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Résumé Le Provencal

du 21 janvier 1974

 

CARNUS, SAUVEUR DE L'O.M. A NANCY

Submergés, les Olympiens, tous défenseurs ont pu éviter la noyade

 

Les commentaires

NANCY - Quand les deux équipes regagnèrent les vestiaires, le public de Nancy, le plus sportif de France, scandale le nom de Carnus. Hommage on ne peut plus vérité, car le gardien olympien avait bien été le numéro un de son équipe et le joueur le plus en vue de la rencontre.

La vérité nous oblige à dire que nous aurions aimé qu'il ait été un peu moins en vue, pour mieux voir son équipe dans un rôle pas seulement destructif. Mais il ne faut pas se montrer trop exigeant, surtout en ce moment.

Privé de toute son attaque habituelle, Magnusson ayant dû quitter le terrain en première mi-temps, l'O.M. ne pouvait avoir de grandes ambitions contre une équipe qui lui était, hier, nettement supérieure et qui opérait de surcroît chez elle.

Donc, ce petit point arraché miraculeusement à l'énergie, grâce à un repli massif de toute l'équipe 80 minutes sur 90 minutes au moins vaut, en définitive, son pesant d'or.

Si Nancy a réussi à maintenir la tête de l'O.M. dans l'eau pendant la majorité de la partie, il n'a pas pu l'asphyxier complètement.

 LE GRAND VIRAGE RATÉ PAR NANCY

Mais si le match prit assez vite de la tournure d'un cavalier seul, les Nancéiens en sont les premiers responsables. Dès le début de la rencontre ils eurent deux occasions vraiment en or de marquer, et donc de modifier totalement la physionomie du jeu en obligeant l'O.M. à se découvrir.

Tout d'abord Vicq, technicien local, rata un penalty, et peu après Castronovo, admirablement servi par Trésor, dont ce fut la seule faute, ne réussit pas à marquer alors qu'il se trouvait seul de face, à moins de 10 mètres de Carnus.

Quand on ne profite pas de pareils cadeaux de la défense adverse, on perd généralement le droit de gagner et l'on peut penser que l'O.M. avec son attaque au complet, aurait eu une chance sérieuse de gagner son match contre le cours du jeu.

En football, vous le savez, ce sont les choses qui arrivent souvent.

 VICTOIRE DE MARIGNANE SUR SALON

Après ces deux chances nancéiennes envolées, nous eûmes droit à un duel Salon - Marignane, c'est-à-dire Di Caro contre Carnus.

Cinq fois, ils se trouvèrent face-à-face et cinq fois Carnus réussit à stopper ou à dévier en corner les entreprises de son ancien partenaire. Ce fut le deuxième tournant du match.

Car il est bien certain que si Nancy avait ouvert le score, la partie eut été complètement changée et le bonus eut été possible pour l'équipe locale.

Mais les choses ayant été ce qu'elles furent, à mesure que le temps passé, la tâche de Nancy devenait de plus en plus difficile.

Car marquer devant une défense forte la plupart du temps d'une dizaine de joueurs et n'ayant que le souci de détruire a toujours été un problème difficile à résoudre pour n'importe qu'elle équipe.

 LE TIR TERRIBLE DE LECLERCQ

En deuxième mi-temps, à quatre ou cinq contre-attaques près de l'O.M., le jeu se déroula complètement dans le camp des visiteurs, et très souvent dans la zone de réparation de Carnus où se déroulèrent des mêlées dignes de France - Irlande.

Quelques chiffres pour mieux vous situaient la supériorité de Nancy : quinze corners à un et une avalanche de tir.

De leur côté, une seule intervention de Fouché sur un tir de Emon.

Cependant dans ce désert offensif de l'O.M., la meilleure bombarde fut marseillaise. Un tir de Leclercq du gauche, bien sûr, et de 25 mètres environ, qui vint faire trembler la transversale juste au-dessus de la tête de Fouché.

Il est bien certain que Nancy lui aussi avait tiré sur le poteau, mais ce véritable bolide signé Leclercq fut le meilleur éclair de la rencontre.

 EMON ET DÉSIRE À REVOIR

L'O.M. par la force des choses avait fait entrer deux jeunes attaquants : Emon et Désire. On attendra une autre occasion pour les juger.

Hier, Emon dut rester le plus souvent au "paquet" comme le dise encore les rugbymen, et Désire, aussi, fut souvent dans l'obligation de se replier au niveau de ses arrières.

Quant à Le Boedec, remplaçant de Magnusson, il ne dépassa qu'exceptionnellement la surface de réparation de l'O.M.

Bref, 80 minutes sur 90 à peu près, Nancy joua contre un mur olympien, lequel se contentait de renvoyer la balle, sauf quand Leclercq pouvait apporter une note technique à son équipe.

Pour conclure, beaucoup de courage et d'esprit de corps digne d'éloges hier permirent à une équipe submergée de ne pas se noyer et de ramener un point très précieux.

Moralement, ce point peut avoir une excellente influence sur l'équipe, mais il est bien évident que cette façon exceptionnelle de jouer - ou plutôt d'empêcher l'adversaire de jouer - ne peut valoir que pour un match exceptionnel comme celui-ci.

Maurice FABREGUETTES

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Ils disent

L'entraineur Fernando Riera :

"J'aurais préféré

que nous battions NIMES"

 Dans leur situation, les Marseillais ne pouvaient faire la fine bouche sur le résultat, se souciant dans le fond assez peu de la manière.

Aussi n'hésitaient-ils pas à considérer le nul arraché aux Lorrains comme une excellente opération.

Ainsi Fernando Riera : "Evidemment, le moins qu'on puisse dire est que nous avons été copieusement dominés. Et nos adversaires pourront sans doute estimer qu'ils ont été assez mal payés de leurs efforts.

"Eh bien ! c'est chaque son tour.

"Dimanche, nous avions dominé Nîmes qui avait été sauvé par les parades de son gardien de but. Cet après-midi, c'est Carnus qui s'est montrée intraitable. Mais je dois bien avouer que j'aurais préféré, respectant la logique, que nous perdions aujourd'hui, mais que nous ayons, huit jours auparavant, battu Nîmes. Mais on ne peut pas choisir son jour de chance".

Enfin, entraîneur marseillais concluait :

"Tenez, avec encore un peu plus de chance, nous aurions très bien pu marquer un but sur une de nos contre-attaques, comme celle que qui fut menée par Bosquier et terminée par Leclerc d'un tir sur la transversale.

"Mais il ne faut pas trop demander, surtout avec l'équipe que nous présentions. Alors disons que ce nul c'est très bien".

Georges Carnus, héros du jour était évidemment très entouré et félicité.

"Eh oui ! c'est dimanche dernier le jour de chance de Landi ; aujourd'hui c'était le mien. Disant que j'ai voulu montrer que je n'étais pas encore fini ; et puis, un gardien très sollicité comme je le fus cet après-midi se montre très souvent à son avantage. La défense a bien tenu le coup et tout le monde s'est bien battu".

Le choeur de ses camarades ajoutait "Et toi tu as fait le reste".

Heureux également Roger Le Boedec qui avait pris peu avant le repos la place de Magnusson alors qu'il est toujours délicat d'intervenir dans un débat déjà bien lancé.

"J'ai fait ce que M. Riera m'avait demandé, en ne prenant aucun risque sur le plan offensif et faisant écran là ou il le fallait. Je crois que nous avons bien joué le coup car il ne s'agit pas pour nous d'opérer la fleur au fusil, mais bien de se montrer réalistes. Nous avons joué comme il faut le faire à l'extérieur. D'ailleurs j'estime que nous avons bien manoeuvré en ne perdant pas la tête ni la balle et en nous dégageant par des passes courtes.

"Je suis persuadé que notre équipe est en progrès et qu'elle ne tardera pas à le montrer".

Albert Emon, qui n'est pas encore habitué au rythme de la rencontre de 1re Division, avait été jusqu'à la limite de ses forces.

"Cela a été très dur pour moi, car il fallait aller chercher le ballon loin en arrière, puis le remonter le plus vite possible en avant pour appeler les passes et essayer de se placer pour tenter un coup payant.

"Je suis très fatigué, mais content du résultat obtenu qui nous paye de nos efforts. Ce point gagné à Nancy, il nous le fallait absolument !"

Roger Magnusson nous montrait sa cheville droite enflée et regrettait :

"C'est dommage d'avoir été blessé car je me sentais très bien cet après-midi. Je venais d'ailleurs de déborder Bauda et de centrer quand les crampons de ce dernier sont venus labourer ma cheville. Après il m'était impossible d'être utile à mon équipe. C'est vraiment pour moi une mauvaise journée, puisque j'écope en outre d'un l'avertissement".

Daniel Leclercq ne pavoise pas facilement, qu'on en juge :

"Evidemment c'est un beau résultat, mais je ne peux dire que j'ai tremblé outre mesure, nous étions toujours dangereux par nos contre-attaques, et nous aurions très bien pu gagner si on avait laissé plus de monde en pointe. Avec leurs longues balles en avant, les Lorrains étaient moins dangereux qu'ils en avaient l'air".

Laissons le mot de la fin à M. Vernet qui accompagnait l'équipe pour la première fois et commentait le résultat avec la joie que l'on devine.

"Alors les gars, est-ce que vous êtes contents de moi ?"

Nous croyons que c'est la grosse voix de Bernard Bosquier qui lui répondit "Très content ! On vous laissera revenir avec nous !"

DI CARO et les Lorrains :

"Bravo Carnus !"

Les joueurs de Nancy se délassaient dans la baignoire commune, lorsque nous avons retrouvé Di Caro, un des héros malheureux du match.

"Je ne croyais pas qu'il était possible de connaître une telle malchance. Rien que pour ma part j'ai tiré plusieurs fois quelques centimètres à côté. Carnus a repoussé trois de mes balles en corner ; enfin j'ai été deux fois retenu par le maillot en bonne position.

"Enfin, je préfère que ce soit mon ancien club qui ait connu une pareille jour de chance. Mais nous disons tous : chapeau à Georges Carnus. Il est encore le meilleur".

L'entraîneur Rodin devait ajouter :

"Je n'ai rien à reprocher à mes hommes, sinon de s'être montré un peu maladroits, mais il y a comme cela des jours où on ne réussit rien. Nous avons tout de même tout tenté devant cette défense marseillaise regroupée, et en jouant de cette façon je crois que nous en battrons d'autres".

Précisons pour terminer que Denis Bauda, qui avait blessé bien involontairement Magnusson, nous demanda des nouvelles de sa "victime" et se montra désolé que son intervention lui ait valu une entorse.

Nancy est vraiment une équipe bien sympathique.

Louis DUPIC

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Le match en bref

Une histoire de transversale

Devant une belle assistance, le match avait failli commencer de façon catastrophique pour l'O.M.

En effet, Victor Zvunka et Trésor ayant accroché Platini, dans la surface de réparation, l'arbitre, M. Meeus, accordait un penalty à Nancy et par la même vocation gratifiait Magnusson d'un avertissement.

Ça partait mal ! Mais Vicq, à la troisième minute, donc tirait sur la transversale le coup de pied de pénalité. Les Lorrains occupaient le plus souvent, par la suite, le camp d'un O.M. rendu prudent par ce départ ultra-rapide, mais les contre-attaques marseillaises étaient dangereuses.

C'est ainsi que Carnus déviait en corner, trois tirs de Di Caro au 12me, 15me et 24me minute. Mais Magnusson, puis Emon (ce dernier à deux reprises) manquaient pour quelques centimètres la tête du dynamique Désiré, lancé à corps perdu pour reprendre leurs centres aériens.

Cependant, à la 28e minute, bien servi en profondeur par Platini, Di Caro qui en voulait terriblement, arrivait seul devant Carnus, l'évitait, mais plaçait la balle juste à côté. Deux minutes plus tard, il se retrouvait à nouveau en bonne position sans pouvoir battre son ancien coéquipier.

À 34e minute, Le Boedec remplaçait Magnusson qui boitillait depuis la 6me minute, et l'O.M. déjà très défensif, se retrouvait avec un arrière supplémentaire et au repos, un score nul à peu près miraculeux.

Les données du problème ne se trouvaient pas modifiées au début de la seconde période et Platini adressait un tir plongeant qui échoué sur la transversale à la 47me minute.

Carnus devait repousser en corner une tentative de Vicq (52me minute) et la domination de Nancy devenait écrasante.

L'O.M. ne conservait plus que Désire en pointe, et Emon lui-même revenait profondément en arrière "faire le ménage".

À 60e minute, cafouillage monstre ! Carnus à terre, repoussait les trois tirs consécutifs de Herbet, Platini et Castronovo !

Mais il a 65me minute, une des rares contre-attaques marseillaises menées par Bosquier, se terminait par un tir lointain tint et appuyé de Leclercq renvoyé par la transversale...

Les projecteurs rentraient en service à la 70me minute et Carnus intervenait encore magnifiquement. À trois reprises devant Castronovo (deux fois) et Chenevotot, mais Emon et Désire, à leur tour, inquiétaient sérieusement Fouché et la partie se terminait sur une ultime attaque marseillaise, menée par Lopez, dont le centre échappait de peu à la tête de Buigues.

L.D.

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Le fait du match

La baraka

Dimanche dernier, nous intitulions ce billet "Un soupçon d'injustice". Eh bien ! juste retour des choses ici-bas, nous choisirons le même titre... si nous étions chroniqueur d'un journal lorrain. Car l'O.M. fut aussi veinard à Nancy qu'il avait été malheureux contre Nîmes.

Qu'on en juge : cette partie, qui avait démarré en catastrophe, pouvait se terminer par un succès marseillais : un tir terrible de Leclercq s'écrasant sur la transversale lorraine. L'ultime phase de jeu, même, pouvait faire pencher la balance en leur faveur, un centre brossé de Lopez échappant à Fouché, pour aller effleurer la tête de Buigues...

Mais cela eut été trop injuste pour Nancy, car entre le penalty raté de Vicq e tle tir fracassant du "patron", il s'était passé beaucoup de choses. Du jamais vu dans un match dont le résultat final allait être 0 à 0.

Récapitulons : trois très bons arrêts de Carnus devant Di Caro, ce même Di Caro se présentant deux fois seul face à son ancien camarade sans pouvoir le battre. Puis, c'était au tour de Platini de se manifester en maltraitant la transversale.

À la 60e minute, c'était le point d'orgue du récital Carnus. George, à terre, repoussait de trois manchettes successives des tirs à bout portant de Herbet, Platini et Castronovo, le tout en moins de trois secondes.

Cela semble couper un moment les jambes des Lorrains, qui repartaient de plus belle. Encore trois tirs qui paraissaient prendre le chemin des filets, mais qui étaient déviés, attirés comme par un aimant vers les mains de Georges Carnus.

Quand on pense que son ami Landi avait été porté aux nues pour trois excellentes parades, disons que le doux Georges en a fait très exactement trois fois plus, et encore nous sommes en dessous de la vérité...

Et dire qu'il n'y a pas si longtemps, beaucoup estimaient "démobiliser". Enfin, disons que c'est un retraité qui se porte bien et qui avait, hier, la fameuse baraka pour le plus grand bonheur de son équipe.

L.D.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

 Le résultat de 0 à 0 est-il heureux pour l'O.M. ?

Oui, et personne ne le discute. L'O.M. a joué hier à Nancy comme une équipe de Division II essayant de créer une surprise en Coupe de France contre un adversaire de Première Division.

Le courage, la volonté, l'esprit uniquement défensif n'ont jamais été tout le football.

Cependant l'O.M. était trop handicapé, hier, pour espérer faire mieux sans courir de gros risques.

Ce qui prouve aussi que certains titulaires habituels absents Nancy sont absolument indiscutables.

Quant à la chance, elle se manifesta surtout en début de rencontre, au moment où Nancy pêcha par maladresse, en ratant un penalty et un tir à bout portant.

 Dès la deuxième minute du match, arbitre siffla un penalty contre l'O.M., et infligea un avertissement à Magnusson. Ces deux sanctions étaient-elles méritées ?

Vu de notre tribune, le penalty paraissait assez peu discutable, pieds de Victor Zvunka étant allé à la jambe de Platini alors que ce dernier était en position favorable de tir.

Quant à l'avertissement donné à Magnusson, il ne peut avoir pour cause qu'une contestation déplacée de la décision de l'arbitre.

On a beau leur dire et leur répéter, certains Olympiens parlent trop, bien que ce soit parfaitement inutile.

 Expérience Emon -Désiré a-t-elle été probante ?

Nous entrevoyions un match difficile pour les deux jeunes Olympiens, malheureusement s'il a été effectivement très difficile, il fut aussi trop à sens unique.

Quand une équipe se refuse à attaquer, la part des attaquants est vraiment trop petite pour pouvoir être jugée sainement.

Cependant, Emon et Désiré par leur participation à la grande bataille olympienne devant le but de Carnus, ont su se rendre utile.

 On reproche à Leclercq de se tenir trop derrière. Que faut-il en penser ?

Contre Nîmes, au stade vélodrome, on avait pu reprocher à Leclercq un certain manque d'ambition est une sorte de fuite vers l'arrière devant les responsabilités incombant à un joueur opérant là ou les balles sont chaudes.

Hier, le problème était totalement différent. La position repliée de toute son équipe l'obligeait à se tenir assez près de la zone d'action. Là, grâce à son calme, sa technique et sa vision du jeu, il était le seul Olympien capable de permettre à ses partenaires de respirer un peu.

Sans doute cette manière d'utiliser un technicien comme Leclercq n'est-elle pas à renouveler. Mais dans le cas très particulier de cette rencontre, ce fut un moindre mal.

Les puristes, toutefois, reprocheront à l'O.M. ce refus de jouer, en disant que c'est la meilleure façon de ne jamais apprendre à jouer.

C'est aussi une question qui peut être très controversée.

M.F.

 

 

 

 

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