Résumé Le Provencal du 25 février 1974 |
O.M. : C'EST LA PLONGEE
Premier bonus pour RENNES
Les commentaires |
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RENNES - Eliminé de la Coupe par une modeste formation de Seconde Division, l'O.M. a offert successivement trois bonus à des adversaires de faible standing. Après Sedan et Troyes, c'était hier après-midi le tour de Rennes et il paraît désormais engagé dans un tel processus de désintégration qu'on peut se demander où la dégringolade s'arrêtera, les terminus étant bien sûr la relégation en Seconde Division. Les joueurs sont les premiers navrés de ce qui leur arrive, et c'est ce qui nous paraît le plus gênant dans cette triste affaire. Nous en parlions avec Roger Magnusson et Jules Zvunka. Ils étaient d'accord avec nous sur ce point : l'O.M. aurait sans doute enlevé ce match si ses joueurs avaient pu oublier pendant une heure et demie leur classement et la dramatique importance du débat pour l'avenir immédiat du club. Fernand Riera nous disait, la veille de son limogeage, que tout paraissait organisé pour faire le malheur de l'O.M. Nous savons pour notre part depuis longtemps que la chance favorise toujours ceux qui en ont le moins besoin, c'est-à-dire les plus forts. Car il est vrai que l'O.M., qui a plus ou moins "désappris" à jouer depuis deux ans, n'a plus aucunes réussites, aussi bien en défense qu'en attaque. Dimanche dernier, contre Troyes, c'était trois buts consécutifs à des coups francs. Avouez qu'il faut le faire. À Rennes, Emon venait de passer de justesse à côté de l'égalisation, à deux minutes de la fin, et s'arrachait encore les cheveux de désespoir quand la contre attaque rennaise se développait pour s'achever au fond des filets de Carnus par la grâce de l'extraordinaire Pokou. Ajoutons à cela les sérieuses blessures de Victor Zvunka et de Keruzore qui n'arrangent rien, et on aura une meilleure idée de la situation. Ces explications données, qui ne sont d'ailleurs pas des excuses car les Olympiens portent une lourde part de responsabilité, disons que Rennes n'a pas volé cette victoire inespérée, au moins pour deux raisons : une plus grande vivacité dans les échanges et la présence dans ses rangs d'un attaquant d'exception. LE BOURREAU DE SERVICE A toute exécution, il faut un bourreau. À Sedan c'était Osim ; contre Troyes c'était Watteau. Hier après-midi, le bourreau de service s'appelait Laurent Pokou, cet attaquant de grande race, qui sauvera peut-être sa nouvelle équipe du pire. Aux temps anciens, l'O.M. qui se ne distinguait jamais par la solidité de son jeu collectif, remporta la plupart de ses succès grâce aux exploits de ses "monstres sacrés", Skoblar ou Magnusson, parfois les deux ensemble. Keita aurait pu entretenir l'illusion et assurer la relève si on ne l'avait écarté pour des raisons fallacieuses et extra-sportives. Cette fois, malgré le courage Josip et la bonne volonté manifeste de Roger, le joueur d'exception était dans l'autre camp. Imaginez un Keita courageux, dur aux chocs, encaissant ou rendant les coups avec le sourire, et vous aurez une idée de ce que peut être Pokou, devenu idole à juste titre du fidèle public breton. Et l'on ne s'imagine surtout pas qu'il fut, comme Osim, ou Watteau, laissé libre de ses mouvements. Il fut sans cesse serré de près, maltraité même, mais ses qualités physiques, morales et techniques lui permirent de marquer deux buts malgré la surveillance sévère dont il faisait l'objet. |
Si Pokou fut le bourreau de l'O.M., un autre joueur, à l'autre bout du terrain, contribua à sa défaite : le gardien Bernard qu'il eut trois parades décisives devant Skoblar, Lendo et enfin Emon et fut, avec attaquant africain, e grand homme de son équipe. LE MATCH DE LA PEUR Entre ces deux "desperados" on ne pouvait s'attendre ni à une démonstration de football ni à un concours de fair-play. Ce fut le match de la peur, le ballon brûlant les pieds des joueurs des deux camps qui, généralement, se hâtaient de le renvoyer le plus loin possible de leurs buts, sans souci de construire. Nous avons vu, hélas, les meilleurs techniciens comme Leclercq, Bosquier ou Betta abuser de longues passes, que le vent violent et froid rendait hasardeuses et qui n'arrivaient pas souvent à destination. Match de quartier, certes, sur le plan du jeu, mais aussi sur celui de la correction. Les interventions illicites ou brutales ayant été monnaie courante. La nervosité des joueurs se traduisit par des tackles à retardement, des poussés dans le dos et ce fut miracle s'il n'y eut que deux blessés. Malheureusement dans le camp de l'O.M. de toute cette panique, le point d'orgue fut ce dégagement du poing par le capitaine rennais Kerbiriou, qui permit à l'O.M. de marquer sur penalty. On ne peut perdre plus complètement les pédales ! Répétons-le, celle des deux équipes qui aurait pu faire abstraction de son classement, et sans donner dans le génie, tout simplement jouer au football, n'aurait pas souffert pour enlever cette rencontre. Car Rennes, finalement vainqueur, a donné à ses supporters des sueurs froides. AIDER LA CHANCE L'O.M. avait abordé la partie de façon catastrophique et se laissant dominé malgré l'avantage du vent, la perdit au cours de la première demi-heure. Ensuite ce fut beaucoup mieux, mais c'était trop tard même si la deuxième mi-temps de l'O.M. fut un peu plus honorable. L'équipe réussit même de bons mouvements, et c'est alors qu'intervient ce manque de réussite évoqué plus avant. Il n'est pas question ici de chercher des excuses à une formation qui en est au deux-tiers de la compétition. Mais nous sommes certains qu'il faut de la chance pour enlever coupe ou championnat. L'O.M. en eut sa part, de 70 à 72, et peut-être même plus que sa part. Une équipe comme la sienne ne peut tomber en Seconde Division sans que la malchance y soit pour quelque chose. Aide-toi, le ciel t'aidera, dit le proverbe, cela doit se vérifier en football. Jules Zvunka et sa troupe peuvent se tirer d'affaire en mettant le maximum d'atouts de leur côté, et avant tout en trouvant, si elle existe, une solution à un angoissant problème de défense. Louis DUPIC |
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Ils disent |
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Jules ZVUNKA : " Travailler dur" Il fallut attendre un moment pour pénétrer dans le vestiaire marseillais. Jules Zvunka avait tenu, à vif, avec ses hommes, à tirer la leçon d'un match qu'ils auraient pu gagner et qu'ils ont perdu, essentiellement par manque de confiance, de maturité et du petit coup de pouce de la chance. "C'est dans la première mi-temps que nous avons perdu le match, commentait-il, peu après. Nous prenons deux buts presque coup et qui plus est, en faisant deux cadeaux royaux à l'adversaire. Sur le troisième aussi d'ailleurs, mais ce dernier but pour moi de change rien à l'affaire. Il fallait arracher un bon résultat, et nous n'y sommes pas parvenus. "En deuxième mi-temps, je crois pourtant que nous avons largement fait jeu égal avec les Bretons. On m'objectera peut-être que ce n'est pas une référence. Mais si nous pouvions nous permettre de mésestimer un adversaire quel qu'il soit nous ne serions pas 17me. "Ce qui est difficilement pardonnable, à mon sens c'est le commettre de pareilles erreurs de défense. Pour le reste, il n'y a pas de mystère : les Rennais avaient plus de "jus" que nous, encore que, je le répète, ils aient baissé de pied, tandis que nous nous améliorions au fil des minutes. Il nous reste maintenant à travailler dur. Très dur. Je l'ai dit aux gars tout à l'heure. Faudra aller "au charbon" durant quinze jours, afin d'être prêts pour recevoir Lyon. J'estime cependant qu'aujourd'hui, ils ne sont pas coupables, tous se sont battus jusqu'au bout et on fait ce qu'ils ont pu. Le seul point positif de la journée, résiste pour moi dans cet esprit : cette volonté de bien faire. S'il en est ainsi jusqu'au bout de la saison, nous nous en tirerons". BOSQUIER : "COMME À SEDAN" L'annonce des différents résultats de Strasbourg, Sedan et Monaco avaient évidemment achevé de geler une atmosphère déjà passablement tendue. Georges Carnus établissait le classement et laissait tomber : "Que voulez-vous voilà bien le football. Cette balle d'Emon que Bernard est allé chercher à dernières minutes, et ce but de Pokou, aussitôt après, ce sont des choses qui ne nous arrivent que lorsque comme nous vous êtes 17me et avait absolument besoin de points. Quand vous êtes au milieu du tableau, ça rentre à tous les coups. |
"C'est quand même la deuxième fois que ça nous arrive, ajoutait Bosquier. À Sedan aussi, menée 2 à 1, nous avons raté une balle de match. Et là nous avons concédé un but aussitôt après. À ce stade de mal-classés, qui est actuellement le nôtre ce sont des erreurs qui comptent double ou triple". Magnusson revenait, lui aussi sur ce coup de la dernière minute et invoquait la malchance : "Nous avons fait notre meilleur match de la saison. Jamais nous n'avions été offensifs comme ici. J'estime que nous avons joué cinq fois mieux qu'à Nancy, d'où nous étions revenus pourtant avec le match nul. Que nous méritions bien aujourd'hui. Je crois quand même que tout n'est pas perdu. Il nous reste quinze jours pour travailler avec Jules". Enfin Skoblar ajouter : "Ce petit point de bonus risque de nous coûter très cher d'ici quelques mois". ALLÉGRESSE RENNAISE Chez les Rennais bien entendu, ce petit bonus était accueilli dans l'allégresse générale. Pakou, le héros du jour, était très entouré, tandis que le capitaine Loic Kerbiriou se plaignait d'avoir été poussé sur l'action qui amena le penalty à la 30e minute. Mais tout cela n'avait plus, bien sûr, qu'une importance relative. Et René Cedolin, allant de l'un à l'autre de ses joueurs pour les féliciter affirmait : "Rennes ne descendra pas". Alain PECHERAL |
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M. Roger ANTONIOTTI : "Non à la Deuxième Division !" |
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M. Roger Antoniotti, le président intérimaire de l'O.M., a convoqué, hier soir, les journalistes pour faire le point de l'actuelle situation. Notons tout d'abord que MM. Neumann, Bicais et Blanc assistaient à cette conférence de presse. Quel en a été le thème principal ? Eh bien, M. Antoniotti a déploré tout d'abord que des membres de l'O.M., des collègues en quelque sorte, aient cru bon de faire de l'obstruction systématique après son élection à la tête du club. "Trois membres du Comité Directeur, a-t-il dit, ont démissionné. Or, il se trouve maintenant que ces mêmes personnes reviennent pour contester les décisions qui ont été prises en leur absence. Il me semble que c'est là une situation plutôt paradoxale. "On reproche notamment au Comité Directeur d'avoir siégé avec 11 représentants, alors qu'il se compose de 14 membres. Pourquoi les autres ne sont-ils pas venus ? Tout simplement parce qu'ils se savaient minoritaires. Et, vous le savez comme moi, la situation actuelle de l'O.M. ne nous autorise pas à tergiverser. Il fallait donc prendre des mesures. "On a signalé aussi la position et même l'opposition des amateurs. Mais, là encore, je me suis aperçu que ses différentes sections n'avaient pas été informées. Leurs deux représentants, MM. Caussemille et Palandri, ne veulent plus participer à nos travaux. Ils sont désignés et non pas élus par le Comité Directeur. Ce qui me laisse toute latitude pour demander aux sections amateurs de désigner deux nouveaux membres représentants. "Mon premier objectif, au sujet de la modification des statuts, sera précisément que les sections amateurs élisent leurs propres responsables". - Comment, avons-nous demandé, entrevoyez-vous le dénouement de l'assemblée générale extraordinaire ? - J'espère avant tout qu'on y réalisera du travail sérieux. Il est possible que le Comité Directeur soit élargi et même constitué en Conseil d'administration d'une trentaine de membres. - Que devient, dans tout cela, la mission de M. Genoyer ? |
- Nous nous sommes rencontrés pour préciser nos positions. Je serais très heureux, après l'assemblée générale, d'écouter toutes ces suggestions et même retenir tout ce qu'il nous propose de positif. Mais avant tout, ce sont nous, les membres de l'O.M., qui devons donner l'exemple. M. Genoyer travaille de l'extérieur, en ce qui nous concernent nous devons agir à l'intérieur de notre club. - Vous êtes pour l'instant le président intérimaire. Pensez-vous que vous serez, dans un prochain avenir le président tout court ? - J'ai été mandaté pour préparer l'assemblée générale, et mon mandat expirera à sa réunion. Tout dépendra des décisions qui seront prises et des voeux qui seront émis. Je tiens cependant à signaler que je suis olympien avant tout et que je suis prêt à m'effacer si des personnalités valables se proposent pour diriger le club. "En attendant, je prends position, et je dis non à la 2me Division pour cette équipe que nous aimons tous". Voilà, dans les grandes lignes, quelles ont été, hier soir, les déclarations de M. Antoniotti. L'homme nous a paru décidé et animé des meilleures intentions. Ce matin, à 7 h. 45, il sera sur les quais de la gare Saint-Charles pour attendre l'équipe. "Je ne l'aurais pas fait, a-t-il souligné, si les gars avaient obtenu un bon résultat à Rennes. Mais en ce moment, l'équipe a besoin d'être soutenue moralement, et Jules Zvunka, en premier lieu, doit pouvoir compter sur notre aide". Il reste à étudier le fameux article 24 des statuts (le point chaud à l'heure actuelle), qui dit que les décisions du Comité Directeur ne peuvent être entérinées que si elles sont votées par un quorum de 7 membres au moins. M. Antoniotti nous a précisé que cette clause avait été faite pour un Comité directeur de 14 membres présents et non de 11 (puisque trois démissions ont été enregistrées). "De renoncement en renoncement, et de démission d'émission, présentées puis reprises, vous voyez où l'O.M. était amené, conclut le président intérimaire. Je vous le répète, l'heure est maintenant aux actes..." Jean FERRARA |
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Les réactions des dirigeants après la nouvelle défaite de l'O.M. |
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M. ANTONIOTTI : "J'ai très peu de chose à dire au sujet de ce nouvel échec. Tous les spécialistes du football savaient au départ toutes les difficultés que l'O.M. rencontrerait à Rennes. Surtout dans les conditions actuelles. Mais j'espère au moins un match nul, qui aurait été un encouragement pour Jules Zvunka. Nous avons maintenant quinze jours pour retrouver la cohésion. Je suis fermement convaincu qu'avec du travail et de la sérénité nous parviendrons à redresser la barre". M. NEUMANN : "Je suis catastrophé par ce résultat qui donne à Rennes son premier bonus de la saison. Il faut attendre l'arrivée de M. Toran qui était sur place, pour savoir comment l'équipe s'est comportée. Dimanche matin par téléphone on m'avait assuré que le moral des joueurs était intact. Je crois alors que le manque de condition physique n'avait pas encore été compensé. Je ne vois pas d'autres raisons à cette nouvelle défaite". |
M. BICAIS : "Je suis bien sûr profondément déçu, mais il faut reconnaître en toute objectivité que cette défaite est une conséquence logique de la situation actuelle. Il n'en reste pas moins que nous devons trouver, et le plus vite possible, des solutions pour remettre l'équipe sur le bon chemin. "Je pense que l'entraîneur Jules Zvunka parviendra dans les quinze jours qui viennent à redonner un nouvel élan à sa formation. Encore devra-t-on lui permettre de travailler dans les meilleures conditions". M. HENRI BLANC : "Ce n'est pas en quelques jours que Jules Zvunka pouvait redresser à lui tout seul la situation. Mais je suis persuadé qu'avec son caractère et sa volonté le nouvel entraîneur fera retrouver la voie du succès à ses hommes. "Pour ma part je sais que le club s'achemine vers une nouvelle orientation. Je garde confiance. J.F. |
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(Photos : collection personnelle Shabani ROUGEmémoire)