Résumé Le Provencal du 18 octobre 1972 |
L'O.M. et MAGNUSSON retrouvés : l'espoir renaît
L'équipe messine dynamitée dans les dernières minutes |
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Bravo M. Martin ! Vous avez réussi une chose assez rare, en cette période de morosité. Faire rire aux éclats le public marseillais en refusant à l'équipe de Metz à une minute de la mi-temps un penalty tellement évident que l'on peut se demander s'il ne vaudrait pas mieux supprimer cette sanction au cas ou tous les arbitres auraient le mauvais goût de vous imiter. Le public fut d'autant plus conscient de cette injustice, que son l'O.M. l'avait rassuré. Dans une équipe messine venue à Marseille avec l'intention, visible à l'oeil nu, de limiter les dégâts, elle avait dominé la première mi-temps autant que faire se peut. Neuf corners à deux, un but à zéro à la mi-temps, c'était très mal payé, en regard des occasions ratées d'un rien et même des fautes, par imprudence, commises par la défense de Metz. COURBIS ET MAGNUSSON Le but avait été marqué par le futur Ajaccien Courbis. Ce fut très sympathique. On devine sans peine que cet excellent jeune homme avait envie - rien de plus humain - de se faire regretter et qu'il était, aussi, très décontracté. Dame, quoi qu'il ait pu faire, il ne risque pas les reproches de son ex-entraîneur la rencontre terminée. Il y alla donc de tout son coeur et marqua son but comme à l'abordage. De Magnusson, on ne sait pas encore ce qu'il fera quand Keita sera là. Il n'en tint pas moins à démontrer, hier soir, pour le plus grand plaisir de son public, qu'il y avait, aussi, des perles blondes. Son but (le troisième de l'O.M.) fut le point d'orgue d'une magnifique orchestration. Quand Magnusson va, tout va. À l'O.M., cela va de soi. DES BUTS COMME ON LES AIME Si la première mi-temps avait laissé comme un goût d'inachevé la deuxième fut triomphale. "O.M. ! O.M." "Magnusson ! Magnusson !" |
Comme aux plus beaux jours. Le public avait retrouvé son équipe. Une équipe offensive, marquant des buts spectaculaires. La foule marseillaise n'est pas celle des savants calculs, des combinaisons compliquées. Il lui faut du brio, de la vitesse dans l'action... et des tirs. À la fin de la deuxième mi-temps elle fut comblée. Pour les Messins, le venin était dans les pieds de Skoblar, de Magnusson et dans la tête de Franceschetti. 5 à 0 ! Qui l'eut espéré alors que - le score étant encore de 1 à 0 - Carnus dut effectuer un arrêt exploit, sur un tir du toujours redoutable Nestor Combin. Mais en football, chaque but marqué en appelle un autre, car il oblige l'adversaire à relâcher son marquage. LA CRISE EST-ELLE TERMINÉE ? Ce succès éclatant "in fine" fera le plus grand bien au club. Dans la vie d'une équipe de football, l'important, on ne le rappellera jamais assez, se passe sur le terrain. Sans ses deux futures vedettes, O.M. a eu la coquetterie de vouloir démontrer que son équipe était, depuis deux ans la meilleure de France. Rien ne pouvait être meilleur, pour le moral de l'ensemble. La crise est-elle complètement terminée, l'O.M. est-il prêt à repartir pour de nouvelles conquêtes ? Nous avons la faiblesse de le croire. Nice a gagné ! Tant mieux. Puis dure et plus passionnante sera la lutte. Maurice FABREGUETTES |
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Une passionnante poursuite d'engage |
Nous avons retrouvé hier soir le véritable visage de l'O.M., celui dont les milliers de spectateurs enthousiastes scandent le nom, celui qui, ne l'oublions pas détiennent toujours un titre de champion de France et celui d'un vainqueur de Coupe. Nous avons entendu de nouveaux avec une immense joie ces orgues du stade, ces profonds et émouvants "Allez l'O.M.", cri de ralliement de la victoire. Dieu sait pourtant que ces dernières semaines, le climat s'était détérioré. Avec ce doute qui s'insinue au fil des contre-performances. La venue de Metz invaincu par contre depuis pas mal de temps constituait évidemment un test d'importance. Un tournant en quelque sorte que Jules Zvunka et ses camarades devaient négocier à leur avantage. A nouveau défaits, ou même tenus en échec, ils compromettaient presque à coup sûr leur avenir. Même si celui-ci pouvait s'éclairer avec les rentrées à plus ou moins brève échéance de Trésor et Keita. Que chacun - nous disons bien chacun - ait sut se rebiffer, ait tenu à tout prix à forcer un destin contraire situe l'événement. Et à ce titre, la rentrée de Roger Magnusson s'est révélée être un catalyseur attendu. Personne n'oubliera sans doute le poing levé vers le ciel du Suédois, ce geste de joie qui ponctuait sa merveilleuse réussite suite à son tir fulgurant du 3me but. Il s'agissait là d'un exploit personnel dont il a le secret et réalisé avec la maestria des footballeurs réception. Plus tôt, beaucoup plus tôt, Rolland Courbis avait lui aussi laissé éclater sa satisfaction. Pour son match d'adieu - d'au revoir espérons-le - notre jeune héros s'était promis de démontrer l'étendue de ses ressources, quitte à se faire regretter. Lorsqu'il jaillit, au milieu d'un paquet de joueurs, pour propulser de la tête la balle au fond des filets messins, sa réussite fut un modèle du genre. Quel dynamisme, quel engagement et ce qui ne gâche rien quel quel rmarquable sens du geste à faire. Les Ajacciens peuvent se frotter les mains. Avec Roland et son compère Buigues lui aussi très souvent à la pointe de l'action ils ont trouvé là deux éléments déterminants, et susceptible de les sortir d'une position jusqu'ici précaire. Et Skoblar ? En première mi-temps, nous avions craint que ce ne fut pas son jour. Deux ballons sur la barre, le destin avait-il à nouveau s'acharner sur notre buteur, lui rogner une nouvelle fois les ailes de la réussite. C'était mésestimer le bonhomme. Avec la complicité de Georges Franceschetti auteur d'un mouvement exemplaire, il allait enfin trouver l'ouverture en fin de partie pour alourdir ensuite un score sans équivoque. Il aurait été trop injuste que "Monsieur But" ne participe pas à la fiesta. En cette mi-octobre, c'est le printemps pour l'O.M. Un printemps qui annonce les beaux jours. Et si Nice conserve toujours ses cinq points d'avance l'O.M. n'a pas dit son dernier mot. Quelle passionnante poursuite... Gérard PUECH |
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Kurt Linder : "Ayant fait notre devoir nous avions le droit d'espérer" |
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Alors que les Lorrains franchissaient le tunnel, abasourdis, et se demandant encore ce qu'il venait de leur arriver, les Marseillais regagnaient leurs vestiaires sous les applaudissements du public, avec des sourires grands "comme ça". Pour une fois, les consignes furent rapidement levées, et les journalistes n'eurent pas à faire longtemps l'antichambre pour retrouver leurs amis olympiens. Le président Gallien était planté au milieu du vestiaire, les bras croisés, sans mot dire, couvant tout son petit monde du regard. "Un moment, nous dit-il, mi-sérieux, mi-plaisant, je savoure notre victoire ! Une victoire dont nous avons bien besoin pour beaucoup de raisons et qui me paraît largement méritée, notre euphorique premier quart d'heure venant compenser, sur le plan des chiffres notre manque de réussite du début. Enfin c'est une bien belle soirée !" X X X Kurt Linder, lui, procédait à une minutieuse analyse : "J'attendais la réhabilitation de notre équipe, car, avant le match, je sentais que nos hommes avaient vraiment envie de le gagner. Or, quand des joueurs comme ceux que j'ai la chance de diriger se trouvent dans cette disposition d'esprit, avec leur expérience, leur technique et leur intelligence, le résultat ne peut guère faire de doute. "Nous avons eu une fin de partie formidable, sous l'impulsion de Roger, remarquable. Si ce n'était pas injuste pour ses camarades, je serais presque tenté de dire que c'est à lui que nous devons l'éclatement de la défense adverse. Nous avons terminé très fort, mais auparavant c'était un suspense à la Hitchock avec ces tirs sur la barre, ces balles qui passaient devant le but sans vouloir y entrer. "Vous savez, entre une grande victoire et un résultat étriqué, il n'y a, au départ, parfois que quelques centimètres. - Au moment où tout allait mal, avez-vous vraiment désespéré de voir votre équipe pour redresser la situation ? - Vous savez, quand on a fait tout son devoir, quand on n'a rien à se reprocher, on a toujours le droit d'espérer. Chacun, dans son domaine, a fait son travail, et a continué de le faire dans l'adversité. Nous en sommes récompensés, car il y a une justice. À quoi attribuez-vous la série noire que vient de connaître l'O.M. ? C'est impossible à cerner exactement, mais, vous soyez, nous avons jusqu'alors joué 26 matches sans pouvoir aligner souvent notre équipe type, car nous avons eu beaucoup de blessés. Alors, certains éléments de base se seront fatigués de façon anormale et leur rendement, a un moment donné, s'en est trouvé nettement diminué. Et puis, quand ça se met à mal tourner dans une équipe une faute en appelle une autre, et cela donne des mauvais matches d'ensemble. |
- Le public, aujourd'hui, estime que l'O.M. à jouer de façon plus souple ? - Les consignes étaient exactement les mêmes que contre Sochaux, par exemple. Ce soir, ce sont les Messins certainement qui ont donné l'impression de mal jouer. Peut-être par ce que nous avons été bons nous-mêmes ? Tout est lié en football !... X X X Jules Zvunka, lui, n'en est plus, depuis qu'il doit affronter Metz et ses frères, à s'attacher à ce genre de problèmes. "Il nous fallait cette victoire pour des raisons morales. Car c'est surtout le moral qui travaillait chez nous ces derniers temps. Alors, tant pis pour le petit frère Victor. Il portait un maillot grenat et moins un maillot blanc. Il fallait qu'un de nous deux y passe. Ceci dit, je crois que cette belle victoire va nous remettre en selle. Et je suis surtout heureux pour notre président René Gallian et notre entraîneur Kurt Linder. Nous leur dédions ce succès !" Roger Magnusson, héros du match, était très entouré. "Tout a bien marché, aujourd'hui, et je ne parle pas seulement de moi. Quelle fin de match ! Personnellement, je me sentais très bien ce soir, après avoir beaucoup travaillé seul et avec les camarades. "Je suis heureux non pas d'avoir marqué un but, mais bien d'avoir dribblé et centré comme dans mes meilleurs jours. Je crois que pour nous maintenant c'est bien reparti. Mais Nice va être difficile à rejoindre, car c'est une bien belle équipe, qui l'a approuvé encore ce soir à Nîmes !" X X X Rolland Courbis avait dû céder sa place à Leclercq à dix minutes de la fin : "Ce n'est heureusement pas grave, un choc genou contre genou qui ne devrait pas m'empêcher de jouer dimanche avec Ajaccio. "Je suis très heureux de marquer un but, pour mon premier et dernier match en équipe première. Dire que j'aurais pu remarquer un autre ! Enfin, je quitte Marseille et l'O.M. en beauté !" C'était aussi l'avis de Robert Buigues, les deux jeunes joueurs s'envolant aujourd'hui pour la cité impériale. Louis DUPIC |
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Daniel Bourgeois : "Péché de jeunesse" |
Dans le camp messin, on prenait la défaite assez philosophiquement. Tandis que l'entraîneur René Vernier pressait ses hommes de se rhabiller en toute hâte afin de ne pas rater le train de retour, le capitaine Henri Bourgeois nous confiait : "C'est une défaite à mettre essentiellement sur le compte de la jeunesse de notre équipe. Songez que la moyenne d'âge dépasse à peine 23 ans. Alors, étant menés par un but d'écart seulement, nous avons tenté d'égaliser, nous nous sommes découverts et fatalement nous avons été submergés. Et puis, les attaquants marseillais, Skoblar et Magnusson, en particulier, ont été étincelant alors que de l'avis général, ils piétinaient depuis quelques semaines. On ne pouvait rien faire contre eux d'autant plus qu'ils ont eu pas mal de réussite. Car sans vouloir diminuer la victoire de l'O.M. - parfaitement méritée à mon sens - je crois que le score et tout de même un peu lourd pour nous. Mais enfin notre déception sera atténuée si cette large victoire remet l'O.M. sur les rails du succès. Pour nous ce n'est pas très grave... Encore que décidément la Méditerranée nous réussisse très mal !" C'était là le sentiment général, tandis que Nestor Combin lui, insistait sur le manque de réussite qui avait accompagné chacun de ses nombreux essais. "Mais ça n'aurait probablement rien changé", ajouté-t-il cependant. A.P. |
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L'O.M. réaliste écrase METZ : 5-0 |
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Le match du renouveau a suscité un intérêt indiscutable parmi les amateurs du ballon rond à Marseille, mais n'a pas provoqué un net regain d'enthousiasme. Aussi le choc a-t-il débuté devant 17.000 à 18.000 spectateurs. Les joueurs olympiens sont ovationnés à leur entrée sur la pelouse, et des supporters agitent des banderoles blanches et bleues sur les gradins. Les "blancs" seront encouragés chaudement, c'est le moins que l'on puisse prévoir. Sous la direction de M. Martin, les équipes s'alignent dans les formations annoncées, c'est-à-dire : O.M. : Carnus, Lopez, Bosquier, Zvunka, Bracci, Courbis, Buigues, Magnusson, Gress, Franceschetti, Skoblar. METZ : Barth, Baulier, V. Zvunka, Jeitz, Pérignon, Bourgeois, Pauvert, Fandino, Combin, Hausknecht, Tota. À la première minute, sur un corner de Magnusson, Franceschetti expédie un heading au-dessus la transversale. À la 5me minute, Courbis donne le cuir à Skoblar, la même scène recommence, c'est encore une tête au-dessus de la barre qui ne peut inquiéter l'acrobatique Barth. À la 7me minute, Magnusson bénéfice d'un "contre" devant Pérignon, fonce tout seul, expédie un tir croisé qui rate la cage. À la 9me minute, Magnusson exécute une percée remarquable, envoie la sphère à Skoblar, qui réussit un magnifique loupé ! Buigues, bien placé, décoche un nouveau heading fulgurant que Barth arrête avec aisance (11e minute). Après un quart d'heure de jeu, Skoblar envoie un gentil coup franc au gardien messin. Les "Blancs" dominent, mais la manière, pour le moment, demeure laborieuse. À la 10me minute, Courbis s'élance pour reprendre une balle de la tête, qui lui échappe de peu. À la 18me minute, Magnusson oblige Barth à dégager du poing en catastrophe. Les Lorrains ont eu chaud, puis Hausknecht réussit un tir surprise que Carnus a du mal à dévier en corner (20me minute). Combin se déchaîne (23me). Il prend de vitesse la défense phocéenne, mais son shot est mal dirigé et se perd dans les nuages. À la 24me minute, sur une phase confuse, un coup franc est donné par Skoblar, repris par Magnusson, Courbis s'élance, reprend de la tête et ouvre le score. O.M., 1 - Metz, 0 Ce but concrétise une longue domination qui était demeurée jusque-là improductive. Skoblar descend avec beaucoup de détermination, shote dans sa foulée, mais Barth s'accroupit pour stopper la balle à la 27me minute. Magnusson est très en verve et obtient un corner (29me). Bracci oblige Barth à plonger (30me). Quelques secondes plus tard le keeper lorrain devait encaisser un deuxième but par Skoblar, mais la transversale renvoie le but. |
Les Messins apparaissent décontenancer et réagissent mal. Buigues s'écroule (37me), à la suite d'un choc avec Pérignon ; il souffre et va se faire soigner sur la touche ; ce n'est pas grave, et il reprend vite sa place. Une nouvelle tête de Courbis (40me) oblige Baulier à renvoyer de la tête également. À la mi-temps, Muller remplace Pérignon dans le "onze" lorrain. À la 50me minute, Barth est terriblement en danger, le but chauffe, mais Gress se montre malchanceux et la balle finit par sortir. "Allez l'O.M. !" encourage le public. Les Olympiens font le forcing (54me). Au milieu d'un paquet de joueurs, Buigues tire en force, en dehors de l'encadrement des bois. Barth est encore en difficulté (60me), mais un corner botté par Magnusson n'est pas suivi d'effet. Fandino riposte avec force à la 62me minute, mais Carnus détourne sur le montant droit. La partie est toujours acharnée, sans être d'un niveau extrêmement élevé. Bosquier montre le bout de l'oreille en expédiant un bolide de 30 mètres que Barth a du mal à repousser (68me). Combin donne des sueurs froides aux supporters olympiens en bottant de près sur Carnus (70me). À la 71me minute, Skoblar par marque un deuxième but refusé pour hors jeu. Le public siffle l'arbitre, M. Martin. À la 74me minute, sur passe de Magnusson, Skoblar, comme un bulldozer, fonce, Barth lui plonge dans les pieds, mais la balle fuse dans les bois. O.M., 2 - Metz, 0. À la 77me minute, Courbis, qui boîte, sort du terrain et il est remplacé par Leclercq. Le public applaudit à juste titre. Un coup franc de Bosquier est bien arrêté par Barth (80me). À la 82me minute, Magnusson réalisa un véritable exploit ; il s'échappe le long de la touche, shote dans sa foulée et réussit le 3me but olympien. O.M., 3 - Metz, 0. À la 85me minute, Gress adresse un centre en hauteur sur la tête de Franceschetti qui trompe à son tour Barth. O.M., 4 - Metz, 0. L'O.M. est déchaîné, Skoblar part comme une fusée, il est irrésistible et il score ! O.M., 5 - Metz, 0. Alain DELCROIX |
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