Résumé Le Provencal du 20 avril 1974 |
A ANGERS , L'O.M. A MANQUE D'AMBITION
Les marseillais, trop timorés
ont subi le match (3-0)
Les commentaires |
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ANGERS - Contrairement à ce que vous pourriez croire en lisant le résultat sec de rencontre, l'O.M. n'a été ni écrasé, ni dominé, ni ridicule, hier soir, à Angers. Exception faite des cinq dernières minutes de la première mi-temps et des cinq dernières de la seconde, durant lesquelles Angers appuya sur l'accélérateur, l'O.M. ne subit jamais le match, jouant même parfois avec beaucoup de pertinence. Mais il se trouve que le jugement que l'on porte sur une rencontre de football est toujours fortement influencé par la réussite d'une équipe dans les tirs. Or, hier soir, alors que les habituels buteurs patentés d'Angers étaient plus ou moins mis sous l'éteignoir par la défense de l'O.M., c'est le jeune Cassan, passé au milieu du terrain pour remplacer Poli, blessé, qui fit la différence. Tout ce que l'on pouvait reprocher à l'O.M. sur ce match est d'abord d'être tombé sur une équipe de qualité et qui lui est intrinsèquement supérieure, cette saison. Deuxième reproche : les joueurs olympiens se laissèrent trop souvent et trop facilement prendre au piège du hors jeu. Il s'agit là pourtant d'une manière de jouer angevine bien connue depuis plusieurs années dans le football français. Troisième reproche : menés 1 à 0 dès la 5me minute, les joueurs olympiens n'eurent pas assez confiance en leurs moyens. C'est ainsi qu'ils se confinèrent dans un jeu d'attente, laissant Trésor presque exclusivement en position de défenseur. L'O.M. donc, à Angers, n'a pas assez osé, mais sur l'ensemble de la rencontre l'équipe a affiché quelques qualités. On ne la condamnera pas sur cet échec, qui appelle sans doute la prochaine victoire. LE COUP DE COUTEAU DE GUILLOU Un tir et ce fut tout. C'est ainsi que l'on aurait tendance à résumer la première mi-temps, si, à la 45e minute très exactement, Guillou reprenant un centre ras de terre de Cassan au milieu d'un paquet de joueurs olympiens, n'avait trompé Carnus une deuxième fois. Le tir dont nous parlions au début de ce paragraphe se situe, lui, à la 5me minute. Son auteur, Cassan réussit à loger le ballon dans la lucarne de 25 bons mètres environ. Entre les deux événements, évidemment doublement marquants, les deux équipes avaient fait sensiblement match nul. D'une manière assez générale tout se passait au mieux du terrain, ou les deux équipes avaient massé l'essentiel de leurs forces. Berdoll, d'un côté, Skoblar de l'autre, tous deux surveillés de près, jouaient les attaquants de pointes solitaires. À l'image de son chef d'orchestre Guillou, Angers jouait au pas, mais avec beaucoup de finesse. L'O.M., grâce à Leclercq, Keruzore et compagnie, ne pâlissait pas dans ce domaine des petites passes répétées avec son adversaire. Bref, jusqu'au moment ou Guillou marqua le deuxième but de son équipe, on pouvait se demander lequel des deux adversaires avec tort ou raison de se laisser prendre au faux train de l'O.M. La meilleure occasion de but de l'O.M. au cours de cette période fut donnée par Leclercq, mais Gouraud put contrôler en deux temps le tir du gaucher olympien. |
Il ne restait plus qu'à attendre la deuxième mi-temps pour voir si l'O.M. avait les moyens de redresser une situation déjà compromise. LE 70me BUT D'ANGERS Les cinq premières minutes de cette deuxième mi-temps nous payèrent de notre long voyage. Skoblar frappa le premier, mais le gardien angevin était à la parade. Là-dessus Guillou réussit sur la droite du terrain, le plus extraordinaire numéro de dribbles que l'on puisse imaginer. Du meilleur Magnusson. Mais arriver à quelques mètres de Carnus, capitaine angevin refusa de tirer. Le ballon revint en arrière, juste devant le pied gauche de l'arrière Lecoeur, monté en attaque. Et s'ensuivit un tir d'une force terrifiante. La chance de l'O.M. fut que le ballon percuta Carnus en plein corps. Ouf ! Ce n'était que partie remise. À la 73me minute, le petit Cassan, d'une vingtaine de mètres, et du gauche cette fois logeait encore le ballon dans la lucarne. Ce but du bonus était la 70me marqué par Angers cette saison. Quant à Cassant, héros de la soirée, on se rappelle avec amusement que les dirigeants auraient pourvu à son déplacement en début de saison s'ils avaient eu un peu d'argent en caisse. LE BAROUD D'HONNEUR DE L'O.M. Jusqu'à la fin de la rencontre, l'O.M. attaqua et domina devant un adversaire il est vrai déjà amplement satisfait par le résultat. On crut, à plusieurs reprises, que les Olympiens allaient au moins sauver l'honneur. Leclercq tira deux fois, de manière extrêmement précise et dangereuse, mais le gardien angevin Gouraud put arrêter ces deux tirs. Il reste, quand on se souvient, de toute la partie que l'O.M. a fait à Angers l'un de ses assez bons matches. Répétons, comme nous l'avons dit en début d'article, que la chose peut surprendre pour qui n'a pas assisté à la rencontre. Mais, pour nous, qui étions dans les tribunes du stade Jean Bouin, le doute n'a pas permis, et l'on peut encore faire confiance aux Olympiens après cette rencontre, et malgré la défaite apparemment lourde qui s'en est suivie. BONNE RENTRÉE DE KERUZORE Le milieu de terrain de l'O.M. avec Leclercq, le Boedec, Buigues et Keruzore, a fait le plus souvent au moins match nul avec celui d'Angers, pourtant très réputé. Keruzore se dépensa beaucoup durant toute la rencontre, et l'on peut penser qu'il est maintenant complètement guéri. C'est tout de même une bonne nouvelle. Quant à Couecou, qui entra en deuxième mi-temps à la place d'Emon, il produisit lui aussi l'impression d'être sur le chemin de la forme. Il se montra combatif et même parfois précis. La défense olympienne, elle aussi, peut être créditée d'un match honorable, malgré les trois buts encaissés. On aura tendance à faire "porter le chapeau" à Carnus. Pourtant, les deux buts marqués par le jeune Cassan, tous deux passant dans la lucarne sur des tirs instantanés, étaient difficilement arrêtables. Il faut s'être mis quelquefois à la place d'un gardien de but pour savoir combien ce genre de tir est redoutable. Maurice FABREGUETTES |
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Ils disent |
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Jules ZVUNKA déçu : "Nous n'avons pas su accélérer" C'est un M. Meric passablement déçu que nous avons retrouvé dans les couloirs du stade Jean Bouin dès la fin de la rencontre. Le président ne l'était pas tellement pour le résultat lui-même, mais plutôt par la manière dont cette défaite avait été concédée. "Je trouve, nous dit-il, que l'O.M. n'a pas mal jouer ce soir. Que nous perdions sur le terrain d'Angers, c'est normal, mais j'estime que nous aurions dû marquer un ou deux buts et même si nous avions perdu 4 à 3 il n'y aurait pas eu grand-chose à redire. Cela nous aurait permis entre autre d'enlever un point de bonus qui nous aurait certainement rendu service. "Du haut de la tribune j'ai fait le compte des occasions et Angers, somme toute, n'en a pas eu tellement plus que nous. Je reconnais d'autre part que notre équipe s'est souvent laissée prendre au piège du hors jeu, mais il faut admettre aussi que personne chez nous n'a baissé les bras. Tout le monde s'est bien battu mais je regrette toutefois ces trois buts, surtout le premier ; il était tout indiqué pour mettre notre adversaire en confiance." M. Gamet, le trésorier général qui était l'accompagnateur officiel de l'équipe était tout à fait de l'avis du président. "Je trouve, pour ma part, que nous avons fait pratiquement jeu égal pendant toute la rencontre. C'est vraiment navrant de perdre dans de telles circonstances". C'est alors que M. Meric est intervenu pour signaler : "N'oublions pas non plus qu'Angers est une des bonnes équipes du championnat, ce qui, d'après le classement, n'est plus tout à fait le cas de l'O.M." JULES ZVUNKA : "PAS ASSEZ DE RYTHME" Quand nous avons retrouvé les joueurs dans les vestiaires, Jules Zvunka était en train de consulter les classements de la journée. "Moi non plus, nous dit-il, je n'ai rien compris sur mon banc de touche, tout au long de ce match. J'ai trouvé que mon équipe jouait de façon plaisante et faisait mieux que se défendre devant son adversaire. Malheureusement nous avons encaissé une fois de plus, un but dès le début de la partie. Et ensuite nous n'avons pas été en mesure de changer de rythme. C'est le seul reproche que j'adresserai à mes joueurs, car, dans l'ensemble, je le répète, ils n'ont pas efectué ce soir, une mauvaise partie. Nos attaquants, qu'il s'agisse de Leclercq, Skoblar, Couecou, auraient même mérité chacun un but. La chance hélas n'était pas de notre côté. Sans doute cette chance nous n'avons pas su la forcer, car nous sommes très souvent tombés dans le piège adversaire en voulant jouer comme lui. Enfin, il ne faut pas se laisser abattre pour par le résultat. Nous avons maintenant quelques jours de répit pour préparer le match contre Paris. Nous allons faire en sorte de rattraper ce faux pas et de garder notre place en Division Nationale". KERUZORE : "LA CHANCE NOUS A FUI EN PREMIÈRE MI-TEMPS" Nous avons ensuite interrogé les joueurs et en premier lieu Raymond Keruzore, qui faisait sa rentrée hier soir, sur le stade Jean Bouin. |
"Nous n'avons pas eu de chance nous confiait le Breton. Je trouve que nous avons mieux occupé le terrain en première mi-temps qu'en seconde ; c'est la notamment que nous avons laissé passer les meilleures occasions. Même après le premier but de Cassan, je pensais que nous allions rétablir l'équilibre. Hélas le deuxième but de Guillou peu avant la mi-temps, a fini de mettre notre adversaire en confiance. C'est dommage car l'O.M., ce soir, semblait avoir de bonnes dispositions". Nous avons demandé à Keruzore ce qu'il pensait de sa rentrée. "Il est certain que je n'ai pas encore tout à fait la distance, mais cela ne saurait tarder". Daniel Leclercq regrettait lui, que ses tirs à l'adresse de Gouraud n'aient pas eu plus de réussite. "Il est écrit, disait-il, que nous n'arriverons jamais à faire de bons résultats de suite. Il faut avouer cependant qu'en concédant ce but dés la cinquième minute, notre situation était devenue beaucoup plus difficile dès le début du match. Vous le savez sans doute, il est toujours difficile de renverser la vapeur sur terrain adverse". Didier Couecou, lui aussi, a effectué sa rentrée au début de la deuxième mi-temps. "Bien sûr, nous disait Didier, j'étais content de reprendre du service, car les jambes commençaient à me peser. Je me reproche d'avoir manqué une belle occasion qui aurait ramené le score à 2 à 1. Ceci dit, je pense moi aussi avons retrouvé une bien meilleure condition". Nous avons interrogé enfin Geor- Nous avons enfin interrogé enfin Georges Carnus, notamment sur la façon dont avaient été marqués les buts angevins. Il nous avait semblé, du haut des tribunes, que le gardien marseillais était masqué sur le premier tir de Cassan. "Vous savez, nous répondit le gardien de, la balle est allée tout droit dans la lucarne et il était pratiquement impossible d'aller la chercher. Maintenant, je pense que nous avons fait le jeu de notre adversaire en nous portant résolument à l'attaque. Peut-être aurions-nous dû nous laisser dominer et partir en contre ; c'est de cette façon par exemple, que nous avions réussi à battre notre adversaire angevin". GONZALES : "J'AI VU UN TRÈS BON O.M. " Dans le camp angevin, on était bien entendu satisfait de cette victoire qui permettait à l'équipe de conserver le contact avec les équipes de tête. Mais l'entraîneur Gonzales a tenu à rendre hommage à son adversaire vaincu. "L'O.M. m'a fait une très bonne impression. Je suis d'autant plus satisfait de ce succès acquis je le répète devant un adversaire de qualité. Angers a fait le nécessaire pour résoudre le problème posé par les Marseillais. Nous avons essayé de le priver de ballon et peut-être en attaque et Marseille est bien et une équipe qui mérite de garder sa place en division nationale c'est en tout cas ce que je lui souhaite. Bien qu'à mon avis, en continuant à jouer de la sorte, l'O.M. ne devrait pas avoir de très gros problèmes pour se tirer d'affaire." Jean FERRARA |
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Les réponses aux questions que vous vous posez |
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Trop d'intermédiaires PREMIÈRE QUESTION : L'équipe olympienne ne compte-t-elle pas dans ses rangs trop de joueurs du milieu du terrain ? REPONSE : Nous le pensons. Hier à Angers, ils étaient quatre : Le Boedec, Keruzore, Leclercq et Buigues. Par voie de conséquence, les attaquants de pointe étaient réduits à deux : Skoblar et Emon. Or, comme malheureusement le jeune Emon accusant sans doute la fatigue des matches répétés qu'il vient de jouer, n'était pas à la hauteur de la situation, le fer de lance de l'O.M. était réduit à sa plus simple expression. L'inconvénient de trop de joueurs du milieu de terrain est que même quand l'équipe joue bien, comme ce fut le cas à Angers, elle manque d'accélération ; les mouvements sont toujours un peu trop lents, et l'adversaire a largement le temps de se regrouper. Les passages de joueurs venus du milieu de terrain aux avant-postes se font beaucoup plus facilement quand, devant eux, il y a des joueurs capables de bouger. En quelque sorte, les joueurs du milieu de terrain, les intermédiaires, si vous préférez, son d'autant plus dangereux que devant eux il y a de véritables attaquants de pointe. Mais vous savez que pour l'instant, le problème est insoluble, par suite des trop nombreux blessés olympiens, ce qui fait que Jules Zvunka a dû composer avec les joueurs dont il peut disposer. QUESTION : Le capitaine angevin Guillou apporterait-il quelque chose à l'O.M. ? REPONSE : Bien entendu Guillou apporterait quelque chose à toutes les équipes de France : il est l'un des rares footballeurs français de classe vraiment internationale. Hier soir, bien qu'il n'ait nullement forcé, il montra cependant quelques belles facettes de son grand talent. C'est un footballeur absolument maître de lui, d'une technique parfaite, voyant clairement le jeu, et capable d'orchestrer magnifiquement son équipe. Malheureusement, il semble peu probable que l'O.M. puisse, en ce moment, s'offrir les services de Guillou. C'est le plus mauvais moment que l'on puisse choisir pour l'acheter, car ça cote n'a jamais été aussi élevée. Or, il s'agit d'un joueur de 28 ans environ, et dont les services ne pourraient compter que pendant deux ou trois saisons. Dommage, car Guillou est vraiment un joueur extrêmement séduisant, et, répétons-le, de grande classe. QUESTION : le retour de Magnusson est-il souhaitable ? REPONSE: Le retour de Magnusson est toujours souhaitable, à la seule condition que le Suédois soit en pleine possession de ses moyens. On a trop tendance à oublier, en ce moment, tous les services rendus par Magnusson à son équipe depuis 1969. Mais nous ne savons pas quelle est exactement son état de santé, et il appartient à Jules Zvunka de savoir si son virtuose est en état ou pas de reprendre du service. Cela dit, un Magnusson en forme rendrait toujours à l'O.M. de très grands services, et grâce à lui la fin de saison serait sans doute assurée. Mais il est le seul à savoir dans quel état il se trouve physiquement, mais aussi moralement. M.F. |
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Le fait du match |
C'est devenu hélas une triste habitude : l'O.M. en cette fin de saison, semble voué à rendre un but à ses adversaires successifs. Mis à part le match de Monaco, où Buigues avait ouvert la marque, l'équipe marseillaise a été menée au score et presque l'entrée de jeu par Lens, Bastia et tout récemment Metz. Quelquefois elle est parvenue à rétablir l'équilibre pour remporter ensuite de brillantes victoires. Mais il faut avouer que ces jouer avec le feu que de mettre ainsi son adversaire en confiance. On s'en l'aperçu hier soir sur le stade Jean Bouin, à Angers, où le but de Cassan, inscrit dès la 5me minute, fut un terrible handicap, même si les Olympiens essayèrent crânement de rétablir l'équilibre jusqu'à la pause. À quoi peut-on attribuer ces pénibles débuts ? Il est certain que la défense marseillaise - et le nombre de buts encaissés cette saison en témoigne - souffre d'un manque évident d'autorité. Et, le plus fort, c'est que pris individuellement les défenseurs échappent souvent à la critique : Lopez, Trésor, Zvunka et Bracci n'ont, en effet, pas grand-chose à se reprocher. C'est donc que cette défense n'est pas au point sur le plan collectif. Une lacune à laquelle, bien entendu, il faudra s'efforcer de remédier. J.F. |
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Le match en bref |
Bonus pour l'adversaire L'O.M. n'a pas réussi, hier soir, à Angers, à poursuivre sur sa lancée, après la victoire acquise sur Metz. Il faut dire que les Marseillais une fois encore, ont été surpris par le but de Cassan, inscrit dès la 5me minute. Ils eurent le mérite de ne pas renoncer et essayèrent jusqu'à la mi-temps de refaire le terrain perdu. Hélas, peu avant que l'arbitre ne siffle la pause, une reprise de Guillou donnait à Angers un deuxième but. Rien ne semblait perdu pour l'équipe marseillaise, qui continuait à défendre ses chances. Mais l'O.M. perdit le plus clair de ses illusions sur une reprise de Cassan, qui trouva encore la lucarne (63e minute). Des lors, le match était joué et Angers enlevait un bonus qui lui permettait de conserver le contact avec les équipes de têtes. Quant à l'O.M., il faudra maintenant rattraper ce faux pas sur le Paris Football Club J.F. |