Ils disent

Enfin, une atmosphère détendue et de larges sourires dans les vestiaires de l'O.M. cela nous changeait un peu et même beaucoup avec les précédentes rencontres.

Un homme bien entendu était pas mal entouré après cette victoire vous l'avez deviné, entraîneur Joseph Bonnel.

Nous avons demandé à Bonnel ce qu'il pensait de Sikely et Emon, qui tous deux, surtout le premier, subissaient, hier soir leur baptême du feu.

"Désiré nous a répondu l'entraîneur, s'est bien battu, comme à son habitude, bien sûr, il n'a pas les moyens de Skoblar, mais il a toujours fait le maximum pour semer le trouble dans la défense sedanaise. Quant à Emon, il a, à mon sens, réalisé de véritables prouesses techniques.

Aviez-vous mis sur pied une tactique précise ?

M. Gallian n'a pas assisté, hier soir, la victoire de ses joueurs.

M. Barthélémy, membre du comité directeur, nous a signalé que le président était légèrement souffrant.

"Mais, nous a-t-il précisé, il ne s'agit de rien de d'une maladie diplomatique..."

En l'absence de M. Gallian, c'est M. Bicais qui a donné le sentiment de la direction.

Voyons maintenant, l'opinion des joueurs olympiens et, en premier lieu, celle de Georges Franceschetti qui portait, pour la première fois, en match officiel, les galons de capitaine.

Kuszowski se plaignait, lui, de ne pas encore avoir retrouvé la plénitude de ses moyens :

"Je manque de jus, la nuit, je n'arrive pas à m'endormir, c'est sans doute une des raisons avec la chaleur qui m'a posé le plus de problèmes depuis mon arrivée à Marseille. En première mi-temps notamment j'ai eu des tas d'occasions de buts que je n'aurais pas manquées en d'autres circonstances."

Victor Zvunka nous disait qu'il se ressentait du match de dimanche qu'il avait livré avec la 2ème division. Mais il nous a déclaré : "Je pense que maintenant je commence à m'adapter à cette équipe".

"Alors, qu'est-ce que c'est que cette histoire Skoblar ?" Deux heures avant le coup d'envoi, nous étions en train de bavarder de choses et d'autres avec Magnusson quand Jean-Pierre Lopez s'approcha et posa cette question à brûle-pourpoint en nous serrant la main.

Nous en avons tiré pour notre part une première conclusion : les joueurs marseillais ont été autant déconcertés (pour ne pas dire traumatisés) que l'opinion publique, par l'annonce du départ éventuel de leur camarade yougoslave.

En tout cas - et l'interrogation de Lopez le prouve - ils semblent ignorer les tenants et les aboutissants de l'histoire, pour peu qu'il y ait eu un fondement quelconque dans toute cette affaire.

Faute de déclarations officielles ou tout au moins d'une mise au point de Skoblar lui-même, qui n'était pas au stade à l'heure de l'entretien, nous avons répondu au brave Diego que nous ne connaissions pas plus que lui l'origine de l'information lancée rappelons-le sur les ondes de l'O.R.T.F.

Les dirigeants olympiens, quant à eux, sont catégoriques : il s'agit tout simplement et purement d'un canular qu'il faut vite s'empresser de ramener à sa juste proportion. Mais, en nous faisant cette déclaration, Mario Zatelli et M. Henri Neumann, le secrétaire général, nous ont appris une nouvelle qu'on peut qualifier de peu banal :

"Skoblar à Paris" nous a dit tout d'abord l'ancien entraîneur, c'est un peu comme si je vous annonçais aujourd'hui que Johan Cruijff a failli venir à Marseille, à la seule différence que la venue de la vedette hollandaise se rapprochait beaucoup plus de la vérité que le départ de Josip pour la capitale".

Vous imaginez un peu notre réaction en entendant ces bonnes paroles. C'est alors que M. Neumann devait devant notre visage, sans doute ahuri, est intervenu pour apporter un peu plus de lumière dans le discours de Mario :

Et bien ! en guise de nouvelles, c'en était une bien belle.

Une dernière précision tout de même importante : pourquoi n'a-t-on pas donné suite à ce fabuleux événement ? Tout simplement parce que les dirigeants de l'O.M. ont tenu ce raisonnement : "Si Cruijff n'a pas l'autorisation de jouer en Espagne, il ne l'aura pas davantage pour opérer en France".

Dans les sphères responsables de l'O.M., on n'a donc pas insisté. Avouez tout de même qu'on était passé bien près d'un sensationnel épisode.

Jean FERRARA

Louis DUGAUGUEZ :

"Les Sedanais trop timorés"

Dans les vestiaires sedanais, les paroles étaient rares et les mines défaites. Mais Célestin Oliver, l'ancienne vedette du club ardennais était venu consoler son ami Louis Dugauguez.

Ce dernier ne cherchait pas à trouver des circonstances atténuantes et très simplement et directement nous a dit : "Dans cette rencontre, nous n'avons pas vu le jour ! Notre équipe a été assez faible. Seul Osim animé un peu l'attaque, mais ses compagnons ont été vraiment trop timorés.

Mais le gardien Charrier soupirer : "Vraiment, il y a longtemps que je n'avais pas été autant à l'ouvrage, que ce soir, et c'est dur de toujours devoir envoyer des balles et de ne jamais voir l'équipe s'aérer et menacer l'adversaire !"

Collinet constatait amèrement : "Contre marseillais, nous avons été inexistants ! Maintenant, il faut que nous nous rachetions devant notre prochain un adversaire".

Quant à Osim, il constatait : "Nous sommes tombés sur un Marseille qui avait besoin de redorer son blason. Toute équipe s'y est employée utilement. Peut-être la chaleur nous a-t-elle gênés, mais nous avons été vraiment dominés dans tous les compartiments".

A.D.

Les commentaires

Il est difficile de gagner un match sur commande, et l'O.M. se trouvait hier soir dans cette situation peu confortable.

Jamais l'épée de Damoclès si souvent évoqué par Mario Zatelli n'avait été suspendue sur les têtes olympiennes par un fil aussi mince.

Adversaire n'était certes pas, l'un des grands du championnat, mais le miracle ardennais se renouvelant chaque saison, on pouvait tout de même se poser des questions.

Sedan n'était-il pas venu début juin sauver justement au Stade-Vélodrome sa place en Division Nationale ? Ce qui n'empêcha pourtant pas l'opinion de le considérer comme la victime toute désignée au redressement depuis longtemps espéré.

Abordant la soirée le dos au mur, et littéralement condamné à vaincre, l'O.M. - dont le point fort n'est pas actuellement un excès de confiance en ses moyens - eut la chance d'être assez vite décontracté par un but marqué dès la 10me minute par son homme en forme, Franceschetti.

Un but signé d'un magistral coup de tête, bien dans la manière de l'ancien capitaine de Bastia, qui crache des flammes en ce début de saison.

Après, tout ne fut pas parfait, loin de là, et Trésor - heureusement très sur - fut obligé de faire le ménage en de nombreuses occasions.

C'est le très classique Kuszowski qui allait obtenir le but libérateur. Un tir très pur du gauche, consécutif à une ouverture tout aussi classique de Bracci, un but marqué comme au tableau noir.

Dès lors, l'équipe marseillaise, complètement remis en selle et faisant feu des quatre fers, c'était la chasse au bonus qui commençait. Remarquons à son crédit, qu'il ne se précipitait par en aveugle vers le but de Charrier, bien au contraire, la balle circulait vite et bien entre des pieds marseillais.

Quant aux buts, ils partaient avec une belle telle décision, que ça devait finir par payer. Kovacs aurait noté avec plaisir des prises de risques et aussi les possibilités marseillaises dans le jeu aérien.

Pour ne pas quitter cette note sympathique, c'est Désiré qui allait avoir la joie de marquer le troisième but, qui valait évidemment trois points, car il n'y avait plus qu'une équipe sur le terrain.

Après avoir passé quelques semaines aux enfers, il ne faudra pas tomber d'un excès dans l'autre : naviguer désormais sur un nuage rose. Sedan ne sera pas champion de France et, d'après ce que nous avons vu, il aura même du mal à se tirer d'affaire.

Ce n'était pas un adversaire comparable à Saint-Étienne, Nîmes ou Nice, mais la tache de l'O.M. s'avérait délicate, c'est que justement on aurait pas admis un échec face à ce rival, somme toute modeste.

Alors, gardons les pieds sur terre, tout en accordant à l'O.M. ce qui lui appartient bien : en l'occurrence, d'avoir su allier efficacité à la manière.

N'en doutons pas, hier soir, après tous les malheurs connus depuis le début de saison, l'O.M. se serait contenté aisément de vaincre. Félicitons-le de très bonne grâce d'avoir su également convaincre, réussissant de très bonnes choses, et collectivement, d'excellents échanges. Après tout, ce n'était pas le fait du hasard s'il avait donné, à certaines occasions, mais seulement l'espace d'une mi-temps, du bon spectacle.

Souhaitons-lui simplement après avoir stoppé l'hémorragie et vraisemblable retrouvé confiance, de continuer longtemps dans cette voie.

Louis DUPIC

Le fait du match

La situation olympienne était-elle avant cette 7e journée de championnat, qu'une contre performance, une défaite ou un simple match nul aurait pris, à Marseille, une allure plutôt catastrophique.

Dans ces conditions et la peur rétrospective passée, le fait saillant de la rencontre n'est autre que la victoire marseillaise, ni plus, ni moins.

Que cette victoire ait été obtenue par une marge aussi large que possible, devant un adversaire plutôt modeste, ne change rien à l'affaire, au contraire ; l'équipe de Nancy, elle non plus, n'avait pas laissé une impression inoubliable aux spectateurs du Stade Vélodrome.

Et pourtant, on se souvient que l'O.M. avait éprouvé mille difficultés pour partager les points avec les Lorrains.

Nous le répétons, le même résultat, hier soir, aurait été un véritable petit désastre pour l'avenir du club marseillais.

N'oublions pas que ce succès contribue non seulement à mettre un peu de l'ordre dans ses affaires du championnat, mais lui permet aussi d'aborder la Coupe de l'U.F.A. dans de bien meilleures dispositions d'esprit.

Mardi prochain, en effet, ce sera la première manche sur le terrain de l'U.S. Luxembourg et l'O.M. s'y présentera-t-il avec un moral tout neuf qu'il n'aurait pas perdu sa soirée devant Sedan. Oui, sans aucun doute, se 4 à 0 vient à point nommé pour relancer la machine marseillaise. Espérons qu'elle ne s'arrête pas en chemin.

J.F.

À la suite de l' "affaire Skoblar" qui fut déclenchée par l'O.R.T.F., les dirigeants marseillais ont interdit l'entrée des caméras de télévision au stade vélodrome.

Les réponses aux questions

que vous vous posez

 1re QUESTION : L'ABSENCE DE SKOBLAR

Il est certain que tout le monde a regretté hier soir que Josip Skoblar ne soit pas présent pour secouer davantage la défense sedennaise. Mais un fait est apparu en absence du buteur yougoslave, c'est que ses camarades moins préoccupés de jouer pour lui, se sont efforcés de produire un jeu d'équipe auquel nous n'étions plus guère habitués. Chacun a ainsi tenté sa chance alertant le partenaire en position de la plus favorable. Le résultat, vous le connaissez, c'est que Franceschetti, Désiré par deux fois, et Kuszowski ont été capables de marquer 4 buts, sans l'extraordinaire Josip. Si l'O.M. continue avec le même augurer une belle moisson de buts, quand Josip reprendra du service. Mais il nous faut le signaler, l'équipe dans son ensemble devra procéder de la même manière avec ou sans Skoblar. L'ensemble pourra qu'en tirer le meilleur bénéfice.

 LE COMPORTEMENT DES RÉSERVISTES

On sait que Joseph Bonnel avait choisi Désire pour remplacer Skoblar, l'entraîneur nous a dit lui-même que son avant-centre de 3e division s'était battu avec une belle détermination face aux défenseurs sedannais.

Quant à Emon, son entraîneur nous disait qu'il avait réalisé des actions de classe.

 L'O.M. EN BLANC ?

On sait, depuis l'ouverture du championnat, que l'O.M. n'avait pas pu se produire avec ses couleurs. Le public, et pas mal d'autres personnes, en avaient déduit par une sorte de superstition, que c'était la cause de tous les déboires de l'équipe. Nous n'irons pas jusqu'à là, mais un fait est certain, c'est qu'avec le blanc retrouvé, l'O.M. est apparu hier soir, sous un bien meilleur visage. Simple question de coïncidences sans doute, mais que l'actualité nous oblige de mettre en évidence.

 TRÉSOR LIBÉRO

Il est bien entendu difficile de constater les qualités de Bernard Bosquier, qui fut longtemps international à ce poste. Mais l'absence de Bernard a permis hier soir à Trésor d'évoluer lui aussi à sa véritable place et on a pu se rendre compte que Marius, avec ses formidables enjambées, ses interventions sur l'homme, était une véritable clé de défenses. Reste à savoir maintenant comment Joseph Bonnel va s'y prendre pour marier à l'avenir le jeu de ses deux défenseurs. L'entraîneur nous déclarait lui-même, qu'il allait essayer de travailler avec la dans la sérénité. Alors, laissons-le agir à sa guise.

J.F.

Le match en bref

L'Olympique de Marseille ne fait plus recette, c'est le moins que l'on puisse dire en voyant la très petite chambrée (8.000 spectateurs) qui, hier soir, s'était déplacé au stade vélodrome pour assister à un Marseille - Sedan qui constitue un match de vérité pour le club phocéen.

Au début de la rencontre, Marseille domine, c'est un tir de Franceschetti qui oblige Charrier à plonger ; puis un shot en cloche de Buigues qui rate l'encadrement des bois, Franceschetti qui shote dans les mains du goal, et à la 11ème minute, Magnusson donne la balle à Franceschetti qui ouvre le score.

O.M. : 1 - Sedan : 0.

Le public est satisfait, car on a l'impression qu'il y a quelque chose de changé dans le comportement du onze marseillais.

Le gardien sedanais concède plusieurs corners après que Perrin eut contraint Carnus à plonger sur un essai dangereux (22e minute) ; sur une contre - attaque Bracci donne une bonne balle à Kuszowski qui trouve la faille et marque le second but marseillais.

O.M. : 2 - Sedan : 0.

À la 35e minute, Kuszowski manque d'aggraver le score mais la balle s'écrase sur le montant gauche de la cage de Charrier.

Enfin, à la 43e minute, Magnusson exécute un magnifique centre prolongé par Buigues : Désire reprend du pied et expédie hors de portée de Charrier.

O.M. 3 - Sedan 0.

À la reprise, les Marseillais continuent à dominer et à la 50e minute, Franceschetti, par tout seul à l'aile droite attire à lui Charrier et glisse la balle à Désire qui n'a plus qu'à la pousser dans la cage vide.

Sedan ne se décourage pas, mais il n'est plus question pour lui de combler le fossé.

Le gardien sedanais est encore en danger sur deux actions de Kuszowski aux 70e et 77e minutes.

Dans les dernières minutes il ne se produit aucun changement et finalement l'arbitre siffla la fin de la rencontre sur le score de 4 à 0 faveur de Marseille.

Alain DELCROIX

Sachez que

Il n'est pas difficile à trouver ! Le héros de la soirée de mardi s'entraînait tout simplement hier matin à l'Huveaune avec les réservistes. Hâtons-nous de dire que notre petit déplacement a été aussi inutile que celui de la veille à Puyricard, car Skoblar nous a simplement dit : "Je n'ai absolument rien à déclarer".

Répétons-le, c'est son droit, mais son attitude négative autorise au moins certaines suppositions.

Ayant rencontré simultanément le président Gallian et notre confrère de l'O.R.T.F., Jean-Claude Juan, on peut considérer comme certain que c'est la même personne qui a appelé mardi après-midi M. Guyot, président du Paris Football club, et la station régionale de l'O.R.T.F. Une personne à l'accent étranger très prononcé et qui donne assez de détails pour qu'un chef d'entreprise comme M. Guyot et nos confrères de l'Office y accordent crédit. Au point que le premier appela sur l'heure son ami Gallian, et que les seconds lancèrent la nouvelle sur les antennes.

On est donc assez loin du simple canular auquel nous avions pensé tout d'abord.

On dit qu'il n'y a pas de fumée sans feu ; puisque Skoblar se refusait au dialogue, il fallait mener une modeste enquête.

Voilà ce qu'elle a donné, après conversation avec de bons amis du Yougoslave.

Skoblar a, semble-t-il, très mal accepté les critiques qui ont suivi certaines de ses productions. Ce pur sang était, en outre, nous a-t-on affirmé, désorienté par l'absence de sa famille toujours en vacances au pays natal. Au point qu'il aurait effectué un voyage éclair en Yougoslavie, au lendemain du match contre Nancy.

Maintenant, que s'est-il passé ?

Il est vraisemblable de supposer que, déçu et irrité, il ait évoqué avec le président Gallian la possibilité d'être transférer - "pourquoi pas à Paris" - et que ce dernier ait évidemment refusé. Cela, nous paraît aussi simples que ça.

Quant à l'intervention de la "voix", on peut se perdre en suppositions multiples, mais elle pourrait s'expliquer par l'action d'un ami ou d'une relation de Josip voulant précipiter les choses en essayant de forcer la main aux deux présidents concernés.

Ce ne sont là évidemment que conjectures. On connaît le dénouement de cette affaire qui n'en est plus une : Skoblar achètera le contrat qui le lie à l'O.M. jusqu'à juin 1975.

L.D.