Résumé Le Provencal du 10 avril 1974 |
L'O.M. s'effondre totalement en 2e mi-temps
Ses chances de rester en 1re Division remises à nouveau en question
Les commentaires |
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SOCHAUX - Pour son premier déplacement de la difficile série d'avril, l'O.M. n'a pas pris à Sochaux le point du match nul, sur lequel on comptait un peu. La raison en est extrêmement simple pour tous ceux qui étaient présents hier soirs au stade Bonal. Après une bonne première mi-temps, durant laquelle il avait fait jeu égal avec son adversaire, l'O.M. s'est totalement effondré au cours de la deuxième période, à un point tel qu'il faut avoir assisté à la rencontre pour l'imaginer. Durant les 45 premières minutes, O.M., qui pourtant était mené par 1 à 0 et ne pouvait compter que sur l'offensive ou au moins la contre-offensive pour refaire son retard, se ratatina littéralement dans son camp Il faut croire que l'équipe, dont la bonne volonté n'est nullement en cause, ne pouvait pas mieux. C'est assez inquiétant pour l'avenir car, hier soir, la bonne équipe de Sochaux n'a paru ni irrésistible ni invincible. LE BUT - SURPRISE DE DJADAOUI La première mi-temps avait débuté très lentement, presque amicalement un peu comme si chaque équipe redoutait l'autre et voulait en prendre la mesure avant de s'engager. L'O.M. avait essayé de troubler la défense sochalienne en faisant jouer Skoblar en position d'ailier gauche ; le résultat de cette ruse de guerre est que Josip, au lieu d'être marqué par son vieil ami yougoslave Seeles, était pris en charge par le nouvel international Vanucci. À la 21e minute, le moins que l'on pouvait dire est que l'équipe olympienne avait fait largement jeu égal avec sa rivale ; sans atteindre au génie, la rencontre était assez agréable, et jusqu'à ce moment, la seule occasion franche de but avait été offerte par Emon à Skoblar. Le tir de Josip passa nettement à côté. C'est alors qu'à la suite d'une escarmouche devant la cage de l'O.M., la balle revient en arrière jusqu'à Djadaoui. Ce dernier tira d'une bonne trentaine de mètres, de face, et à la surprise générale le ballon, rebondissant devant la cage de l'O.M., trompa Carnus. Un à zéro pour Sochaux, au moment ou l'on s'y attendait le moins et alors que l'équipe sochalienne n'avait pas encore adressé un seul tir dans le cadre. La fin de cette mi-temps permit à Carnus de se racheter en arrêtant un tir presque à bout portant du hollandais Klijnan. L'O.M. avait continué à faire bonne figure dans l'entre - jeu, grâce surtout à Leclercq et Buigues, et à la mi-temps, tout espoir n'était pas perdu de le voir refaire surface. LE BUT DU K. O. PAR GUTTIEREZ Le premier quart d'heure de cette mi-temps fut extrêmement difficile pour l'O.M. L'équipe craqua soudain, laissant la maîtrise du ballon à Sochaux. |
À plusieurs reprises, on flirta avec le deuxième but, qui eut été décisif, mais l'attaque sochalienne manquait visiblement de force de percussion et ne réussit pas à concrétiser l'excellent travail de son milieu de terrain. Tant et si bien que le temps qui passait jouait pour l'O.M., lequel avait toujours la possibilité de refaire son retard sur une seule contre attaque. Mais, il faut bien dire que pendant toute cette mi-temps, l'O.M., le dos au mur, avec le seul Skoblar en pointe, concédant corner sur corner, n'était pas beau à voir. Seule la volonté de ses joueurs, se battant à dix ou neuf dans sa surface de réparation, était digne d'estime. Malheureusement, le football ne s'arrête pas là. Mais l'inévitable, le but que le public sochalien attendait et que les quelques supporters olympiens redoutaient, se produisit à la 73e minute, sous la forme d'un tir de Guttierez, qui passa en trombe dans la lucarne : 2 à 0 ; l'espoir d'égaliser s'estompait pour l'O.M. La rencontre était désormais terminée. LES DEUX O.M. Pour être logique, il faudra apporter sur l'équipe de l'O.M. 2 jugements : un sur la première mi-temps, et un sur la seconde. En première mi-temps, l'O.M., jouant avec une précision certaine au milieu du terrain, ou Leclercq, Buigues, Skoblar, repliés, et même Emon, posaient des problèmes à l'équipe sochalienne, fit excellente figure. Pendant toute la première période on put croire que le match serait très disputé, et même l'avantage de un but pris par Sochaux ne semblait pas décisif. Malheureusement, en deuxième mi-temps, c'est un autre O.M. que l'on vit sur le terrain, un O.M. en perdition. Leclercq fatigué, ne dépassa presque jamais le milieu du terrain ; Skoblar se trouvait le plus souvent seul au milieu de trois défenseurs sochaliens. Couecou se repliant le plus souvent, travaillait dans le vide ; quant à la défense super-groupée devant Carnus, elle se contentait de renvoyer le ballon au petit bonheur la chance. Dans ces conditions, il est bien évident qu'une équipe faisant fi de tout ce qui est le vrai football, finit par être trahie par ses propres excès. Il était quasiment inévitable que l'O.M. encaissât un deuxième but ; il est même surprenant, sur la physionomie de cette deuxième mi-temps, que Sochaux n'est pas gagné avec un bonus de plus. Nous quitterons donc ce stade Bonal avec une inquiétude certaine : si l'O.M. ne peut pas jouer mieux qu'il l'a fait ce soir à Sochaux, ses chances de rester en première division ne sont plus aussi sûres qu'on pouvait le croire il y a seulement une semaine. Maurice FABREGUETTES |
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Ils disent |
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Jules ZVUNKA : "Le premier but nous a coupé les jambes" M. Meric, à la fin de la rencontre, n'avait pas osé aller retrouver ses joueurs. Le président savait quelle atmosphère il aurait trouvée dans les vestiaires. Effectivement les joueurs marseillais n'étaient guère enclins à faire des confidences. Jules Zvunka, que nous avons interrogé le premier, n'essayait pas de contester le résultat : "La victoire de Sochaux est logique, nous dit l'entraîneur. Mais il faut reconnaître que le premier but de Djadaoui, inscrit contre le cours du jeu, nous a complètement coupé les jambes. Dans le même temps, il a décuplé les forces des Sochaliens, qui, à partir de ce moment-là, se sont véritablement déchaînés, alors que l'O.M. n'a jamais réussi à refaire surface". Nous sommes ensuite allés trouver Georges Carnus, qui avait été en quelque sorte le héros malheureux de la rencontre. Le gardien nous expliqua comment il avait été surpris par le tir lointain du Sochalien. "Je m'attendais au tir de Djadaoui, nous dit-il, mais pas dans ces conditions. Il est certain que la balle, au départ, a frappé le sol d'une manière inattendue, ce qui a totalement dévié la trajectoire. J'ai été donc pris à contre pied. Et j'ai manqué la réception de quelques centimètres. Que voulez-vous, c'est le football ! Maintenant, il ne faut pas désespérer. Nous avons encore trois rencontres à disputer à domicile. Il faut toutes les gagner et prend si possible un ou deux oints à l'extérieur. La situation n'est pas encore catastrophique. BUIGUES : "LA RENTRÉE DE PIASEKI A ÉTÉ DÉTERMINANTE Ce fut ensuite au tour de Le Boedec de nous donner son opinion : "C'est difficile, nous avouait-il, de trouver quelque chose à dire, après une telle rencontre ? Sochaux a marqué ses deux buts à la suite de deux fautes contre nous, que l'arbitre n'avait pas sifflées. Je ne veux pas chercher d'excuses, bien sûr, car Sochaux, en fin de compte, a mérité son succès, mais il est indéniable que le premier but, par exemple, a eu une influence considérable sur le résultat". Quant à Robert Buigues, également navré, comme tous ses camarades, il pensait que la rentrée en jeu du douzième homme, à la reprise, avait donné un autre élan à l'attaque sochalienne : "Je pense, nous dit Robert, que Piaseki à donner plus de mordant aux Sochaliens et c'est sans doute sa présence qui a permis à notre adversaire de se montrer beaucoup plus à son avantage. Quant au résultat, bien entendu, il ne nous avantage guère. Maintenant, il faudra tout recommencer à zéro. Et la rencontre de Monaco vendredi prochain, ne s'annonce pas facile non plus. |
M. Vernet, le secrétaire général, qui était l'accompagnateur officiel, reconnaissait, lui aussi, que le score n'appelait pas de bien grands commentaires. "Sur le vu de la partie, nous dit-il, la victoire de Sochaux n'est guère contestable. Dommage ! L'O.M. avait effectué une bonne première mi-temps. En la circonstance, deux événements nous ont coûté cher, tout d'abord le but surprise de Djadaoui, et ensuite le fait que ce match avait dû être renvoyé. Il est probable que samedi, après avoir joué une rencontre de Coupe, ils n'auraient pas affiché une aussi belle autorité". M. MERIC : "LA COURSE D'OBSTACLES CONTINUE !" M. Meric, nous l'avons dit, attendait ses joueurs à la sortie du stade. Quand nous l'avons retrouvé, le président était, bien sûr, navré de la tournure des événements : "Je l'avais déjà annoncé, la fin de saison de l'O.M. et une course obstacle. Après Bastia, j'avais dit qu'il fallait penser à Sochaux. Aujourd'hui je dis qu'il faut concentrer toute notre attention sur la prochaine rencontre de Monaco. Le résultat d'aujourd'hui prouve que l'O.M. a encore beaucoup à travailler. Nous avons pas mal de blessé, puisque l'effectif actuel se monte en tout et pour tout à onze joueurs. De plus, le calendrier ne nous est pas favorable. Et, tous ensemble, nous ne devons pas nous faire désillusions. L'O.M. est encore guetté par la 2me Division. Nous devons lutter jusqu'au dernier jour du Championnat". Nous avons fait remarquer au président que le dernier but de cette partie avait été capital : "Oui, nous dit-il. Mais n'oubliez pas qu'il s'agit de joueurs professionnels ? Toutes les équipes peuvent prendre des buts surprises. Il ne faut pas pour autant accabler la malchance ou je ne sais quoi. Le fait est que Sochaux a mieux joué que nous, ce soir, et c'est sa qualité, en fin de compte, qui a fait la différence. RENÉ HAUSS : "L'O.M. N'A PAS PU TROUVER DE SOLUTION" René Hauss, le responsable de Sochaux, est évidemment comblé par la victoire de ses joueurs. "Je pense, nous dit-il, que l'O.M. n'a jamais pu trouver une solution aux problèmes posés par nos attaquants. Je vous l'avoue franchement, j'aurais cru que cette rencontre soit beaucoup plus difficile. On annonçait l'équipe marseillaise en plein renouveau, et ce soir, je vous l'avoue, je ne l'ai pas trouvée dans une condition irrésistible. Il faut avouer aussi que notre équipe a fourni son meilleur match de la saison sur son terrain. C'est peut-être pour cette raison que nous avons enlevé la victoire beaucoup plus facilement que prévu. Jean FERRARA |
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Les réponses aux questions que vous vous posez |
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1er question : Le passage de Skoblar à l'aile gauche a-t-il apporté quelque chose de nouveau ? R. - L'expérience a été tentée dans des conditions catastrophiques. Elle ne peutpar conséquent, être jugée. Dans une partie qui, surtout en deuxième mi-temps, fut complètement dominé par l'équipe sochalienne, le rôle d'un attaquant de pointe complètement esseulé est très particulier. D'ailleurs Josip, en deuxième mi-temps, joua le plus souvent seul au poste d'avant-centre. Il est cependant à constater que, même le Josip de 1974, malgré le handicap de l'âge, est encore, et d'assez loin, meilleur réalisateur de l'O.M. Tout le monde sait qu'il est aussi un remarquable ailier gauche. Mais est-il sage de se dépouiller d'un côté pour mal s'habiller de l'autre ? Pour l'instant, il faut maintenir Skoblar au poste d'avant-centre, lui-même étant assez habile footballeur pour se rendre compte en cours de match s'il doit passer à l'aile gauche, se replier en défense ou même venir à l'aile droite. En tout cas, dans le conteste de ce match, cette expérience n'a rien apporté à l'O.M., dans la mesure où elle n'a pas troublé la défense sochalienne. Quand Skoblar jouait à l'aile gauche, il était pris en charge par Vanucci et quand il jouait au centre par Seeles, ce qui n'entraînait pas, pour lui, une grande différence. Répétons cependant que quand un match est trop dominé par une équipe, tout ce que l'on peut dire du placement des joueurs sur le terrain est absolument sans valeur. 2e question : Comment expliquer l'effondrement total de l'O.M. en deuxième mi-temps ? R. - Il y a, bien sûr, une cause physique. Pour des raisons qui nous échappent, l'O.M., hier soir, n'a pas tenu la distance. Toutefois des causes psychologiques peuvent être invoquées. Si l'O.M. fut dominée complètement en deuxième mi-temps, c'est aussi dû au fait que ses joueurs, complètement affolés, oublièrent totalement de pratiquer un football construit. |
Quand on se borne à dégager au petit bonheur la chance, à tackler n'importe où et n'importe comment, le ballon vous revient rapidement, ce qui entraîne une fatigue supplémentaire et surtout un grand découragement. Ce qui est le plus critiquable, en ce moment, c'est surtout le non football pratiqué par l'O.M. Une équipe qui n'essaie que trop exceptionnellement de construire, de jouer un football ordonné, finit toujours par sombrer dans le désordre et dans la fatigue. 3e question : La victoire de Sochaux doit-elle faire douter les chances que peut avoir l'O.M. de rester en Première Division ? R. - Certainement non. L'O.M. a fait, hier soir, un mauvais match. Il est bien certain que le premier but encaissé par Carnus sur un tir de 30 mètres à démoraliser les Olympiens. Mais il est impensable qu'un tel état psychologique se maintienne pendant plus de 45 minutes. Tout au contraire, Sochaux ayant oublié de marquer pendant le premier quart d'heure de la première mi-temps alors qu'il en eut au moins dix fois l'occasion, s'était mis à la portée de l'O.M. Cela dit, le football étant toujours quelque chose d'imprévisible, cette défaite ne veut pas dire que l'O.M. a perdu la guerre du maintien en Première Division. Il reste encore d'autres matches et il est possible que, dès vendredi prochain à Monaco, on retrouve une équipe beaucoup mieux inspirée. Il faut toujours, en championnat, attendre la dernière journée pour tirer les conclusions. Nous dirons que l'O.M. a fort mal joué aujourd'hui à Sochaux. C'est une évidence, mais cela ne veut nullement dire qu'il soit incapable de se racheter à Monaco dans trois jours. M.F. |
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Le fait du match |
Il est certain que dans toute compétition sportive, et surtout dans le football, jeu collectif par excellence, les impondérables jouent souvent un rôle inattendu. Et le résultat en subit les conséquences. C'est ce genre incident (appelons les choses par leur nom) qui a marqué la rencontre hier soir sur le stade Bonal. Georges Carnus, au cours de sa longue carrière, a dû arrêter un nombre incalculable de fois des ballons partis du milieu de terrain, ou presque. Pour un gardien de sa classe, c'est même lui faire injure qu'une d'essayer de le tromper d'une aussi longue distance. Alors, que s'est-il passé hier soir. On cherche en vain des explications. Le gardien nous a confié aux vestiaires, qu'il avait été trompé par le faux rebond de la balle au départ. Toujours est-il que c'est de 35 mètres, pas moins, que Djadaoui réussit à ouvrir la marque, au terme des premières vingt minutes. Et l'O.M. qui, jusqu'à là, avait fait bonne contenance, accusa le coup, à tel point que Sochaux, sans se montrer irrésistible, fut ensuite le maître du terrain. J.F. |
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Le match en bref |
Deux buts de Djadaoui et Guttierrez Il est certain que l'O.M. a été loin, hier soir, de rééditer son espoir de Lens. Les Marseillais, qui avaient pourtant abordé la rencontre avec une détermination louable, furent accablés par un but surprise de Djadaoui dont le tir avait été déclenché de 35 mètres (21ème minute). Ce coup eut une influence considérable sur la suite de la partie car les Marseillais ne réussirent pratiquement jamais à retrouver leur cadence initiale. En deuxième mi-temps après que Victor Zvunka eut écopé d'un avertissement, le coup franc qui s'ensuivit permit à Gutierrez surgi de l'arrière de reprendre victorieusement la balle (74ème minute). Ce deuxième but sonnait définitivement le glas des espérances marseillaises. Jules Zvunka comptait pourtant sur ce match, mais ses joueurs, hier soir, n'ont pas affiché leur meilleur visage. En fin de partie, les Olympiens essayèrent de sauver l'honneur. Mais la défense sochalienne, totalement décontractée, enraya toutes les offensives et le score en resta là. J.F |