Résumé Le Provencal du 13 avril 1974 |
O.M. - MONACO : le match de la peur (1-1)
La situation des Marseillais après le "nul"
du Stade Louis II demeure très précaire
Les commentaires |
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Trésor et Leclercq les meilleurs MONACO - Après la défaite de Sochaux, il est évident qu'une victoire à Monaco aurait beaucoup mieux arrangé arrangé les affaires de l'O.M. qu'un match nul. Mais enfin, il faut avoir les moyens de ses ambitions. Après tous, les Marseillais opéraient à l'extérieur, face à un rival ayant un besoin de points tout aussi urgent, et ils vous diront, non sans raison, que ce n'était pas à eux, après tout, de faire le jeu, mais à leurs hôtes monégasques. Le plus curieux, c'est que ces derniers étaient si peu sûrs de leur spossibilité qu'ils durent tenir le même raisonnement avec, pour nous observateurs, le risque de voir le ballon demeurer au centre du terrain, sans que personne ne veuille s'en emparer, un peu comme au fameux jeu de béret, auquel nous avons tous joué dans notre enfance. Avant de dire ce que nous pensons d'une partie extrêmement médiocre, précisons donc tout de même que nous nous mettant à la place de ces garçons qui jouent sur le terrain l'avenir de leur club, et aussi le leur, même s'ils ne se mettent pas toujours à la place du spectateur, qui n'entre pas dans ces considérations. LA PEUR AU VENTRE Comme on pouvait le supposer, et comme pouvaient le craindre les puristes, le jeu des deux équipes, également mal classées, était logiquement marqués par la peur de perdre. Aux entreprises monégasques, O.M. opposait un double rideau difficile à franchir, ne laissant que Skoblar et Emon en pointe, épisodiquement, soutenus par leurs camarades du milieu de terrain. Le dispositif tactique des Azuréens était sensiblement le même, à cette différence près qu'il comportait deux avants et demi, l'international Dalger se portant assez souvent au niveau de ses coéquipiers argentins Onnis et Taravini. Cela ne pouvait donner des résultats très spectaculaires, le ballon étant le plus souvent enlisé dans la mêlée confuse qui rassemblait autour du rond central la majorité des acteurs, et dont les éclairs tendaient vraiment à jaillir. Tout juste avait-on pu noter un débordement d'Emon, que Skoblar, serré de près, ne pouvait mettre à profit. Il ne pouvait en être autrement, chacun se refusant à prendre le moindre risque, misant apparemment beaucoup plus sur une éventuelle erreur adverse que sur le résultat de ses propres combinaisons. |
Skoblar, à la 35e minute, parvenait bien à glisser habilement le ballon sous le corps de Montes, mais il est avait été sifflé hors jeu, tout comme Taravina, qui avait tiré puissamment sur le côté de la cage. Et la seule véritable animation provenait d'un début de pugilat qui éclatait dans la tribune, on se demande bien pourquoi ; cela prouve que, quoi qu'il arrive, et dans les circonstances les plus affligeantes, il y a encore des supporters qui ne perdent pas le moral, et cette triste première période s'achevait comme elle avait commencé, par un débordement d'Emon, dont le centre ratait de peu la destination : son maître Skoblar, toujours à la pointe du combat. DEUX BUTS TOUT DE MÊME Les spectateurs, jusqu'à là sur leur faim, espéraient que les belligérants allaient tout de même se décider en seconde mi-temps, attendaient quelque chose. Mais chaque fois que l'un d'eux, échappé à la routine, amorçait une action un peu personnelle et sortant de l'ordinaire, on le voyait immanquablement s'emparer tout droit sur un adversaire. Aussi, dans ce contexte, un tir de 25 mètres de Bosquier, si soudain que Montes devait contrôler la balle en deux temps, faisait presque l'effet d'un coup de tonnerre. Le temps s'écoulant sans qu'il se passe grand-chose, travaillait plutôt en faveur de l'O.M., le nul vers lequel on s'acheminait apparemment faisant dans le fond logiquement son affaire. Mais alors, les événements allaient curieusement se précipiter, sans pour autant que le rythme ait monté d'un ton. Les rares supporters marseillais ne savourèrent pas plus de trois minutes la joie que leur avait procurée Buigues en ouvrant la marque, puisque Taravini annulait presque aussitôt cet davantage. En fait, personne ne pouvait trouver ce résultat nul illogique, puisque tous les efforts des Monégasques et des Marseillais avaient tendu, de toute évidence, vers le but. En football, même quand on est mal placé, il faut tout de même savoir ce que l'on veut. Louis DUPIC |
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Ils disent |
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Côté olympien, des regrets et des satisfactions Le président Méric : "Objectif atteint" Notre premier soin, dans le vestiaire olympien fut, comme bien l'on pense, de nous enquérir de l'état des blessés olympiens. Nombreux au demeurant, puisque Skoblar, Lopez et Carnus avaient dû se faire soigner par Marcel Prévost. Celui-ci devait nous donner des précisions sur leurs blessures : Diego a le cuir chevelu ouvert. Une blessure pas très grave, mais qui a dû toutefois le gêner pendant la partie. Georges a, lui, une assez profonde estafilade sous le menton. Là encore, il n'y paraîtra plus dans quelques jours. Par contre, l'état de Josip est beaucoup plus sérieux ; il ne souffre ni plus ni moins que d'une fracture du nez, et il lui a fallu puiser dans ses réserves de courage pour terminer le match. Une bien mauvaise nouvelle, évidemment, à quatre jours seulement du si important match contre Metz. Le président Fernand Meric s'estimait malgré tout assez heureux de ce résultat nul : "Dans des conditions actuelles, nous ne faisons que de la comptabilité ! expliquait-il avec le sourire. Nous avons pris un point, et c'était là notre objectif, car nous avançons lentement, comme des convalescents que nous sommes encore. Il ne faut penser à un objectif que lorsque le précédent est atteint. Ainsi, désormais, nous allons nous efforcer de franchir le prochain obstacle, qui est Metz. "Je dirais toutefois qu'en fin de match, nous aurions fort bien pu faire la décision, car nous avons poussé plus d'un d'une fois les Monégasques dans leurs derniers retranchements. "Et puis, bien que d'évidence, nous n'ayons pas vu du très grand football ce soir, les garçons du moins, auront eu le mérite de jouer quatre-vingt-dix minutes en se donnant à fond. L'annonce des résultats de la soirée notamment la victoire de Rennes et celle de Bordeaux - cette dernière avec bonus - jetèrent évidemment un petit froid. Néanmoins, le premier momoment de déception passé, les joueurs réagirent et Trésor disait par exemple : "Les résultats des autres n'ont finalement qu'une importance relative. Ces avants tout de nous que dépend notre statut et ce point pris ce soir à l'extérieur et pour nous le meilleur des encouragements". |
JULES ZVUNKA : "NOUS AVIONS LA PLACE DE GAGNER". Jules Zvunka, qui était passé par bien des états d'âme tout au long de la partie, était comme ses joueurs sous la douche, histoire sans doute de se remettre les idées en place. "Je suis partagé entre deux sentiments devait-il nous dire, d'une part je suis un peu déçu dans la mesure ou nous avons ouvert le score après avoir su contrarier le jeu de nos adversaires et où le but égalisateur fut consécutif à un coup franc accordé manifestement à contre sens, car c'est bien Dalger qui avait le premier commis une faute. Je pense donc que nous pouvions fort bien remporter ce match. Les accélérations que nous avons supportées, notamment à la fin de la rencontre, l'ont prouvé, car à plusieurs reprises les Monégasques s'en tirèrent par miracle. Ceci dit, je crois qu'il y a deux façons de voir les choses. On peut dire évidemment que nous avons perdu un point. Mais je suis sûr que bon nombre de supporters auraient été ravis si on leur avait dit à l'avance que nous allons ramener un point de ce déplacement. Alain PECHERAL Ruben BRAVO : "Un résultat équitable" Chez les Monégasques aussi on estimait que ce point, prit devant un adversaire que l'on redoutait finalement beaucoup constituait une bonne affaire. "Les Marseillais, devait nous dire Ruben Bravo, ont très bien joué défensivement, ce qui, après tout, était leur rôle. Évidemment on peut regretter que Taravini n'ait pas ouvert le score en première mi-temps lorsque son bolide alla s'écraser sur la barre, car je crois que cela aurait eu pu changer la face du match, même si ne me plains pas pour autant. La situation pour nous n'est pas désespérer et l'O.M. méritait bien évidemment ce soir le partage des points". Quant à Claude Quittet, le capitaine monégasque, il estimait : "Nous n'avons pas fait ce soir notre match habituel, notamment au milieu du terrain ou nous sommes jamais parvenus à imposer notre manière. Mais je crois que l'on joue vraiment trop en ce moment".
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Les réponses aux questions que vous vous posez |
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1re QUESTION : l'O.M. a-t-il réalisé une bonne affaire ou un match de dupes, en obtenant le nul à Monaco ? RÉPONSE : La réponse peut varier selon que l'on soit un optimiste ou un pessimiste. C'est un peu comme la fameuse histoire de la bouteille à moitié vide et de la bouteille à moitié pleine. Il est évident que les puristes reprocheront à l'équipe marseillaise de n'avoir pas plus hardiment tenter sa chance, face à un adversaire qui était somme toute vulnérable. Mais il est évident qu'un observateur plus prudent pourra prétendre, avec toutes les apparences de raison, que dans la situation où il se trouve, l'O.M. ne peut faire la fine bouche sur un demi-succès lâché sur le terrain d'un rival qui avait, tout autant que lui, un urgent besoin de points. D'autre part les résultats obtenus par les principaux adversaires de l'O.M., en queue de classement (Rennes qui gagne à Nantes, Bordeaux qui bat Nice, Strasbourg qui l'emporte sur Sedan) montraient, qu'à tout prendre, l'équipe marseillaise n'a pas fait une mauvaise opération en allant réussir le nul au stade Louis II. 2e QUESTION : L'entraîneur Zvunka utile raison de mettre sur pied un dispositif tactique prudent, en ne laissant que peu d'éléments en pointe ? RÉPONSE : La réponse à cette question découle de la précédente. L'entraîneur marseillais qui n'avait pas été satisfait de la production de son équipe à Sochaux, avait misé, et on ne saurait trop leur lui reprocher, sur la prudence. De ce fait, il avait adopté un double rideau défensif face aux entreprises des Monégasques. On peut considérer que cette tactique discutable au point de vue spectaculaire, s'est avérée efficace, puisqu'il a fallu un coup franc pour que les Monégasques parviennent à marquer un but. |
À la décharge des marseillais, on peut dire qu'au point où ils en sont ils ne peuvent songer à faire de l'art pour l'art, et que tous leurs efforts sont tendus vers l'efficacité, en vue de se tirer du mauvais pas où il se trouve encore. 3e QUESTION : les supporters marseillais qui se trouvaient à Monaco ont pu voir Skoblar quitter le terrain en donnant des signes d'une vive douleur et recevoir les soins sur la touche. De quoi l'avant-centre marseillais souffre-t-il exactement ? RÉPONSE : Malheureusement, au moment ou l'O.M. aurait le plus grand besoin de ses services, Skoblar, qui avait montré une grande détermination et une énergie peu commune, se battant courageusement à la pointe du combat, a été victime de son ardeur. Dans un choc avec un adversaire, il a reçu au visage un coup si malencontreux qu'il a le nez fracturé. Il risque donc de ne pouvoir apporter mardi son concours à son équipe. Ajoutons en outre que Josip a reçu un avertissement pour contestation des décisions de l'arbitre. L.D. |
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Le fait du match |
Éxidemment, ce n'est pas du grand football que nous avons vu hier soir au stade Louis II. Exception faite des vingt dernières minutes en effet, enfin animé après les deux buts de Buigues et de Taravini, c'est une sort de brouillon de football qu'offrir les 22 acteurs aux 2.000 spectateurs présents. Un jeu rappelant trop souvent - toutes proportions gardées, bien évidemment - celui que l'on voit pratiquer aux gamins dans la cour de l'école. Nous voulons dire par là que maladresse, erreurs de placement et passes à l'adversaire occupèrent pratiquement toute la première mi-temps. Mais enfin, si les Marseillais offrirent longtemps un assez piètre spectacle, les Monégasques n'eurent rien à leur envier dans ce domaine, alors que, comme le disait Jules Zvunka, eux opéraient à domicile. Au reste, la pelouse en mauvais état et l'importance de l'enjeu eurent certainement leur part de responsabilité dans ce derby à demi raté. Aussi vaut-il sans doute mieux se contenter de ne retenir que l'aspect positif de la rencontre, le point ramené de l'extérieur, le quatrième depuis l'avènement de Jules Zvunka. Il vaudra peut-être son pesant d'or dans quelques semaines... et aura prouvé, en tous cas, une fois de plus, l'aptitude retrouvée des Marseillais à faire front dans des conditions difficiles. Car l'heure n'est plus à une trompeuse nostalgie. Dans les circonstances présentes, et pour l'O.M. actuel, ce point n'était pas si facile que cela à aller chercher. A.P. |
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Le match en bref |
Taravini répond à Buigues Petite assistance hier soir au stade Louis II. La pluie fine qui se mit à tomber en début de rencontre pouvant être en partie responsable de cette désaffection, il est vrai, coutumière à Monaco. Parmi les spectateurs, le comité de gestion olympien dans son entier, l'ex-président René Gallian et Antoine Kusowski. Et aussi quelques dizaines de supporters marseillais. La première mi-temps, marquée par un nombre assez grand e maladresse de part et d'autre fut passablement morne. Tout juste put-on noter un but hors jeu de Skoblar à la 36ème minute et un bolide de Taravini sur le montant droit du but de Carnus (35ème minute). Celui-ci, victime en début de match d'un choc avec Quittet, avait pu reprendre normalement sa place. Skoblar se heurta, lui aussi, violemment à Samuel après la reprise et du se faire soigner le nez. Cette seconde période s'animera enfin après le premier but de Buigues (70ème minute), obtenu de la tête à la suite à la suite d'un très bon centre de Leclercq depuis l'aile gauche. Mais, quatre minutes plus tard, Taravini, sur un coup franc de Dalger, remettait les deux équipes à égalité. Dans les dernières minutes, pourtant, les Marseillais poussaient les Monégasques dans leurs derniers retranchements, et tour à tour Skoblar, à deux reprises puis Emon, avaient le but de la victoire au bout du pied. Mais rien ne passait, et c'est donc sur ce résultat - somme toute favorable à l'O.M. - que se terminait la partie A.F. |