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Résumé Le Provencal

du 12 mars 1973

O.M. : la cote d'alerte est atteinte !

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LILLE vainqueur (1-0) d'une

équipe sans corps ni âme

"Vous allez souffrir, mercredi, à Lille", nous a dit, la rencontre terminée, notre excellent confrère nordiste M. Chantry.

Deux heures plus tôt, dans les coulisses du stade-vélodrome, le même journaliste nous avait confié, dans le creux de l'oreille :

"La coupe ne nous intéresse pas cette année. Le championnat est prioritaire pour le L.O.S.C. et nous n'avons pas encore la certitude terminer en tête du groupe".

"Paroles... Paroles", comme le chanterait qui vous savez.

Le jeu se fait sur le terrain et nous n'avons jamais vu une équipe négliger volontairement ses chances en Coupe.

Il reste que les Olympiens vont entrer mercredi soir sur le stade Henri Jooris avec un but de retard... et sans Skoblar.

Rien n'est définitivement perdu, certes, l'O.M. a réussi ses meilleurs résultats en déplacement, on le sait.

Mais il vaut mieux se dire, honnêtement et objectivement, que ce sera dur.

Très dure même !

 LE JEU À LA PAPA

Mais pourquoi ?

C'est la question que se posaient et que se posent, encore, les supporters olympiens.

La réponse n'est pas facile.

Quand une équipe joue très mal - ce qui fut le cas de l'O.M. hier - les causes de cette contre-performance ne sont pas toujours évidentes.

La plus grave est que l'O.M. depuis le mois de décembre (défaite contre Nîmes) multiplie les contre-performances sur son terrain et devant son public fidèle public.

Hier, le départ fut complètement raté.

Quand on a la ferme intention de prendre un substantiel avantage, sur un adversaire réputé moins fort, il faut attaquer d'entrée.

Essayer de démoralisé cette adversaire.

Or, à la quarantième minute, l'O.M. n'avait pas encore tiré dans l'encadrement.

Contre une équipe dont les meilleurs techniciens sud-américains essayaient de geler le jeu, les Olympiens jouaient au pas... et à la papa.

Voilà, semble-t-il, l'une des raisons principales de cet échec.

 LES CINQ MINUTES

DE L'O.M.

Mettez-vous à la place des Lillois.

Leur meilleure crainte était de prendre un "carton" avant de retrouver l'O.M. sur leur terrain.

Quand ils s'aperçurent que le présumé ordre olympien n'avait pas de dents, ils commencèrent, petit à petit, par y croire.

L'ambition leur vint en jouant et, sans plus se préoccuper de leur prochain match de championnat à Lens, capital pourtant, ils se battirent sur toutes les balles.

En fait, l'O.M. ne connut qu'une grande période faste : les cinq dernières minutes de la première mi-temps.

Quatre occasions !

Une combinaison Keita - Gress, un tir de Magnusson, un tir de Trésor et un autre de Kula.

Ces quatre occasions, le gardien Dusé, qui nous parait avoir progressé depuis la saison dernière, fit parfaitement son travail.

La deuxième mi-temps confirma les quarante premières minutes du match.

Contre un L.O.S.C. de plus en plus prudent, l'O.M. se montra incapable de dominer le débat.

 IL N'Y A PAS QUE

LES SUD-AMÉRICAINS

Tout cela dit, il convient d'ajouter que l'équipe lilloise a fort bien joué le coup et à laisser apparaître d'indiscutables qualités.

Les joueurs lillois ne se contentèrent pas de tirer le rideau rouge (de la couleur de leur maillot) devant l'attaque de l'O.M.

Ils se montrèrent, aussi, excellents dans la relance du jeu et la conduite du ballon.

Nous savions déjà que Mujica était un défenseur de classe internationale et Prieto, chargé exceptionnellement hier de contrôler Keita, un footballeur complet et lucide.

Pour ce qui est de Fouilloux, on ne regrettera jamais assez qui n'ait pas signé à l'O.M. en 1966.

Pensez à ce que ce faiseur de jeu aurait apporté, en sept ans de carrière et en qualités (indiscutables) de Français à l'équipe olympienne.

Noguès, l'ex-junior argentin, est certainement la meilleure affaire de la saison, pour le L.O.S.C.

L'ensemble de ses qualités, vivacité, technique, esprit combatif, résistance aux chocs, subtilité et clairvoyance en font un très grand espoir.

Mais il n'y eut pas que les Sud-Américains et le gardien Dusé, très brillant hier.

De Martigny (No11) nous a très favorablement impressionné, ainsi que cet inlassable travailleur qu'est Verhove.

Il ne faut pas s'y tromper, le L.O.S.C. vaut bien plusieurs de nos équipes de Division 1.

 UN O.M. SANS JEU

Le procès de l'O.M. est aisé à faire.

Il est celui d'une équipe qui, à quelques matches exceptionnels près, n'a pas ce que l'on pourrait appeler un jeu propre.

Keita, sur lequel on comptait sans doute trop, est toujours comme un corps étranger dans cette équipe.

Son jeu n'est pas en harmonie avec celui de ses partenaires, et vice versa.

Il lui reste l'exploit individuel, mais on sait que ce genre d'exploit ne réussit pas toujours.

Le milieu du terrain de l'équipe n'est pas homogène.

Entre Leclercq et Gress, il faudrait choisir. L'un ou l'autre, mais pas les deux en même temps.

Une équipe ne peut pas supporter trop de joueurs dont la faiblesse dans l'indispensable récupération du ballon est évidente.

Magnusson, Keita, Gress, Leclercq... c'est beaucoup trop et c'est ce qui permet à presque toutes les équipes françaises jouant contre l'O.M. de se promener au milieu du terrain.

Il est certain que le remplacement de Gress par Novi, ce dernier claqué au bout d'un quart d'heure de jeu, ne pouvait rien apporter.

C'est dès le début du match, avant qu'il ne soit usé, que la présence de Bonnel devant aurait pu être utile.

 Maurice FABREGUETTES 

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M. GALLIAN : "trop de lacunes"

De longues minutes d'attente devant les vestiaires. Mais quand la porte s'est ouverte, nous n'avons pas trouvé pour autant des visages réjouis. Vous vous en doutez sans peine.

"Que voulez-vous que je vous dise ? commença M. Gallian. Trop de joueurs, aujourd'hui n'ont pas été à la hauteur de leurs tâches. De telles lacunes ne pouvaient qu'aboutir sur un mauvais résultat."

- À votre avis d'où peut venir cette mauvaise série à Marseille ?

- Eh bien, je crois qu'il faudrait d'abord poser la question aux joueurs. Moi, je ne comprends pas !

- On prétend, à tort ou à raison que votre équipe manque de tonus ?

- Là encore, c'est un petit mystère. À l'entraînement, tout le monde se donne corps et âmes. Quand arrive la compétition, vous l'avez vu, nous n'avons plus de ressort.

On dit aussi que certains joueurs sont gênés par une perpétuelle concurrence ?

- "C'est vrai. Nous avons trop de footballeurs capables de remplir le même emploi. Peut-être avons-nous commis l'erreur de garder un effectif trop pléthorique. La saison prochaine, il faudra s'efforcer à de resserrer les rangs. En attendant, pour redresser la situation, il ne nous reste plus qu'à gagner à Lille. Comme nous ne pouvons pas faire plus mal qu'aujourd'hui, j'ai encore un espoir".

 LINDER :

"J'AVAIS RAISON

DE ME MÉFIER"

Quelle était en tout cas l'opinion de la direction technique ?

Kurt Linder, le premier n'était qu'à moitié surpris.

"Vous comprenez maintenant pourquoi j'avais mis les joueurs en garde. À Lille, j'aurais assisté à la victoire de Caen. Mais je savais que cette équipe lilloise était de taille à nous poser des problèmes.

"D'ailleurs nous avons été battus de la même façon que les Nordistes chez eux. La seule contre attaque, ou presque, a été la bonne.

"On dit que l'O.M. aurait dû prendre plus de risques. Ce n'est pas tout à fait mon avis. Il nous fallait simplement marquer les premiers. Hélas, ce ne fut pas le cas ! Je veux bien croire que Lille s'est admirablement défendu. Mais l'O.M., lui, n'a pas joué en grande équipe. Toute la différence est là.

"Enfin, ne désespérons pas. Le match retour sera de toute évidence difficile. Mais nous devons encore y croire !...

- Vous avez fait sortir Gilbert Gress en deuxième mi-temps. Peut-on vous demander les raisons ?

- Ce n'est pas mon affaire. On a estimé que Gilbert devait céder sa place. Je ne veux pas ouvrir de polémique à ce sujet. La décision, je vous le répète ne venait pas de moi..."

Nous avons alors posé la même question à Mario Zatelli.

"Nous avions choisi d'enlever un attaquant, a répondu le directeur sportif. Nous avons désigné Gress pour la bonne raison qu'il avait été le plus sollicité depuis le début de la saison. Mais ce n'est pas parce qu'il jouait plus mal que les autres.

"De toute façon, je vous le signale entre parenthèse, si nous avions remplacé un de ses camarades, notre choix n'avait pas fait l'unanimité non plus..."

- Bien. Et maintenant ?

- Vous le savez comme moi, l'O.M. joue mieux à l'extérieur. Alors, peut-être qu'une fois décontractés, nous réussirons à gagner à Lille qui sait ?"

 SKOBLAR :

"ENCORE TOUTES

LES CHANCES"

C'était, entre d'autres, l'opinion de Skoblar, qui avait, bien sûr, suivi la partie en spectateurs.

"L'O.M., comme à son habitude, a dit Josip, n'a pas bien joué à Marseille. Mais nous gagnerons la barre".

C'était l'occasion aussi de lui demander des nouvelles de son genou blessé.

"On m'enlève le plâtre demain (aujourd'hui pour nos lecteurs). Si tout va bien, je reprendrai aussitôt l'entraînement".

Voilà au moins une bonne nouvelle. Signalons que Bosquier, de son côté, a déjà recommencé à courir. Ni Bernard, ni Josip, bien sûr, ne seront présents pour le match retour. Mais il semble que l'un et l'autre soient plus près de la guérison que prévu.

Nous en souhaiterons avec d'autant plus de plaisir un joyeux anniversaire à Skoblar. Eh bien, il est né un 12 mars !

Revenons à la partie pour dire que Novi a été victime à son tour d'une contracture. La tradition est ainsi respectée. Trésor, lui se plaignait d'une faute de la part de Noguès au moment du but vainqueur.

Carnus était tout à fait d'accord avec son défenseur.

"Mais, ajoutait le gardien international, il reste encore une heure et demie à jouer. L'O.M. n'a pas dit son dernier mot..."

Le Boedec un autre spectateur intéressé, a tenu à apporter sa conclusion :

"Ne vous inquiétez pas, nous allons rendre à Lille la monnaie de sa pièce..."

Restons sur ces bonnes paroles...

Jean FERRARA

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Incapables de remonter un but !

En dépit d'un ciel bleu très pur, un temps très printanier, le premier match O.M. - Lille des huitièmes de finale de Coupe n'a attiré qu'une quinzaine de milliers de spectateurs.

Lille aligne Duse, Vermeullin, Deschodt, Mujica, Iche, Fouilloux, Prieto, Verhoeve, Levavasseur, Noguès, de Martigny.

Et Marseille fait confiance à Carnus, Bracci, Trésor, Zvunka, Kula, Bonnel, Gress, Magnusson, Keita, Leclercq, Di Caro.

Après quelques minutes d'observation, Leclercq (4me minute), déclenche les hostilités en shootant au-dessus de la transversale.

Sur un centre de Leclercq, Keita reprend de volée mais en dehors de l'encadrement des bois. Un coup franc de Levavasseur n'inquiète pas Carnus (9me minute). On joue au petit trot de part et d'autre. Trésor brusquement dégage en catastrophe et coûte un corner aux Olympiens qui, heureusement, n'est pas exploité par leurs adversaires.

Di Caro se met en relief, en débordant la défense nordiste mais son action se termine mal. Sur un corner de Leclercq (15e minute), Bonnel surgit, fait un heading qui donne chaud au gardien du Duse. Et à la 19me minute, c'est la surprise : Noguès subtilise la balle à Trésor et envoie la balle dans la cage de Carnus qui paraît médusé.

Lille : 1 - O.M. : 0.

Le public murmure. L'O.M. recherche l'égalisation. Di Caro botte au-dessus la transversale ; Lille, bien groupé en défense, prend confiance dans ses propres moyens ; Levavasseur s'échappe, il est stoppé in extremis par Trésor et Zvunka (30me minute). Lille mène le jeu à sa guise, mais Bracci obtient un corner, tiré par Leclercq et repoussé des deux mains par Duse (35me minute). Keita donne à Gress qui tout seul, hésite et se fait souffler le cuir par Duse, sorti courageusement (40me minute).

L'O.M. engage la deuxième mi-temps avec l'intention de se racheter ; Leclercq tire en dehors de la cage (49me minute), Keita enlève trop sa balle qui part dans les nuages. De Martigny, qui a une grosse activité, riposte. Novi s'apprête à rentrer. Qui va sortir ? Les joueurs se regardent, finalement Gress quitte le terrain, il à un geste de dépit, le public le siffle (60me minute), puis l'applaudit et réclame la démission de M. Gallian. Phase confuse devant les bois de Duse qui s'en sort ! Duse doit arrêter un shoot de Di Caro (70me minute), concède un nouveau corner, mais le score demeure inchangé. Levavasseur se trouve seul devant Carnus, il le dribble, le gardien lui retient la jambe, arbitre ne siffle pas penalty (73me minute). Sur un corner, se produit une phase confuse devant le gardien lillois, Duse demeure inanimée après un choc avec Keita (88me minute). Quelques instants après, Duse reprend sa place. Et la partie se termine sur la victoire de Lille par 1 but à 0 !

Alain DELCROIX 

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GARDIEN :

"CONFIANCE POUR LE MATCH RETOUR !"

Dans le camp lillois, l'entraîneur René Gardien était légitimement radieux.

"Nous avons abordé ce choc avec l'esprit tendu, mais l'O.M. a joué en formation inquiète. J'avais dit à mes hommes que si nous franchissions le cap de la première demi-heure sans ennuis, nous conservions toutes les chances de réussir une belle performance ! Nous avons même eu l'occasion de marquer un second but si nous y étions parvenus, les choses pour le match retour s'annonceraient brillantes. Dans tous les cas nous sommes heureux de ce résultat pour nous-mêmes et pour les 20.000 personnes qui nous ont fait confiance à l'avance pour le match de mercredi prochain !..."

Mujica nous a fait commentaires très bref : "Ca commence bien, retour, nous serons forts !"

Levavasseur s'exclamait de son côté : "Ce qui est intéressant dans notre succès c'est que non seulement il est absolument légitime mais il a été acquis d'une manière agréable !"

A.D.

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ENCORE DES INCIDENTS

AVEC KEITA

De nombreux spectateurs, déçu, se sont massés après le match, dans la cour d'honneur du Stade-Vélodrome, pour attendre la sortie des joueurs marseillais et de leurs dirigeants.

Les sifflets, bien sûr, ont accompagné ces mouvements de foule. Mais certaines personnes ont jugé bon, une nouvelle fois, de prendre à partie Salif Keita.

Bousculades, invectives et même quelques coups se sont égarés avant que le joueur malien prenne place dans la voiture du masseur Yansanne.

On ne peut que déplorer ce genre d'incident qui ne sert guère la cause du sport en général et du football en particulier.

De toute façon, l'O.M., en ce moment, se passerait volontiers de telles démonstrations.

 

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