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Résumé Le Provencal

du 22 avril 1973

 Salif KEITA a sauvé l'O.M.

Après une bonne première mi-temps

l'équipe olympienne s'est effondrée

Après l'orage lyonnais, la brise angevine.

Un match entre gentleman du football, fort justement disputé, sur un rythme assez peu enlevé.

Il ne faut cependant rien exagérer. Ce que l'on appelle le "faux train" angevin a déjà fait bien des victimes. C'est ainsi que l'O.M., après avoir marqué deux buts vite, vite, aux environs de la 20me minute, se laissa bercer par le ronron de son adversaire, ce qui lui aurait pu être dangereux si les Berdoll, Gaidoz et autre Antic avaient eu la foudre au bout de leurs pieds. Il est vrai qu'en matière de foudre le public n'avait pas été gâté.

Au cours de la première mi-temps, il y eut que deux tirs dans l'encadrement qui firent deux buts pour l'O.M. Une monnaie de 100 % à rendre jaloux les rois du tir du noble sport debout des boules.

SALIF, LE RÊVE PASSE...

Deux erreurs de la défense angevine furent à l'origine de ces deux buts olympiens. Bourdel, à la lutte avec Bonnel dans la surface de réparation, commit l'erreur de ceinturer son adversaire en cours de chute : penalty indiscutable. Mais, autre part, Magnusson, l'homme aux nerfs d'acier suédois, ne laissa aucune chance à Gallina.

Là-dessus, les Angevins oublièrent que Keita doit être surveillé comme le lait sur le feu. Laissé en liberté un peu plus que provisoire, Salif passa en revue trois défenseurs angevins et, au terme de l'une de ses foulées de coureur de 400 mètres, trompa Gallina avec cette insolente facilité qui fait surtout son charme.

Deux buts en une minute, alors que les deux gardiens n'avaient pas encore touché le ballon, voilà qui consolait largement l'O.M. de ses déboires lyonnais.

EN 2me MI-TEMPS

LA GRANDE PEUR.

On en était là, au moment de la mi-temps, et la cause paraissait entendue. Les plus optimistes de nos voisins envisageaient même une avalanche olympienne de buts, capable de mieux asseoir la position de l'équipe en tête du classement.

On put croire que les optimistes allaient avoir raison quand Keita, repassant la défense angevine en revue, tel un général, porta le score à 3-0 c'est alors que, brusquement comme au Théâtre de Châtelet, il y eut un changement total de décor. Est-ce l'O.M. qui perdit les pédales, où Angers qui passa le gros braquet ? Les deux sans doute. Mais les faits, eux, sont assez peu discutables. Une seule équipe sur le terrain, l'angevine, deux buts et, en fin de match, la grande inquiétude pour le public.

Qu'Angers n'ait pas réussi à égaliser est pur miracle, les extraordinaires réflexes de Carnus faisant le reste.

MAGNUSSON :

UN BON DÉBUT DE MATCH

En toute logique, ce n'est pas un seul commentaire de ce match qu'il faudrait faire, mais deux.

En première mi-temps, à une allure, il est vrai, de sénateur, l'O.M. produisit une impression favorable. On put croire que l'équipe, malgré l'absence de Skoblar, avait retrouvé l'essentiel de sa valeur.

Magnusson, dont la rentrée avait enchanté le public, s'était signalé par quelques dribbles et centres de la meilleure veine. La défense paraissait avoir retrouvé le sens de la relance du jeu perdu à Lyon, et le milieu du terrain animé par Bonnel et Novi, donnait à l'équipe une certaine assise.

Quant à Keita, le seul fait que les Angevins ne lui aient pas réservé un traitement spécial de choix et de choc, permettait d'envisager la suite de la rencontre avec le plus grand optimisme.

Heureusement, d'ailleurs, qu'il était là, Salif, car, sans ces deux buts strictement individuels - véritables buts-exploit - on peut se demander ce qui se serait passé ?

Car, en relisant nos notes prises en cours de match, nous nous apercevons que les occasions de buts de l'O.M., consécutives à une offensive collective, se comptent sur les doigts d'une seule main.

LE CÔTÉ PILE DE L'O.M.

La deuxième mi-temps devait nous montrer le côté pile de l'O.M. : Magnusson et Keita esseulés à la pointe du match, un milieu de terrain faisant eau de toute part, et une défense tout juste capable de repousser le danger en catastrophe.

L'O.M. des mauvais jours, l'O.M. d'Ajaccio, de Valenciennes, de Lyon, etc... Voilà le spectacle assez pénible offert aux supporters du club.

Il est temps que cette période de match à répétition s'arrête, au moins pour huit jours, car équipe est à bout de souffle. On s'aperçut une fois encore, que le véritable ennemi de l'O.M. est le rythme.

Angers s'en est sans doute aperçu trop tard. En élevant le débat, ses joueurs ont mis le doigt, une nouvelle fois sur la plus grande insuffisance de l'équipe olympienne actuelle : son incapacité à jouer de manière précise au-dessus d'une certaine vitesse.

UNE OSSATURE À REVOIR.

La saison prochaine, si l'O.M. doit discuter à nouveau la Coupe d'Europe, ses dirigeants auront le devoir de renouveler une partie de leur effectif.

Dans le football moderne international, il n'y a plus place pour les footballeurs n'ayant pas la possibilité de bien jouer, tout en s'engageant complètement.

Après deux ou trois grandes vedettes qui, dans notre championnat de France, peuvent assurer le résultat, n'est plus suffisant dans les Coupes d'Europe.

L'ossature de l'équipe est à revoir - quelques perles ne font pas une couronne - au moins pour espérer faire figure honorable à côté des rois du football européen.

Maurice FABREGUETTES

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MAGNUSSON :" Ah, si je pouvais

jouer avec SKOBLAR et KEITA... !

Nous vous laissons imaginer le sentiment des Olympiens à leur retour aux vestiaires. Après avoir entrevu une facile victoire, ils avaient été à deux doigts de concéder l'égalisation devant Angers.

Tant et si bien qu'ils avaient encore les nerfs à fleur de peau à leur sortie du terrain. Le premier que nous avons trouvé était Jules Zvunka, qui paraissait passablement déçu dans son coin. Nous lui avons demandé s'il souffrait d'une quelconque blessure pour avoir dû céder sa place à Gilbert Gress :

Pas du tout, nous dit le capitaine : c'est tout simplement mon entraîneur qui l'avait décidé ainsi. J'avoue ne pas avoir très bien compris cette tactique, car en fin de compte elle a failli nous coûter cher. Je ne pense pas d'autre part, avoir davantage démérité qu'un autre. Enfin, les camarades ont réussi à conserver leur victoire. Nous en n'aurons bien besoin.

MARIO ZATELLI :

C'ÉTAIT PRÉVU.

Pour avoir une quelconque explication, nous sommes allés trouver Mario Zatelli, pour lui demander précisément pourquoi il s'était séparé de son capitaine à la mi-temps :

Pour la bonne raison, nous a répondu Mario, que j'avais décidé à l'avance que Gilbert entrerait après la première période. Je m'étais réservé le choix pour savoir quels joueurs seraient remplacés. En fin de compte j'ai désigné Zvunka, peut-être parce qu'il avait un peu plus besoin de repos que les autres.

- Ne pensez-vous pas que ce changement de joueurs à quelque peu désorienté votre équipe ?

Non ce n'est pas mon avis. J'ai remplacé Zvunka par Novi. Et tout le monde sait que Jacky était encore le stoppeur de l'équipe de France, il n'y a pas si longtemps. De toutes façons, voyez-vous, si l'O.M. décidé de conserver Novi pour la saison prochaine, c'est bien dans l'intention d'en faire un stoppeur. Alors, je ne vois pas pourquoi on me reprocherait d'avoir fait cette modification. Que dire maintenant sur le match lui-même ? Et bien, après avoir mené largement au score, nos joueurs ont ressenti la fatigue, et je pense que c'était tout à fait normal. N'oublions pas qu'ils avaient encore le match de Lyon dans les jambes, et puis, cette succession de rencontres, depuis quelque temps, n'est pas faite pour arranger les organismes. J'espère désormais que cette semaine de répit sera salutaire, car le championnat n'est pas encore terminé.

M. GALLIAN :

OUF, UN PEU DE REPOS !

Nous avons interrogé ensuite le président Gallian pour savoir s'il était satisfait, soulagé ou déçu :

Déçu ? Pas du tout, nous a répondu le président. Je suis au contraire très satisfait de cette victoire. Je pense moi aussi, comme Mario Zatelli, que notre équipe accusait la fatigue des précédentes rencontres. Dans ces conditions, il faut se satisfaire de l'avoir emporté, même par un score étroit. N'oublions pas qu'Angers était un très valable adversaire ; il a su nous tout le montrait en deuxième mi-temps. Maintenant, nous n'aurons plus de match jusqu'à samedi prochain. J'espère que tous nos joueurs en profiteront pour recharger leurs accus. À mon avis, on n'insiste pas assez sur le rythme infernal imposé cette saison aux équipes françaises. Dix huit clubs dans la division nationale, ce serait, le je pense, amplement suffisant. Je souhaite aussi que nos Olympiens sachent faire le nécessaire pour conserver leur titre de champion de France. Cela nous permettrait de préparer la saison prochaine avec tout le sérieux désirable.

- A ce sujet, quelles sont vos intentions de recrutement ?

L'O.M. ne fera pas des folies sur le plan des dépenses, mais nous avons l'intention d'acquérir un milieu de terrain et un ailier de valeur. Pour le moment, je ne peux pas encore vous dévoiler les deux noms.

MAGNUSSON :

CONTENT

DE SA RENTRÉE.

Nous nous devions ensuite de prendre l'avis de Roger Magnusson qui, les spectateurs ont pu s'en apercevoir, n'avait pas raté sa rentrée marseillaise.

"Oui, nous confia le Suédois avec un petit sourire en coin. Je ne suis pas mécontent de moi ce soir, d'autant qu'avant la rencontre j'étais un peu inquiet sur ma condition. Ma foi, tout a bien marché. À peine ai-je ressenti la fatigue dans les vingt dernières minutes. Mais je dois le dire, les encouragements des spectateurs m'ont réellement touché. Dommage que nous ne puissions jouer ensemble avec Josip et Salif. Le public marseillais en aurait alors pour son argent, comme vous dites. Je crois qu'à tous les trois nous serions irrésistibles. Keita, vous avait pu le voir ce soir, a démontré qu'il était un grand joueur. Ah, si la loi sur ls étrangers pouvait être modifiée la saison prochaine ! Il paraît que nous avons une petite chance".

Un peu plus tard, nous avons rapporté ses paroles à l'attaquant malien :

"Moi aussi, évidemment, je souhaiterais que nous puissions jouer tous les trois, nous avoué Salif. Qui sait, ce serait peut-être pour la saison prochaine. En attendant, si je suis satisfait d'avoir marquer deux buts, le principal, à mon avis, ce sont bien les deux points de la victoire, car, ne vous y trompez pas, la fin de la compétition sera difficile. Le titre, désormais, va se jouer entre l'O.M., Nice et Nantes. Souhaitons d'arriver les premiers. Il nous reste malgré tout deux déplacements difficiles. Pas plus tard que samedi prochain, à Saint-Étienne. Mais, pour l'instant, je crois qu'il faut souffler un peu. Notre équipe est décidément fatiguée. Alors, si vous le voulez bien, nous parlerons de mes anciennes couleurs un peu plus tard".

Laissons donc l'O.M. retrouver quelque peu ses esprits, et à reprendre son souffle.

Jean FERRARA

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NAGY : "Nous n'avons pas

été récompensés de nos efforts"

Dans les vestiaires angevins, la déception se lisait sur tous les visages, et l'entraineur Nagy nous a déclaré :

"Nous n'avons pas été récompensés de nos efforts. L'arbitre a accordé généreusement un penalty à Marseille, alors qu'il nous en a refusé un qui était tout aussi valable.

Gaidoz nous a dit : "Les Marseillais ont rouspété contre l'arbitre après leur match de Lyon. Vous le constatez aujourd'hui, cela leur a servi !"

Brûlez remarquait : "Malgré le score de ce soir, nous pouvons dire que nous venons d'accomplir une bonne série".

Quant à Edwige, il expliquait son incident avec l'arbitre : "A la fin de la rencontre, je lui ai donné le ballon, mais je ne le lui ai pas lancé fort. Je n'ai pas voulu lui faire de mal ! Quoi qu'il en soit, quand on joue chez l'adversaire, nous parlons toujours avec un but de handicap".

Et Lecoeur s'exclamait : "Nous aurions mérité de faire match nul. C'est vraiment stupide que nous n'y soyons pas parvenus !"

A.D.

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Deux buts de rêve de Salif

devant un bon Angers (3-2)

La venue d'Angers au stade vélodrome après le désastre de Gerland, n'a pas attiré la grande foule ainsi qu'on pouvait s'y attendre ; et puis beaucoup de Marseillais ont pris la route ou le train pour les fêtes pascales et ont déserté la cité phocéenne.

Enfin, la température, pas très printanière, n'est pas faite pour inciter aux sorties nocturnes, et pourtant, ce match O.M. - Angers représente pour les Marseillais un tournant décisif pour la saison 1972 - 1973. En effet, un succès conserve leurs chances intactes, un échec, par contre, fait envoler leurs espoirs.

Quand les Marseillais pénètrent sur le terrain, ils sont applaudis par les 10.000 spectateurs et aucune coup de sifflet ne retentit à leur égard.

Dès les premières secondes du match, M. Martin siffle un coup franc contre les Marseillais alors qu'aucune faute grave n'a été commise. On entend des murmures de réprobation sur les gradins. Ensuite, Novi donne une longue balle à Magnusson qui centre sur Franceschetti. Ce dernier fait une tête qui passe à côté de la cage (5me minute).

À la 8me minute, Kula pressé par trois adversaires alors que Gallina est sorti imprudemment de sa cage, envoie la balle très au-dessus de la transversale.

Ensuite, Magnusson ayant un geste de mauvaise humeur, est appelé par l'arbitre, M. Martin, qui désire le sermonner. Le public proteste, estimant que cet acte d'autorité est démesuré par rapport à la faute reprochée au joueur suédois.

Franceschetti envoie une balle sur Gallina ; elle est facile à arrêter.

Le match paraît très amical ; on ne croirait pas que Nice a gagné hier soir. Mais brusquement, la rencontre s'anime et à la 22me minute Bourdel fauche Bonnel dans la surface de réparation.

L'arbitre, M. Martin siffle le penalty ; celui-ci est tiré par Magnusson qui ouvre le score : O.M. : 1 - Angers : 0

Deux minutes plus tard, sur une longue ouverture de Novi, Keita déborde la défense angevine, se débarrasse de trois adversaires, tire dans sa foulée d'une quinzaine de mètres et réussit le second but marseillais dans la cage vide, Gallina étant à ses devants.

O.M. : 2 - Angers : 0.

À la 26me minute de jeu, Lecoeur donne le frisson aux supporters marseillais en expédiant de 25 mètres, un bolide qui frise l'arête gauche de la cage de Carnus.

L'O.M. paraît satisfait de son avance et Angers veut tenter d'attaquer, mais le fait d'une façon confuse.

Magnusson déséquilibre deux, trois, quatre, cinq adversaires et le public trépigne de joie. C'est ensuite un coup franc donné par Guillou, mais Antic surgit comme un diable et manque de peu de la tête un but pour le onze de Nagy.

Keita accomplit une magnifique percée. Malheureusement, celle-ci est très mal terminée par le Malien qui rate son shoot.

Puis Gallina sauve "in extremis" devant le même joueur (40me minute).

Le gardien angevin est encore obligé de dégager au poing devant Magnusson, et la mi-temps et siffler sur le score de 2 à 0..

À la reprise, Gress rentre à la place Zvunka, Novi recule dun cran et devient stoppeur. Trésor reste libero et Gress joue au milieu du terrain.

Keita échappe aux défenseurs angevins et rate le troisième but marseillais (46me minute) ; mais ce n'est que partie remise.

Une tête de Bonnel surprend Gallina qui a de la chance (49e). Puis Carnus concède un corner sur un essai de Bourdel ; le gardien marseillais intervient magistralement lors de cette phase de jeu.

Keita contre-attaque et sur une combinaison entre Gress et Leclercq, il prend tous les défenseurs angevins de vitesse, et score dans la cage vide : Marseille : 3 - Angers : 0.

Trésor est devenu capitaine. Keita se déchaîne encore, mais brusquement Angers réagit : Gaidoz effectue un excellent travail, donne la balle à Berdoll, qui la transmet à Antic et celui-ci marque un but de la tête.

Marseille : 3 - Angers : 1.

Il y a 54 minutes que l'on joue.

Keita expédie un bolide sur la transversale. Gallina l'a l'échappé belle !

Puis Bourdel décoche un shoot qui oblige Carnus à plonger. L'Olympique a baissé de cadence et Angers en profite en se disant qu'avec un peu de chance il peut diminuer son handicap et peut-être même le combler.

Angers obtient un corner, puis Edwige envoie la balle dans les nuages.

Le match devient languissant, mais à la 62me minute, ce que l'on redoutait se produisit : sur un coup franc Berdoll reprend la balle et marque de près.

O.M. : 3 - Angers : 2.

Cet avertissement va-t-il être salutaire aux Marseillais qui semblent plongé dans une torpeur dangereuse ? On se le demande avec inquiétude.

Angers obtient corner bien arrêter par Carnus. Lecoeur tente sa chance de 30 mètres (86me minute).

Edwige manque l'égalisation et Carnus renvoie son bolide (87me minute).

On note encore une tête de Kula et c'est la fin.

L'O.M. bat Angers par 3 buts à 2.

Alain DELCROIX

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