Résumé Le Provencal du 18 novembre 1971 |
MAGNUSSON, L'HOMME DE REIMS Précieuse victoire de l'O.M. par 3 buts à 1 |
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REIMS - Décidément, le football fait recette en Champagne. Hier, au stade Delaune, il s'agissait presque d'un marathon, le premier match de la journée ayant débuté à 16 h. 45. Il ne s'agissait, bien sûr, que d'une rencontre tout amicale, l'équipe d'Esculape de Reims - lisez celle du Corps médical - renforcée par quelques vieilles gloires du cru, tels Jacquet, Jakobski, Leblond, S. Batteux et, évidemment, Raymond Kopa, affrontant celle de Calavaire. Les spectateurs eurent droit à quelques belles envolées, et les praticiens et leurs amis triomphaient par 4 à 0. Plus tard, c'était au tour d'une sélection des Cadets de la Marne d'être opposés à ceux du stade de Reims. Là aussi, nette supériorité des "Rouge et Blanc". La venue de l'O.M., avait attiré, en s'en doute, la grande foule. Un stade plein à ras bord, enthousiaste, un public bon enfant, tout dévoué à la cause des siens, encore qu'avant le coup de sifflet de l'arbitre, M. Uhlen, nous ayons entendu de vibrants : "Allez l'O.M. !", preuve que quelques supporters ont effectué le déplacement. Fusées, pétards, banderoles, créaient l'ambiance des grands événements. D'autant que la température s'était nettement radoucie. Un temps idéal, en somme, pour un match de football. Côté marseillais, tout allait bien, c'est-à-dire que le moral de chacun était au beau fixe, à l'image de celui du fidèle Marcel Poulenc, venu de Paris presque en voisin, ou encore de M. René Gallian, arrivé de dernière heure. Par contre, Élie Fruchart, entraîneur champenois, avait pris, au milieu d'après-midi, la décision de faire confiance à Richard, qui souffrait jusqu'à qu'ici d'embarras gastriques. Ce dernier prenait purement et simplement la place de Blanchard promu 12me homme. Teisseire demeurant quant à lui sur la touche. Ainsi, les deux formations se présentaient-elles dans la composition suivante : REIMS : Duchêne, Masclaux, Laurier, Brucato, Jodar, Krawczyk, Richard, Bernard Lech, Onnis, Galic, Rico, 12e homme : Blanchard. O.M. : Carnus, Hodoul, Zvunka, Bosquier, Kula, Novi, Gress, Magnusson, Bonnel, Skoblar, Couecou, 12e homme : Di Caro. BUT POUR BONNEL À LA 1re MINUTE Coup de théâtre dès la première minute. Sur un corner concéder par Laurier devant Gress, Magnusson, après un dribble bien à sa manière, tirait au but. Duchene le goal rémois, lâchait inexplicablement la balle, et Bonnel, qui avait suivi, marquait dans la cage vide. Cette réussite initiale, au lieu de couper les jambes aux Rémois, comme dans beaucoup de cas, les stimulait et ils partaient résolument à l'assaut. Ainsi, trois minutes plus tard, une fois de Zwunka sur Rico juste à la limite, provoquait un coup franc très bien tiré par Onnis, et non moins bien arrêté par Carnus. Ce dernier devait se trouver également à l'ouvrage sur les actions de Bernard Lech, Krawczyk, les Rémois continuant à forcer l'allure. Et Onnis se trouvait victime d'une nouvelle charge pas tellement cathodique, de Zwunka, non sifflée. Réactions marseillaises à la 10me minute, grâce à Skoblar, qui shootait des 25 mètres, et Duchene était tout heureux de repousser avec les genoux un ballon repris par Couecou de la tête. Mais celui-ci était hors jeu. EXPLOIT DE MAGNUSSON ET 2me BUT A la 13me minute, Roger Magnusson signait un nouvel exploit personnel. Lancé sur la droite par Gress, le Suédois, dans son style inimitable, effaçait Laurier, puis évitait Duchene, sorti à sa rencontre, et marquait le 2me but, un modèle du genre. Pour l'O.M., l'affaire se présentait bien, mais, en ces deux circonstances bénéfiques, le portier champenois portait une grande part de responsabilité. Et les Rémois, cette fois, accusaient le coup, visiblement décontenancés par leurs rapides mésaventures. |
Jouant trop long, et s'évertuant à maîtriser le ballon sans aucun danger pour l'O.M., particulièrement sûr de cette victoire, souvent servi dans d'excellentes conditions, Magnusson, à chacun de ses départs, semait le trouble, monopolisant à lui seul trois ou quatre adversaires. À NOUVEAU BONNEL Et ce qui devait arriver arriva. Une montée de Hodoul sur l'aile droite, servi au départ par Magnusson, se terminait par un centre tendu, parfaitement repris de la tête par Bonnel, qui laissait une nouvelle fois Duchene pantois et d'ailleurs mal placé. 3 à 0 en 26 minutes, il n'en fallait pas plus, évidemment, pour poignarder les Rémois absolument traumatisés et incapables de réagir. Le match tournait, dès cet instant, à la démonstration, d'autant que les défenseurs champenois souffraient à qui mieux-mieux à chaque action de Magnusson, il est vrai souvent libre de ses mouvements. Quant au public, abasourdi, il s'en prenait maintenant aux siens incapables de construire le moindre mouvement ordonné. Onnis, Galic et même Bernard Lech, dont chacun, ici, attendait tant, jouant les hommes invisibles. Richard, d'un tir violent, met à côté : puis, peu après, Onnis, de la tête, tentait de réagir, mais en vain. On sentait confusément que le coeur n'y était plus. Les minutes passaient et le débat perdait de son intérêt. Les Olympiens menaient les opérations à leur guise, jusqu'à la mi-temps. RÉACTION RÉMOISE Dès la reprise, les Rémois, sans doute sermonnés d'importance par leurs dirigeants, se ruaient à l'attaque. Et, au terme d'une action confuse dans la surface de réparation marseillaise, ils réclamaient une faute de main d'un défenseur olympien. A la 51me minute, Bosquier devait même dégager son camp alors que Carnus, sorti, était battu. En cette circonstance, "Bobosse" affichait un remarquable sang-froid. La défense marseillaise, arc-boutée se défendait avec vaillance, Carnus montrant son à-propos sur des tirs de Richard ou Bernard Lech. Laissant passer l'orage, Marseille, par une volonté inlassable de Gress et Novi au milieu du terrain, reprenait le contrôle des opérations. PENALTY POUR ONNIS Pourtant, quelques réactions champenoises demeuraient dangereuses, après que Lech ait tiré violemment sur Carnus et que Galic ait vu son shot repoussé par le poteau. Hodoul, pressé, dégageait du bras une balle brûlante dans la surface. C'était le penalty transformé par Onnis (60me minute) sur la droite de Carnus qui s'était pourtant bien détendu et sur le bon côté. Ce but émoustillait Reims tout à coup porté par son public et le match reprenait sa véritable dimension. Richard, Galic, tentaient leur chance sans succès mais la pression rémoise se poursuivait. À l'amorce du dernier quart d'heure, un tir de Richard mettait Carnus dans une position critique. Le goal international s'y prenait à deux fois pour maîtriser le ballon. Et, toujours les vagues rouges et blanches déferlaient vers le but marseillais. Couecou et Magnusson venant prêter main-forte à leurs coéquipiers. On remarquait encore un raide de Bernard Lech stoppé in extremis mais les Olympiens se défendaient bec et ongles. Couecou écope même d'un avertissement pour avoir accroché le maillot de Richard. Skoblar, cinq minutes avant la fin, marquait son but, mais ce point était refusé pour hors jeu. Et l'arbitre siffle la fin sur la victoire de l'O.M. par 3 à 1. Gérard PUECH
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Carnus a su protéger en 2e mi-temps l'avantage de l'O.M. |
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REIMS - Il est assez rare de voir un seul joueur peser autant sur une rencontre. A la 11ème minute, Magnusson n'avait pas encore mouillé son maillot, il n'était ni essoufflé, ni encore moins fatigué, et pourtant il venait d'ouvrir largement à son équipe le porte une précieuse victoire extérieure. Alors que le football est considéré, de plus en plus comme un sport de combat, c'est tout en souplesse et en finesse, presque sur la pointe des pieds, que l'ailier droit olympien avait mis le Stade de Reims complètement "K.O.". Le premier but surprit le public et le gardien reimois Duchêne. On jouait depuis 30 secondes à peine. Certes, l'auteur du dernier tir fut Bonnel, mais Magnusson avait fait le meilleur et Duchêne le pire. Le deuxième but fut d'une telle facilité que l'on peut se demander s'il est bien utile d'apprendre le football aux jeunes, comme s'il s'agissait d'une science abstraite. Les joueurs reimois, vexés par ce départ raté, venaient de soumettre Carnus à un mini-bombardement : quatre tirs dans l'encadrement en cinq minutes. C'est alors que Gress lança Magnusson en profondeur. Le Suédois évita Laurier au passage, comme s'il s'agissait d'un vulgaire sac de sable, puis à petites foulées, il s'approcha de Duchêne et logea la balle dans la cage une pichenette du plat du pied. Ça paraît simple, presque enfantin. Pourtant, au cours de la première mi-temps, Richard, l'ailier reimois, se trouva deux fois dans une situation encore plus favorable. Il n'en tira rien. À ce moment-là, on aurait pu titrer : Magnusson : 2 - Reims : 0. LE GRAND MOMENT DE L'O.M. Il ne faut pas être agrégé en psychologie pour comprendre que ces deux buts eurent, sur la partie, une très grande influence. Comment début de saison, à Bordeaux, l'O.M. se trouva placé en position de force, tandis que son infortuné adversaire y perdit d'un coup l'essentiel de ses ressources morales. Entre une équipe qui ne doute plus d'elle et une autre qui a les meilleures raisons de se poser des questions désagréables, la différence s'accentue. Or, comme il se trouve que l'O.M. est intrinsèquement supérieure à Reims, ce qui se passa jusqu'à la fin de la mi-temps est facile à deviner. Nous devions assister à une véritable démonstration très calme, très décontractée, d'un O.M. faisant d'autant mieux la loi, que son adversaire jouait au-dessus de sa valeur normale. Et un troisième but : Hodoul - Bonnel vint logiquement concrétiser cette grande période marseillaise. LE QUART D'HEURE DE CARNUS Dans ce genre de rencontre, le scénario est comme écrit d'avance. Fortement sermonnée à la mi-temps par son entraîneur et ses dirigeants, l'équipe locale, largement menée à la marque, a toujours une violente réaction à la reprise. Celle de Reims fut particulièrement dangereuse et contraignit l'O.M. à se replier massivement devant son but. |
Adieu l'impérialisme, le jeu calme et décontracté, comme à la parade, l'O.M. devait alors montrer une autre de ses spécialités : l'esprit de bataille et de résistance. Pour mieux vous montrer ce que fut cette période, disons que Magnusson toucha le ballon pour la première fois à la 20ème minute. Il convient même objectivement d'ajouter que, sans un grand match de Carnus, Reims aurait peut-être atteint son objectif : marquer assez de buts pour rendre la fin de la rencontre palpitante et indécise. Le penalty transformé par Onnis ne constitua qu'une sorte de prime au courage et à la combativité. LES FAUTES RÉMOISES On dirait sans doute dans le Landerneau reimois que l'O.M. doit être cette victoire à la chance. C'est totalement faux. L'O.M. avait aujourd'hui deux armes principales, dont il a tiré le meilleur profit : la diabolique habilité de Magnusson, et la sûreté retrouvée, depuis un mois déjà, de Carnus. Il ne nous a pas échappé que Duchêne avait été faible, et les défenseurs de Reims, surtout Laurier au moins très imprudent en début de rencontre. Mais cela aussi fait parti du jeu. Il est indispensable, quand on a des ambitions en championnat, de disposer d'un bon gardien et d'adapter son système défensif aux réalités du football de compétition. Reims, dont l'équipe - elle l'a prouvé en seconde mi-temps - est d'une valeur non négligeable, devait éviter de commettre de pareilles fautes. Quand on veut réussir une moyenne de résultat en championnat, il faut penser à tout. LA BATAILLE FINALE Reims continua sur sa lancée jusqu'à la fin de la rencontre, ne permettant à l'O.M. que quelques contre-attaquent sporadiques. Il est certain qu'un match de football tient à peu de choses. Très souvent, au cours des nombreuses mêlées qui se disputèrent devant la cage de l'O.M., le but parut presque inévitable. Mais au dernier moment, il y eut le pied ou la poitrine de Bosquier, la tête de Zvunka, une charge de Novi, où une dernière et décision intervention de Carnus. Une fois de plus comme cela s'est produit souvent la saison dernière, l'O.M. a été sauvé par son esprit de corps. On peut donc supposer que cette victoire, même si par certains côtés elle fut heureuse, aura l'avantage de rendre à l'O.M. complètement son moral. Hier, au moins pendant une vingtaine de minutes en première mi-temps, l'équipe a tourné à son plein régime. Il ne lui manque, maintenant, que peu de choses pour retrouver sa force du début de saison, et toute la confiance qu'elle avait alors en ses moyens. Ce n'est qu'une question de temps, et il semble qu'en ce moment le temps joue pour l'O.M. M. FABREGUETTES
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Le président Leclerc : "Une excellente opération" |
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REIMS - La joie régnait, vestiaire marseillais, mais une hier soir, bien sûr, dans les joie mesurée, digne, en quelque sorte, pour ne pas accabler un adversaire, touché à mort, dès le début, et qui eut en deuxième mi-temps les réactions redoutables. Pour le président Leclerc, cette victoire représentait évidemment une très bonne affaire : A la moyenne anglaise, nous remontons, et c'est de bonne augure pour l'avenir. L'O.M., comme "Gélinotte" (nous ne savions pas que M. Leclerc connaissait les choses du turf) continue son parcours. Mais restons sérieux. Le match contre Sochaux, dimanche, s'annonce comme un nouveau "sommet". Mario Zatelli, de son côté affirmé : Ces joueurs-là qui réussissent le mieux à l'extérieur, devait obligatoirement se reprendre, un jour ou l'autre chez eux. Notre victoire prouve dont quelque chose. Opinion reprise par Lucien Leduc. On donne un avertissement à Couecou et Onnis qui a fait beaucoup plus, durant tout le match n'en a pas. C'est un comble. Nos joueurs ont très bien joué le coup en première mi- appliquèrent les consignent en temps, puis par la suite, ils conséquence, cassant le jeu et profitant bien sur de leur avance. Jules Zvunka auteur du penalty, disait : C'est vraiment involontaire, mais de toute façon, heureusement ce geste malheureux n'a pas influencé le résultat. Nous avions quelque chose à prouver au public marseillais d'autant qu'il nous reprochait, ces derniers temps une baisse de régime. Voilà qui est fait. Rendez-vous, maintenant, dimanche au Stade Vélodrome. Roger Magnusson, l'un des héros de la rencontre et qui a lui seul fit basculer le match en première mi-temps, se frotter les mains de contentement : Nous avons gardé la balle en deuxième mi-temps, comme il fallait le faire. Je crois que cette tactique s'est avérée payante. Quant à moi, vous avez vu que j'ai retrouvé toute ma condition. Pour Carnus, le match surtout durant la deuxième période, fut intense. Il eut de nombreuses interventions à faire et il réalisa, somme toute, un grand match : Le bruit avait couru, semble-t-il, que j'étais en perte de vitesse. Je crois qu'après le match contre Nantes et contre la Bulgarie, celui de ce soir rassurera tous mes supporters. Bosquier et Kula se montraient laconiques : Nous avons bien joué, et surtout nous avons pris des points, c'est le principal. |
Jacky Novi, se montrait un peu plus prolixe : Désormais, notre position est bonne. Nous sommes bien assis comme on le dit, et maintenant, il faudra que nos adversaires nous délogent de cette place de leader. Joseph Bonnel pestait, lui, contre l'arbitre qui lui avait refusé un troisième but pour hors jeu : Je ne comprends pas cette décision, disait-il, car la balle me venait en retrait et je ne sais pas quel faute imaginaire a pu siffler M. Uhlen ! Enfin, n'en parlons plus, puisque de toute façon, l'O.M. est sorti vainqueur d'une rencontre que l'on pouvait à juste titre redouter. Josip Skoblar lui, n'a pas marqué le but, mais il n'en a pas moins fait un excellent match : D'autant que Brucato, souligne-t-il, ne m'a jamais ménagé. J'ai lutté, mais la réussite n'était pas au rendez-vous. J'espère qu'elle va revenir très bientôt, et dès dimanche, contre Sochaux. Enfin Didier Couecou faisait remarquer qu'il avait écopé un nouvel avertissement pour avoir tiré le maillot de Richard : C'en fait un de plus, mais qu'y faire... J'étais emporté par mon tempérament. Je n'ai pu résister à la tentation de stopper un adversaire qui pouvait se montrer dangereux. Si c'était à refaire, peut-être je le referais... Dans le camp champenois, c'était la désolation comme on peut s'en douter. M. Germain ne cachait pas son mécontentement. Encore que la deuxième mi-temps jouée par les Rémois ait atténué sa désillusion : Nous avons pris un coup au moral, dès la première minute, et nos joueurs ne s'en sont jamais remis. Et je ne comprends pas le relâchement par la suite, durant ces 45 premières minutes où nous avions l'occasion, plusieurs fois de redresser une situation compromise certes, mais nullement désespérée. Décidément, notre terrain, n'est plus un terrain mascotte. Et il faudra que nous récupérions c'est deux points malheureusement perdus à l'extérieur. Édie Fruchart, l'entraîneur rémois restait calme dans la défaite : Mes joueurs se sont trouvés devant un problème difficile avec un retard de deux buts, dès dix premières minutes. Par la suite ils ont tenté de remonter le courant, mais ils durent encaisser un troisième but, qui leur coupa les jambes jusqu'à la mi-temps. Par la suite, ils se ressaisirent, et nous aurions pu ajouter un but de plus que le penalty. De toute façon Marseille est une fort belle équipe qui mérite amplement sa position en tête du classement. G.P. |