OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 27 août 1972

 O.M. -NANTES : un match de qualité ! 

MICHEL ET SES HOMMES : D'EXCELLENTS CONTESTATAIRES

"En allant à la pêche au tir, on peut parfois trouver un Gardon".

C'est la moralité de la première mi-temps de la partie.

Gress, auquel le public faisait sa fête (non point le 14 juillet, mais la Toussaint) eut le grand mérite de tenter sa chance. Au passage, le ballon toucha le pied du grand "bétonneur" nantais et prit Donoyan absolument à contre pied.

Dans un cas pareil, et bien que le but ne puisse lui être crédité, le mérite du buteur ne doit pas être sous-estimé.

Sans lui rien ne se serait produit.

Le sort, pas toujours injuste, a-t-il voulu ainsi récompenser un footballeur ayant déjà rendu de réels services à l'équipe, mais provisoirement en petite forme ?

Ce n'est pas impossible.

NANTES : UNE BONNE ÉQUIPE

Ce petit but fit toute la différence.

Pendant les premières quarante-cinq minutes on avait pu constater que Nantes, cette saison, n'était pas décidé à se laisser marcher sur les pieds.

À dire vrai, les Nantais, supérieurs dans l'entre-jeu, avaient largement tenu tête aux Olympiens.

Carnus et ses camarades de la défense pas toujours à l'aise, durent concéder la bagatelle de six corners.

Après avoir souligné, comme elle le méritait, la bonne impression produite collectivement par l'équipe nantaise, nous n'en serons que plus à l'aise pour déplorer la manière toute rugbystique dont Gardon arrêta Franceschetti, ce dernier ayant la route du but largement ouvert devant lui.

Certes, en 1972, l'anti-jeu a-t-il de plus en plus tendance à devenir le jeu, mais tout de même !

LA HAUTE STRATÉGIE

MAGNUSSONIENNE

Il apparut assez rapidement que la plus haute stratégie de l'O.M. serait Magnussonienne.

Revenu à l'aile droite de son équipe après une trop longue absence, le doux Roger a redémontré qu'il était difficilement remplaçable.

Dans la mesure où on lui passa le ballon - peut-être pas assez souvent - il transforma la physionomie du jeu en apportant à l'O.M., grâce à son brio individuel, le sens du jeu collectif.

C'est peut-être un paradoxe, mais Magnusson, à la manière du néo-Sedanais Osim, est un individualiste qui apporte beaucoup à la collectivité.

Sans lui, hier soir, l'O.M., trop rarement supérieur dans la lutte pour la conquête du ballon aurait pâli devant son adversaire dans un domaine pourtant important du football : celui de la liaison entre les différentes lignes.

La raison de cette déficience, que nous croyons provisoire, de l'O.M. est assez simple.

Au milieu du terrain, Bonnel - qui n'a tout de même que deux poumons - ne peut tout faire.

Surtout quand, en face, il y a la classe de Michel et le travail inlassable des Pech, Rampillon et autres Denouex.

UNE DEUXIÈME MI-TEMPS

PASSIONNANTE

La deuxième mi-temps fut absolument passionnante.

Nantes, voulons refaire son léger retard, permit à l'O.M. de jouer, sur son propre terrain, en contre-attaque.

C'est chose assez rare.

De ce fait, si la domination nantaise fut quasiment constante, l'O.M. se créa au moins autant d'occasions de but que son malheureux adversaire.

Pendant toute cette mi-temps, on se demanda laquelle des deux équipes allait marquer.

Nantes, dans les vagues d'assauts sans cesse renouvelées balayaient le terrain ?

L'O.M., dont les Skoblar, Franceschetti, Magnusson, etc..., bénéficiant de l'espace libre, conduisirent des raides de commandos extrêmement dangereux ?

Finalement, on en resta à ce but de Gress -Gardon, mais les Nantais pouvaient quitter le terrain sans avoir à rougir de cette courte défaite.

FRANCESCHETTI :

IL COMMENCE À S'IMPOSER

Il reste que le F.C. de Nantes sera cette saison une équipe compétitive pour les premières places du classement.

N'oublions pas que son retard n'est pas tellement important, car il n'a joué qu'une fois sur son terrain et trois fois à l'extérieur.

Les Nantais ont durci leur jeu, et leur attaque - même si Couecou n'était pas dans un soir de réussite - ne sera pas toujours aussi malheureux.

Un adversaire à prendre en considération.

L'O.M. est revenu à la première place ex aequo, mais l'on peut penser que la mini trêve due à Grèce - France lui fera du bien.

L'équipe n'a pas été fringante hier soir, certains de ses joueurs paraissent fatigués.

La seule note vraiment satisfaisante, Franceschetti, bien que ne jouant pas à sa meilleure place a démontré des qualités rares.

Ce jeune footballeur fera bonne et longue carrière à l'O.M.

C'est une quasi-certitude.

Maurice FABREGUETTES

----------------------------------------------

Les Olympiens : "Une bonne affaire quand même..."

"J'en tremble encore...".

C'est M. Marcel Poujenc qui nous livra ainsi son sentiment au moment ou nous entrions dans les vestiaires des joueurs marseillais.

Et il est vraisemblable que telle était l'état d'esprit de tout les Olympiens quand l'arbitre siffla la fin de la rencontre.

"Oui, moi aussi j'ai eu peur, enchaîna Mario Zatelli. Que vous voulez-vous, quand on ne parvient pas à me matérialiser les occasions, c'est toujours ainsi. On a toujours des fins de partie difficile.

"Que s'est-il passé ? Peut-être une tension nerveuse excessive. Ou alors les joueurs avaient encore dans les jambes le match éprouvant disputait trois jours plus tôt à Bastia. Je ne sais pas. Mais enfin, en regardant les résultats de la soirée, nous n'avons pas fait une mauvaise affaire quand même..."

 KURT LINDER :

"PAS TOUT À FAIT

COMME JE LE SOUHAITAIS"

Kurt Linder, lui aussi, regrettait toutes les occasions manquées par ses joueurs.

"C'est dommage ! nous disait-il. L'O.M. semblait avoir le match en main. Surtout quand Gilbert est parvenu à trouver le chemin des filets.

"Mais ensuite, tout n'a pas marché comme je l'aurais souhaité. Nous aurions du nous efforcer de marquer ce deuxième but. Alors l'O.M. n'aurait plus connu de problèmes.

"Ce fut néanmoins une très bonne partie. Il est regrettable je vous le répète d'avoir manqué tant d'occasions...

Enfin, nous avons gagné, c'est le principal. J'avais promis deux jours de repos en cas de victoire. Je crois, en fin de compte que tous les ont bien mérités. Nous nous efforcerons ensuite de régler quelques petits détails".

 M. GALLIAN :

"C'EST BIEN !"

M. Gallian, quant à lui, ne cherchait pas à faire de réserves.

"J'estime que l'O.M. - Nantes fut un très bon match de football, affirmait le président. Il y a tout lieu d'être satisfait. À plus forte raison quand la victoire sourit à nos joueurs.

"On a beau dire, un seul but ce n'est pas beaucoup, Mais Nantes, tout d'abord est une très bonne équipe, et puis l'O.M. a franchement manqué de réussite. Alors, tous comptes faits, ne nous plaignons pas.

"Regardez : Nice lui-même n'a pas fait la loi à Paris. Et Angers a connu pas mal d'ennuis à Sedan. À propos, les Ardennais, que l'on disait un peu tendre après notre succès au stade Émile Albeau, ne sont pas des adversaires aussi complaisants.

"Non ! le championnat croyez-moi, est loin d'être une promenade de santé. Tous les matches sont difficiles à gagner même à domicile..."

 ZVUNKA : "L'IMPORTANT

C'EST DE GAGNER"

Le point de vue des joueurs maintenant.

Jules Zvunka, en bon capitaine, ne cherchait pas, lui non plus, à minimiser la valeur de ces deux nouveaux points.

"Vous savez, disait-il, Nantes n'est pas n'importe qui. Il fallait être en mesure de battre un tel adversaire. Maintenant que le succès est acquis, il y a tout lieu d'être satisfait. Ne faisons pas la petite bouche, c'est une très bonne performance".

Joseph Bonnel était lui, quelque peu déçu de n'avoir pu marquer un but.

"Pas de chance, affirmait-t-il. Ce tir sur le poteau méritait un meilleur sort. Elle était pourtant difficile à reprendre cette balle. Mais avec un peu plus de réussite elle pouvait aller au fond.

N'en parlons plus. Nous avons gagné, c'est l'essentiel. Mais, vous savez, je suis entièrement d'accord avec Zvunka : Nantes est une sacrée équipe. La meilleure que nous ayons rencontrée jusqu'à ce jour. Celle en tout cas qui nous a fait le plus souffrir.

"Pourvu que cela continu ainsi, disait pour sa part Georges Carnus. Je suis prêt à signer pour le même score jusqu'à la fin de la saison. En attendant nous poursuivons notre bonhomme de chemin".

Venons-en à l'opinion des rentrants.

Magnusson tout d'abord.

"Je suis entièrement satisfait de ma partie et, bien sûr, du succès de l'O.M. Je crois, en ce qui me concerne, que tout a bien marché. De Michele est portant un solide défenseur. Il ne m'a pas beaucoup posé de problème...

"En fin de rencontre, le manque d'entraînement s'est fait ressentir. Mais je pense être au point pour affronter la Juventus".

Le Boedec ensuite.

"Maas est un ailier dont la réputation n'est pas surfaite. Alors, si vous voulez, je pense avoir fait match nul avec lui. C'est, ma foi, une satisfaction personnelle".

Et Roland Merschel, son entraîneur, était tout à fait du même avis.

Franceschetti, lui, se satisfaisait des deux points. "Ne soyons pas trop gourmands, la saison est encore longue..."

Quant à Skoblar, il s'est contenté d'un clin d'oeil. Chez lui, c'est un signe souvent éloquent.

 DÉCEPTION

CHEZ LES NANTAIS.

Dans le camp nantais, on estimait que la chance non plus n'avait guère souri...

"L'O.M. est une très bonne équipe, reconnaissait Arribas. Sa victoire est certes méritée... mais je crois que l'arbitre a donné quand même un petit coup de main".

Eh oui ! enchaînait Didier Couecou, nous aurions peut-être mérité de partager les points. De toute façon, je vous annonce que nous gagnerons à Nantes".

Enfin, un jugement qui a son importance : Georges Boulogne a trouvé la rencontre excellente.

"Carnus, Novi, Kula, Michel, les internationaux ont su se mettre en évidence. Mais, pour ma part, j'aimerais suivre de telles parties plus souvent. Même le lever de rideau fut un excellent spectacle de football français ce soir, a donc marqué des points".

Quelle meilleure conclusion pourrions-nous apporter !

Jean FERRARA

 ----------------------------------------------

 ----------------------------------------------

GRESS à l'origine de la victoire

Le match O.M. - Nantes a attiré autant de monde que le choc d'ouverture contre Lyon, c'est-à-dire plus de 35.000 personnes venues voir aux prises les actuels champions de France et les anciens tenants du titre. Il règne une température très agréable dans le Stade Vélodrome. M. Uhlen appelle les deux équipes.

A l'annonce de la formation des équipes les noms de Magnusson, de Skoblar et de Couecou sont très applaudis.

L'équipe de Nantes est très favorablement accueillie : un privilège rare au Stade Vélodrome. Les deux formations s'observent et le premier corner et à l'avantage de Nantes. Il est tiré par l'Allemand Maas, sans résultat.

L'O.M. réplique bientôt sur une passe de Franceschetti. Skoblar, de 25 mètres, décoche un boulet de canon qui s'élève dans les airs. Il y a cinq minutes que l'on joue.

Le Yougoslave de Marseille tente encore sa chance, mais il manque l'encadrement (8me minute).

Nantes riposte rapidement par une tête de Couecou (10me). Magnusson adresse un centre magnifique au cordeau : Franceschetti le récupère et tire immédiatement. Mais Gardon, très bien placé, suit son gardien et renvoie le cuir (17e minute). Maas oblige Carnus a exécuté un excellent arrêt à mi hauteur (12me minute).

Nantes domine légèrement et obtient deux corners en un bref laps de temps. Un centre très dangereux de Magnusson oblige Donoyan à sortir et à dégager du poing (18me minute). Les deux équipes s'observent, comme des boxeurs qui ne veulent pas baisser leur garde.

À la 26me minute, Skoblar expédie un bolide de 20 mètres au-dessus de la cage nantaise. Marcos, très rusé, malgré l'opposition de deux défenseurs olympiens, parvient à shooter, mais Carnus est à la parade.

Gress démarre, s'échappe à l'aile droite, Franceschetti reprend mais rate une belle occasion en shootant sur Donoyan qui plonge (28me minute). Ensuite, Couecou se montre dangereux par un hading à la 25me minute.

Franceschetti donne ensuite le cuir à Gress qui brosse sa balle, malgré l'opposition de Gardon et de Donoyan. O.M. 1 : Nantes 0.

Quelques secondes plus tard, Franceschetti tire au but. Il est ceinturé de façon terriblement irrégulière. Marcos qui a reçu un coup a du sortir du terrain à la 35mme minute. Denoueix le remplace.

L'O.M. a maintenant pris la direction des opérations avec beaucoup d'autorité, mais Carnus est contraint de mettre en corner une longue balle de Blanchet (39me) et l'on retombe dans un certain dilettantisme général.

La fin de la première mi-temps est sifflée sur le score de 1 à 0 en faveur de l'O.M.

 NANTES EN PÉRIL

Dès le démarrage de la deuxième mi-temps, Nantes attaque par Denoueix, qui botte largement au-dessus de la transversale. Franceschetti en fait autant pour l'O.M. de la tête.

Skoblar est descendu dans la surface de réparation sans que la faute soit sanctionnée (51me minute). Franceschetti réussit un deuxième but qui est refusé par l'arbitre, car il s'est aidé de la main (52me minute).

Skoblar botte sur Donoyan qui repousse la balle faiblement. Elle est reprise par Bonnel dans le tir heurte malheureusement la barre (54me minute).

L'O.M. n'a pas eu de chance en cette occasion. Magnusson manque la cage alors que celle-ci était vide. Donoyan s'étant aventuré loin de sa ligne de but fort imprudemment (57me).

Un coup franc de Bosquier, décoché de 35 mètres, est bien arrêté par Donoyan. Zvunka est touché dans un choc avec Couecou, mais il se rétablit très vite (65me).

Pech réussit un tir croisé qui frôle le montant droit. Donoyan sauve ensuite deux situations délicates (68me minute).

Skoblar fonce comme une fusée, shoote dans sa foulée. Donoyan plonge et détourne la balle en corner (82me).

Nantes obtient un but par Denoueix en position de hors jeu. Ce but est justement refusé (83me).

Dans un choc, Blanchet est touché mais reprend vite du service et, malgré le forcing des Nantais, la victoire reste à l'O.M.

Alain DELCROIX

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.