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Résumé Le Provencal

du 08 octobre 1972

 RIEN NE VA PLUS A L'O.M.

Les Marseillais débordés et battus à REIMS sur un score flatteur

REIMS - Curieuse similitude entre les deux dernières rencontres jouées à l'extérieur par l'O.M.

Dans un cas comme dans l'autre il devait affronter adversaire de réputation modeste, dirigé par l'un de ses anciens entraîneurs, avec toutes les conséquences psychologiques que cela comporté.

On pouvait donc craindre que les Champenois de Lucien Leduc, comme les précédents Nordistes de Robert Domergue, n'aient "aiguisé leurs crampons", une expression qui dit bien ce qu'elle veut dire.

Par ailleurs, à Reims, comme à Valenciennes, on frôlait les records de recette, et ils étaient près de 20.000 pour huer les champions de France à leur entrée sur le terrain, pratique bien désagréable à laquelle nous ne parvenons pas à nous habituer.

Mal aimé des foules françaises, l'O.M. ne l'est pourtant pas des trésoriers. Celui du Stade de Reims s'est avec bien d'autres, frotté les mains de satisfaction.

Le public champenois ne tarda pas quant à lui, a baigné dans une douce euphorie et oublier tout ressentiment envers ses favoris à la suite du but marqué joliment de la tête par Onnis, un spécialisé de la question, dès la 7me minute.

D'abord conspués eux aussi, à la suite de leur nouvelle défaite à Sedan, les Rémois n'allaient pas tarder à regarder l'estime de leurs supporters, grâce à cette rage de jouer que nous venons d'évoquer, une arme efficace de la panoplie des "petits" qui rencontrent les "grands".

 O.M. ASPHYXIE...

Après 45 minutes de jeu, l'O.M. n'avait pas encore sorti "la tête de l'eau".

Constamment pris de vitesse, à l'image de ses arrières latéraux face aux rapides Richard et Rico, devancé dans la lutte pour la balle ou purement et simplement dominé dans un quelconque compartiment du jeu, comme Zvunka de la tête par Onnis qui, outre son but, réussissait deux reprises dangereuses.

Au marquage individuel marseillais, les Rémois répliquaient par une activité démoniaque qui se joua de toutes les tactiques.

Malgré toutes les vertus du "jeu sans ballon", nous n'avons jamais cessé d'estimer qu'il est difficile de jouer au football sans disposer du précieux ustensile. Nous en voulons pour preuve l'extraordinaire et victorieux combat d'Onnis contre la défense marseillaise qui a permis de marquer le second but après un véritable bombardement de la tête et finalement du pied.

À chaque renvoi l'Italo-Argentin garda l'initiative, tel un joueur de tennis au service malgré deux exploits défensifs de Carnus et Bosquier, pour obtenir finalement le point.

Toutes proportions gardées, l'O.M. souffrit autant au cours de cette terrible première mi-temps, qu'à Turin devant la Juventus, ce qui prouve bien que rien ne va plus dans cette malheureuse équipe, qui connut en outre l'infortune de perdre Bonnel après 20 minutes de jeu.

 LE BUT DE L'ILLUSION

On pouvait néanmoins espérer une réaction marseillaise, les Champenois ayant fait beaucoup d'efforts au cours de la première mi-temps, efforts qu'ils allaient logiquement payer, s'il y a une logique en football.

Les Dieux de ce même sport allaient aussi tendre la perche à l'O.M., sous la forme d'un but miraculeux de Robert Buigues, le premier tir marseillais de la partie allant se logeait sous la barre de la cage défendue par Aubour.

Théoriquement, rien n'était encore perdu, et une bonne équipe marseillaise aurait bien redressé la situation, Reims, malgré toute sa vivacité, ne pouvait être comparé à l'Ajax.

Le débat se situait un ton au-dessous, on voyait maintenant apparaître certains joueurs marseillais longtemps dépassés par les événements, et l'on pouvait toujours attendre un exploit de Skoblar, qui s'était rappelé à l'attention en plaçant sur l'angle des buts une bien belle reprise de l'extérieur du pied droit.

Ainsi, pour quelques centimètres, l'O.M. voyait lui échapper le nul qui, hâtons-nous de le dire, n'aurait pas été mérité.

 RIEN NE VA PLUS

Ainsi, l'O.M. a subi, devant un adversaire de valeur modeste, mais animé d'une véritable rage de vaincre, une nouvelle et indiscutable défaite.

Rien ne va plus maintenant pour l'équipe marseillaise dont le bilan offensif, hier soir, s'établissait à trois tirs, dont un dans les buts et l'autre sur la barre ce qui est vraiment miraculeux.

On peut se perdre en suppositions sur les raisons d'une aussi rapide et étonnante décadence.

On ne manquera pas d'évoquer la moyenne d'âge élevé de l'équipe, le système de jeu, les méthodes d'entraînement, et le climat moral dans lequel elle se débat depuis plusieurs semaines.

Il y a aussi cette "usure du pouvoir" qui se sclérose, comme dans le passé Reims puis Saint-Étienne.

Nous vous laisserons le soin de déterminer celle qui vous paraît essentielle, selon vos goûts personnels, puisqu'il n'y a pas d'effet sans cause.

Mais il y a dans cette chute véritable, de quoi perdre son latin !

Louis DUPIC

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ZVUNKA : "Tout est contre nous"

REIMS - Jamais depuis que nous suivons l'O.M. sur tous les terrains de France, nous n'avions vu une atmosphère aussi triste, les Marseillais joueurs et dirigeant, avaient la tête basse. Personne n'osait rompre le silence.

Même pas les journalistes qui, malgré l'heure tardive, mettaient quelques formes à poser leurs questions.

Commençons tout d'abord par donner l'opinion des joueurs qui n'avaient guère de coeur cependant à faire des confidences.

C'est à Bonnel que nous avons demandé tout d'abord des nouvelles de sa blessure. "Une petite déchirure à la cuisse, nous a dit Joseph. Je me suis blessé tout seul en voulant récupérer un ballon, je me je ne pense pas que ce soit grave. Plus importante, à mon avis est notre nouvelle défaite..."

Édouard Kula, au sortir de la douche, essaya de nous donner son point de vue : "Nous avons mieux joué en deuxième mi-temps, mais hélas, la différence était déjà faite".

Diego Lopez, lui, nous donnait les raisons de son forfait de dernière heure :

"Je me sens fatigué, j'en ai fait part à M. Linder avant la rencontre. Quant à la partie, elle-même, je vous avoue qu'il est pénible dans de telles circonstances de la suivre sur un banc de touche".

Carnus estimait lui aussi que son équipe avait pris un départ catastrophique.

"Nous avons été bien meilleurs en deuxième mi-temps, nous dit le gardien international, mais nous avions alors deux buts à remonter et chacun sait qu'à l'extérieur un tel handicap ne se remonte pas facilement".

"En ce moment, nous avouait-t-il, nous traversons une période difficile. Il faut que l'O.M. retrouve vite sa sérénité".

Son camarade Bosquier ne trouvait pas de mots pour exprimer cette nouvelle défaite : "Ca continue, remarquait l'internationale. On ne parvient pas à faire deux pass es successives, c'est incroyable !"

Oui, ça va mal, disait pour sa part Daniel Leclercq. Que peut-on dire d'autres ? On ne parvient pas à prendre le dessus. Ah ! si au moins nous avions fait match nul !"

C'était aussi l'avis de Robert Buigues qui avait été le buteur olympien :

"La poisse nous poursuit !". Et faisant alors allusion à son tir victorieux : "Oui, nous répondait Robert, mais j'aurais préféré ne pas marquer le but et que l'O.M. fasse une meilleure que nous avons bientôt sortir du tunnel".

François Bracci se rhabillait lentement : "Je suis un peu déçu. Figurez-vous que chaque fois que je joue avec l'équipe première, je n'avais jamais connu de la défaite. La série est maintenant interrompue".

Josip Skoblar : "Décidément nous n'avons pas de chance en ce moment, nous confiait tristement le buteur olympien. Je crois tout de même que nous aurions pu égaliser, si mon tir en seconde mi-temps ne s'était pas écrasé sur la barre..."

Quant à Zwunka, il ne comprenait pas lui non plus les raisons de cette série noire : "Tout est contre nous, affirmait le capitaine, nous ne parvenons pas à être maîtres d'une rencontre.

"Je crois qu'il faudra s'accrocher plus que jamais. Nous avons une belle remontée à faire. Alors rien n'est perdu..."

RENÉ GALLIAN :

"NOUS AVONS DÉMARRÉ

TROP TARD"

Le président René Gallian, pour sa part, essayait de poser quelques questions à ses joueurs pour déterminer les raisons de leur mauvais départ. Puis se tournant vers nous :

"Eh, oui, nous sommes partis vraiment au pe tit trot. Ensuite nous sommes parvenus à changer de vitesse, notamment en deuxième mi-temps. Mais alors c'était déjà bien tard".

Nous avons demandé au président si ce nouvel échec n'était pas à mettre sur le compte d'une nouvelle méthode de jeu.

"Ce n'est pas à moi à vous répondre. Il faut poser la question à notre entraîneur. Vous savez, j'ai déjà bien d'autres soucis de mon côté".

Et l'entraîneur, donc que pense-t-il de cette nouvelle contre-performance ?

Kurt Linder nous a paru vraiment affecté hier soir.

"Je crois que j'ai vu deux matches distincts, nous a-t-il dit, car les deux mi-temps pour l'O.M. ont été tout à fait différentes. On prétend que les joueurs étaient fatigués. Ce n'est pas mon avis puisqu'ils ont été bien meilleurs en fin de rencontre. Vous savez, je crois que tout ceci est un concours de circonstances. Tout d'abord sur le premier but, Zvunka était persuadé qu'il n'y avait personne derrière lui.

"Joseph Bonnel, ensuite, c'est blessé et Skoblar a vu un de ses shoots s'écraser sur la transversale.

"Un malheur, voyez-vous, n'arrive jamais seul. Espérons néanmoins que nous parviendrons à remonter la pente".

LUCIEN LEDUC :

"JE SUIS CONTENT"

Beaucoup de monde, en revanche, dans les vestiaires des Champenois qui fêtaient bruyamment leur victoire sur le champion de France.

Lucien Leduc, bien sûr, n'échappait pas à la bonne humeur générale :

"Oui, je suis content, nous a-t-il dit, cela fait toujours plaisir de battre les champions de France.

- Comment avez-vous trouvé cette équipe olympienne ? lui avons-nous demandé.

"Pour ma part, elle m'a paru marquée par tout un tas d'événements. Sa deuxième mi-temps fut cependant bien meilleure. Je crois, en définitive, qu'elle traverse une mauvaise période et j'espère bien que sa situation ne tardera pas à s'arranger comme celle de Reims d'ailleurs. Mais, à ce sujet, je crois que nous sommes sur la bonne voie.

Jean FERRARA

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Nouvelle défaite de l'O.M. à REIMS (1-2)

REIMS - C'est un temps exceptionnellement beau qui a accueilli l'O.M. a son arrivée en Champagne. Tout le monde sait que le soleil radieux est tout indiqué pour donner, ou redonner, morale à une équipe traversant une mauvaise période.

On n'en déduira que les conditions climatiques étaient excellentes hier soir au stade Auguste Delaune.

Une heure avant le coup d'envoi, les spectateurs avaient déjà abondamment garni les gradins, ce qui nous amène à faire 1 autre constatation : l'équipe marseillaise, même si elle n'est plus tout à fait au sommet de la hiérarchie nationale, fait toujours recette.

En ce qui concerne la formation des équipes, Reims s'aligne avec les joueurs annoncés. Petit changement en revanche côté olympien, Lopez, se jugeant lui-même en petite condition, a préféré s'abstenir au dernier moment.

Le jeune François Bracci, qui faisait parti du voyage, occupera donc le poste d'arrière latérale. Quant à Bernard Bosquier, douteux ces derniers jours en raison de ses adducteurs, il tient normalement sa place.

La feuille d'arbitrage se présente comme suit :

O.M. : Carnus ; Bracci, Bosquier, Zvunka, Kula ; Novi, Bonnel, Gress, Franceschetti, Skoblar, Leclercq. 12e : Buigues.

REIMS : Aubour, Masclaux, Jodar, Laraignée, Brusca, Zyvica, Robert ; Richard, Onnis, Bernard Lech, Rico. 12e homme : Sinon.

L'arbitre est M. Frauciel.

Inutile d'ajouter que ce match est de la première importance pour le champion de France en titre.

TÊTE DE ONNIS : BUT !

Un concert de sifflet attend en tout cas l'O.M. à son entrée sur le terrain.

La première action dangereuse est pourtant pour Rico, qui prolonge sur Richard. Bracci, heureusement, détourne le tir (6me). Ce n'est qu'un avertissement sans frais.

L'O.M. ne va pas tarder à connaître une deuxième sérieuse alerte, et cette fois avec bien d'autres dommages. Brucato est monté sur l'aile gauche ; sa longue transversale vers le centre trouve la tête d'Onnis revenu de l'arrière. Le buteur rémois s'élève plus haut que les défenseurs marseillais et sa reprise ne laisse aucune chance à Carnus.

La balle va, en effet, se loger dans l'angle gauche de la cage marseillaise. Reims mène 1 à 0 et l'on joue depuis 8 minutes.

Une fois de plus, pris à froid comme on dit, l'O.M. doit encore contenir la pression rémoise.

Une tête du même Onnis est captée du bout des doigts par Carnus (14me).

L'Argentin ne va d'ailleurs pas en rester là, car si, sur un centre de la droite de Bernard Lech, il a encore l'occasion de donner son fameux coup de tête. Carnus, bien placé, arrête (16me). Mais la sueur froide a encore parcouru l'échine des quelques supporters marseillais.

Toujours est-il que les vingt premières minutes sont atteintes avec un net avantage des Rémois qui ont fait tout le jeu jusqu'ici.

L'O.M., lui, ne semble pas encore sortir de sa galère. En un mot, les affaires olympiennes ne vont pas très fort d'autant que Bonnel, blessé, doit pas laisser sa place à Buigues (21me).

ENCORE ONNIS : 2 À 0 !

Les minutes passent sans que l'O.M. puisse vraiment desserrer l'étreinte. Une passe de Zvunka met cependant Franceschetti à bonne portée d'Aubour. Mais le gardien rémois n'a pas à intervenir (26me).

On ne peut en dire autant pour Carnus. Quelques minutes plus tard, le gardien marseillais va réaliser un petit exploit, mais devra s'avouer vaincu pour la deuxième fois.

Récapitulons : au départ, un centre de Rico qui arrive encore sur la tête d'Onnis : décidément, tout semble réglé comme du papier à musique. L'Argentin reprend donc et tout le monde dans le stade croit au but. Non ! Dans un excellent réflexe, Carnus détourne du pied. La balle revient sur Onnis. Nouvelle tête que Bosquier renvoie sur sa ligne. Insigne malchance, le ballon, comme aimanté, retombe sur le pied droit de l'expéditeur qui la catapulte au fond des filets (28me). Un but, certainement qui fera date dans les annales rémoises. Il n'en reste pas moins que les actions de l'O.M. sont de plus en plus à la baisse. On passera sur toutes les péripéties qui ont montré l'O.M. sous un jour une fois de plus méconnaissable. Littéralement ballottée comme une coquille de noix sur un océan déchaîné, l'équipe marseillaise nous est apparue autant en difficulté que devant la Juventus à Turin.

Quoi qu'il en soit, à la pause de cette pénible rencontre, les deux buts rémois semblaient largement décisifs.

BUIGUES RÉDUIT

Quand le match reprend, l'O.M. donne l'impression de vouloir malgré tout refaire surface. Mais décidément le coeur n'y était pas.

Il semble toutefois que l'équipe olympienne fasse meilleure figure qu'en première mi-temps et impression va se confirmer. Carnus venait juste de sortir pour devancer un raid solitaire de Richard camp sur le renvoi, Franceschetti parvint pour une fois à s'infiltrer au coeur de la défense rémoise.

L'ex-Bastiais, fort intelligemment arrête les défenseurs les laisse et s'aperçoit que Buigues, son compère du S.C.B. est démarqué au centre, et lui transmet la balle sans hésiter une seconde après avoir évité dernière charge. Robert sans adversaire à le temps d'ajuster son tir qui va se loger sous la transversale de Marcel Aubour.

Par son premier tir, digne de ce nom, O.M. est parvenu à réduire la marque (56me).

COURTE DEFAITE

Les deux équipes ont ensuite l'occasion d'augmenter tout à tour leur capital. L'O.M. d'abord par une merveilleuse ouverture de Leclercq sur Skoblar dont la reprise fulgurante s'écrase sur l'angle du poteau rémois. Reims ensuite par Onnis enlève trop sa balle (73e) après un bel amorti de la poitrine.

On note ensuite un nouveau coup de tête d'Onnis qui manque de peu l'encadrement.

Quand on aborde les dix dernières minutes, Leclercq place encore son pied gauche, mais de trop loin pour inquiéter Aubour.

Malgré de louables efforts, tout en fait en fin de match, l'O.M. ne pourra inverser sa situation qu'elle compromise en première mi-temps.

Une fois de plus, donc l'équipe marseillaise devait s'incliner à l'extérieur.

Maintenant, on peut le dire cette série noire devient inquiétante.

Jean FERRARA

 

 

 

 

 

 

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