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Résumé Le Provencal

du 30 octobre 1971

 

O.M. Un match nul à l'énergie

NANTES - Il ne pleut pas sur Nantes, mais un manteau de brume et d'humidité s'étend sur la cité atlantique et sur son magnifique stade à l'anglaise où l'on va, ce soir, refuser du monde.

Tous les billets ont été vendus et le long des quais et du canal c'est la kermesse des grandes occasions, avec des tonneaux de vin sur des tréteaux et des marchands de frites et de saucisses dont l'odeur graillonneuse arrive jusqu'à nous tribunes.

Nous avons appris que l'O.M. se présentera avec l'équipe prévue c'est-à-dire Bosquier au centre de la défense, Hodoul arrière latéral et Leclerc douzième homme.

A Nantes, après l'ultime essai, l'Allemand Maas a déclaré forfait. De ce fait Courtin sera ailier gauche et Eo second avant-centre.

Par ailleurs Nantes a déposé une réclamation sur la participation des Marseillais Zwunka et Skoblar et son directeur sportif Tudzanski nous a humblement précisé :

"Nous ne voyons pas très bien pourquoi Zwunka suspendu pour une rencontre officielle, dès mercredi soir, participerait à celle d'aujourd'hui. On nous dit qu'il existe des règlements à ce sujet, mais nous demandons à les voir.

"Quant aux réserves faites au sujet de Skoblar, nous en faisons surtout une question de principe."

Et Marcel Pougenc, dont l'intervention devant la Commission de discipline a été une fois de plus bénéfique à l'O.M., n'a aucune inquiétude et s'est entouré à cet égard de toutes les garanties.

DANS L'AMBIANCE

DES GRANDS JOURS

La partie va se dérouler dans l'ambiance des grands jours.

Le préposé au micro a demandé aux spectateurs des populaires, déjà entassés comme des sardines en boîte, de se serrer encore un peu plus. Il n'a récolté que des ricanements sarcastiques.

Les noms des joueurs marseillais ont été hués copieusement.

Quant à ceux des locaux, ils ont été accompagnés de tels hurlements que les chorales ont eu du mal à tenir le ton jusqu'au bout.

Il y a aussi des clairons et un trompettiste, jetant à tous les échos une musique de corrida. Le même peut-être qui se comporta vaillamment pendant le premier quart d'heure d'O.M. - Ajax.

En fait, les pétards mis à part (sans doute ne partent-ils pas très bien dans l'air saturé d'humidité) on se croirait au Stade Vélodrome.

Nantes engage les hostilités, follement encouragé, et dès la première attaque, un tir de Eo contré par un pied marseillais, prend une trajectoire si tourmentée que Carnus doit mettre en corner.

Pendant quelques minutes, la défense de l'O.M. est malmenée, mais le jeu assez vite s'équilibre. Un coup de tête de Blanchet et Skoblar riposte par un tir précipitamment ajusté qui échoue dans la tribune.

Le premier quart d'heure disputé avec acharnement est aussi horriblement confus, émaillé d'accrochage et d'erreurs techniques grossières, l'ambiance échevelée déteignant probablement sur les acteurs.

Nous chercherions vainement une action pouvant éclairer cette période. Mais tout juste à la 16me minute, Marcos achève une série de dribbles par un tir du gauche que Carnus réussit à enlever au-dessus la transversale.

Et quelques minutes plus tard, l'Argentin de Nantes se signale par un numéro de feinte digne du meilleur Magnusson. Voilà un garçon qui s'est indiscutablement tripoté un ballon.

À la 22me minute, à la suite d'un corner et d'un cafouillage, la balle échoue au fond des filets nantais, mais le drapeau du juge de ligne est là pour signaler une position hors jeu Couecou.

BOSQUIER S'ARRÊTE

POUR CINQ MINUTES

A la 25me minute, Bosquier abandonne le jeu se fait soigner près de son but par Yansanne.

Novi a pris sa place et Leclercq commence à s'échauffer le long de la touche.

Pendant ce temps, l'O.M. s'efforce de garder la balle, de casser le jeu. Bosquier revient à la 30me minute, à la faveur d'un corner, mais semble gêné et hésitant visiblement à se servir de son pied droit. Carnus arrête bien un tir à ras de terer de Marcos, mais le jeu ne gagne rien en qualité. C'est bien le plus mauvais O.M. - Nantes auquel nous ayons jamais assisté.

38me MINUTE :

BUT DE SKOBLAR

L'O.M. va pourtant ouvrir la marque la suite d'un dribble de Magnusson, arrêté par un croc-en-jambe de De Michele, excellent jusqu'alors. Le Suédois donne lui-même le coup franc indiscutable, dévié de la tête par Couecou sur Skoblar, dont le tir du gauche claque comme un coup de fusil.

Contre toute attente, l'O.M. mène au tableau d'affichage et se trouve même à deux doigts d'augmenter son avantage, à la suite de deux coups de tête consécutifs de Couecou et Bonnel. Et c'est encore un coup de tête signé De Michele qui fait naître le danger devant le but de Carnus.

La première période se termine donc de façon plutôt spectaculaire et personne ne s'en plaindra, le début de la partie ayant été assez atroce.

Nantes aborde la deuxième période avec autant de détermination que la première, mais son manque de réalisme éclate, quand plusieurs Bretons laissent passer devant le but marseillais une passe remarquable de Marcos.

Il faut un coup franc pour que Blanchet, de la tête, inquiète Carnus, qui réussit à aller chercher la balle dans un coin de son but, alors que les 30.000 Nantais croyaient à l'égalisation.

Skoblar réplique par une échappée et un tir que Bernard Demanes a du mal à contrôler.

53me MINUTE :

BLANCHET ÉGALISE

C'est une passe lumineuse de Marcos qui va permettre à Nantes d'égaliser par Blanchet.

Sur une longue ouverture de l'Argentin, le petit ailier prend tout son monde de vitesse, se heurte à Carnus, sorti jusqu'à la limite de sa surface, et malgré son intervention désespérée, parvient à redresser sa course et à envoyer la balle dans la cage vide.

Un très joli but en vérité, qui encourage logiquement les Nantais.

On note ensuite un tir appuyé et pour une fois pas trop aérien de Michel qui frôle la transversale.

BOSQUIER S'EN VA

On joue depuis une heure quand Bosquier, qui souffre depuis le début, quitte le terrain, cédant numériquement sa place à Leclercq, Novi devenant l'ultime défenseur devant Carnus.

Sur le terrain on discute de plus en plus. On coupe les cheveux en quatre. Dans les tribunes on hurle, on trépigne.

Nous assistons vraiment à un très mauvais match.

Et Blanchet tire pour la troisième fois un corner derrière le but ! Un signe indiscutable de nervosité.

Gardon abat Skoblar.

Bonnel descend Eo.

C'est le règne de l'anarchie la plus complète.

Pech, en bonne position, tire nettement au-dessus.

Les Nantais unissent leurs efforts pour faucher Magnusson et y arriver définitivement. Pech venant à bout du Suédois par une "ceinture avant".

Le public déçu réclame l'entrée en jeu du douzième homme, le jeune Rampillon, et l'obtient, puisque ce dernier remplace Eo à la 80me minute.

Les cinq dernières minutes sont très disputées. Le poids de la victoire est en jeu, mais rien ne se passe de tranchant, sauf un corner pour Nantes, et finalement l'arbitre siffle la fin de la rencontre sur un match nul, 1 à 1.

Louis DUPIC

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A QUELQUES JOURS DE LA COUPE D'EUROPE

Les deux équipes se seraient-elles ménagées

NANTES - Les matches auxquels nous assistons à Nantes se suivent et se ressemblent. Le public prend un départ tonitruant, avant de se calmer petit à petit, sans doute découragé par l'impuissance manifestée par son équipe dans le domaine du tir.

Les joueurs nantais se démènent, occupent le centre du terrain en force et en nombre, sans cependant arriver à trouver la faille devant la défense de l'O.M., même quand cette dernière est privée de Bosquier, pendant cinq minutes.

Pendant ce temps, les Olympiens essaient de calmer le jeu, tout en protégeant leur but avec un réalisme à l'italienne.

C'est ainsi que l'on vit Magnusson - ça commence à devenir une habitude dans les matches difficiles en déplacement - venir dégager de volée, en touche, quand ce n'est pas en corner. Il ne reste plus, ensuite, qu'à compter sur une faute ou une imprudence de la défense nantaise pour marquer le but en trois ou quatre occasions.

C'est exactement ce qui se produisit en première mi-temps, réglée comme du papier à musique. Mais jusque-là, si un observateur étranger se fut trouvé dans les tribunes, il n'aurait eu qu'une impression peu flatteuse de deux des meilleures équipes françaises du moment, pourtant renforcées par trois têtes étrangères.

À quelques jours de Ajax - O.M. et de Tottenham - Nantes, ce que nous avons vu n'est guère encourageant. Notre éternel optimiste nous incite à conclure ce premier paragraphe en écrivant que les deux équipes ont peut-être caché leur jeu, ou se sont ménagées en prévision de la Coupe d'Europe.

Une excessive nervosité

Le problème de la deuxième mi-temps est aussi toujours le même : savoir si l'inévitable "pressing" nantais, dès le début de la reprise, va être couronné de succès, aussi à nouveau coup de poignard olympien ne va pas faire pencher définitivement la balance.

Vous avez sans doute deviné, sans y être, que l'O.M. avait abordé cette deuxième période dans une position conservatrice et ultra défensive, du fait de son léger avantage et de la blessure visiblement mal guérie de Bosquier.

Vous savez sans doute et toujours que Blanchet, bénéficiant d'une série de contres heureux et d'une passe de Marcos, s'envola, au nez et à la barbe de la défense olympienne, pour aller rétablir l'équilibre, après avoir dribble Carnus.

Mais, répétons-le, tout ce que nous pouvions voir, de part et d'autre, était imprécis, trop nerveux, et entaché de multiples erreurs.

Un fait soulignera parfaitement cette nervosité : Blanchet, pourtant réputé pour sa technique, tira franchement dehors quatre ou cinq corners.

Un point tout de même précieux

Malgré le but de Blanchet, Nantes n'a pas réussi à prendre l'avantage escompté par ses supporters.

L'O.M. a donc récolté, en déplacement, contre l'un de ses plus dangereux adversaires, un point trop précieux. Certes, la manière n'y était pas, mais, nous dirait Lucien Leduc, "Qu'importe la manière dans le football moderne, l'essentiel est d'être réaliste et efficace."

Toutefois, sur la rencontre que nous avons vue hier, il ne semble pas que l'O.M. ait retrouvé sa forme du début de saison.

L'équipe pénale visiblement tout le long de la partie. Elle ne put jamais assurer franchement son jeu et contre une équipe plus réaliste et efficace que celle de Nantes elle eut certainement perdu.

Pour cette fois, c'est surtout la défense marseillaise qui a réussi à protéger le point du match nul. En absence de Bosquier, Zwunka et Novi se sont parfaitement entendus et, à défaut de relancer le jeu, ont défendu avec beaucoup de conviction.

On notera également au poste d'arrière latéral droit, l'excellente partie de Hodoul. Le seul Marseillais de l'équipe, très critiqué dimanche dernier par les supporters olympiens, a prouvé qu'il avait encore sa place dans une bonne équipe.

La faillite de l'offensive.

Ce que nous avons vu hier soir a été en tout cas la faillite de l'offensive.

De part et d'autre, on n'a pas assisté à plus de quatre ou cinq mouvements liés. Tout ce qu'a pu faire l'O.M. dans ce domaine, l'a été sous forme de contre attaque, contre-attaque à la pointe desquelles on a retrouvé le plus souvent un excellent Couecou.

Skoblar, très isolé et marqué de très près par la révélation du match - au moins pour nous - le jeune Gardon, a eu le mérite de marquer le but olympien.

Magnusson, à l'aile droite, a fait pour sa part un match courageux mais très timide. C'est assez paradoxal d'avoir vu, hier, Magnusson meilleur en défense qu'en attaque.

Quant au centre du terrain olympien, hier il valut surtout par Bonnel, qui se battit avec énormément de conviction, couvrit beaucoup de terrain et essaya de relancer le jeu, même si parfois il commit quelques fautes.

Inversement, Gress nous a paru dans un assez mauvais jour, ratant un nombre de passes inhabituel pour lui.

Du côté des Nantais, on a été déçu par les vedettes habituelles de l'équipe, c'est-à-dire Michel et Marcos. L'Argentin, que nous découvrions hier, a bien réussi quelques passes et quelques dribbles, mais son action au centre de l'attaque nantaise a manqué de puissance de perçant.

En fait, ce qui manque le plus à cette brillante équipe nantaise, c'est essentiellement deux ou trois attaquants de pointe résolus.

Maurice FABREGUETTES

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BOSQUIER : "Je ne jouerai pas contre Ajax"

NANTES - Curieusement, cette rencontre laissera simultanément des regrets vivaces aux deux rivaux en présence. Nantais comme marseillais ont la nette impression que l'adversaire, hier soir, était bon à prendre.

Pourtant, Lucien Leduc avait accueilli ses hommes aux vestiaires par un vibrant "Bravo les gars !", et il commentait : "Compte tenu de nos ennuis de la semaine dernière et de nous deux défaites contre Ajax et Saint-Étienne, je suis plutôt satisfait du résultat. Il nous fallait, d'une façon ou d'une autre, stopper cette hémorragie de défaites.

"Par ailleurs, Nantes n'est tout de même pas le premier venu, même s'il n'a pas fait un très grand match aujourd'hui, il s'agit là d'un des nos principaux adversaires dans la conquête du titre. Alors, un point, ici, est toujours bon à prendre.

"Du match lui-même, je dirais que nous avons eu tout de même un problème d'importance en étant contraints de remplacer Bosquier au cours de la partie. Bosquier, dont on connaît l'influence sur le jeu de notre équipe.

"Dans ces conditions, nous avons eu un certain mérite. Notre première mi-temps n'a pas été mauvaise, bien que notre façon de garder le ballon n'ait pas été assez productive et ne m'ait pas complètement satisfait".

Nous demandions alors à l'entraîneur ce qu'il pensait de la sortie de Bernard Bosquier, et quelle perspective cela ouvrait, en fonction de la rencontre d'Amsterdam.

"Au sujet de Bosquier, je suis plutôt pessimiste. Il avait pris lui-même la décision de jouer, sans que nous ne fassions rien pour l'influencer. Et voilà qu'il a, de nouveau, souffert de son pied blessé.

"Bernard a été très courageux. Lorsqu'il s'est arrêté au milieu de la première mi-temps, il a lui-même demandé à continuer, alors que je sois voulais le remplacer. Maintenant, je ne crois pas que nous pourrons l'aligner contre Ajax.

"Quant à la rencontre de Coupe d'Europe, j'avoue qu'elle ne se présente pas, dans ces conditions, sous les meilleurs auspices. Je ne peux dire s'il s'agit d'une entreprise désespérée. Nous ferons le maximum pour ne pas être ridicules, mais l'espoir de nous qualifier est bien mince".

Quant à Bernard Bosquier, il estimait : "Maintenant, au moins je sais où j'en suis. Je sais que je ne pourrais certainement pas jouer à Amsterdam avec cette distension des ligaments du gros orteil. Il m'a encore lâché ce soir, et maintenant il faudra le plâtrer ! C'est la seule solution possible. Sans cela, j'en aurais pour des mois".

René Gallian, qui accompagnait l'équipe, était mi-figue mi-raisin : "Aujourd'hui, les Nantais étaient bons à prendre. Ils sont loin de valoir Saint-Étienne, et le match, ce soir, a été franchement médiocre, par rapport à celui de dimanche. Mais pour notre équipe, diminuée, le nul est également bon à prendre".

Parmi les joueurs, les avis étaient assez partagés. C'est ainsi que Magnusson était assez satisfait : "Il est toujours difficile de s'imposer à Nantes. Nous en savons quelque chose. Alors, ne faisons pas la fine bouche sur ce résultat".

Tout comme Bonnel, qui nous disait : "Nous avions à jouer une partie difficile. Nous avons eu le mérite certain de ne jamais nous énerver dans une ambiance pourtant hostile".

Au contraire, Gilbert Gress était plutôt déçu : "Nous avons peut-être gagné un point, mais ce soir, cela ne tournait pas rond chez nous que chez nos adversaires. À mon avis, nous avons réalisé une assez mauvaise opération en ne profitant pas de leur faiblesse".

Édouard Kula se plaignait d'avoir joué tout le match avec un torticolis. Il nous disait en plaisantant : "N'allez pas croire pour autant que j'ai attrapé ce torticolis parce que Blanchet m'a mis comme on dit dans les courants d'air !"

Ce sera, si vous le voulez bien, le mot de la fin.

BLANCHET : "L'O.M. A BIEN JOUÉ LE COUP !"

Bernard Blanchet, l'un des premiers sortis de la piscine ou les Nantais vont se détendre après leur match, résumait le point de vue des adversaires de l'O.M. : "A mon avis, les Marseillais ont très bien joué le coup. Ils nous ont laissés venir, ont gardé le ballon au maximum et nous ont toujours empoisonnés par leurs contres".

L.D.

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 (Photo : collection Jacques Fonteneau)

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