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Résumé Le Provencal

du 03 novembre 1973

 

Le fond de l'abîme est atteint

Faiblesse alarmante de l'O.M. avant COLOGNE 

 

Les commentaires

Sans influx nerveux

Sans intelligence

Sans technique...

Tout le monde en défense, peu de monde en attaque. C'est ainsi que Monaco a interprété hier soir au stade vélodrome un football que l'on dit moderne.

Si notre livre de l'histoire de la balle ronde, ne nous trompe pas, il paraîtrait que les Chinois en avaient usé 2.000 ans avant Jésus Christ. Le plus admirable et que cette méthode simpliste à donner le résultat que vous savez 2-0.

Il est vrai que l'O.M. y a mis énormément du bien en jouant de manière aussi imprécise que désordonné. L'image même de l'impuissance et de la faiblesse.

À l'opposé, les Monégasques même si leur extrême prudence a pu sembler excessive, jouèrent, quand ils se décidèrent à ouvrir leur garde, avec beaucoup de pertinence. À quelques jours de Cologne, l'O.M. c'est donc fatigué inutilement, sans que le moral de l'équipe ait été amélioré. Nous continuons à penser que ce match contre Monaco aurait pu être joué par une équipe mixte. Ou était le risque ?

 LA PREMIÈRE MI-TEMPS DES PAUVRES

A la mi-temps nous ne savions qu'écrire. Il est des parties qui découragent le commentateur, même le plus bienveillant.

Nous aurions presque souhaité être aveugle pour ne pas voir cette extraordinaire proportion de passes à l'adversaire, de têtes ratées... parce que la trajectoire du ballon avait été mal calculée... etc.

Il peut paraître extraordinaire que des joueurs professionnels s'entraînant pratiquement tous les jours, soignés, bichonnés "mis au vert" en arrivent à montrer devant leur public de telles faiblesses techniques.

La fatigue, conséquence d'un calendrier conçu par des fous ne saurait tout expliquer.

Bref, devant un Monaco, jouant au pas pour ne pas dire arrêté, et multipliant les passes offensives, l'O.M. ne réussit jamais à organiser son jeu.

Un ou deux numéros de Magnusson, une assez extraordinaire reprise acrobatique de Skoblar et ce fut à peu près tout pour la partie offensive de l'O.M.

Monaco ne s'était guère montré plus entreprenant, à la 30e minute Onnis devait toucher le ballon pour la deuxième fois, ce fut en essayant de stopper Keruzore à une soixantaine de mètres des buts gardés par Carnus.

Il semble inutile d'ajouter que l'on attendait beaucoup mieux de la deuxième mi-temps.

 MONACO FRAPPE DEUX FOIS

Nous n'étions pas dans les vestiaires pendant la pause, mais nous savons bien ce que Bonnel a du dire à ses joueurs. Il ne s'agissait certainement pas de félicitations.

C'est sans doute pour cette raison que les olympiens se mirent alors à jouer un peu moins mal. Mais le rideau rouge de la couleur des maillots monégasques était définitivement tiré et tous les efforts de l'O.M. furent vains.

Ce ne fut d'ailleurs pas le pire. En cinq ou six contre-attaques les Monégasques réussirent à tirer d'abord sur le poteau, à marquer deux buts ensuite.

C'est assez dire dans quelle ambiance l'arbitre, M. Hélies siffla la fin de cette rencontre.

La foule, ou plutôt les 7 ou 8.000 spectateurs qui garnissaient mal le stade, rentrèrent chez eux considérablement déçus et en manifestant leur mauvaise humeur aux cris de "Démission !"

 TRÈS INQUIÉTANT AVANT COLOGNE

Nous savons bien que la vie du football est faite de miracles. L'O.M. malgré ses trois dernières contre-performances se présentera tout de même à Cologne avec 2 buts d'avance. À lui de savoir en tirer profit.

Mais que peut-on attendre de grand, d'efficace d'une équipe que nous venons de voir aussi mal inspirée et aussi inefficace.

L'O.M. de Bastia, l'O.M. de Sochaux, et a fortiori l'O.M. de Monaco ressemble fort à une équipe luttant pour ne pas retomber en Deuxième Division.

Il est inutile de critiquer un joueur plutôt qu'un autre. C'est toute l'équipe qui a déjoué, de la défense à l'attaque, en ne sachant jamais adapter son jeu aux circonstances.

Une équipe sans influx nerveux, sans intelligence et apparemment sans technique.

Il faudra vraiment un nouveau miracle pour que l'O.M. ait une chance de se qualifier pour le prochain tour de la Coupe d'Europe.

Maurice FABREGUETTES

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Ils disent

BONNEL : "Je préfère me taire"

M. Gallian, on l'imagine, n'avait guère envie de faire des commentaires aux journalistes, après cette triste partie. Il a préféré d'ailleurs, regagner son bureau présidentiel en nous lançant au passage : "Ce soir, je préfère garder mon opinion pour moi..."

Nous n'avons donc pas insisté. Mais lorsque nous sommes rentrés dans les vestiaires, les joueurs, eux non plus, n'étaient pas tellement enclins à faire des confidences. Tous avaient la tête baissée, à l'image de leur entraîneur, Joseph Bonnel, qui essayait de se réconforter avec une tasse de thé.

En l'absence du président, nous avons interrogé M. Barthélémy, membre du comité directeur : "Je pardonne tout à des joueurs, nous dit-il, sauf de faire preuve d'un manque total de combativité. J'ai assisté voici peu de temps à la rencontre Blois - Lille, en 2me division, et je vous prie de croire que si la technique était inférieure, les joueurs sur le terrain n'en ont pas moins donné un autre spectacle ! Là au moins j'avais vu une partie de football ou chacun donnait le meilleur de lui-même. C'est, en somme, ce que demande les spectateurs. Ce soir, l'OM, hélas, on a été incapable".

BONNEL : "DES MODIFICATIONS EN VUE"

Nous avons déjà dit que l'entraîneur olympien ne montrait pas un visage réjoui. "Que voulez-vous que je vous dise, après une telle partie, nous déclara-t-il d'une voix éteinte. Je préfère me taire ou alors j'en dirais trop. Je vais essayer d'analyser encore une fois ce match, à tête reposée, en discutant ensuite avec les joueurs, mais, franchement, je suis déçu jusqu'au plus profond de moi-même par cette nouvelle contre-performance".

Nous lui avons demandé s'il comptait procéder à quelques modifications avant le match de Cologne.

"Oui, nous a-t-il répondu. Cette fois il faudra se résoudre à remplacer certains joueurs, car j'ai eu netteemnt l'impression que beaucoup d'entre eux accusaient une certaine fatigue. Pour l'instant, je ne vous donne pas de noms. Je vous l'ai dit, je tiens à réfléchir. Mais il est certain qu'il faudra remanier cette équipe avant le match de Coupe d'Europe. Une rencontre entre parenthèses qui me procure de plus en plus de souci."

LES JOUEURS : "NOUS SOMMES LES SEULS FAUTIFS"

Nous avons essayé ensuite de connaître le sentiment des joueurs marseillais sur cet inexplicable résultat. Magnusson le premier ne cherchait pas d'excuse :

"Il n'y a absolument rien à dire. Nous avons tous mal joué, sans pouvoir profiter des quelques occasions. Décidément, quelque chose ne va pas cette saison à l'O.M."

Le Boedec, lui non plus, ne cherchez pas de faux fuyants : "Nous sommes les seuls fautifs, disait-il. Quand une équipe est battue sur son terrain par 2 à 0 cela n'appelle pas, je pense, de bien longs commentaires".

C'est le néant complet", nous déclarait pour sa part Robert Buigues. "Plus les rencontres se succèdent et plus nous sommes mauvais. C'est à n'y rien comprendre".

Ce point de vue était également repris par Raymond Keruzore. "On dirait, disait-il, qu'un aimant attire le ballon dans les pieds des adversaires. Personne, je vous l'assure, ne parvient à expliquer ce nouveau passage à vide."

- Pensez-vous que vous étiez trop préoccupés par le match de Cologne ?

- Non. Mais tous mes camarades, je crois pouvoir dire que nous avons quand même une conscience professionnelle et que le championnat, pour nous, est une chose qu'on ne doit pas négliger. Nous essayons de faire pour le mieux. Mais vous l'avez vu rien ne nous réussit.

- Estimez-vous maintenant que les chances de chance qualification en Coupe d'Europe sont compromises ?

- Eh bien, j'espère que non. En tout cas nous allons tous nous efforcer de trouver une motivation supplémentaire, réagir pour au moins préserver ce qui peut l'être encore. Je reste persuadé que nous avons encore une chance d'éliminer Cologne. Cependant il est évident que nous devrons jouer d'une tout autre façon.

Georges Carnus voulut également se raccrocher à un petit espoir :

"Nous avons deux buts d'avance. C'est un avantage appréciable. Je pense qu'à Cologne nous devrons jouer comme Monaco l'a fait ce soir. Avec l'intention de ne pas prendre de but. Et puis, qui sait ? Peut-être que mardi prochain la chance voudra nous sourire un peu plus !"

Le grand Bracci à son tour a voulu nous donner son avis :

"Monaco a certainement bien joué le coup. Mais de notre côté nous n'avons pas assez harcelé notre adversaire. Bonnel nous avait demandé, à la mi-temps, d'essayer de contourner cette défense groupée, par extérieur. Malgré cela, nous ne sommes quand même pas parvenus à la prendre en défaut".

C'est enfin un capitaine encore sous le coup d'une émotion que nous retrouvons au sortir de sa douche. Georges Franceschetti, comme tous ses coéquipiers, n'arrivait pas à réaliser :

"C'est sûr que pas mal de choses ne tournent pas rond dans notre équipe. Mais quoi ? J'avoue, moi aussi, ne pas comprendre. C'est pourtant difficile de subir, comme cela, des mauvais résultats successifs. L'O.M. semblait bien reparti, et voilà que du jour au lendemain tous écroule. C'est dommage, à la veille du match retour à Cologne, où nous aurions eu besoin d'un meilleur moral".

Le plus inquiétant, en effet, c'est que cette deuxième manche avec les Allemands aura lieu mardi prochain. On se demande si l'O.M. aura vraiment le temps de retrouver ses esprits.

Jean FERRARA

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Ruben BRAVO : " Ca nous a réussi !"

Inutile de dire que la joie régnait dans les vestiaires monégasques. On criait, on riait, on se congratulait, on chantait même...

Ruben Bravo, l'entraîneur, avait gardé son sang-froid : "Aujourd'hui, disait-il, ça nous a réussi. Nous avons joué la contre attaque et les Marseillais n'ont rien pu faire de bon. Mais c'est une équipe qui nous est supérieure. Si leur jeu collectif s'améliore, je crois que ça peut être l'une des meilleures du championnat.

"Enfin, croyez-moi, gagner à Marseille c'est quelque chose, et je ne peux que féliciter toute mon équipe".

Le numéro 12, Odasso, était aussi heureux que les autres. "C'est le cinquième match sans défaite, et ça remonte le moral".

Quant à Montes, le gardien, il rendit hommage à sa défense : "Je n'ai pas fait grand-chose, ce sont les arrières qui ont bien joué. C'est à eux que je dis un grand merci, le comportement d'un gardien est toujours fonction du bon ou du mauvais match de ses arrières".

Enfin, Rubens Bravo, insistait pour dire : "Je souhaite pour Marseille que cela se passe mieux à Cologne, car le football français a besoin de quelques victoires internationales".

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Inadmissible

Jusqu'ici, nous supposions que les joueurs de l'O.M. possédaient une certaine conscience professionnelle.

Très richement payés, ils se devaient se faire honneur à leurs émoluments, à défaut des couleurs du club.

Hier soir, ces messieurs se sont moqués du public. De ce public qui, quoiqu'ils en pensent, les fait vivre.

Tenus en échec par Sochaux, ils n'ont même pas eu cette réaction naturelle, cette envie de revanche, ce désir de remonter le courant contraire face à des Monégasques pourtant bien timides. Qu'ils aient encaissé un deuxième but en fin de partie ne signifie pas grand-chose. C'est avant, bien avant, qu'ils avaient perdu la face. À quatre jours du déplacement de Cologne, un O.M. aux ambitions européennes n'avait pas le choix.

Il lui fallait rassurer ses supporters prêts contre vents et marées à prendre le chemin de la Rhénanie.

Pour les encourager malgré tous les déboires et les camouflets enregistrés depuis le début de saison. À ceux-là, ces purs, il faut désormais rendre des comptes. Leur expliquer ce triste renoncement. Nous ne savons pas si les Olympiens se rendent compte que leur situation s'est terriblement dégradée. Mais tout de même...

Pour nous, un tel comportement est inadmissible.

Gérard PUECH

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Le fait du match

Cote d'alerte

On attendait six points sur les deux dernières rencontres de l'O.M. au Stade Vélodrome. On connaît le résultat. L'équipe marseillaise, en tout et pour tout, n'a pu améliorer son capital que d'une petite unité. C'est dire si tout le monde est en droit d'être déçu. Et pas seulement dans le proche entourage du club.

Les supporters, en effet, commencent non seulement à s'agiter, mais aussi à déserter le Stade Vélodrome, ce qui est au moins aussi inquiétant.

Alors, pour se conformer au titre de cette rubrique, nous dirons que "de fait de match" il n'y en eut point. Du moins du côté marseillais, car les Monégasques, eux, ont fait le nécessaire pour contenir d'abord, et battre ensuite, leur pâle adversaire.

Mais que dire, en revanche, de cette formation olympienne qui a offert, hier soir, un spectacle de désolation à 8.000 de ses plus fidèles supporters ? On dira bien une nouvelle fois que l'O.M. a su se créer pas mal d'occasions, sans pouvoir les exploiter, à cause d'une insigne malchance. Mais ce serait masquer la vérité que de toujours s'en tenir à cet argument.

Si l'équipe n'a pu réussir à tromper la vigilance de Montes, c'est d'abord qu'elle est apparue sans âme, d'une désespérante lenteur. Où étaient-ils, ces mouvements d'ensemble qui enthousiasmait, voilà peu de temps encore, le meilleur public de France ? Ou était-elle, cette équipe qui savait forcer le résultat, même quand les circonstances lui étaient peu favorables ?

Autant de questions que, pour notre part, nous nous sommes posés hier soir, tout au long des 90 minutes.

Dans les meilleures responsables, on reconnaît volontiers que quelque chose ne va pas. Mais le moment serait sans doute venu de trouver un remède efficace, car, à ce rythme-là, c'est le spectre de la deuxième division qui se profile à l'horizon.

Il faut que chacun des dirigeants en prenne conscience et agisse en conséquence. Même si des décisions énergiques doivent être prises.

Dans la vie d'un club, il arrive un moment l'on ne doit plus faire de sentiment...

J.F.

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Le match en bref

Deux buts monégasques

et un concernant O.M.

Le début du match avait laissé espérer de bien meilleures dispositions de la part de l'O.M. La suite n'en devait être que plus décevante pour les quelques milliers spectateurs inconditionnels qui avaient fait le déplacement du stade-vélodrome.

Certes, l'O.M. dominait et la défense renforcée des Monégasques avait fort à faire. Mais l'immense Montes conservait sa cage vierge et c'est ce qui chagrinait les supporters qui retrouvaient peu à peu une équipe olympienne imprécise, sans flamme et presque résignée.

Skoblar, très étroitement marqué comme d'habitude, ne pouvait pas placer son tir, et l'O.M., à part lui, n'a pas beaucoup de shooteurs.

Les contre-attaques monégasques vivement menées, étaient par ailleurs trop peut appuyées pour inquiéter Carnus.

Après la mi-temps, l'O.M. continua à dominer, d'autant plus que Monaco joua replier.

Mais les contre-attaques des maillots rouges étaient de plus en plus incisives et Ruiter, lorsqu'il eut l'occasion, ne manqua pas de battre Carnus à la 63e minute. C'était un mauvais jour pour l'O.M., qui reprit sa domination stérile.

Montes et sa défense renvoyaient tout. Les Marseillais accumulaient les maladresses et s'attirer les quolibets du public.

La "bronca" fut à son comble, lorsqu'à quelques secondes du coup de sifflet final, Onnis s'infiltra sans être attaqué pour venir battre Carnus de près.

R.D.

 

 

 

 

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