Résumé du Petit Provencal du 03 février 1936 |
AU STADE DE LA PLAINE A LYON Après une parti très disputée, l'Olympique de Marseille baissant de pied Dans le dernier quart d'heure, doit s'incliner devant les dogues lillois ____________________ Lille : 3 - Marseille : 1 ____________________ |
(De notre envoyé spécial) ------------------- Lyon, 2 Février. Lyon comme à l'ordinaire s'est éveillé ce matin sous un ciel grisaille hivernale, les nuages sont bas, l'air plutôt frais, aussi les conditions atmosphériques ne sont-elles pas très rassurantes. Hier selon la coutume du moment, il a plu ; en sera-t-il de même aujourd'hui ? C'est peu probable. Peu importe, les gônes sont tout heureux à la pensée que dans quelques heures, il leur sera possible d'assister à un match aussi important, le plus important de la journée. Le Nord contre le Sud-Est est en effet un évènement sensationnel, d'autant que les deux équipes sont les meilleures de leur régions respective. Lille, leader actuel du championnat professionnel, redoutable par son quintette, cherche sa consécration en Coupe. Marseille compte de son coté un succès inattendu sur la belle formation sétoise et de plus est l'une des équipes s'adaptant e mieux à la formule de Coupe. C'est donc à un match très serré que les lyonnais assisteront. Qui triomphera ? les deux équipes se valent, quoi que les Nordiste partent légèrement favoris ; le terrain sera-t-il un handicap pou les Phocéens ? Cette incertitude qui fait le charme de ma Couple plane certainement dans tous les coeurs de sportifs et accroît l'intérêt du choc Lille-Marseille. VERS LE STADE DE LA PLAINE Il n'est que 13h20, lorsque nous parvenons au stade lointain de la Plaine et déjà on se plait à répéter sans crainte d'être démenti que les records d'affluence seront battus, est-ce possible. Malgré le mauvais temps de ces derniers jours la pelouse n'a pas énormément souffert, le sol est gras, les lignes qui délimitent la surface de jeu ont tout leur éclat, les tribunes sont déjà au complet. La pelouse er les populaires grouillent aussi d'un public impatient. Ou vont donc se placer tous ceux qui ne veulent ou qui ne peuvent arriver un quart d'heure avant le coup d'envoi ? Que va t-il advenir de cette cohue de cars, taxis, et voitures particulières ? Par groupe, par files même, les gens arrivent sans cesse... C'est le succès, c'est un beau jour de fête pour la balle ronde. Parmi des milliers de sportifs anxieux de voir les deux équipes aux prises, il y à une ambiance extraordinaire faite de joie et de nervosité. "Alors Marseille ou Lille ?" Vous entendez cette question un peu partout. Il y a aussi la réponse immédiate des partisans de l'un ou l'autre club. Le Marseillais venus nombreux par le train spécial font preuve d'une grande exubérance et leur tempérament fait de galéjades, de cette jovialité et de cette chaleur propres aux méridionaux se donne libre cours ; ils ont foi en leur équipe et soutiennent ardemment la discussion avec les partisans des Lillois tout aussi nombreux. On crie, on applaudit, les nerfs se tendent, l'atmosphère s'électrise ; la Coupe, la plus belle et vigoureuse compétition nationale confirme une fois de plus sa puissance d'attrait auprès du public. Le Stade est comble, les photographes et les cinéastes ont pris place sur la pelouse. L'heure avance voici les joueurs de Marseille qui pénètrent sur le ground. Bruhin en tête, suivis peu après des Lillois très applaudis. Un instant encore, M. Conrie, arbitre du match, siffle, les équipes se placent, la bataille est engagée. Les équipes OLYMPIQUE DE MARSEILLE But : Di Lorto Arrières : Kurka, Cavalli Demis : Bastien, Bruhin, Durand Avants : Zermani, Alcazar, Zatelli, Roviglione, Kohut. OLYMPIQUE DE LILLE But : Desfossés Arrières : Vandooren, Beaucourt Demis : Cahours, Volante, Cléau Avants : Decottignies, Windner, Higgins, Delannoy. MM Capdeville et Perrier officient en qualité de juges de touches. La partie Comme nous l'indiquions plus haut, la partie va se dérouler à guichets fermés, de très nombreux spectateurs ne pouvant avoir accès sur le stade. D'ailleurs pour y parvenir, i faut franchir plusieurs barrages de gendarmes. Marseille donne le coup d'envoi. Alcazar lance en avant. Volante renvoie, Roviglione sert de nouveau Pepito mais il est crédité d'un coup franc. |
Bruhin, en voulant dégager son camp offre aux Lillois le premier corner de la partie, que Di Lorto stoppera avec autorité, comme d'ailleurs un shoot de 25 mètres de Bigot. Marseille contre attaque. Kohut réceptionne hors jeu. Zermani reprend et marque ; hélas ! M. Conrié avait aperçu la faute et le but n'est pas valable. Un coup franc en faveur des Marseillais n'est pas sifflé contre Beaucourt, alors que Zermani s'apprêtait à effectuer un joli centre. Kohut réussira le sien que Desfossés bien placé arrête. DEUX OCCASIONS DE PERDUES Attaque des Lillois, sans grand danger. Di Lorto arrête, à la suite d'une série de "heading" des Lillois. La balle voyage d'un camp à l'autre. Les Marseillais jouent avec autorité. Service de Roviglione qui permet à Kohut de passer Cahours et Vandooren. Il sert Alcazar qui manque la réception et une belle occasion de marquer. Sur le renvoi, les Lillois contre attaquent. Bigot et Delannoy deviennent dangereux, mais la sûreté de Di Lorto ne permet rien attaquants nordistes. Alcazar manque une nouvelle fois sur service de Kohut. Zatelli et Roviglione secondés de brillante façon par un Durand très en verve, alertent sérieusement le tandem nordiste. Les attaques de Marseille sont beaucoup plus incisives que celles de Lille. Une mésentente entre Cavalli et Bruhin, permet à Higgings de foncer seul et il faut toute la vigilance de Di Lorto pour éviter le but. Un shoot de Cahours donne le frisson aux supporters marseillais. Di Lorto est remarquable de brio, particulièrement sur un shoot plongeant de Decottignies. Belle contre attaque par Kohut, terminée par un heading de Roviglione. Les Lillois sont pleins d'allant, Decottignies prend de vitesse Cavalli se rapproche des buts et centre. Di Lorto plonge trop précipitamment - C'est le but - Non. Kurka réceptionne sur la ligne de but mais ne peut empêcher Delannoy survenu au dernier moment, de placer la balle dans les filets. Service de Durand qui provoque une algarade devant les buts lillois. Desfossés sort, bloque la balle et Zermani le plaque et marque. M. Conrié siffle coup franc pour charge irrégulière, C'est à notre avis un peu osé. Le repos survient sur le score de un but à zéro en faveur des Lillois. APRES LE REPOS Dès la remise en jeu, Marseille attaque un shoot, de Kohut surprend Desfossés qui peut cependant se dégager en corner. L'olympique domine. Durand et Bastien font un énorme travail. Départ en force de Zermani qui passe à Zatelli, lequel s'entête à vouloir placer la balle alors que Kohut est entièrement démarque. Faute grave qui prive les Marseillais d'un résultat possible. MARSEILLE DOMINE Entente Kohut-Zatelli, ce dernier malgré Vandooren, tire au but et manque de peu. Quelques minutes seulement se sont écoulées, que Kohut, de 25 mètres, bat Desfossés de splendide façon. Marseille : 1 ; Lille : 1 La foule et surtout les supporters Olympiens applaudissent à tout rompre. Les drapeaux blancs se déploient. Le public est en pleine effervescence. Les Olympiens reprennent courage, les Marseillais dominent maintenant de façon manifeste. Les nordistes ont de la peine à enrayer les offensives adverses. LES MARSEILLAIS JOUENT DE MALHEUR Alcazar place un bolide légèrement au-dessus, alors que Roviglione, de vingt cinq mètre réussit un shoot qui frappe la transversale alors que le keeper était battu. Mais voila une offensive lilloise. Decottignies déborde Cavalli, shoote en coin et malgré le plongeon de Di Lorto, Lille obtient un deuxième but. Il reste quinze minutes à jouer. Malgré ce handicap, Marseille donne à fond. Un shoot de Zatelli est arrêté par Desfossés. Kohut passe à nouveau inter et Kurka se joint à l'attaque. LILLE S'IMPOSE Attaque lilloise, Delannoy passe à Bigot, Bastien et Cavalli laissent Decottignies entièrement démarqué aussi le centre avant lillois, d'un revers, passe à son extrême droit qui n'a aucune peine à battre Di Lorto. Marseille : 1 ; Lille : 3 A la remise en jeu. Durand revenu de loin boucle "in extremis" le jeune Bigot alors qu'il était seul devant les buts. Malgré leurs efforts, les Olympiens marseillais ne peuvent remonter le handicap de deux buts et la fin survint sur la victoire des Lillois, alors que la pluie fait son apparition. |
CONSIDERATIONS La victoire des Lillois ne peut être contestée. Elle a été acquise par son "onze" plus homogène, son jeu plus lié et surtout plus efficace. Certes, le terrain glissant fut pour eux un net avantage, mais ce n'est pas une raison suffisante pour excuser la défaite des Phocéens. Les Lillois, grâce à l'action intelligente de leurs deux inters, Higgins et Windner, surent répartir le jeu comme il convenait de le faire, tantôt sur leurs extrêmes rapides et durs démarqués, tantôt su Bigot Les inters nordistes ne se contentèrent point de concevoir ce genre d'offensive déjà suffisant pour surprendre une défense plutôt lourde et peu mobile, ils participèrent dans bien des cas à des attaques fort dangereuses, soutenus par Volante, en grande forme. Les attaquants lillois ne se découragèrent jamais, fournirent le jeu qui leur avait été imposé, et parvinrent ainsi, à force de ténacité, à prendre en défaut le jeune Cavalli. Dire que les Olympiens ne pouvaient espérer vaincre ne serait pas exact, de nombreuses fois, le sort ne leur fut pas favorable, les shoots de Zatelli et Roviglione en deuxième mi-temps, avec un peu plus de veine, auraient probablement changé la physionomie de la rencontre . Malgré cela, il convient de regretter que Kohut n'ait pas été maintenu au cours du deuxième half comme inter ; son action, lorsqu'il occupa ce poste, un quart d'heure environ, fut tellement bienfaisante que les Lillois crurent un instant que le bénéfice du match leur échapperait. Les Olympiens furent mal inspirés de le remettre à sa place habituelle, d'autant que les inters et plus particulièrement Alcazar, ne parvinrent que rarement à lancer convenablement leurs alliers et que leur possibilité de réalisation était insuffisante pour donner à lueur équipe un avantage à la marque. Les joueurs marseillais les plus en vue furent Durand, dont l'activité et ses services d'avant surprirent. Bruhin qui seconda la défense avec son brio coutumier mais il faiblit dans le dernier quart d'heure au point de permettre à Kurka et Cavalli d'être sérieusement débordés en présence de joueurs beaucoup plus vites qu'eux. Bastien sortit également une bonne partie, de même que Kohut et Zermani, lorsqu'il furent mis avec précision à contribution. Quant à Di Lorto, il peut être crédité d'un excellent match, par osn sens mme de la place, ses interventions rapides et précises ; cependant au premier et troisième buts son entente avec Kurka d'abord et Bastien ensuite ne parut pa suffisante, ce qui facilita grandement l'action des Lillois. Chez les Nordistes, défense honnête, demi ailes travailleurs infatigables et surtout un centre demi Volante qui st toujours adroitement rétablir des situations difficiles. L'attaque fut la ligne la plus intelligente, la plus active, celle qui sut profiter du moment propice et des faiblesses, adverses pour enlever la décision. Nous l'avons retrouvée dans une forme identique à celle qu'elle montra contre Sète lorsqu'elle obtint cinq buts à rien sur ce même terrain. Bigot pousseur, bon distributeur de jeu, ne nous parut cependant pas s'élever au niveau du Schadden ou Courtois. Nous avons dit que les inters furent déficients à l'Olympique. Alcazar en particulier ne fit pas montre d'un courage et d'une activité débordante. Pourquoi alors avoir laissé sur la touche Janin qui jusqu'à une heure de l'après midi était prévu pour opérer dans l'équipe. On explique mal ces ordres de la dernière heure et qui ne reflètent nullement l'idée de l'entraîneur. S'il convenait de satisfaire certaines personnalités, on pouvait tout de même adopter une autre méthode en accouplant Zermani à Janin. M. Conrié a arbitré avec une autorité et une clairvoyance assez satisfaisantes ce match. Cependant sa sanction à l'encontre de Zermani lorsqu'il chargea Desfossés en possession de la balle nous est apparue un peu excessive et priva les Marseillais d'un but mérité. La recette atteint, parait-il, plus de 115.000 francs, chiffres éloquent si l'on en juge que la partie s'est déroulée sur un stade trop petit pour des rencontres aussi capitales. Georges DARBOS |
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