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Résumé Le Provencal

du 08 avril 1973

 L'O.M. dans la foulée de Nantes

La contestation d'Ajaccio

n'a duré qu'une mi-temps

Avant de lire ce que l'on avait écrit de l'O.M., mercredi dernier, les Ajacciens attaquèrent le match bille en tête.

Buigues partout, Albaladejo, Leroy, Courbis... et compagnie très entreprenants et ne doutant de rien.

Bref, à la 28e minute, Lestringuez n'avait encore pas vu pratiquement le ballon.

Inversement, sans que Carnus était vraiment mis en grand danger, l'attaque corse s'était montrée plus dangereuse que sa rivale.

C'est alors que se produisit ce que nous appellerons le corner fatal.

Le ballon voltigeant au niveau de la ligne de but de l'O.M., Buigues et Kula sautèrent, l'un pour marquer, l'autre pour dégager.

Ce furent les deux crânes qui se heurtèrent violemment. À qui la faute ? Option pour l'accident.

Quoi qu'il en soit Kula du regagné prématurément le vestiaire, alors que Buigues pouvait reprendre le jeu.

Avouons le, on avait eu peur.

Messieurs les footballeurs "pros" même dans la noble ardeur du jeu, il faut se souvenir que l'adversaire d'un soir et aussi un camarade.

 PASSIONNANTE

PREMIÈRE MI-TEMPS !

Donc, grâce à l'esprit compétitif de l'A.C. Ajaccio, nous avions assisté à une première mi-temps extrêmement animée et passionnante.

Ce qui, compte tenu de la différence de classe - et de places - entre les deux équipes était déjà une chose appréciable.

Une fois de plus les Ajacciens nous avaient administré la preuve que la vitesse, celle d'intervention principalement, était la reine du jeu.

Cependant, malgré le zéro à zéro inscrit au tableau d'affichage à la mi-temps, la victoire de l'O.M. paraissait alors quasiment inévitable.

Il ne semblait pas que les Corses fussent capables de maintenir, pendant 45 minutes encore, le rythme extrêmement élevé qu'ils avaient imprimé au début de partie.

D'ailleurs, dès le dernier quart d'heure de la première mi-temps, on avait vu l'O.M. refaire surface et menacer, enfin, Lestringuez.

Ce sont des choses qui trompent rarement.

 L'O.M. REDÉMARRE

EN 2me MI-TEMPS

Il ne fallut pas attendre un an, pour être fixé.

Dès la deuxième minute de la reprise, Skoblar reprenant au premier poteau un centre de Gress, d'un coup de tête fulgurant, réduisait à néant les folles espérances Corse.

Pour nous, la partie était terminée, dès ce moment.

Pour avoir une chance de causer une énorme surprise, il eut fallu que les Corses aient pu marquer en première mi-temps.

Devant une équipe comptant dans ses rangs deux joueurs aussi prompt que Skoblar et Keita à saisir la moindre occasion, même par les cheveux, il est fort difficile, sinon impossible, de conserver sa cage vierge, pendant 90 minutes.

D'autant que le moteur (Buigues, Albaladejo, Leroy...) était grippé, pour avoir forcé la cadence.

Redevenu le maître du ballon et du jeu, l'O.M. se mit à bénéficier de larges espaces libres, dans lesquels Gress Leclercq, Bonnel... et même Trésor et Bosquier purent s'engouffrer assez facilement.

Le sens du jeu avait complètement tourné, la vitesse d'improvisation, le "punch"... étaient olympiens.

Deux autres buts (Keita et Skoblar) vinrent saler l'addition.

Rien ne de plus normal, sur la physionomie de cette deuxième mi-temps.

 LA VAILLANCE

AJACCIENNE

Dans son déroulement très spectaculaire, ce match nous rappela certains 5.000 mètres.

Deux ou trois coureurs partent sur des bases d'un record du monde, mais dès la mi-épreuve on s'aperçut qu'ils ne tiendront pas la distance et que la victoire de l'un de ceux qui suivent à peu de distance est inéluctable.

Toutefois l'on ne félicitera jamais assez les Ajacciens d'avoir corsé le spectacle. Nous ne l'avons pas fait exprès.

Même si le public, supporter de l'O.M., a pu leur reprocher leur engagement, ils se sont comportés en vrai sportif.

Essayer de secouer le cocotier et le rôle, en sport des mal classés.

L'important, sur le terrain de football est de tenter le plus difficile, même si la réussite n'est pas au bout de l'effort.

 DU BEAU SPECTACLE

Par suite, le spectacle se décomposa en plusieurs épisodes.

45 minute d'un grand combat. Les petits ayant l'immense mérite de muscler les grands.

De faire douter le public.

Deux minutes à peine, pour le k.o. administré par Skoblar à Ajaccio. Ce but, aussi, la libération des supporters olympiens.

Enfin, pendant le reste du temps, l'O.M. ayant retrouvé sa hauteur, offrit à son fidèle public une belle démonstration de football collectif et efficace.

Tous y passa des transversales de Leclercq, aux fioritures de Keita.

Et, pour que la joie fut complète, le speaker de service vint nous apprendre, que les principaux rivaux de l'O.M. s'étaient trouvés en panne plus ou moins sèche.

Joli mois d'avril !

Maurice FABREGUETTES

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Le président Gallian : "Maintenant, j'y crois"

Les Marseillais ne faisaient pas la fine bouche sur leur victoire, c'est le moins qu'on puisse dire et le fait qu'elle ait été acquise sur la "lanterne rouge" du championnat ne change rien au problème.

Qu'elle ait été longue à se dessiner lui donne même une saveur supplémentaire.

Enfin, les résultats de la soirée étaient là pour baigner les vestiaires marseillais dans une douce euphorie.

Le président Gallian, qui souffre toujours terriblement de rhumatismes articulaires, ce qui ne l'empêche pas d'accompagner son équipe et d'assister à tous les matches, devait nous dire :

"Maintenant j'y crois ! Nice et Nîmes battus, Nantes tenu en échec à domicile, voilà qui représente vraiment pour nous une grande soirée. D'ailleurs, il n'y a pas que ces résultats pour me redonner un optimisme complet, mais la tenue elle-même de notre équipe. Celle-ci, en effet, à jouer non seulement avec une grande détermination, mais elle a également manoeuvré exactement comme il le fallait face à un adversaire ajaccien qui ne nous a pas fait de cadeau et nous a résisté une mi-temps. Mais, enfin, je pense que le résultat est justifié. Quant à la manière, je le répète, elle est propre à me rendre optimisme pour la suite des événements".

Interrogé sur le comportement de certains joueurs, le président a ajouté :

"J'ai pu apprécier la bonne entrée en compétition du jeune marc Ropero, qui a joué avec beaucoup d'audace. Ses débuts sont extrêmement prometteurs. Il faudra désormais compter avec lui".

On lui posait également une question concernant le comportement de Robert Buigues, qui avait heurté violemment Édouard Kula, au point de lui occasionner une profonde entaille au cuir chevelu. On demandait donc au président de l'O.M. si le comportement disons un peu trop énergique de son ancien joueur pouvait modifier ses plans quant à l'avenir. On sait en effet que Robert Buigues pourrait fort bien revenir à l'O.M. la saison prochaine. René Gallian nous a répondu :

"J'estime que cela n'a absolument rien à voir. Que Buigues ait blessé Kula dans le feu de l'action, c'est regrettable, mais, enfin, cela ne saurait interrompre le cas échéant une opération qui consisterait à le faire revenir à Marseille".

Dans le fond, le président de l'O.M. préfère avoir Buigues dans son équipe que dans l'équipe adverse. C'est ainsi le point de vue de Joseph Bonnel, qui avait été l'adversaire direct de son ancien coéquipier pendant cette rencontre.

Il reste de l'équipe marseillaise se baignait évidemment dans une douceur euphorique.

Le carton des résultats en main, la plupart des joueurs faisaient leur compte. Keita, que l'on félicitait de toutes parts car il venait une fois de plus donner une preuve de sa valeur, se contenter de dire :

"Tous ce qui content ce sont les deux points de la victoire. Maintenant je pense que nous pouvons commencer la véritable course-poursuite".

Josip Skoblar, l'un des héros de la soirée, prenait, comme il en a l'habitude un air modeste.

"Ce qui importe, ce n'est pas tellement ce que j'ai marqué deux buts, mais bien le résultat. Ce résultat que nous rapprochons avec plaisir de ceux obtenus par nos grands concurrents dans la course au titre. Dernièrement, je vous le disais, le tout n'est pas de démarrer bien très vite, mais bien de terminé le championnat au sprint".

Josip ne voulait même pas savoir qu'il venait de prendre une avance décisive au classement des buteurs.

Gilbert Gress avait été incontestablement l'un des meilleurs joueurs du match.

Pour ceux qui ne connaissaient pas les vestiaires de l'O.M. disons qu'il ne compte de placards dressés contre les murs devant lesquels sont installés des bancs. Hier soir, le banc qu'occupe habituellement Gilbert Gress et qui est souvent très encombré, été vide. Curieusement c'était à cela que pensait le brillant joueur alsacien.

Il nous disait : "C'est curieux de voir ce banc inoccupé. Tous ceux qui l'ont partagé avec moi ont disparu". Il s'agissait, en effet, de Magnusson, de Novi, de le Boedec et de Di Caro. Et Gilbert continuait :

"Cette fois, décidément, je crois que c'est vraiment bien parti. Il est dommage que le mauvais résultat obtenu à Metz à l'issue d'une rencontre indigne de notre valeur, nous reste véritablement en travers la gorge ! Songez, en effet, qu'avec un simple petit match nul à Saint-Symphorien nous étions vraiment dans le sillage de Nantes".

Louis DUPIC

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La deuxième mi-temps

fatale à l'A.C.A.

Une fois de plus, les supporters marseillais étaient hier soir au rendez-vous du Stade-Vélodrome.

Ils étaient venus certes pour voir jouer l'O.M., mais aussi pour revoir ceux de ces Ajacciens qui ont porté le maillot blanc et laissé un bon souvenir au boulevard Michelet.

Avec Franceschetti, en lever de rideau, puis Trésor sous les couleurs de l'O.M., on ne savait plus qui était Corse et qui était Marseillais...

En sentit bien vite que ce ne serait pas une promenade pour les champions de France.

Buigues se démêlait et, dès la 7ème minute, il obligeait Carnus à s'employer.

Le jeu était particulièrement animé et, a une belle combinaison entre Keita et Bosquier, M'Pelé répliquait par un tir que Carnus repoussait en touche.

À la 15ème minute, Bosquier servait Keita dans le trou et Lestringuez sortait opportunément.

Sur passe de Bosquier, Skoblar avait une magnifique occasion à la 29ème minute, réduit à néant par une sortie audacieuse de Lestringuez. Puis le gardien ajaccien sortait du poing un corner de Leclercq.

Mais Kula concédait lui aussi un corner devant Leroy et sur l'action qui suivait, Buigues et Kula se heurtaient violemment.

Le joueur marseillais, qui venait de sauver son but, laissait sa place à Ropero (33me minute).

Un tir du gauche de Leclercq frôlait le montant (35me minute).

Les Marseillais se déchaînaient alors et successivement Bonnel, sur un centre de Gress, Keita, au milieu d'un paquet d'adversaires et surtout Skoblar, sur centre de Leclercq, étaient bien près de conclure.

Mais la mi-temps survenait sans que Lestringuez, très sollicitée, ait commis la moindre erreur.

SKOBLAR LIBÈRE L'O.M.

Il n'y avait pas deux minutes que le jeu avait repris, lorsque un centre de Gress trouvait Skoblar dont le tir, de la tête, aller au fond.

Ce but sans est décisif, donnait confiance aux Olympiens qui devaient pourtant concéder deux corners.

KEITA AGGRAVE

Gress repartait au centre et servait en profondeur Keita qui inscrivait le second but, follement applaudi. Lestringuez était sorti à sa rencontre.

Les insulaires ne s'avouaient pas battus et disputaient avec ardeur toutes les balles.

Gress était stoppé in extremis (60ème minute). Le match conservait une très grande intensité.

SKOBLAR,

COMME À LA PARADE !

Trésor, monté sur la gauche, créait une situation dangereuse et, tout de suite après, Keita donnait à Skoblar, dans le trou, l'occasion d'un troisième but qui, lui, était décisif ; et il était marqué par une grande classe du Yougoslave (65ème minute).

Nous n'étonnerons personne en disant que, dès lors, l'espoir avait choisi son camp. Leclercq tentait sa chance de loin par deux fois sans succès (72ème et 74ème minutes) et Carnus dégageait du poing devant M'Pelé (75ème minute).

Les Ajacciens ne baissaient pas les bras et continuaient à poser des problèmes à la défense marseillaise.

À la 85ème minute, M'pelé plaçait au-dessus l'une de leurs meilleures occasions de but. Puis Leclercq échappait sur la gauche, servait Gress au centre. Lestringuez stoppait bien. C'était la dernière action notable d'un match qui a vu l'Olympique de Marseille confirmer son réveil.

Roger DEFLAUX

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Edouard Kula :

points de suture

Après un bref séjour en clinique au cours duquel il dut recevoir quelques points de suture, Édouard Kula a pu regagner le Stade Vélodrome, puis son domicile. Il souffre d'une profonde entaille au front provoquée par un choc tête contre tête avec Buigues et qui lui vaudra sans doute quelques jours de repos. Il nous a dit :

"Je ne regrette rien, car si je n'avais pas mis la tête, Buigues, qui s'était lancé très fort, aurait égalisé !..."

Nos voeux de prompte guérison à cette "victime du devoir".

 

 

 

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