Résumé Le Provencal du 31 janvier 1972 |
ANGERS RELANCE LE CHAMPIONNAT L'O.M. à nouveau battu : une lenteur de manoeuvre désespérante |
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ANGERS - A la mi-temps, nous n'aurions pas misé un centime sur les chances d'Angers Non point que l'O.M. ait fait, jusque-là, un match éblouissant, mais il paraissait supérieur à son adversaire d'un jour. Partant de cette impression, nous avions la faiblesse de croire que les Olympiennes allaient se détacher irrésistiblement en deuxième mi-temps. Notre erreur dut sans doute de nous baser sur un O.M. dominateur et offensif, lequel n'est plus qu'un souvenir depuis la reprise du championnat. On l'a bien vu durant la deuxième période du jeu, qui valut aux Angevins une victoire archi-méritée, si l'on fait le compte des occasions de but. Nous espérons que l'O.M. dans sa meilleure formation, jouant contre un adversaire assez lourdement handicapé par les absences de Damjanovic, de Poli et même de Kovacevic, allait reprendre sa marche sans problème vers le titre. Il n'en a rien été et nous ne pouvons ; à votre grand regret, que constater la parfaite régularité du résultat. TOUJOURS CETTE LENTEUR COUPABLE A ceux de nos lecteurs qui pourraient se demander quelle est la cause principale de cette défaite, nous répondrons sans hésiter : la lenteur. L'O.M., on le vit surtout en première mi-temps, est devenu une parfaite machine à faire du beau jeu dans son propre camp. Il est devenu le champion incontesté des passes arrières et latérales répétées à satiété. Le plus étrange est que Gress, qui, la saison dernière au cours de ses meilleurs matches, jouait un rôle d'accélérateur, est devenu actuellement le maître de ce petit jeu statique et qui, en définitive, fait illusion. Bien sûr, on compte sur un exploit de Skoblar ou de Magnusson, ou des deux à la fois, pour prendre un avantage que l'on n'aura plus ensuite qu'à protéger. Mais quand, comme Angers, cela ne se produit pas, on est à la merci du moindre tir heureux de l'adversaire. ANGERS HIER ETAIT BON A PRENDRE Pourtant, l'équipe angevine de ce froid dimanche de janvier n'était pas un foudre de guerre. Elle comptait dans ses rangs quelques joueurs tels Lecoeur, Edwige, Le Chatelier, etc... d'une technique assez primaire. Elle commit un nombre assez grand d'erreurs défensives et ne parut pas non plus très agressive. Bref, cette équipe, n'ayant jamais perdu sur son terrain contre l'O.M. moderne, était assez bonne à prendre. Mais, pour cela, il eût fallu jouer plus vite, se porter plus nombreux à l'attaque et faire preuve d'un peu plus d'imagination offensive. A force de garder le ballon au milieu du terrain, de laisser Gallina quasiment en chômage, les Angevins finirent par prendre confiance en leurs moyens. |
L'excessive prudence de l'O.M., le rythme trop lent imprimé par ses joueurs à la rencontre, produisirent inévitablement l'effet que l'on sait. Déjà mis en danger dans un tir de Roy à bout portant, repoussé par la tête de Bosquier et un tir de Berdoll sur la transversale, Carnus devait être battu par Lémée, de manière d'ailleurs imparable. C'était inéluctable. On ne flirte pas avec le 0 à 0 sans courir le risque d'encaisser un but. COMME DES FONCTIONNAIRES. Nous allons ajouter que cette rencontre n'a enthousiasmé personne. Nos voisins, pourtant tous Angevins, estimaient que leur équipe n'avait pas fait un bon match et que l'O.M. s'était battu lui-même en n'appuyant pas assez sur l'accélérateur. La saison dernière, Angers avait gagné aussi, mais à l'issue d'une partie extrêmement brillante, de la part de ses joueurs au moins. Tous ces spectateurs angevins reconnaissaient que l'O.M. avait un jeu plus technique, plus précis... Mais, ajouta l'un d'eux, les footballeurs marseillais ont joué hier un peu comme des fonctionnaires. A la suite du match du rugby France - Irlande, André boniface a déclaré : "On ne gagne pas avec des joueurs tristes." Cette remarque vaut un peu pour les Olympiens. Vus du haut des tribunes, ils paraissaient davantage remplir un contrat, sans prendre le risque de commettre des erreurs grossières, plutôt que de jouer vraiment avec tout le plaisir que cela représente. Cette équipe, que nous avons vus si souvent dans le passé se battre sur tous les terrains de France, avec tout son coeur, semblait un peu désabusée. LA PENTE DE LA FACILITE Pour terminer les excuses, le terrain était lourd et glissant à la fois, donc assez difficile, et il régnait à Angers un froid qui n'avantagea pas des footballeurs qui, s'ils ne sont pas tous Méridionaux, vivent tout de même dans le sud de la France. De plus, la défaite olympienne ne tint qu'à un fil. Ce petit rien qui fit pencher la balance. Il n'y a donc pas lieu, encore, de s'alarmer, même si Nîmes est revenu à 2points et possède depuis hier la meilleure attaque et la meilleure défense du championnat. Cependant, s'il ne faut pas en faire un drame, il convient aussi de réagir. L'O.M. s'est laissé glisser sur la pente de la facilité. Une nouvelle prise de conscience s'impose. Plus d'audace devant et moins d'imprudence derrière, où même Bosquier flirte parfois dangereusement avec le feu Bref, pour terminer, revenir à un football plus simple et plus direct, celui convenant le mieux aux possibilités de l'équipe. Maurice FABREGUETTES |
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Lucien LEDUC : "Il nous manque toujours l'étincelle" |
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ANGERS - Il va sans dire que les vestiaires marseillais ne baignaient pas dans la joie après la défaite. On venait d'apprendre que Nîmes, lui, n'avait pas fait de détail, et ce n'était pas fait pour arranger les choses. Dans une atmosphère plutôt tendue, les joueurs n'étaient pas tellement enclins à faire des confidences. Le premier à nous livrer ses impressions, ce fut Zvunka : "Nous avons manqué le coche", a dit le capitaine. "Angers certes, a eu pas mal d'occasions mais nous n'avons eu aussi les nôtres. Et comme vous l'avez vu, nous n'avons pas su les exploiter. C'est vraiment dommage, car nous n'avions pas affaire aujourd'hui à une grande équipe angevine. L'équipe de Nagy était privée de trois titulaires et comme on dit, elle était bonne à prendre. Je ne comprends pas pourquoi nous n'avons pas su tirer profit d'une situation au départ plutôt favorable. De toutes façons, je ne pense pas que nous puissions chercher des excuses...". Roger Magnusson, les jambes une nouvelles fois marquées par des éraflures significatives, en convenait volontiers de son côté : "Rien à dire, disait-il, aujourd'hui rien n'a voulu marcher. Nous avons peut être manqué de réussite. Mais nous ne pouvons pas dire non plus que l'O.M. a fait un grand match. Décidément, il est bien difficile de gagner un match à Angers." Quelles explications donner à cette nouvelle contre performance ? C'est ce que nous avons essayé de demander à Lucien Leduc. "Il manque toujours l'étincelle", nous affirme alors l'entraîneur. "Ce petit rien qui pourrait changer bien des choses et notamment le sort d'une partie. C'est difficile à expliquer. Nous ne parvenons pas à trouver l'accélération décisive et cela depuis la reprise de janvier. "Je veux bien croire que le terrain était assez glissant, mais de toutes façons, l'état de la pelouse était le même pour les deux équipes. "L'O.M. aurait dû s'appliquer à mener au score ce qui l'aurait sans doute libéré. En 2ème mi-temps, les joueurs ont donné l'impression de pouvoir s'imposer. Hélas, c'est Angers qui a ouvert la marque sur corner. "Nous en étions alors à la 75ème minute et il était un peu tard pour renverser la situation. "Pour ma part, je pensais que nous aurions une meilleure condition et ma foi, sur la pelouse, cette meilleure forme était de loin d'être évidente. "L'arbitre a sifflé quelques hors-jeu douteux, notamment quand Skoblar est parvenu à marquer son but, mais de toutes façons, il ne faut pas minimiser la victoire d'Angers. "L'O.M. a montré par le passé qu'il avait d'autres moyens d'imposer sa loi. "Ces moyens qui, pour l'instant il faut bien le dire, sont quelque peu en sourdine." |
Georges Carnus, lui, était navré en sortant de la douche : "C'est dommage de prendre un but en fin de partie. Jusque-là, j'espérais au moins enlever le nul. Il est certain que le temps froid ne nous a guère avantagés. Mais il faut regarder les choses en face. La victoire d'Angers est somme toute logique. L'O.M. n'a pas fait un très bon match. Quant à la défaite, ma foi, c'est celle d'une rencontre à l'extérieur, il peur arriver à toutes les équipes d'être battues en déplacement. Nîmes a gagné aujourd'hui. Il peut très bien perdre dimanche prochain. C'est à nous de réagir le plus rapidement possible. "Nous avons encore deux points d'avance, c'est malgré tout appréciable. Désormais il nous faudra gagner tous nos matches au Stade Vélodrome, comme nous l'avions fait et être prudents à l'extérieur. Cela confirme qu'un titre de champion de France, c'est tout de même difficile à enlever." Novi et Bosquier, pour leur part, ne se sont pas ressentis, l'un de sa maladie et l'autre de sa blessure. "Ils ont été meilleurs que nous, reconnaissait Novi. Sur cette rencontre, ils méritaient la victoire." Skoblar, comme toujours d'ailleurs, avait le regard ténébreux des fins de parties. Mais cette fois, il était nettement en colère. "C'est incroyable, nous disait-il, je ne sais pas combien de fois l'arbitre m'a sifflé en position de hors-jeu. Sans cela, le résultat aurait pu sans doute être inversé. Je me demande jusqu'à quel point le tir qui a trompé Gallina, n'était pas valable". Bonnel, enfin, à qui nous demandions des nouvelles, se contentait de nous répondre : "Eh bien, je crois que la situation pourrait être meilleure". Le tout dit avec un sourire légèrement attristé. NAGY : "NOUS VOILA REMIS EN SELLE" En revanche, dans le camp des Angevins, c'était l'expression du bonheur sans réserve. "Je suis content au-delà de toute espérance", nous confia l'entraîneur Nagy. "Surtout compte tenu des déboires qui se sont abattus sur nous depuis le début de la semaine. Disons que l'absence de trois titulaires n'était pas faite pour nous autoriser le plus bel optimisme avant la rencontre contre l'O.M. Maintenant, je peux le dire, je suis soulagé et d'autant plus satisfait qu'il est toujours bon de battre le leader de la Division nationale. Cette victoire nous permet de garder le contact avec les équipes de tête du championnat. Elle confirme l'amélioration de notre équipe qui s'est manifestée depuis 2 ou 3 mois, surtout ce succès nous permet d'effacer le faux pas de dimanche dernier en Coupe. J'espère maintenant que nous continuerons sur la lancée." Jean FERRARA |
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O.M. : une défaite sans excuse |
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ANGERS - Quelques flocons de neige ont fait craindre une heure avant le coup d'envoi que le match Angers - O.M. ne se déroule dans de mauvaises conditions atmosphériques. Sur ce plan là tout c'est arrangé en fin de compte. Mais la température plutôt fraîche au demeurant nous indiquait qu'on était tout de même assez loin de la fameuse douceur angevine. Signalons néanmoins que 7.000 spectateurs environ avaient fait le déplacement du stade Jean-Bouin, de sorte qu'une fois de plus l'O.M. avait assuré le succès populaire. On sait que les Olympiens avaient pu aligner leur équipe type. Les Angevins, eux, déjà privés de leurs deux Yougoslaves Damjanovik et Kovacevik, furent encore diminués par le forfait de Poli, mais l'absence de ces trois titulaires n'empêcha pas ANgers d'avoir le dernier mot. Sur le vu de la partie, il semble que cette courte victoire soit méritée. D'ailleurs, les joueurs marseillais ont su en convenir à leur retour au vestiaire. DEBUT EQUILIBRE Diminuée, comme nous l'avons dit, l'équipe d'Angers, démarra d'une façon prudente. On vit ainsi, l'O.M. monopoliser la balle dans les premières minutes. Couecou obtint même le premier corner de la partie, en débordant le jeu Le Chatelier. Puis Edwige donna à Gaidoz l'occasion de tirer de loin, ce qui eut pour effet de réchauffer Carnus, mais sans plus. Quoi qu'il en soit, Angers semblait avoir passé la vitesse supérieure et sans une bonne intervention de Carnus, les hommes de Nagy manquèrent de peu d'ouvrir la marque. Une ouverture de Guillou mit en effet le prompt et remuant Edwige dans une excellente position de tir. Heureusement que le gardien marseillais s'était placé avec à propos et se trouva sur la trajectoire (10me). L'O.M. en l'occurrence s'en sortait bien. Roy tenta à son tour sa chance sur la limite des 18 mètres, mais cette fois Carnus n'eut pas besoin de faire des prouesses pour écarter le danger (11me). La réaction marseillaise s'exprimait enfin par Skoblar dont le centre de la gauche ne trouva personne à la réception (15me) Carnus fut encore à l'ouvrage sur un tir lointain de Lemée (24me) alors que Gallina, sur le renvoi, dut intervenir sur centre de Magnusson que Couecou s'apprêtait à reprendre (26me). Skoblar, que les défenseurs angevins avaient cru hors jeu, parvint ensuite à s'approcher du gardien adverse mais il manquait l'angle du but de quelques centimètres (26me) ! On atteignait ainsi la première demi-heure de jeu sans que ni l'une ni l'autre des deux équipes aient réussi à trouver le chemin des filets. FIEVET SAUVE SUR LA LIGNE Le jeune Lecoeur, chargé de surveiller Magnusson, donnait des signes évidents de son manque de maîtrise par quelques maladresses assez grossières, mais l'attaque marseillaise ne parvenait pas à en tirer profit. Comme, notamment, sur ce nouveau centre de Skoblar qui parvenait dans les pieds de Magnusson à quelques mètres de la cage angevine ; le Suédois élima son adversaire direct, mais son tir fut contré sur la ligne par Fievet qui sauva ainsi son gardien et, bien sur, ses équipiers d'une situation périlleuse. |
Ce fut la dernière action marquante des quarante-cinq premières minutes. L'arbitre siffla la mi-temps peu après sans qu'on puisse dire qu'une équipe ait pris l'ascendant sur l'autre. UNE REPRISE DE LEMEE : BUT Le jeu repris avec un bon relais Skoblar - Couecou, mais un fois encore Gallina, mais une fois encre Gallina fut le premier sur la balle. Skoblar se remit aussitôt en position de tir, mais la balle frappée du pied droit passa nettement au-dessus (47me). On vit ensuite Gaidoz échapper à Bosquier pour manquer à son tour l'encadrement (50me). Roy ne fit pas mieux quelques secondes plus tard en tirant sur le même Bosquier alors que la voie du but paraissait ouverte. Il n'empêche qu'en ce début de deuxième mi-temps Angers commençait à se montrer dangereux. Nous en eûmes confirmation avec cette reprise de Berdoll qui vit s'écraser sur la transversale de Carnus (54e). La domination angevine fut un moment stoppée par une longue ouverture de Skoblar qui ne put redresser sa balle et échoua à bout portant sur Gallina. Les deux hommes eurent même une petite altercation vite réprimée par l'arbitre. Le petit intermède passé, Carnus repoussa en corner un bon tir de Roy (61me) avant d'arrêter avec un égal brio une tentative de Berdoll à la 62me minute. On crut cependant que l'O.M. allait ouvrir la marque : un centre de Magnusson, en effet, fut amorti de la poitrine par Skoblar avant d'être expédié dans les filets (64me) mais l'arbitre avait levé son drapeau et le point fut annulé pour hors-jeu. L'O.M., dont on peut dire qu'il avait légèrement dominé jusqu'ici, semblait reprendre du poil de la bête, mais c'est pourtant Angers qui trouva le premier la faille ! Bosquier venait de concéder un corner sur un centre de Lecoeur, Roy donna le coup de pied de coin dans la foulée de Lemee. La reprise fulgurante du pied droit transperça la défense marseillaise sans que Carnus n'ait eu le temps d'esquisse le moindre geste de défense. Angers menait 1 à 0 (75me) ! BATTU PAR UN TOUT PETIT BUT Il restait un quart d'heur à l'O.M. pour essayer de renverser la situation compromise, mais comme on l'imagine les Angevins se pressèrent un peu plus sur le but pour préserver leur maigre avantage. C'était de bonne guerre. Ainsi, une reprise de Bosquier fut arrêtée par un véritable mur de maillots rouges (85me) qui vit même l'ailier Roy venir concéder un corner devant Magnusson (87me), Gallina, pour sa part, eut un excellent réflexe sur un tir de Skoblar (88me). Rien n'y fit. L'O.M. eut beau se multiplier, quand M. Petit siffla la fin des débats, la victoire restait sans le camp angevin. Pour l'O.M., c'était une courte défaite. Mais qui prenait une singulière résonance après le large succès des Nimois... Jean FERRARA |
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