais, enfin, il n'y a pas péril en la demeure. Nous gardons nos trois points d'avance. Et l'intérêt du championnat, tout compte fait, est sauvegardé.

"Vous me demandez si je suis surpris de la bonne partie des Bastiais ? Je vous répondrai oui et non. On a plusieurs fois constaté que toutes les équipes qui nous reçoivent savent se surpasser. Bastia n'a pas dérogé à la règle. Les Corses ont fait un très bon match.

"Bien sûr, le public marseillais sera déçu que nous ne soyons pas sacrés, dès ce soir, champion d'automne. Je pense quand même qu'il viendra en nombre dimanche prochain pour nous encourager devant Paris-Saint-Germain.

"Ainsi va la vie d'une compétition où toutes les étapes ne sont pas toujours roses".

L'opinion de Lucien Leduc, maintenant. L'entraîneur n'a pas perdu son sourire : "En deux mots, disons que les Bastiais ont mérité leur victoire. Si nous avions obtenu le match nul, je ne pense pas que nous aurions usurpé ce point pris en Corse. Lorsque nous avons égalisé, je vous l'avoue franchement, je pensais que nous pouvions obtenir ce résultat.

"Hélas, Félix a pu marquer son but à quelques minutes de la fin et, dès lors, il nous a enlevé une bonne partie de nos illusions. De toute façon, il fallait jouer à une autre allure.

"Nous avons pu, parfois, calmer le jeu, mais pas assez pour parvenir à diriger complètement. L'idée se confirme que l'équipe bastiaise n'abonne pas si facilement les points sur son stade de Furiani".

Que pensent maintenant les joueurs de cette défaite ?

Didier Couecou, le premier, nous affirme : "C'était un jour sans. Je ne vois pas quel autre commentaire on pourrait ajouter. De toute façon, il ne faut pas dramatiser. Je pense que ce n'est là qu'une péripétie".

Gress partageait tout à fait son point de vue :"C'est ça le sport disait-il. Toutes les équipes peuvent perdre un match un jour ou l'autre".

Georges Carnus, qui fut certainement le plus brillant joueur marseillais, ne cherchait pas non plus à parler de catastrophes : "C'est une défaite ! Il ne faut pas voir la situation plus noire qu'elle ne l'est en réalité. Nous avons gagné à Metz et cette victoire nous a permis aujourd'hui d'effacer la contre-performance bastiaise. Nous conservons trois points d'avance, et puis on ne peut pas gagner tous les rencontres jusqu'à la fin du championnat. La compétition n'aura plus de charme", déclarait-il avec le sourire.

Le capitaine Zwunka, de son côté, nous disait : "L'O.M. est premier, alors bien sûr, on est déçu quand il se fait accrocher par un vaillant adversaire. Nous tacherons de rattraper ce faux pas dimanche prochain.

"Pour mon compte, j'ai reçu un coup au genou. Mais je ne pense pas que ce soit bien grave. Il est vraiment difficile de rapporter des points d'un voyage en Corse".

Nous avons ensuite demandé à Di Caro ou en était son éventuel transfert à Bastia.

"Je ne suis au courant de rien, nous a-t-il répondu. Alors, comment vous dire si je serais intéressé ou non à jouer à Bastia ? Tout dépend d'abord de moi et de mes dirigeants ensuite.

"Si l'O.M. n'achète pas de joueurs avant la fin de la saison, je ne vois pas, après tout, pourquoi je quitterai Marseille. Il m'arrive souvent de jouer en alternance avec Couecou. Pour l'instant, cette situation me convient. Bien sur, si M. Leclercq décidait d'engager un autre joueur avant la trêve, à ce moment-là je pourrais reconsidérer la question.

Josip avait son visage des mauvais jours. À tel point que Pantelic était venu le réconforter après la rencontre.

"Que voulez-vous que je dise maintenant, déplorait-t-il, les yeux chargés d'une étrange lueur. Il est trop tard. C'est tout à l'heure, sur le terrain, qu'il fallait prendre la parole..."

Comme quoi, si tous ses camarades avaient accepté la défaite avec une sorte de résignation, lui, le joueur punch par excellence, n'arrivait pas totalement à la digérer.

J.F.

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Le dernier mot à FELIX !

BASTIA - Le stade de Furiani, son éclairage a giorno, sa pelouse grasse, et ses spectateurs à portée de main des joueurs, tout un poème !

Inutile de l'ajouter, l'O.M. une fois de plus, a fait recette.

Peu avant l'heure du coup d'envoi, fixée exceptionnellement à 19 heures, toutes les places assises sont occupées. Autour du terrain, véritable chapiteau à ciel ouvert, l'ambiance est méditerranéenne. Tout autre commentaire est superflu.

 Sur le plan des équipes, Pierre Cahuzac, le nouvel entraîneur bastiais, a connu un problème d'importance : Dogliani son stratège, n'a pas été en mesure de tenir sa place. Papi, lui-même, a pu faire sa rentrée, mais seulement après avoir reçu une piqûre, pour atténuer la douleur d'une récente blessure à l'orteil droit.

Du côté olympien comme prévu, Didier Couecou à retrouver son poste d'ailier gauche. Di Caro est donc le 12me homme.

DOMINATION BASTIAISE

Bastia n'a pas attendu pour porter la balle dans le camp marseillais.

Première seconde, premier corner obtenu par Kanyan. La partie a démarré sur les chapeaux de roue !

L'O.M. essaie de répliquer par un relais Novi - Magnusson mais Tosi est intervenu, en garde de corps pour l'ailier suédois. Et les Bastiais gardent l'initiative.

Bosquier sur un tir appuyé de Franceschetti doit même concéder un corner (6me minute). Les Marseillais sont réduits à laisser passer l'orage.

 Enfin un tir de Skoblar qui tente de secouer le joug (25me) mais manque de puissance et Pantelic n'a pas de peine à enrayer la tentative de sa vieille connaissance.

On pense alors que l'O.M. à l'image de son buteur yougoslave, va tenter de réagir. C'est au contraire Kanyan qui se présente une nouvelle fois tout seul devant Carnus, bien inspiré en arrêtant le tir du néo-calédonien (27me).

COUP FRANC DE GORDANI : BUT !

A la reprise, après un repos quelque peu écourté, Bastia repart pour continuer sa pression. Carnus doit se détendre pour stopper fort bien une reprise de Giordani à la 48me minute ; le même ailier bastiais renouvelle sa tentative quelques secondes plus tard, mais cette fois la balle est mal dirigée (51e minute).

Mais la réussite ne va pas s'éterniser dans le camp marseillais, Skoblar a tiré au ras du poteau de Pantelik à la 56me minute. Kanyan limite sur le renvoi à la 58e minute, puis une fois de Hodoul sur Giordani va finalement mettre à contribution le préposé au tableau d'affichage. Le coup franc est sifflé à 20 mètres à gauche du but de Carnus. Calmettes fait mine de tirer directement, et trompe ainsi le mur marseillais, car il donne la balle sur la droite à Giordani dont la terrible reprise du pied droit secoue les filets de Carnus à la 62e minute.

RÉPLIQUE POUR SKOBLAR

Le public du stade Armand Cesari exulte. Mais il ne va pas longtemps savourer sa joie. Skoblar que l'on n'avait pas beaucoup vu jusqu'ici, tout au moins de la pointe de l'attaque, à échappé à l'emprise de Calmettes. Bonnel, qui l'avait vu posté en embuscade, le sert sans perdre une seconde. Josip, lui aussi, ne réfléchit guère. Il file droit sur Pantelic et, d'un adroit coup de patte, trouve l'angle des buts bastiais à la 67me minute.

 L'O.M. dans une seule occasion digne de ce nom, est parvenu à rétablir l'équilibre.

AVANTAGE POUR FÉLIX

Pierre Cahuzac, l'entraîneur bastiais, faisait rentrer Luciani à la place de Papi, qui commençait à traîner la jambe à la 77me minute.

D'ailleurs tous les Bastiais, dans l'ensemble, paraissent accuser la fatigue de leurs généreux efforts. Ce n'est, cependant, qu'une impression. Les Corses contrairement à ce que l'on croit, n'ont pas renoncé à encaisser les deux points de la victoire. Ils ont eu un moment de flottement mais il ne tarde pas à se reprendre. Une longue ouverture de Buigues échoue dans les pieds de Félix. Les défenseurs marseillais hésitent, pensent que l'avant-centre bastiais est hors jeu. Félix ne s'embarrasse pas de fioritures, n'entend pas siffler l'arbitre ; il tire fort dans les buts de Carnus et c'est le deuxième but imparable à la 82me minute pour Bastia.

 Il ne reste que huit minutes à l'O.M. pour arracher le match nul. Une faute de Tosi sur Gress vaut un avertissement aux joueurs corses, mais le coup franc ne donne rien, comme cette reprise de Skoblar, d'ailleurs signalé hors-jeu, qui se termine dans les bras de Pantelik à la 88me minute.

C'est fini !

L'O.M., battu, n'est pas encore champion d'automne !

Pour être logique, disons que Bastia a été loin d'usurper sa victoire.

Jean FERRARA

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Cahuzac : "Nous nous sommes hissés au niveau des meilleurs

BASTIA - Dans les vestiaires bastiais régnait la joie, mais une joie mêlée davantage à la satisfaction du devoir accompli, que la fierté délirant d'avoir imposé sa loi aux champions.

Pierre Cahuzac se faisait gentiment "charrier" : lui qui voici quelques jours encore, entraînait une équipe dont on attend toujours la première victoire, dirige aujourd'hui la formation qui fait trébucher l'O.M. Il analysait la rencontre avec beaucoup de calme :

"Nous avons fait la différence en fin de match, mais nous aurons pu la faire avant. Cependant, nous souffrons encore d'un manque de facilité dans la circulation de la balle, les joueurs ne sont pas aussi mobiles, mais il faut souligner à cet égard que le match a été rapide et on peut encore exiger du S. E. C. B. qu'il joue à un rythme élevé pendant 90 minutes. Mais les garçons se sont battus : quand on joue contre les meilleurs, on essaie de se hisser à leur niveau".

Et l'O.M. qu'en pense Cahuzac ?

"C'est évidemment une grosse équipe, athlétique et techniquement très au point, dont les joueurs n'ont pas à se chercher. Je ne dirai rien de l'O.M. au plan européen, mais au plan national, ils sont bien à leur place en tête du championnat. Cependant, ils ont trouvé devant eux un onze qui ne s'est pas laissé faire. Ceci, plus que des ambitions limitées au match nul, explique le résultat de cette rencontre. Je pense que nul ne peut songer à contester une victoire qui aurait pu être plus nette, si Kanyan avait réussi cette formidable reprise de volée en seconde mi-temps".

Quant au président Frombolacci, après avoir soupiré : "Une victoire ça fait du bien !"

Il conclut : "Nous aurions du gagner par 3-1, c'était plus conforme au déroulement de la partie".

Tony GRAZIANI

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LES QUESTIONS

QUE L'ON SE POSE

PREMIÈRE QUESTION : FÉLIX EST-IL HORS-JEU SUR LE DEUXIÈME BUT BASTIAIS ?

C'est ce que laisse croire le temps d'arrêt marqué par la défense marseillaise, lorsque Buigues servit Félix - qui nous parut légèrement décalé par rapport à Bosquier - sur le flanc droit de la défense marseillaise. Mais l'action fut très rapide, le juge de touche, qui été dans l'axe même du jeu rejoignit immédiatement le centre Ne jugeant pas l'action du bastiais litigieuse.

DEUXIÈME QUESTION : L'O.M. EUT-IL LE TORT DE JOUER LA SÉCURITÉ ?

Il est sans doute difficile d'incriminer les Marseillais d'avoir débuté prudemment. D'abord parce qu'il opérèrent toujours en contre, notamment à l'extérieur. Ensuite, un point les eût sans doute comblés, car leur avance sur leurs suivants immédiats aurait été portée à quatre points.

Enfin, les Bastiais, fort bien organisés, ne leur laissèrent point l'initiative, et les Marseillais ne réussirent guère à se défaire de l'emprise des insulaires, ce qui explique aussi qu'ils aient paru aussi hésitants.

Peut-être peut-on leur reprocher de ne pas avoir appuyé suffisamment leurs actions après l'égalisation, au moment même où les Bastiais paraissait passablement handicapés par la blessure de Papi.

TROISIÈME QUESTION : LA VICTOIRE BASTIAISE EST-ELLE MÉRITÉE ?

Absolument. Ils menaient la plupart du temps le jeu. Quand bien même la partie n'aurait jamais atteint les sommets. Ils se montraient les plus dangereux et tirèrent plus souvent au but que leurs adversaires. À tel point que Pantelic, hormis sur le but de marqué par Skoblar, ne fut que rarement mis en danger. En un mot, leur jeu plus offensif, comme les attaquants, se montrèrent assez maladroits, notamment Kanyan, alors que nous n'avions vu depuis longtemps le néo-Calédonien aussi en jambes, atteignit un degré de plénitude que les Marseillais ne réussirent jamais à atteindre leur côté.

QUATRIÈME QUESTION : LA DÉFENSE EN LIGNE DE BASTIA GÊNA-T-ELLE LES MARSEILLAIS ?

Il est peut-être inexact de parler de défense en ligne, car les Bastiais ne l'appliquèrent pas systématiquement d'autant que le Yougoslave Savkovic opérait en verrouilleur, mais la défense bastiaise remontait très vite sur les attaques marseillaises. Ainsi Skoblar, par ailleurs étroitement marqué par Calmette puis par Luccini, mais aussi par Mosa, lors de ses déplacements à l'aile, tomba-t-il souvent dans le piège intelligent tendu par les Bastiais et où le Yougoslave Savkovic commandait la manoeuvre.

Dominique FIGARELLA

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EN DIRECT DE BASTIA - EN DIRECT DE BASTIA - EN DIRECT DE BASTIA

Dans la fournaise de Furiani...

BASTIA - Prendre l'avion avec un temps aussi radieux rappelle les vacances. Les passagers pour le vol 1560 à destination de Bastia étaient guillerets. D'autant que beaucoup étaient en pays de connaissance, puisque composés en grande partie de supporters de l'O.M.

Il régnait dans les pas perdus de l'aéroport un air de fête. Lorsque nous prîmes le chemin de l'air de départ notre Caravelle était là. Son nom "Vercors". Une belle région, mais quelle tragédie.

* * *

Parmi la cinquantaine de supporters de l'O.M. qui effectuaient le voyage, beaucoup de visages familiers, entre autres celui de Michel Bianco, restaurateur bien connu et Fernand Decanali, notre champion Olympique de poursuite 1948, à Londres.

Pour nos deux amis, c'était un voyage d'agrément, et surtout un entraînement, puisque l'O.M. est appelé à être champion de France.

Nous nous entraînons-nous aussi à être prêt pour la future Coupe d'Europe. Sur le plan liberté d'abord, et ensuite sur le plan pécuniaire. Nous devons concilier les deux pour être un parfait supporters, devait nous dire l'un des deux.

* * *

À peine assis, une forte voix acclamée : "Allez Bastia !" venant du fond de la Caravelle.

Personne s'est retourné, les supporters olympiens n'ont pas relevé le gant. Notre voisin à demi-mot a dit : "C'est un ami. Nous nous expliquerons à la régulière tout à l'heure Furiani !"

* * *

À peine descendus d'avion, nous prenons place dans un car qui fait le service régulier de l'aéroport de Poretta à la garde de Bastia.

Assis côte à côte, par affinité, nous avons devant nous deux Corses bon teint. Ils discutent bruyamment. L'un d'eux à allumer une cigarette, lorsque l'autre lui dit : "Comment tu vas fumer ? Tu n'as pas vu : "Défense de cracher, défense de fumer !" - "Et alors, il faut bien qu'ils écrivent quelque chose. C'est pas une fumerie d'opium, que je sache non !"

* * *

Nos amis corses cultiveraient-ils l'humour noir ?

À quelques kilomètres de Bastia, de grand écriteau annoncent la mise en chantier d'immeubles de grand standing : site merveilleusement calme, la mer toute proche... et le cimetière aussi !

Bien entendu bordée de cyprès. L'endroit idéal pour le repos éternel.

À côté de cette bordure d'arbre qui n'a pas encore offert l'isolement désiré, les promoteurs ont posé ce panneau : "Dépêchez-vous de retenir un des 170 logements. Départ de la première tranche le..., etc..."

* * *

La Corse c'est tout un poème. Jamais on ne pourra décrire le charme de cette contrée et l'affabilité de ses habitants.

Et Dieu sait, à l'image de Toussaint Lenzani, s'ils sont sérieux. Quoi qu'il en soit, certaines répliques des Bastiais ne manquent pas de piquant, comme celle que nous avons entendue lors de notre entrée sur le terre-plein du parking.

Le préposé aux billets, un jeune garçon a eu cette réponse savoureuse, lorsque Dominique Figarella lui demanda si la presse payait.

"Tout le monde paye. Ce n'est qu'à ce prix que j'entrerai au stade.

* * *

L'ex-Angevin devenu maintenant Bastiais, Jean-Pierre Dogliani, était avant le match en conserve conversation avec Lucien Leduc qui fut entraîneur du S.C.O. Angers et de Jean-Pierre.

Blessé, Dogliani, à son grand regret, ne put tenir son poste. Il vint suivre la rencontre à la tribune de presse.

Les Bastiais avaient des problèmes avec la non-participation de Jean-Pierre Dogliani. Le nouvel entraîneur Pierre Cahuzac n'avait pas besoin de cela pour avoir les tempes grises.

On dut attendre le coup d'envoi pour connaître la formation de son équipe.

* * *

Victor Sinet est un Corse aussi populaire que le fut Napoléon.

Lespeaker annonça avant le match qu'il signerait son livre : "Corse au football de feu", dans les salons du bar Terminus, après la rencontre et que tous étaient invités.

L'ami Victor a intérêt à toucher un gros tiercé pour arroser cette réception.

Georges FILIPPI

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