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Résumé Le Provencal

du 28 mars 1974

 

Deux exploits de SKOBLAR : BASTIA k.o. (2-1)

 

Les commentaires

L'O.M. a soumis hier soir ses supporters au régime de la douche écossaise.

Une première mi-temps lénifiante, pendant laquelle on put croire que l'équipe olympienne souffrait encore de tous les maux qui entraînèrent sa chute vers les bas-fonds du classement et contribuèrent à son élimination prématurée en Coupe.

Puis en seconde mi-temps, un grand Skoblar réussit en moins de deux minutes à redresser une situation qui paraissait presque désespérée.

Sur cette lancée, l'O.M. remis en selle par sont toujours irrésistible buteur, se mit à jouer beaucoup mieux. Mais alors que l'on espérait le voir s'envoler vers une éclatante victoire assortie du bonus, il ne réussit pas à faire mieux.

Mais ne nous montrons pas difficile, surtout en ce moment. Ce point extrêmement précieux pour les dirigeants, pour les joueurs, et pour les supporters de l'O.M., était de toute façon, bon à prendre. Cependant cette rencontre à prouver qu'il fallait encore se montrer vigilant et que rien n'était assuré.

De dures batailles attendre encore les Olympiens. Il faut qu'ils se préparent dans le calme, et en travaillant beaucoup à l'entraînement.

ZIMAKO AVAIT OUVERT

LE SCORE À LA KANYAN

La première mi-temps s'est jouée de façon tout à fait imprévue. On avait annoncé un choc et nous commençâmes à assister à un interminable round d'observation.

Il fallait attendre la 29e minute pour voir le grand Pantelic réussir son premier arrêt, assez facile, sur un tir de son vieil ami Skoblar.

Le rythme du jeu était extrêmement lent et à la surprise générale les olympiens se faisaient trop souvent prendre la balle dans les pieds, par les adversaires corses.

Si l'O.M. dominait légèrement, Bastien n'en était pas pour autant pressé devant son but, et si les corners (8 à 3) s'accumulèrent en faveur des Marseillais, ils étaient surtout dus à l'extrême prudence des défenseurs corses. Bref, malgré la grande foule revenue, on ne s'amusait pas beaucoup au Stade Vélodrome, quand soudain, le petit Zimako avec la complicité involontaire de plusieurs de ses adversaires, réussit à marquer un but en solitaire, un but à la manière de son cousin Kanyan.

...Et ce fut la mi-temps sur ce demi-résultat assez inattendu.

DEUX BUTS ÉCLAIRS

DE SKOBLAR !

Il ne restait plus qu'à attendre le réveil de l'O.M. après la mi-temps. L'équipe avait trop mal joué pendant les quarante cinq premières minutes pour que ce fut vrai. Nous pensions donc qu'il aurait une réaction, mais nous ne croyions pas, et le public avec nous sans doute, qu'elle serait aussi rapide, aussi foudroyante. Moins de cinq minutes après la reprise, l'O.M. avait non seulement l'avantage mais encore il pouvait raisonnablement envisager le bonus.

Il est vrai que, quand Skoblar retrouve la grande pointure, celle de son soulier d'or, tout est possible, et le plus difficile paraît facile. Un merveilleux coup de tête, un plongeon sur un centre d'Emon, une reprise instantanée au premier but, sur un sens de Buigues, et la situation était complètement renversée.

Il devient presque inutile d'ajouter que ces deux grands exploits de Skoblar furent pour l'O.M. et son public le meilleur choc psychologique.

BASTIA A LUTTE

JUSQU'AU BOUT

Le plus grand mérite de la courageuse équipe de Bastia aura été de ne pas baisser les bras après ces deux coups terribles qui, en boxe, eussent été autant de directs au menton. Ses joueurs continuèrent à se battre, à contester la maîtrise du ballon aux Olympiens et même à prononcer quelques attaques, dont l'une, au moins, faillit permettre à Zimako de renouveler son exploit de la première mi-temps.

Le temps passait et le bonus qui paraissait quasiment acquis, au début de cette mi-temps, se faisait attendre. Tant et si bien que l'on peut même se demander si les Bastiais, qui terminèrent plus fort que l'O.M., n'allaient pas finir par égaliser. Non, heureusement pour l'O.M. et c'est sur une victoire méritée sans doute, mais acquise extrême justesse que se termina cette rencontre.

CERTAINS ROUAGES

ÉTAIENT GRIPPES.

Il ne faut pas se dissimuler que l'O.M. n'a pas renouvelé, hier soir au Stade Vélodrome, son match de Lens. Passons sur la première mi-temps au cours de laquelle l'équipe fut pratiquement méconnaissable. Mais, en deuxième mi-temps, il est apparu que certains rouages de l'équipe étaient grippés.

Au centre de la défense, Trésor, certainement fatigué par son match international contre la Roumanie, n'eut point sa sûreté habituelle.

Au milieu du terrain, si Leclercq et Bosquier se distinguèrent parfois dans la distribution du ballon, leur activité ne fut cependant pas suffisante et ils se firent trop souvent prendre la balle par un joueur corse.

En attaque enfin, si l'on exceptait les deux merveilleux exploits de Skoblar, la mécanique ne baigne pas dans l'huile.

En face, Bastia présenta une équipe diminuée par de nombreuses absences mais qui eut au moins le mérite de savoir lutter.

Sa défense, parfois imprudente, n'en fit pas moins un match assez remarquable. Mais c'est surtout au milieu du terrain que des joueurs comme le petit Graziani, Burdino, Zimako etc., aidés par leurs ailiers latéraux Solas et Burkhart, s'assurèrent un nombre assez important de balles.

Malheureusement, c'est en attaque de l'équipe bastiaise est le plus vulnérable.

Par rapport aux précédentes saisons, il lui manque au moins un grand buteur.

Dommage, car hier soir, l'équipe corse a produit au Stade Vélodrome, une impression somme toute favorable.

Quant à l'O.M., répétons-le, il lui faut encore travailler et surtout ses joueurs doivent éviter de se prendre pour de grandes vedettes.

Hier soir, en première mi-temps, certains d'entre nous parurent un peu figés, comme si la victoire leur était due.

Maurice FABREGUETTE

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Ils disent

Jules ZVUNKA :

" L'important c'était de gagner"

Beaucoup de monde, hier soir, dans les vestiaires marseillais après un match qui, il faut bien le dire, avait causé quelques soucis aussi bien aux joueurs qu'à leurs nouveaux dirigeants.

M. Meric en avait même perdu sa voix, lorsque nous sommes allés le trouver pour lui demander ses impressions :

"A la mi-temps, je l'avoue, nous dit-il, j'avais un sourire un peu pâlot. Mais, voyez-vous j'avais confiance en cette équipe. Les joueurs ont su me que confirmer à la reprise que j'étais dans le vrai. On pourra peut-être regretter que l'O.M. n'ait pu marquer le troisième but de bonus".

"Nous savions cependant, avant la partie, que les Corses ne seraient pas des adversaires à dédaigner, alors sachons nous contenter du résultat.

"Notre victoire prouve que le renouveau de l'O.M. est bien une évidence. Nous avons pu gagner à Lens. Et il y avait bien longtemps que les spectateurs de voyaient plus gagner leur équipe en championnat. Je tiens d'ailleurs à rendre hommage à nos supporters qui, ce soir, sont revenus en masse au stade vélodrome.

"Quand j'ai pris la présidence, j'avais annoncé que jusqu'à la fin de la saison nous devrions mener une course d'obstacles. Et voilà deux de passés. Il ne reste plus maintenant qu'à continuer sur la lancée".

JULES ZVUNKA :

"LE RÉSULTAT D'ABORD"

Jules Zvunka, sur son banc de touche, n'avait pas passé que des moments agréables, surtout après que les Bastiais eurent ouvert le score.

Quand nous l'avons retrouvé, il était encore sous le coup une certaine émotion, bien que le sourire refleurisse peu à peu sur ses lèvres.

Je sais bien, nous déclara entraîneur, qu'on nous reprochera peut-être ne pas avoir remporté ce soir le bonus. Mais vous avez vu que les circonstances nous n'étaient pas, une fois de plus, favorables.

"Comme à Lens, nous étions menés au score et ce soir, c'était d'autant plus délicat que nous jouions devant notre public. Heureusement, les joueurs ne se sont pas laissés abattre et ils ont au moins tout forcer la victoire. Je dois les en féliciter. Oublions pour aujourd'hui le bonus qui nous échappe. L'important, ce soir, c'était de gagner".

Nous avons demandé à Zvunka pour quelle raison il avait remplacé Buigues par Couecou.

"Au début de la deuxième mi-temps, nous répondit-t-il, je m'étais rendu compte que les Bastiais avaient nettement baissé le pied. C'était l'occasion en faisant rentrer un attaquant supplémentaire, d'obtenir un troisième but. Je pensais que l'arrivée de Couecou, qui est un attaquant de pointe, nous permettrait de forcer la défense corse.

Mais je vous signale tout de suite que je n'ai rien à reprocher à Buigues qui, jusqu'à là, avait fait un travail remarquable. Seules les circonstances imposaient de faire un changement".

SKOBLAR : "À LA MI-TEMPS

JE N'ÉTAIS PAS TRÈS RASSURÉ"

Josip Skoblar, qui fut le héros de la soirée, n'arrivait pas, pour sa part, à retrouver le sourire.

"Heureusement, nous dit-il, nous avons abordé la seconde mi-temps à 100 à l'heure, ce qui nous a permis de marquer deux buts en moins de 5 minutes. Je suis content, bien entendu, d'avoir moi-même trouvé le chemin des filets ; mais avant tout, c'est la victoire de l'équipe tout entière qui compte.

"Car je ne me demande ce qui se serait passé si le score final aurait été celui de la mi-temps. Alors, je suis tout à fait d'accord avec Zwunka : "'O.M. a donné et ce n'est déjà pas si mal."

Daniel Leclercq, qui avait réalisé, pour sa part, une excellente partie, nous confiait ensuite ses impressions.

"Aujourd'hui, nous dit-il, je suis content de la partie que j'ai moi-même réaliser. Mais il me semble que l'équipe toute entière a vraiment joué pour gagner".

C'est également l'opinion de Georges Carnus le capitaine :

"Je savais avant le match, nous confia le gardien, qu'il serait difficile de marquer beaucoup de buts à la défense bastiaise et à Pantelic. De plus, les attaquants bastiais s'ils n'ont pas eut beaucoup eut beaucoup d'occasions, ont été toujours dangereux. Je pense que nous pouvons nous satisfaire de sa victoire.

Jacky Novi, qui ne s'était pas rendu à Bordeaux avec son équipe nîmoise, était venu encourager ses anciens coéquipiers.

L'O.M. a fait une excellente deuxième mi-temps. Le public du stade-vélodrome à peut-être regretté que les attaquants marseillais n'aient pas marqué un troisième but, mais, vous savez, les Corses sont difficiles à manoeuvrer. Il n'empêche que Josip, ce soir encore, a été extraordinaire. J'ai retrouvé le Skoblar de ses plus beaux jours".

Autre visite, c'est de Maurice Genoyer, qui avait enregistré avec le plaisir que l'on devine la victoire de l'O.M. et le renouveau du club qui était un peu son offre.

"Toute cette ambiance, nous déclara Monsieur Bons Offices, fait plaisir à voir. Je crois que l'O.M. est désormais sur la bonne voie.

Jean FERRARA

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CAHUZAC : "pourtant

j'avais confiance"

Dans le camp bastiais, les visages étaient plutôt tendus après la défaite, et l'entraîneur Cahuzac ne cherchait pas de fausses excuses : mes joueurs n'ont pas assez cru en eux-même en première mi-temps. Pourtant j'avais confiance, et je pensais que Burdino et Graziani au milieu du terrain, nous pouvions faire du bon travail, mais en définitif, je crois que les Bastiais étaient trop contractés pour obtenir un peu bon résultat.

Burdino analysait la situation en une phrase lapidaire : "C'est le début de la seconde mi-temps qui nous a tués. Mais je vous assure que les Marseillais reviennent en forme, et puis ce Skoblar c'est un diable d'homme !"

Pantelic secouait la tête pour nous dire : "Le second but de Skoblar était imparable. Vraiment mon compatriote a réussi deux buts de grande classe. Les Marseillais nous ont surpris en début de seconde mi-temps. C'est pour cette raison que nous n'avons pu conserver notre avantage. Si nous étions tendus, eux étaient par contre très décontractés".

Vergnes, qui souffrait de coups reçus à la cheville gauche, devait résumer sa pensée en ces termes : "Nous avions pris un avantage intéressant et je crois que nous méritions le match nul. Mais malheureusement nous avons eu devant nous Skoblar qui revient en grande forme."

A.D.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

I. - Les deux buts de Skoblar était-il inarrêtables pour un gardien de la classe de Pantelic ?

R. - Le premier, certainement oui. Une reprise de la tête, surtout à cette courte distance du gardien et sur un plongeon, est toujours imprévisible.

Sur le second, il peut y avoir un léger doute. Pantelic a paru un peu trop avancé.

Mais la reprise (au bond) de Skoblar était si rapide, tellement instantanée, qu'incriminer le gardien serait comme chercher du poil sur un oeuf.

Même pour un gardien de classe internationale comme Pantelic, de pareils tirs sont difficilement arrêtables.

Aussi, préférerons-nous donner un coup de chapeau à Skoblar plutôt que de chercher la faute de son adversaire d'un soir et cependant ami.

II. - Avons-nous vu le meilleur O.M. ?

R. - Certainement pas. Au demeurant, l'O.M. sans Magnusson, Keruzore, Franceschetti, Kuszowski... ne serait être la meilleure équipe possible.

Mais même dans cette formation imposée par les circonstances, l'O.M. à moins bien joué qu'à Lens.

L'équipe a accusé quelques faiblesses dans la lutte pour la conquête du ballon et, quand elle eut la maîtrise du jeu, ses manoeuvres offensives pêchèrent par excès de lenteur et par la multiplication des passes inutiles.

En fait, la défense de Bastia, pourtant pas toujours irréprochable, ne fut que trop rarement mise franchement hors de position.

De plus, en première mi-temps, la défense olympienne fit preuve d'une grande négligence ou d'un excès de confiance et devant une équipe mieux armée en attaque que celle de Bastia, l'addition aurait pu être plus lourde.

III. - Que faut-il penser de l'équipe de Bastia ?

R. - Dans un club à petits moyens, l'absence forcée de trois joueurs comme Broissard, Lenoir, et Papi est très lourde à supporter.

De ce fait, Cahuzac a dû faire jouer Zimako, dont les qualités sont celles d'un avant-centre de pointe, sous le numéro 10.

Ce fut d'ailleurs une solution pas trop mauvaise, car Zimako se montra d'autant plus dangereux qu'il était mal surveillé.

La pénurie de joueurs dans l'équipe de Bastia a permis aussi de découvrir un certain Graziani.

Par ses tacles, son engagement et son esprit d'entreprise, ce jeune homme a prouvé qu'il pourrait faire une bonne carrière.

En tout cas, il contribua beaucoup à l'équilibre du jeu, car la domination olympienne ne fut jamais écrasante.

Avec Solas et Burkhard, possède aussi deux arrières latéraux ne manquant pas de qualités offensives.

Ayant encore cinq rencontres à jouer à domicile, Bastia n'est pas encore condamné.

M.F.

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Le fait du match

Le public marseillais récompensé

Le fait marquant de cette rencontre, à part, bien entendu, la victoire de l'O.M., aura été la nombreuse assistance du stade-vélodrome.

Il y avait bien longtemps que les spectateurs marseillais n'étaient pas venus aussi nombreux encourager leur équipe.

À croire, qu'ils avaient été sensibles aux récentes victoires et sans doute, au travail des nouveaux dirigeants.

M. Meric tint d'ailleurs à rendre hommage à toute cette foule, lui qui avait déclaré, la veille, qu'un stade était vraiment beau que plein.

Dans ces conditions, le public ne méritait pas une performance simplement moyenne de ses favoris et, pourtant, la rencontre avait plutôt mal dé-

pienne

buté pour les couleurs olym-

Heureusement la formation de Jules Zvunka fit la preuve à son retour sur le terrain qu'elle avait vraiment retrouvé le moral est aussi une certaine efficacité.

Elle sut marquer deux buts qui soulevèrent littéralement le stade.

Disons en un mot que c'était une juste récompense pour tous ses fidèles. Même si l'O.M. n'a pas enlevé le bonus, il y a néanmoins enlevé deux points précieux et on peut affirmer, en conclusion, que les spectateurs marseillais reprendront encore avec plaisir le chemin du stade-vélodrome.

C'est déjà un élément important pour le renouveau du club tout entier.

J.F.

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Le match en bref

Skoblar 2

Zimako 1

OM-Bastia s'est jouée devant plus de 20.000 spectateurs enthousiastes. À la 4e minute, Bosquier démarre et déborde. Il centre sur Skoblar, démarqué, qui, en position d'inter droit, shoote violemment sur le montant gauche de la cage bastiaise. Pantelic était battu. A la 11e minute de jeu, sur un corner, Graziani fait une tête dangereuse et Bosquier sauve sur sa ligne de ses bois.

L'Olympique de Marseille est accroché par Bastia et ne parvient pas à s'imposer. Pourtant, à la 29e minute de jeu, Skoblar décoche encore un tir redoutable. Mais Pantelic est bien placé pour l'arrêter. Quelques instants plus tard le gardien yougoslave intervient encore sur un heading de Skoblar (31e minute de jeu).

À la 40e minute, le Calédonien Zimako s'échappe, feinte ; les défenseurs olympiens se montrent statiques. Carnus sort de ses bois et Zimako, ajustant son tir, ouvre le score. Bastia 1 - O.M. 0.

À la reprise, les Marseillais sont beaucoup plus nerveux et à la 47e minute Skoblar, en position d'ailier gauche, obtient l'égalisation d'une reprise splendide. Bastia 1 - O.M. 1.

49e minute : 2me but olympien. C'est une merveilleuse reprise de volée de Skoblar, sur passe de Buigues, qui fusille Pantelic. O.M. 2 - Bastia 1.

À la 70e minute, Couecou remplace Buigues dans le camp marseillais et, à la 75e, Giudicelli rentre à Bastia. Le score demeure inchangé jusqu'à la fin. Marseille bat Bastia par 2 à 1.

Alain DELCROIX

 

 

 

 

 

 

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