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Résumé Le Provencal

du 03 mai 1973

 O.M. DESARROI ET IMPUISSANCE

BORDEAUX a travaillé

pour NANTES (1-1)

Un seul mot résume ce match : impuissance.

À la mi-temps, quand les deux équipes regagnent les vestiaires ce fut la bronca ! À l'intention des Olympiens, vous l'avez deviné.

1 à 1 et le spectacle déprimant pour ses supporters d'une équipe s'étant laissé imposer le jeu par adversaire aussi décontracté que gentil.

Pourtant, le match avait débuté en fanfare pour l'O.M. : un but époustouflant de Trésor, dont on vous parle par ailleurs.

Nous venions de découvrir enfin la partie jusqu'alors soigneusement cachée de notre Trésor. Il est certain que les étonnants moyens athlétiques de Trésor peuvent aussi rendre d'éminents services dans le domaine de la contre-attaque.

LA MI-TEMPS

DES ALL BLACKS

Cette première mi-temps avait été celle des All Blacks.

Un but de Trésor, un but de Tokoto, un tir sur le poteau de Trésor, un autre de Tokoto.

Ce dernier appartenant toujours à l'O.M., tenait à démontrer qu'il avait été mal jugé dans son club.

Démonstration parfaitement réussie. Jouant comme un joker, c'est-à-dire sans place fixe, il affola complètement la défense de l'O.M., tant et si bien que Kula, le plus souvent débordé, il fallut confier Tokoto à la garde de Trésor. Mais ces spectaculaires péripéties ne sont rien à côté de ce qui fut l'essentiel : l'impuissance quasiment totale des Olympiens à construire un semblant de jeu.

Ce qui, en effet, frappait le plus à Saint-Étienne s'est confirmé pleinement : un certain O.M. est mort ou plutôt moribond, l'O.M. futur n'apparaît pas encore.

DEUXIÈME MI-TEMPS :

IMPUISSANCE CONFIRMÉE

La deuxième mi-temps ne fit qu'accroître le désarroi du dernier carré des supporters fidèles de l'O.M.

C'était cela leur équipe deux fois championne et titulaire du dernier doublé ? Un ensemble lourd, sans imagination et sans finesse technique. Des joueurs manquant de vivacité et de punch, se laissant prendre le ballon dans les pieds et arrivant trop souvent avec un quart de seconde de retard sur l'adversaire dans les luttes égales au départ.

Pendant les 20 premières minutes de cette deuxième mi-temps, les Bordelais continuèrent à s'assurer la maîtrise du jeu, toujours en finesse et en technique.

Puis, sans doute désireux de conserver leur précieux et inespéré match nul, ils commirent l'erreur de se replier massivement devant leur but. C'est erreur faillit leur être fatale, car l'O.M., faisant alors une sorte de "pressing" imposant sa puissance athlétique supérieure.

Il ne s'en fallut que d'un petit penalty raté par Magnusson ou intercepté par Rigoni, choisissez la solution ayant votre préférence, le résultat est le même.

Au demeurant quelques minutes plus tard, un plaquage de rugby, pas méchant, mais d'une totale, irrégularité de Zvunka sur Lipo aurait mérité un second penalty tout aussi indiscutable que le premier.

En effet, la faute se situait bien dans la surface de réparation.

NANTES EST-IL

CHAMPION ?

On se pose maintenant la question : Nantes est-il déjà champion de France ?

Non, bien sûr, puisqu'il reste encore quatre rencontres, mais on peut être dire qu'hier soir Bordeaux, très sportivement du reste, a travaillé pour les Nantais.

Mais, plus que le résultat, c'est l'impression qui compte.

Tous les supporters ne s'étant pas rendus à Lyon ou à Saint-Étienne ont sans doute été influencés par tout ce que l'on a pu dire d'excessif sur les deux rencontres.

Hier soir, ils ont sans doute compris les raisons raisonnables de ces deux défaites.

L'O.M., collectivement, ne représente plus rien et seuls quelques exploits individuels de ces vedettes peuvent masquer le désert de son jeu.

Que Magnusson soit réduit à la portion congrue : deux beaux centres et ce fut tout ; que Keita, serrer de près - et pourquoi lui laisserait-on la bride sur le cou - vienne à se décourager devant les difficultés de la tâche, et l'O.M. devient complètement inoffensif.

Pourtant, la défense de Bordeaux, hier soir incomplète, n'est pas - et de très loin - la meilleure de France.

La solution de faire entrer Leclercq à la mi-temps à la place de Di Caro ne fut ni bonne ni mauvaise. Elle n'apporta aucun changement.

Qu'une équipe, sur son terrain, n'arrive pas à marquer, le seul remède ne peut être qu'un nouvel attaquant de pointe. Maintenant à l'O.M. il n'y a pas d'attaquants de pointe français en réserve.

BORDEAUX :

UN BON STYLE.

Bordeaux, avec des joueurs infiniment moins renommés que ceux de l'O.M., a cependant sur son adversaire d'un soir un avantage réel.

Sa manière de jouer, la finesse technique de ses joueurs au milieu du terrain permettent de construire et d'espérer en un avenir meilleur.

En fait, que les Girondins aient les moyens de se renforcer et leur équipe pourrait devenir compétitive.

Quand les principes de jeu sont bons, tout devient plus facile. Dans cette équipe de Bordeaux, l'ami Tokoto a fait hier soir, et de très loin, son meilleur match au stade vélodrome.

En deuxième mi-temps, il fut même à un cheveu de donner la victoire à sa nouvelle équipe.

Mais on a également apprécié la finesse et la technique de Giresse, de Dos Santos, de Lipo et l'excellence en défense du capitaine Papin et de l'arrière gauche Barrat.

Quant au gardien Rigoni, que l'on connaissait déjà, il se distingua d'un bout à l'ordre la rencontre.

Maurice FABREGUETTES

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Bernard BOSQUIER, très lucide :

"Nous ne méritons pas le titre"

Il est évident que la totalité de l'équipe marseillaise a accueilli avec stupeur et avec tristesse le résultat d'hier soir. Qui l'eut cru ?

Bordeaux, 14ème du classement, obtenir le nul au Stade Vélodrome à l'issue d'un match décisif ? Pour les réactions des joueurs marseillais, si elles se teintaient de regret, ne concernaient pas le résultat lui-même.

Tous avaient conscience d'avoir été inférieurs à ce que l'on attendait d'eux. S'ils étaient déçus, ils ne contestaient pas de la légitimité du match nul obtenu par les Bordelais.

Entré aux vestiaires quelques minutes après le coup de sifflet final, on y aurait entendu voler une mouche.

Ce n'était que des hommes prostrés, la tête entre les mains, parvenant difficilement à échapper à leurs problèmes.

L'entraîneur Mario Zatelli nous avait jeté :

"Pour moi, cette fois, c'est bien fini ! Après un match comme celui-là, il n'y a plus qu'à tirer échelle. Il semble bien que nous n'étions pas dignes d'enlever ce titre".

La plupart des joueurs marseillais se dérobaient comme toujours en pareil cas à interview. Bernard Bosquier fut l'un des rares à aborder la question en face.

Il nous dit disait très lucide :

"Décidément, il faut voir les choses avec honnêteté, nous ne méritions vraiment pas ce titre. Que nous ayons concédé le nul face à une équipe de réputations modestes, mais qui eut le mérite de croire à ses chances, indique jusqu'où l'O.M., en cette fin de championnat, était tombé."

- À votre avis... comment expliquez-vous ce mauvais match ?

"Il est difficile d'apporter une réponse complète. Dans la plupart des cas, nous abordons assez bien nos rencontres. Et puis, vous savez, il suffit d'un grain de sable, une opposition un peu vive de la part de nos adversaires pour que nous nous mettions à jouer comme une équipe amateur, dont les joueurs se connaîtraient à peine.

"Il n'y a plus de liaison, ni de cohésion entre les différentes lignes de l'équipe, plus aucune trace de jeu collectif, et nous sommes à la merci de n'importe quelle opposition".

- Pour vous, l'aventure du championnat parait-elle terminée ?

"Je ne crois pas que nous puissions nourrir beaucoup d'illusions ! Aujourd'hui, en raison de la défaite de Nice, nous avions une chance de maintenir le contact avec Nantes. Nous n'avons pu parvenir à nos fins.

"Je ne vois pas vraiment comment, maintenant, nous arriverions à rétablir la situation. Mais je le répète, pour de nombreuses raisons, il me semble que l'O.M. de toute façon, ne pouvait espérer obtenir les résultats de la saison dernière".

- Quelles sont, pour vous, les raisons de cette hécatombe ?

"Je pense qu'il y a en a beaucoup. Peut-être un entraînement physique trop dur, en début de saison. Sans doute beaucoup d'entre nous payaient également les efforts fournis les saisons précédentes, pour enlever le championnat tout d'abord, et le doublé ensuite.

"Il y a eu aussi beaucoup d'avatars qui se sont abattus, cette saison, sur notre équipe, sous les formes multiples, mais tous ces ennuis ne doivent pas être l'arbre qui cache la forêt de nos insuffisances.

"Ennuis ou pas ennuis, un footballeur professionnel, lorsqu'il est sur le terrain, doit faire son métier et le faire consciencieusement. Il ne semble pas que nous en ayons été capables et cela explique que nous sommes en train, après avoir perdu la Coupe, de perdre le championnat".

On le constate, Bernard Bosquier n'a pas mâché ses mots.

Nous avons tenté d'interroger Roger Magnusson, qui avait été un des héros malheureux de la rencontre, en ratant un penalty qui, réussi, aurait apporté la victoire l'O.M.

Le Suédois nous disait : "J'avais le pressentiment que j'allais manquer ce penalty. Pourtant, c'est la première fois que pareille mésaventure m'arrive. Mais il y a comme cela, des jours ou rien ne réussit. J'étais tellement sur de mon échec que j'avais demandé à Daniel Leclercq de bien vouloir exécuter la sanction suprême. Il ne l'a pas voulu. J'ai tenté ma chance. J'ai manqué au tir. Ce sont des choses qui arrivent".

Évidemment, dans une pareille ambiance, comme cela arrive toujours en pareil cas, les attaquants avaient tendance à incriminer les défenseurs et vice versa. C'est ainsi que Salif Keita nous disait :

"Aujourd'hui, il m'était à peu près impossible de tirer mon épingle du jeu. Je sais que la partie était dure pour tout le monde, mais tout de même il est difficile de concevoir un jeu collectif aussi pauvre.

"Je ne pense pas que dans ces conditions j'aurais pu faire mieux, car, en fait, je n'ai eu qu'un strict minimum d'occasions. Je ne jette pas la pierre à mes camarades. Aujourd'hui, cette c'était vraiment une défaillance collective".

Ce point de vue était partagé par Édouard Kula, un défenseur, qui nous disait : "Il est difficile d'organiser le jeu et de tenir le coup, car l'ensemble de l'équipe ne tient pas la barre. Je sais bien qu'on va encore s'en prendre à certains d'entre nous. Mais je trouve que ce serait particulièrement injuste".

Daniel Leclercq l'approuvait en ces termes : "Oui, je ne me fais guère d'illusions sur ce qui va m'arriver. Il sera difficile de trouver des boucs émissaires".

 Louis DUPIC

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René GALLICE, directeur sportif des Girondins :

"NOUS AVONS JOUE LE JEU"

Évidemment la joie des Bordelais contrastait avec l'abattement qui caractérisait, l'équipe marseillaise. Leur directeur sportif René Galice, Marseillais de naissance et de formation nous disait : "Nous n'étions pas venus ici en victimes expiatoires. Toute équipe, même si elle n'est pas concernée par le classement se doit de jouer le jeu jusqu'au bout. C'est ce que nous avons fait à Marseille.

"Il est certain que l'O.M., en seconde mi-temps, notamment avec son penalty, a eu des occasions de forcer la victoire, mais à mon sens le nul est parfaitement justifié, car personne n'aurait crié au scandale si nous étions arrivés à la mi-temps avec une avance d'un but.

"Je suis d'autant plus satisfait de ce résultat, que notre équipe était privée de plusieurs titulaires, blessé ou indisponible, mais comme cela arrive souvent, les remplaçants ont su se montrer à la hauteur des circonstances".

Jean-Pierre Tokoto, l'ancien marseillais, rayonnait comme on peut s'en douter : "Bien que notre équipe ait été diminuée, nous visions le match nul à Marseille. Nous avons atteint notre objectif en nous accrochant, mais nous sommes parfaitement contents de ce résultat".

L.D.

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Pris au piège

Vous connaissez le scénario. Il n'avait non plus aucun secret pour l'O.M. Par on ne sait quelle fantaisie du calendrier, Nantes avait battu Lyon la veille pour ne pas changer. Et l'équipe marseillaise n'avait d'autres initiatives que de conserver le moral est bien sûr de battre Bordeaux.

TRÉSOR COMME UN BOLIDE

On démarre poutant au petit trot. Un round d'observation en somme, qui dure exactement trois minutes. Car Trésor en quête de rachat, sort tout d'un coup de sa boîte, de son poste d'arrière droit il part comme une fusée, évite au passage un adversaire. Avant de tenter avec Keita un relais, qui fera certainement date dans la carrière du sympathique Marius.

Salif en effet d'une astucieuse pichenette remet la balle dans la foulée de son camarade et frère de couleur. Trésor récupère, s'avance tel un bolide vers Rigoni et, arrivé à sa portée, il déclenche un formidable tir du pied droit. Le gardien bordelais surpris par la soudaineté de l'action essaie malgré tout de se mettre en position, pour tenter un sauvetage désespéré, mais rien n'y fait. La balle secoue avec violence ses filets. L'O.M. mène par 1 à 0 (3me minute).

Après ce réel exploit Trésor ne s'endort pas sur ses lauriers. Quelques minutes plus tard il est encore aux avants-postes pour écraser un nouveau tir sur la transversale de Rigoni (10e minute). Allons ! Le passage à vide de Saint-Étienne était bien un accident pour défenseur international.

Et Bordeaux dans tout cela ?

Eh bien, il ne se défend pas mal du tout. La preuve, un centre de Barrat arrive sur la tête de Tokoto dont la reprise termine sa course sur la transversale de Carnus à la 17me. Une sérieuse alerte, comme on le voit !

LA REVANCHE DE TOKOTO

Il faut d'ailleurs signaler que ces Girondins sont loin d'offrir un mauvais match aux spectateurs du Stade Vélodrome.

L'O.M. qui s'était mis à subir quelque peu le jeu de son rival allait à son tour enregistrer une désagréable surprise.

Corner pour les Bordelais. La balle vient à Giresse dont le centre s'envole et surprend la défense marseillaise mais pas Tokoto qui s'élève plus haut que tout le monde et rabat d'un coup de tête le ballon hors de portée de Carnus (31me).

L'ex-Marseillais a prit sa revanche du coup manqué de tout à l'heure. Tout est à refaire.

On est même à deux doigts d'assister à un véritable coup de théâtre quand Goudet, intercepte une passe de Kula et file seul vers Carnus. Heureusement le gardien olympien a un excellent réflexe et s'oppose avec bonheur au raid solitaire de l'attaquant girondin (35me).

LECLERC À LA PLACE

DE DI CARO

Quoi qu'il en soit Mario Zatelli a senti le danger et met sur pied une nouvelle formule avec la rentrée de Leclercq à la place de Di Caro. Pendant le repos on apprenait que Nice était passablement bousculé à Bastia.

C'était une occasion pour l'O.M. d'appuyer un peu plus sur l'accélérateur. Pourtant la défense bordelaise tient bon.

PENALTY MANQUÉ

DE MAGNUSSON

Une longue ouverture de Leclercq, une reprise de Keita sur Rigoni (62e) ne changent rien à l'affaire.

À peine si les Olympiens ont pris maintenant un semblant de domination sur leurs adversaires. Mais, tout à fait platonique. Comme ce penalty accordé par l'arbitre pour une faute de main d'un défenseur bordelais dans sa surface. Magnusson chargé de sa réparation tire dans les mains de Rigoni (65e minute). Décidément rien ne réussit à l'O.M.

L'ADIEU AU TITRE

On entre en tout cas dans le dernier quart d'heure sans que le préposé au tableau d'affichage n'ait été sollicité. Ce n'est pas fait pour arranger les affaires marseillaises.

Mais l'O.M. enfin donne l'impression de passer la vitesse supérieure. Malheureusement pour Rigoni affiche une belle forme.

Heureuse compensation : Tokoto seul devant Carnus rate une occasion en or.

Finalement on reste sur ce score et sur l'impression d'une sombre soirée.

Comment l'O.M. fera-t-il pour conserver son titre ?

On se le demande mais soyons sincères, l'aventure paraît bien terminée.

Jean FERRARA

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