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Résumé Le Provencal

du 25 octobre 1971

 

Keita et M. Wurtz relancent le championnat

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L'O.M. aurait du gagner en deuxième mi-temps mais....

Il faut toujours commencer par le meilleur.

Nous avons assisté à une première mi-temps de grand gala.

Ce qui revient à dire, le football se jouant à 22, que les deux équipes ont eu leur part de mérite.

Au moment ou nous écrivons ces lignes, dans le bureau du directeur du stade, notre ami Guy Vassal, une véritable émeute se déchaîne dans les couloirs.

Restons cependant optimistes et revenons à notre première mi-temps.

Elle fut donc très égale (2 à 2... on espérait alors un 4 à 4... ou un 5 à 4) et surtout marquées par deux grands joueurs, Keita d'abord et Bereta ensuite.

Au cours de cette première et grande période, le Malien joua plusieurs ton au-dessus de ses partenaires et adversaires.

Pour tous les amateurs de football, un vrai régal.

Hier, le soulier d'argent a pesé plus lourd dans la balance que le soulier d'or.

Bravo Salif !

Même si, en deuxième mi-temps, ce joueur d'exception s'endormit un peu (un tout petit peu) sur ses lauriers.

Le but de Novi :

un exploit aussi.

Mais l'O.M., en dépit de sa fatigue du match contre Ajax, n'était pas resté inactif.

Le but de Novi - un gauche fulgurant de 25 mètres - était, aussi, un authentique exploit et celui de Couecou ne manquait pas de pertinence.

Il est certain que le jeu de Saint-Étienne était plus lié, plus technique - ce n'est d'ailleurs pas une nouveauté - mais celui de l'O.M., dans un style tout différent, pouvait paraître plus percutant.

À dire le vrai, au cours de cette première mi-temps qui restera l'une des plus belles disputées au Stade Vélodrome cette saison, la différence fut faite par Salif Keita.

En deuxième mi-temps surtout pendant les 20 premières minutes, on eut l'impression que l'O.M. allait remporter la victoire.

Saint-Étienne semblant s'être fatigué à son propre jeu, ce qui est assez curieux, accusa quelques ratées (moins de sûreté dans les passes, baisse de régime de Larque et de Broissard, ce dernier remarquable en première mi-temps, etc.), l'O.M. prit nettement la direction du jeu.

On attendait le but olympien, presque inévitable, semble-t-il, tout en redoutant le résultat contraire, sur l'une des toujours redoutables contre-attaques stéphanoises.

On sait déjà qu'après de multiples incidents dont il sera question plus loin, c'est la version verte qui s'imposa, grâce a un tir lointain de Larque.

L'O.M. qui, avant mercredi dernier, était invaincu sur son terrain, depuis deux saisons, vient consécutivement de concéder deux défaites.

C'est le football, c'est le sport. Il ne faut pas en conclure que l'équipe olympienne n'est plus la meilleure de France.

Simple passage à vide, inévitable dans une épreuve s'étalant sur 11 mois.

M. Wurtz : l'art

de provoquer le public

Après Keita, la vedette du match fut l'arbitre M. Wurtz.

Autant nous avions apprécié mercredi dernier, la direction de l'arbitre belge, autant celle de M. Wurtz nous parut détestable.

Sous prétexte d'impartialité, il arbitra contre le public.

À la manière d'un dompteur, qui, pour souligner son numéro, s'applique à faire hurler les fauves.

Le résultat le plus visible est qu'il réussit à énerver tellement les joueurs olympiens que ces derniers regagnèrent les vestiaires avec quatre avertissements.

Quatre avertissements, au cours d'une rencontre relativement correcte, n'est-ce pas excessif ?

Souhaitons que la commission de discipline soit indulgente.

Il ne nous appartient pas de faire le tour des décisions litigieuse M. Wurtz, cependant en fin de première mi-temps, il aurait dû accorder le but à l'O.M. ou siffler un coup franc en faveur de Saint-Étienne.

En laissant le jeu se poursuit, il ne pouvait qu'indisposer les joueurs et la foule.

Un mauvais point, donc, à M. Wurtz.

O.M. : une fatigue

nerveuse certaine

Cela écrit, il reste, comme vient de nous le dire l'un de nos voisins, qu'il n'y aurait pas eu d'incident si l'O.M. avait fait nettement la différence.

Car il faut tout de même convenir que l'O.M. vu, hier après-midi n'était pas au sommet de sa courbe.

Il ne manquait peut-être pas grand'chose, mais ces petits riens qui font gagner à Magnusson, à Skoblar ou à Gress des dixièmes de secondes ou des centimètres dans la frappe, la reprise ou la frappe.

L'équipe olympienne, donc la bonne volonté et l'esprit de corps sont au-dessus de toute critique, aurait besoin de temps de récupération.

C'est d'ailleurs ce que craignait Lucien Leduc.

Si Saint-Étienne

Avait su...

Au sujet de Saint-Étienne, on fera une remarque instructive.

On avait parlé d'opération jeunesse et elle ne nous a pas paru bien convaincante.

En fait, les meilleurs Stéphanois furent ceux que nous n'avons pas à présenter à nos lecteurs : Keita, Bereta, Herbin, Larque, Broissard, et même Polny.

Mercadier, Revelli, Parizon n'ont étonné personne.

Ne parlons pas du gardien Castel, très faible, peut-être par-ce que blessé.

On arrivera ainsi à cette conclusion. Si Saint-Étienne avait recruté seulement un grand défenseur étranger et un bon gardien, son équipe resterait compétitive pour le titre.

Maurice Fabreguette

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Tant qu'il y aura un GRESS...

Des traces de la bataille, il en restait beaucoup trop. Le combat contre Ajax n'avait pas été qu'apparent, mais plus profond, plus interne. Il n'avait pas laissé seulement d'insignifiantes séquelles, comme il paraissait à première vue, mais des plaies, de vraies plaies. L'apothicaire a pu penser celle du corps, la science est impuissante à guérir les traumatismes de la. Ce match contre Saint-Étienne venait bien trop tôt, le souvenir de la confrontation de cet inoubliable mercredi était encore trop frais.

Ainsi naquit, la seconde défaite de la semaine et la première en championnat que l'O.M., au liseré tricolore, enregistrait sur son terrain. Ironie du sort, cette défaite vient de l'équipe stéphanoise, dont le contentieux avec le club marseillais ne s'est épuisé qu'avec le temps. Elle vient de cette équipe qui, après avoir régné sur le football français, dut, non sans dignité, laisser à l'O.M. le prestige de la représentation nationale.

C'est une fière revanche. Une sorte de compensation qui courroucera peut-être les sportifs marseillais, mais garnira assurément d'une épice nouvelle ce championnat qui était en passe de mourir à Noël.

Car l'O.M. devra se défendre et retrouver très vite l'heureux équilibre qui fut le sien jusqu'à l'aventure d'Ajax.

L'équipe marseillaise, privée de Bosquier, blessé dans ses chairs et dans son moral, a probablement mesuré la puissance de sa volonté du jour, asservie à ses vices de jeu et à ses débauches d'efforts inutiles. Elle s'est montrée comme traquée.

Dans ce combat - qui fut curieusement d'un réel spectacle - tout est apparu imprécis, sans fini, quelquefois sans goût du côté marseillais. Pour les raisons que nous citons plus haut.

Cela dit, stigmatiser des vaincus nous paraît trop facile, voir malsain. Douze hommes, treize si vous voulez soutiennent depuis plus d'un mois le siège de toutes les équipes françaises, croisent le fer avec des diaboliques footballeurs venus de Hollande, sans qu'il leur soit permis de souffler, sans qu'ils aient le temps de faire leur compte.

On peut donc comprendre et admettre un certain relâchement, d'une logique décompression. Quand, dans des ces circonstances, les arabesques, les jongleries et les merveilleuses déviations que signait Salif Keita, les débordements de Bereta, etc..., s'ajoutent au passif d'une équipe émoussée, cette dernière est inévitable offerte au drame.

Gilbert Gress nous avait pourtant conquis. Tout pouvait venir de lui. L'intelligence de jeu de cet homme - quelquefois incompris - et dont il se sert avec une incroyable lucidité, est bien le fil conducteur auquel se tient toute l'équipe, les grands mouvements viennent de lui. Ils naissent dans ses pieds, pour mourir ou prospérer dans ceux de Skoblar, Magnusson, Bonnel et des autres.

Tant que Gress jouera pour les siens, l'O.M. aura son maître à penser. Et à conserver.

Autant dire, en oubliant le Skoblar d'hier, aussi rares que les trêves dans le désert de Gobi, que les lendemains qui déchantent ne doivent pas encore s'inscrire au pluriel.

Lucien D'APO

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Marcel LECLERC :

"M. Wurtz, provocateur et masochiste !"

Une nouvelle fois un O.M. - Saint-Étienne d'une haute tenue, s'est terminé dans le désordre et la confusion. Et, au lieu de parler football, car du football il y en eut et du beau, on s'entendit surtout sur les incidents de jeu et l'arbitrage.

On pourra lire à ce sujet les déclarations assez lapidaires d'ailleurs du directeur de la partie.

On sait que les chevaliers du sifflet ont dû, à leur retour au vestiaire à leur sortie du stade, être protégés par la police. Pour M. Wurtz, le camp marseillais n'était pas tendre, du président au dernier supporter, que nous n'avons pas eu l'occasion d'interroger, évidemment.

Marcel Leclerc nous disait :

"M. Wurtz est un arbitre provocateur ! On peut être courageux, ne pas se laisser impressionner par le public, sans pour autant avantager l'équipe adverse.

"Ce n'est pas du courage, c'est de la démagogie ! Et du masochisme !

"Il est bien dommage que le match ait été faussé par l'arbitrage, car il avait été une excellente tenue et fort spectaculaire !"

Lucien Leduc analysait calmement la deuxième défaite de la semaine de son équipe.

"Nous avions porté assez souvent le danger devant le but stéphanois pour espérer mieux. Nous ne méritions pas de perdre à la dernière minute un match que nous pouvions gagner. Cela ceci dit, Saint-Étienne n'est pas un adversaire facile à manoeuvrer, avec cette facilité de faire circuler le ballon et de calmer le jeu.

"Je ne veux pas épiloguer sur l'arbitrage. J'ai vu le juge de ligne agitée son drapeau et je ne m'étonne qu'il n'ait pas été suivi par M. Wurtz.

"Par ailleurs, je trouve exagérer qu'il ait fait pleuvoir les avertissements sur notre équipe. Cela risque hypothéquer nos prochains matches !"

Zatelli nous avait lancé, en quittant le vestiaire :

"Nous avons eu, devant la même équipe, la réédition de l'affaire d'automne 69. Décidément jamais rien ne se passera normalement entre nous et les Stéphanois !"

L'un des joueurs marseillais les plus montés contre M. Wurtz n'était autre que son ami d'enfance Gilbert Gress :

"Il y a dix ans que nous nous sommes perdus de vue. Je ne peux dire qu'il s'agisse d'un ami. Comme c'est logique, il ne vient jamais me voir avant un match, et aujourd'hui nous n'avons pas eu beaucoup d'occasions de fraternité..."

Le capitaine, Jules Zwunka, très abattu, ajoutait : "Eh bien vous aurez de ce fait une nouvelle occasion de parler de lui. C'est tout ce qu'il recherche : la publicité.

"En dehors de cela, je dois dire qu'une fatalité pèse sur les O.M. - Saint-Étienne, et je ne me rappelle pas avoir un jour battu les Stéphanois".

Nous demandions à Jo Bonnel l'inusable :

"Avez-vous payé aujourd'hui la note des efforts consentis contre Ajax ?"

"Je ne le pense pas. Nous n'avons pas été physiquement dominés par Saint-Étienne. Pour ma part, je n'ai pas tellement souffert de ce côté-là !"

Roger Magnusson n'était pas tout à fait de cet avis.

"Je me sentais très bien, en première mi-temps Nous avons alors été souvent dangereux. Il suffit de se rappeler notre seconde période pour admettre que nous n'avions plus d'influx. Mais Saint-Étienne est toujours une bonne équipe et ce qui nous est arrivé aujourd'hui arrivera à d'autres. Cela fait parti des hasards du football !"

Didier Couecou s'était dépensé sans compter :

"Je ne crois pas que nous vous ayons sous-estimé nos adversaires. Mais, sur le premier but de Keita, par exemple, nous avons manqué de concentration, puisqu'il s'est rendu maître de la balle à deux reprises".

Précisons que Georges Carnus, sagement, s'est refusé à toute déclaration.

Louis DUPIC

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Robert HERBIN :

"Sur un coup de dés !"

Inutile de dire que les joueurs stéphanois, très occupés à préserver un bon match nul, sont revenus au vestiaire avec un sourire grand comme ça.

Le président Rocher, en tirant sur sa pipe, nous disait :

"Je ne peux dire, évidemment, que je ne suis pas content. Je suis même comblé par ce résultat acquis avec une équipe largement remaniée. Mais nos jeunes se comportent de façon inespérée. Vous avez pu en juger !"

Le capitaine Herbin ajoutait :

"Nous avons bien joué le coup. Une très bonne première mi-temps. Un début de seconde période prudent, pour souffler un peu, et le parquet au cours du dernier quart d'heure. Cela nous a réussi. Et je reconnais que le match s'est joué sur un véritable coup de dé !"

Salif Keita commentait ainsi son extraordinaire partie :

"Je ne suis pas venu derrière, en seconde mi-temps, parce que j'étais fatigué, mais pour aider mes camarades sur le côté gauche, et ratisser les balles. Aujourd'hui, il s'agissait surtout de gagner et j'ai travaillé pour l'équipe..."

José Broissard renchérissait :

"Salif a eu raison. Je suis moi-même venu me placer de ce côté. Les Marseillais attaquent toujours par leur aile droite !"

Par ailleurs, les Stéphanois n'émettaient aucune opinion sur le renvoi d'Herbin, à l'intérieur de la cage ni sur l'incident final.

"Nous étions dans le feu de l'action et n'avons rien vu !"

Évidemment !

L.D.

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M. Wurtz s'explique

Dans les couloirs du stade, au moment de le quitter sous la protection de la police, M. Wurtz a eu le temps de commenter l'incident de dernière minute.

"Mon juge de ligne, M. Smaniotto, m'a signalé une position de hors-jeu de Revelli qui ne participait pas à l'action, la balle filante de Bereta vers Larqué.

"Or, ces deux derniers n'étaient pas hors jeu, le moindre du monde.

"Quant au renvoi de la tête d'Herbin, à l'intérieur de son but, j'ai laissé jouer car il y avait eu une faute préalable de Gress sur le gardien Castel".

Pourquoi n'avoir pas sifflé cette force, M. Wurtz. Cela aurait peut-être permis au public de mieux accepter votre dernière décision.

L.D.

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LES QUESTIONS

QUE L'ON SE POSE

QUE S'EST-IL PASSÉ

EXACTEMENT

SUR LE TROISIÈME BUT

STÉPHANOIS ?

Gilbert Fresse, qui se trouvait tout près du lieu de l'action, s'est montré catégorique : le juge de touche à lever son drapeau, et lui a déclaré "Hors jeu de position".

M. Wurtz appelé immédiatement n'a pas tenu compte de l'observation de son juge de ligne et a validé le but.

Étant seul maître sur le terrain, c'était son droit le plus strict, et ce n'est certes pas la première fois qu'un but est accordé en dépit d'un hors jeu de position.

Cependant, dans un match de cette importance, il semblerait souhaitable que chaque faute si bénigne soit-elle, fut sifflée.

À l'issue de la rencontre nous n'avons pas pu voir M. Wurtz qui, ferme dans son vestiaire, a refusé catégoriquement de recevoir les journalistes.

On peut cependant imaginer que, sur ce point neuf précis, il aurait pu nous déclarer : "J'ai parfaitement vu le Stéphanois en position de hors-jeu. Mais celui-ci étant à l'autre bout du terrain, ne participa pas à l'action et d'influençait en aucun cas le jeu".

On le voit, il est bien difficile de trancher !

COUECOU

AVAIT-IL MARQUÉ

ÊTRE A LA 37 me MINUTE

A la suite d'un cafouillage, vers la fin de la deuxième mi-temps, une reprise de la tête de Couecou fut repoussée in extremis par Herbin, alors que Castel était battu. Le capitaine stéphanois était alors à intérieur de son but. Le problème est de savoir si le ballon, lui, est rentré. Rappelons à ce sujet un point formé du règlement qui stipule que la balle doit franchir ENTIEREMENT la ligne pour que le but soit valable.

M. Wurtz, qui a pour habitude de suivre le déroulement du jeu de fort près, en était, cette fois, assez éloigné : mains sur les hanches, il se trouvait à 25 mètres environ. Quant au juge de ligne, très bien placé, il n'a pas bougé.

Pour Didier Souecou, la question de se pas : "Le ballon était rentré de 30 centimètres quand Herbert l'a sorti".

Pour ma part, nous avons cru nous aussi voir Herbin dégager la balle derrière sa ligne.

Mais seule la Télévision pourra vraisemblablement apporter une réponse nette.

QUE VAUT SAINT-ÉTIENNE

PAR RAPPORT

À LA SAISON DERNIÈRE ?

On disait les Stéphanois en perte de vitesse après leur défaite subie à Lyon et le match nul concédé devant Ajaccio.

Ils ont apporté hier un démenti flagrant. Remplacer cinq joueurs d'une saison à l'autre pose souvent des problèmes, quand bien même les remplaçants sont de bonne valeur. Ainsi Nice qui malgré des acquisitions en nombre, manque encore de cohésion.

Les Stéphanois, pour leur part, ne semblent pas avoir de tracas à se faire. L'équipe possède toujours une technique irréprochable, et les nouveaux venus se fondent harmonieusement dans l'ensemble.

Cependant, si l'attaque apparaît bien brillante que jamais, la défense, qui a parfois cédé à l'affolement, semble souffrir d'un manque de sérénité qui lui conférait peut-être la présence d'un certain Bernard Bosquier.

PATRICK REVELLI

A-T-IL FAIT OUBLIER

SON FRÈRE

On ne peut juger un footballeur sur une seule rencontre. Le plus jeune des Revelli a fait montre, hier, de qualités indéniables, qui ne sont pas sans rappeler celles de son aîné : il n'est pas un grand dribbleur mais excelle dans les déviations et possède en outre le don de se faire oublier. Il ne s'est pas particulièrement mis en vedette, mais Hervé non plus n'avait pas brillé de mille feux le 6 mars dernier. Il semble être le complément idéal de Keita qui, dans ses longues chevauchées solitaires, aime trouver un point d'appui à l'approche des buts. Peut-elle, toutefois, manque-t-il encore un peu de vice ?

Alain PECHERAL

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Incidents après le match

De regrettables incidents, qui sont le fait d'un groupe d'énergumènes coutumiers de ce genre de manifestations de violence, se sont déroulés aux abords du Stade-Vélodrome, à l'issue du match O.M. - Saint-Étienne.

Un groupe d'une centaine d'excités s'est heurté au service d'ordre qui s'employait à dégager certaine issue du stade. Au cours de l'échauffourée qui a suivi, les jeunes gens ont lancé sur les policiers des projectiles divers : boîtes de bière, pierres, etc... Deux gardiens de la paix ont été blessés au cuir chevelu.

En raison de cette ambiance tendue, l'arbitre de la rencontre, M. Wurtz, a dû quitter le stade dans une voiture de police.

Un autre accrochage s'est produit quelques minutes plus tard, au moment ou l'autocar transportant les joueurs stéphanois quittaient le stade. Il a été assailli par quelque deux cents forcenés qui l'ont bombardé de projectiles, brisant plusieurs vitres.

Les CRS sont alors intervenus énergiquement pour dégager l'autocar. L'un des projectiles a brisé une vitre d'une voiture stationnée sur le boulevard Michelet. Un bébé se trouvant à l'intérieur a été légèrement blessé.

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L'O.M. battu sur un coup de théâtre

Un but litigieux donne la victoire à St ETIENNE (2-3)

La veille de la rencontre, Albert Batteux avait dit :

"Il ne faut pas voir à travers cet O.M. - Saint-Étienne, un match d'une aussi grande intensité que les années précédentes".

L'entraîneur stéphanois cachait-il son jeu ? Ou bien croyait-il réellement que l'O.M. actuel serait pratiquement intouchable sur son terrain ?

Toujours est-il que le point de vue d'Albert Batteux n'a pas été confirmé par la réalité. La présence tout d'abord, des quelque 40.000 spectateurs sur les gradins du stade vélodrome indiquait nettement que le public marseillais, lui, reconnaissait une certaine importance à la rencontre.

À la fin, sans parler de la défaite ni même de la blessure de Lopez, quatre joueurs olympiens avaient écopé d'un avertissement : Bonnel, Zwunka, Skoblar et Gress, les victimes pourront affirmer, de leur côté que la partie s'était bien déroulée sous le signe de la rivalité. À signaler que Bosquier s'était finalement décidé à céder sa place à Hodoul. Un fait tout de même important.

COUECOU AVAIT DOONE

LE TON

Pour reprendre le fil des débats, Saint-Étienne au début de la rencontre s'était efforcé de prendre, par un jeu fouillé, la mesure de son adversaire. Mais après que Carnus eut détourné un tir à bout portant de Revelli (3me mn), et qu'Herbin, d'un coup de tête miracle repoussait une balle de Bonnel qui prenait le chemin des filets, l'O.M. allait parvenir à ouvrir le score.

Couecou venait à peine de propulser un centre de Skoblar vers les nuages (10e mn), quand il reçut, quelques secondes plus tard, une passe de Bonnel. La balle avait été centrée par Novi et rabattue par la tête du numéro 9 marseillais dans les pieds de l'ailier gauche.

Cette fois, Didier prit le temps de contrôler et de battre d'un très joli shot le gardien stéphanois (11me mn). Ce but réussi d'entrée laissait espérer aux supporters marseillais une facile victoire, Saint-Étienne, cependant n'allait pas tarder à réagir.

UN KEITA DÉCHAÎNÉ.

Les Stéphanois, sous l'impulsion de Keita et aussi de Bereta démontrait depuis le début de la partie, qu'ils étaient encore de taille à rivaliser avec les meilleurs. On avait beaucoup parlé des jeunes du club, mais c'étaient surtout les joueurs confirmés qui donnaient leur pleine mesure.

Coup franc donc, que Larqué donna pour Bereta. L'ailier gauche stéphanois alerta à son tour Herbin, placé aux avant-postes qui, de la tête, remit en retrait pour Keita.

Le Malien s'enfonçant comme un fer de lance dans la défense marseillaise et d'un tir bien ajusté, ne laissa aucune chance à Carnus (15me mn).

Tout était à refaire. Carnus fut bien inspiré en repoussant d'une manchette une nouvelle tentative de Bereta mis en position après un remarquable travail personnel (20me mn). Magnusson à son tour, fut à deux doigts de donner l'avantage à l'O.M. Incontestablement, des deux gardiens, Castel était le plus sollicité.

NOVI, COMME À BORDEAUX.

Le gardien stéphanois dut repousser, tout d'abord, un tir de Bonnel, après un relais Skoblar Couecou. Mais le danger n'était pas écarté pour autant. Saint-Étienne faisait des efforts désespérés pour repousser une balle devenue ô ! combien brûlante.

Ce ballon, ce fut Novi qui en hérita, à quelque 25 mètres de la cage de Castel. Jacky, sans réfléchir une seconde prit sa chance. Du pied gauche, comme il l'avait fait à Bordeaux, il reprit le ballon de plein fouet. Dans le stade, ce fut une explosion. Castel n'avait pas eu le temps esquisser le moindre mouvement. Ses filets, pour la deuxième fois venaient de trembler. L'O.M. menait encore à la marque (25e mn).

LA RÉPLIQUE DE KEITA

Hélas l'espoir fut à nouveau de courte durée. Et comme tout à l'heure, Salif Keita allait tout remettre en question.

Ce noir phénomène réalisa encore un petit festival en réceptionnant une longue ouverture de Herbin. Il laissa tous ses adversaires sur place pour venir fusiller Carnus (27e mn).

L'O.M. et Saint-Étienne étaient de nouveaux à égalité.

Passons sur les tirs successifs de Couecou, puis de Bonnel alors que Zwunka avait du auparavant dégager en corner et en catastrophe. Ce n'était là que péripéties par rapport à ce coup de tête du même Couecou qui donna bien impression de franchir la ligne (38e mn). L'arbitre M. Wurtz ne bronche pas. Il commençait ainsi à se signaler à l'attention. Quoi qu'il en soit, à la pause, le tableau d'affichage indiquait toujours deux buts partout.

M. WURTZ

DANS SES OEUVRES.

La deuxième mi-temps, sur le plan du spectacle fut beaucoup moins intéressante. Les deux équipes éprouvant, bien sûr, le besoin de récupérer, après de généraux efforts des 45 premières minutes.

Revelli, tout au début manqua l'interception alors qu'il est bien placé (48e mn). Couecou, lui aussi, ne put faire mieux que de reprendre, à côté, un bon sens de Skoblar (49e mn).

L'action la plus dangereuse fut encore un long centre tir de Lopez qui va s'écraser sur le poteau de Castel (53me mn).

Le gardien stéphanois se tira sans hommage d'une formidable reprise de Skoblar qui passa nettement au-dessus (54me).

Puis, soudain, le jeu devint plus heurté. Hélas, il faut bien le dire que M. Wurtz fut la triste vedette de spectacle devenu un peu plus confus.

Il ne daigna pas, tout d'abord, jouer du sifflet, alors que Couecou venait d'être abattu dans la surface de réparation (64e). En revanche, il n'hésita pas à donner un avertissement à Skoblar, à la suite d'une explication avec Revelli (65e) il avait agi de même avec Bonnel en première mi-temps. Bref, les esprits s'échauffaient et franchement, il y avait de quoi.

Couecou, néanmoins eut une nouvelle occasion de conclure. Seul devant Castel il rata malheureusement son tir et quelques instants plus tard, il enleva trop sa balle (68e).

On estimait alors que les deux équipes allaient se séparer sur un score de parité. Par deux fois Bereta avait échoué sur Carnus. Mais Skoblar, sur centre de Magnusson, avait raté d'un cheveu l'encadrement de la cage. Le match nul, en quelque sorte, reflétait assez bien la physionomie de la partie.

Victime d'une entorse, Lopez devait être remplacé par Di Caro. Personne ne pensait que ce changement aurait une grande incidence sur les débats.

Pourtant, il fallut amèrement déchanter. Dans les toutes dernières secondes, Larque, à la limite de la surface de réparation déclencha un tir soudain que Carnus ne put intercepter.

Le gardien marseillais avait vu, sans doute, comme tous les spectateurs, le juge de touche lever son drapeau qui signifiait une position de hors jeu.

M. Wurtz imperturbable ne voulut rien entendre. Il valida le point, sanctionna Gilbert Gress d'un avertissement, et précipita la défaite de l'O.M. Car sans tenir compte des arrêts de jeu il siffla aussitôt la fin de la rencontre.

Pour l'O.M., le terrible mois d'octobre continuait ses néfastes effets.

Jean FERRARA

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Le "sorcier noir"

Vous l'avez deviné, le sorcier noir, c'est Salif Keita, extraordinaire personnage, fidèle une fois encore, hier, à sa légende.

Désinvolte, avec l'air de ne pas y toucher pour, aussitôt, transpercer la défense rivale d'un subtil et inspiré coup de patte.

On le croit à bout de souffle, prêt à chuter, ces immenses jambes se dérobant sous lui, et le voilà dribblant un, deux, trois adversaires, jonglant avec la balle aimantée à son pied ou à sa tête.

Et efficace, avec cela.

Nous n'irons pas jusqu'à écrire qu'il se trouva seul à la base de la défaite de l'O.M., mais nul de nous contredira, il y prit une grande part.

Avec la complicité de Bereta, Herbin et de tous ces cadets de Saint-Étienne qui sont en passe de faire oublier leurs aînés.

Lorsque les "verts" étaient entrés sur la pelouse, nous avions scruté le visage de Bernard Bosquier, assis en spectateurs à quelques mètres de notre place de presse. Le teint pâle, il ne quittait pas des yeux ses coéquipiers.

On le sentait confusément par la pensée, revenir quelques mois en arrière quand lui et son copain Carnus faisaient encore partie de la "bande".

Puis, l'O.M., follement encouragé par les siens fit, à son tour, irruption sur le terrain.

Alors "Bobosse" se piqua au jeu. Il était désormais Marseillais. Son équipe, c'était vra6iment celle de l'O.M.

Plus tard, à la mi-temps, nous lui posâmes la question de confiance : "Que pensez-vous de ce début de match. L'O.M., malgré le score nul conservera-t-il ses chances ?"

Bernard Bosquier n'hésita pas une seconde.

- Nous devrions gagner, bien sûr, car Skoblar a maintenant pris la mesure de Mercadier. Mais il faut serrer notre défense et surtout de jamais laisser le moindre champ libre à Keita. Je le connais comme ma poche. Dès qu'on lui laisse quelques instants de liberté, il s'enhardit et devient intenable".

Malheureusement Bosquier ne devait pas être bon prophète. Keita, marqué de plus près, baissa, certes, de ton, mais le sort du match bascula à l'ultime minute.

Quel cruel après-midi pour notre international frappé deux fois, dans sa chair et dans ses ambitions.

Gérard PUECH

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Le soulier de Novi

 FIDÈLES

Samedi soir, Charles Trenet a chanté "Fidèle" dans une émission de variétés. Il aurait pu la réserver pour les spectateurs marseillais, car ceux-ci ont montré qu'ils étaient fidèles, très fidèle envers l'O.M. en venant plus nombreux qu'on ne les attendait au stade vélodrome.

 L'AFFAIRE.

On aurait bien voulu que l'affaire Carnus - Bosquier soit totalement oubliée, mais si le temps efface bien des blessures, disons que l'affaire était encore trop fraîche dans le cœur des supporters, ce qui explique mais n'excuse pas les coups de sifflets ayant accueilli l'équipe stéphanoise à son entrée sur le terrain.

 UNE SEULE FUSÉE.

Les jets de fusées sont interdits au stade vél' et pourtant ils furent encore nombreux lors O.M. - Ajax. Hier, les artificiers avaient laissé leurs munitions aux vestiaires (pardon à leur domicile) puisque nous n'avons vu jaillir dans le ciel sans tache qu'une seule et unique fusée blanche !

 "SOULIER D'OR"

"SOULIERS D'ARGENT"

Nous avions des "bottines" luxueuses sur le terrain, le "soulier d'or" de Skoblar, le "soulier d'argent" de Keita, mais nous avons pu y ajouter la "pantoufle de verre" de Novi. Car son coup de botte a été aussi magique que le soulier de Cendrillon.

 NOVI TALONNE SKOBLAR.

Cette saison, Mister Josip n'effectue pas un départ fracassant comme canonnier, on dirait que ses pétards sont mouillés. Va-t-il se fait rejoindre par Novi. Ce serait un comble, mais le défenseur méridional compte maintenant cinq buts pour sept à l'international yougoslave !

 BERNARD BOSQUIER

RADIOREPORTER ?

Pour le moment, évidemment, le défenseur olympien n'envisage pas de se reconvertir dans la radio ou la télé, il en a le temps, hier après-midi il était assis au côté d'un envoyé spécial de l'O. R.T.F. et de temps en temps il lui donnait ses impressions sur un match très palpitant !

 SELON QUE VOUS SEREZ...

Puissant ou misérable, dit avec juste raison le vieil adage. Dans le sport, on pourrait le traduire par "Selon que vous aurez de la réussite ou pas...". A la 10me minute de jeu des spectateurs étaient prêts à réclamer la tête de Couecou, une minute plus tard ces mêmes "bourreaux" devenaient ses plus chauds partisans !

 DE MARS OCTOBRE.

L'ambiance d'un match n'est jamais le même que celle du précédent.

En mars dernier, pour le "terrific" O.M. - St-Étienne de l'époque, le sommet des sommets nationaux, il avait neigé le matin et la rencontre se déroula par un froid sibérien. Hier, O.M. - St-Étienne s'est joué par une température presque estivale : 23 degrés un 24 octobre, il faut le faire !

 SOUVENEZ-VOUS D'ALÈS

A la mi-temps, les supporters olympiens étaient furieux contre M. Wurtz, ils estimaient que l'arbitre avait volé un but à l'O.M. et tandis que l'un d'entre eux le vouait aux gémonies, l'autre s'écriait : "Souvenez-vous de ce qu'il nous a déjà fait en Coupe de France à Alès..."

 LE CHAUDRON.

Michel Audiard a intitulé son dernier film "Le drapeau noir flotte sur la marmite". S'il était venu assister au match O.M. -St-Étienne il aurait pu être intitulé ce spectacle : "Le chaudron du stade-vél' va finir par éclater", car en voyant M.Wurtz se montrer imprudent on pouvait se demander s'il n'avait pas un tempérament de kamikazé !

 TRAHI PAR LES SIENS.

Carnus a eu chaud quand Zwunka lui a expédié en arrière une balle qui pouvait faire but. Il a eu envie de lui lancer "On est toujours trahi par les siens !" Mais il a préféré aller lui serrer la main pour lui prouver qu'il ne lui en tenait pas rigueur.

 LA LUMIÈRE.

À Marseille, depuis le commencement de la saison, l'O.M. n'a pas encore disputé un seul match (entier) à la lumière solaire. O.M. - St-Étienne aurait pu être le premier, mais la dernière minute s'est jouée sous les "lampions", ce qui a fait dire à un de nos amis : "Maintenant qu'ils sont habitués à la lumière électrique, l'autre les gêne peut-être !" Ce serait un comble pour des Marseillais !

Alain DELCROIX

 

 

 

 

 

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