Résumé Le Provencal du 03 août 1974 |
CE N'EST PAS ENCORE LE RACHAT
PAULO CESAR a confirmé sa grande classe devant Strasbourg (1-1)
Déçu mais toujours fidèle ! Le public marseillais n'a pas changé. Il a bien voulu par un soir oublié la petite mésaventure parisienne en venant assister ses favoris dans le départ du championnat, le véritable coup d'envoi, le seul événement nous avait-on dit, capable de nous édifier sur la réelle valeur de l'équipe olympienne. Quoi qu'il en soit le stade vélodrome, hier soir, regorgeait de cette fameuse assistance qui fait l'envie de tous les clubs français. Public nombreux, donnant de la voix et du geste mais qui se posait aussi en sévères censeurs. Inutile de vous expliquer pourquoi. UNE PREMIÈRE MI-TEMPS PÉNIBLE Cet O.M. dont on attendait le rachat, nous l'avons donc suivi nous aussi avec une attention particulière du haut de notre tribune de presse nous l'avons vu cette équipe marseillaise faire des efforts louables, d'abord pour se débarrasser de son trac et essayer ensuite de rassurer ses supporters. Oui, l'O.M. a mis tout en oeuvre pour tenter de montrer un visage un peu plus séduisant. Hélas, malgré la permutation entre Noguès et Paulo César qui se trouvait ainsi en position d'ailier droit, malgré quelques exploits techniques du Brésilien et deux ou trois tirs de Skoblar, c'est encore Strasbourg, il faut bien le reconnaître qui étalait le football le plus spectaculaire pendant la première mi-temps avec un milieu de terrain vif, remuant, des jeunes attaquants de la même veine. Les Strasbourgeois commençaient à poser des problèmes d'autant plus sérieux que les spectateurs avaient sorti leur sifflet et leurs murmures réprobateurs. Ce qui, dans un tel contexte ne faisait rien pour arranger les affaires olympiennes. Si la défense tenait bon, les hommes de l'entre-jeu pourtant, renforcés par l'apport de Noguès, n'arrivaient toujours pas à trouver la bonne mesure et l'on notait une nouvelle fois que l'O.M. avait quelque peu sacrifié le rôle des ailiers. En un mot, la première mi-temps fut pénible par bien des côtés et pour bien des personnes. Heureusement, à quelques minutes de la pause, Paulo César eut un éclair de génie qui ramena à la fois les bravos et un peu plus de confiance. Les Olympiens pouvaient ainsi regagner les vestiaires sur une impression pas tout à fait mauvaise. Mais ne nous y trompons pas, tout avait été loin d'être parfait et le score était toujours vierge. QUAND PAULO DEVIENT CÉSAR Jules Zvunka s'était d'ailleurs rendu compte lui aussi que quelque chose ne tournait pas rond dans son équipe. À la reprise il plaçait Noguès à droite et Paulo César à gauche pour jouer apparemment la carte des ailiers. Emon cédait sa place à Albaladejo qui devenait milieu de terrain. |
Les minutes passent alors avec toujours la même physionomie sur le terrain. Et le public, cette fois n'eut pas le temps d'exprimer sa colère car un certain Brésilien allait se charger de tout enflammer. Un magistral coup de griffe qui était bien la marque d'une grande vedette. Désormais il n'est plus permis d'en douter, même si la rencontre n'a pas prit la tournure escomptée. La façon dont Paulo César amorça son action victorieuse fut un modèle du genre. Ouverture sur Skoblar qui remet le ballon dans la foulée de son brun partenaire. Paulo César s'infiltre tel un félin dans la défense alsacienne et arrive à portée de Dropsy il le mystifie littéralement afin de faire trembler les filets. Du grand art et dans le stade du délire. L'espace d'un éclair, Paulo le Brésilien était devenu César. On vous conte par ailleurs et dans le détail comment les Strasbourgeois réussirent en fin de rencontre à établir l'équilibre. Un coup franc donné par Gress puis catapultait par Spiegel dans la cage marseillaise. L'O.M. passait donc à côté d'une petite victoire mais dont le prix aurait été inestimable. C'est dommage ! D'après ce que nous avons vu, hier soir, cette équipe a besoin avant tout de trouver sa sérénité. Le meilleur moyen eut été encore un succès. UNE CONSOLATION TOUT DE MÊME Que pouvons-nous ajouter d'autres ? Le résultat, selon toute évidence ne fera pas encore l'unanimité. Les Marseillais c'est certain, devront encore travailler pour espérer jouer un rôle intéressant dans ce championnat qui débute. Leurs dirigeants aussi ne sont pas au bout de leurs peines et la nouvelle direction technique non plus. Mais enfin, comment comme nous le signalons plus haut, ce partage des points ne sera pas tout ça fait négatif dans la mesure ou Paulo César s'est confirmé avec autorité comme le nouveau patron. M. Meric a mis peut-être le prix, mais il s'est attaché les services d'un joueur de classe qui a les moyens pensons-nous d'améliorer sensiblement le niveau de jeu de ses partenaires. Les arbitres devront veiller au grain si nous en croyant les interventions suspectes dont a été victime le Brésilien. Un O.M. moyen en définitive, mais qui hier soir n'a pas eu non plus de réussite, avouons-le. C'est peut-être la promesse que tout n'est pas aussi sombre. Mais de toute façon on aurait fort tort d'accabler les joueurs marseillais après ce premier acte d'une très longue pièce. Jean FERARRA |
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LE PRESIDENT MERIC : "ON REMONTE LA PENTE" |
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"Vous avez bien joué. Le public a été content". C'est ce qu'a déclaré le président Meric en entrant dans les vestiaires, à l'issue du match O.M.-STRASBOURG. Le président qui se veut résolument optimiste a ajouté : "Je préfère considérer ce résultat comme une demi-victoire plutôt que comme une demi-défaite. Contrairement à ce qui a été dit, l'entente au sein de l'équipe est très bonne. On remonte la pente. On a manqué des occasions aujourd'hui mais il reste 37 journées de championnat au cours desquelles nous auront sans doute plus de chance. D'ailleurs, ce soir, Saint-Étienne, le champion, a été battu. Ce qui est pour nous un bon résultat. De son côté Jules Zvunka, l'entraîneur reconnaissait qu'avant le match il avait une boule au fond de la gorge tant il était nerveux. Il déclarait : "les gens ont fini le match, très fatigués en raison de la chaleur, mais on a pu tout de même voir un progrès, par rapport à lundi dernier. Par ailleurs, on a trouvé une voie pour Paulo César comme avant-baladeur. Il vaut mieux le laisser libre, au milieu il ferait trop d'efforts. Ce soir nous avons eu notre part de malchance. Les Strasbourgeois doivent leur but à un mauvais rebond de la balle. De l'autre côté, nous pouvons dire que Skoblar n'a pas eu sa réussite habituelle. Malgré tout, on garde bon espoir. Quant aux retouches éventuelles, pour le prochain match, il est encore trop tôt pour en parler". Claudio Coutinho qui nous a précisé qu'il s'occuperait uniquement de la préparation physique de l'équipe, sans intervenir dans la composition, se montrait assez satisfait. En particulier de son élève Paulo César, à propos duquel il déclarait : - Je suis content, il a très bien joué, il ne faut pas lui donner de consignes, c'est ce qui a été fait ce soir. Pourtant Paulo qui est un gagneur, comme vous avez pu le voir après le but qu'il a inscrit, est très déçu ce soir". Quant à moi, je trouve que l'O.M. a très bien joué. Les joueurs sont arrivés à contrôler un match qui a été pourtant difficile. Je crois que l'on peut arriver à quelque chose de bien. |
Ce match constitue un bon début. Cela vaut mieux que de gagner en jouant mal. L'ensemble devait s'améliorer, d'autant plus que les joueurs commencent à se connaître. Les autres joueurs se montraient déçus d'avoir vu la victoire s'envoler, à deux minutes de la fin du match. Pour le capitaine Marius Trésor : "L'équipe a fait un bon match, on devait d'ailleurs le gagner. On a retrouvé le vrai Paulo César et le milieu de terrain a mieux joué. En défense, il reste bien et Vannucci joue différemment à Sochaux. Mais je pense sincèrement, quoique cette équipe-là, on doit pouvoir finir les championnats dans les premiers". Le Corse, Vannucci, était content de ce début en championnat, au Stade-Vélodrome. Pourtant, il regrettait : "J'ai eu quatre occasions de marquer et je n'ai pas réussi un seul but. Mais l'équipe a très bien joue très collectivement et l'on sent qu'il y a du progrès. F. Bracci, lui, reconnaissait : "Nous avons terminé le match, très fatigués, nous avions reçu des consignes défensives qui nous obligeaient à suivre les Strasbourgeois partout et, en même temps, il fallait attaquer. Dommage que nous n'ayons été malheureux dans la finition". Enfin, c'est Paulo César qui avait le mot de la fin, en affirmant : "Ce début est vraiment malchanceux, puisqu'il est dû à un mauvais rebond de la balle. Je suis déçu. Paolo, en effet, semblait très soucieux à l'issue de la partie, pourtant, ses camarades, par leurs déclarations, montrent que l'optimiste est toujours de rigueur à l'O.M. qui espère bien terminer le championnat aux premières places, comme l'avait annoncé le président avant le début de la saison. Gérard EJNES |
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Les Strasbourgeois : "Une bonne opération" Dans les vestiaires strasbourgeois c'était un peu la panique car joueurs et dirigeants avaient un car à prendre dans les plus brefs délais. Entre deux "dépêchez-vous" intempestifs, lancés par Robert Domergue, Gilbert Gress, avant de prendre la douche, nous a confié sa satisfaction : "Pour nous, il s'agissait surtout d'effacer l'échec de lundi dernier, nous avions encaissé six buts. Avant le match, nous étions confiants, mais nous avons beaucoup souffert de la chaleur ; c'est pourquoi le résultat nul nous satisfait tout à fait. "Nous aurions pu l'emporter tout comme l'O.M. d'ailleurs ; en première mi-temps, nous avons eu plusieurs occasions nettes et un score de 2 à 0 en notre faveur n'aurait pas été injustifié. Je suis bien sûr content d'avoir retrouvé Marseille, mais je préfère ne pas porter de jugement sur mon ancienne équipe. Non plus sur Paulo César". Beaucoup de pudeur chez Gilbert ou de méfiance, c'est ce que devait dire Robert Domergue : "Les déclarations sur les équipes adverses sont mal interprétées. Pour le reste, je peux vous dire que d'avoir pris un point, d'autant que nous croyons bien avoir match perdu. L'équipe a été assez bonne. Et je dois souligner la performance de tous les jeunes joueurs comme Wagner (17 ans), Gemmrich (19 ans) et Eracher (18 ans). Nous avons gardé la même équipe que l'an dernier. Seule innovation, le rôle de Spiegel qui, toutes proportions gardées, accomplit un travail semblable à ceux de Becken Bauer. "Ceci dit, Paulo César a été de loin, le meilleur Marseillais". A.B. |
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Les réponses aux questions que vous vous posez |
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- 1ère question : Tout d'abord, peut-on dire que l'avertissement sans frais signé Paris-Saint-Germain avait découragé une partie du public ? - Un simple coup d'oeil à la recette du match indique assez clairement le contraire. En effet, une fois de plus, la preuve a été faite que l'O.M., dispose d'un public peut-être "grognon", mais particulièrement fidèles. Ceci en dépit d'un tarif d'entrée sensiblement augmenté. Mais il reste à espérer que ses fidèles le demeureront. Car si la seconde mi-temps fut supérieure à la première, elle se saurait faire oublier tout à fait, cependant, le terne spectacle offert durant les 45 minutes initiales. - 2e question : Carlo César a-t-il réussi son entrée ? À la mi-temps, nous aurions certainement répondu à cette question : à demi seulement ! Non pas parce que c'est par la suite que le Brésilien parvint à obtenir le seul but de son équipe. Mais tout simplement parce que ces actions, pour brillantes qu'elles aient pu être durant cette période initiale, manquaient toutefois un petit peu, à notre goût de tranchant. Exception faite, bien sûr, du brillant slalome effectué sur l'aile droite, peu avant la pause, et qui faillit bien permettre l'O.M. d'ouvrir le score. Mais, durant la seconde partie du match, peut-être parce que sa position de faux ailier gauche, il était moins astreint à des tâches défensives, le N.8 marseillais se montra beaucoup plus brillant, participant tout à la fois à la construction du jeu et à la terminaison des actions. |
Son but, à cet égard, fut un modèle du genre, puisque, récupérant le ballon au milieu du terrain, il effaça plusieurs adversaires, transmit à Skoblar sur la droite avant de se trouver à point nommé pour récupérer la remise de ce dernier et tromper Dropsy. Une satisfecit donc pour Paulo César qui n'a rien à se reprocher. - Dernière question : des changements vont-ils être apportés à l'équipe pour rencontrer Lille dans huit jours ? - Ce n'est évidemment pas à nous de répondre à cette question, mais à Jules Zvunka, lequel estime bien sûr qu'il était trop tôt pour envisager quoi que ce soit au soir même du match. Le fait est qui ait fait rentrer Michel Albaladejo à la mi-temps prouve néanmoins qu'il n'était pas satisfait de la tenue de son milieu de terrain. Albaladejo, d'ailleurs, soit dit en passant, à notre sens, il tint fort bien sa place. Il n'est donc pas impossible qu'il ne la concerne pas à Lille. D'autres solutions s'offrent d'ailleurs à Zvunka, comme celle consistant à remplacer Noguès par Emon ou Kuszowski et à laisser Paolo César occuper une position de faux ailier gauche qu'il semble affectionner. Et puis, il y a un certain Eo que nous avons, pour notre part, trouvé très brillant au cours du lever de rideau. Devant une opposition moindre, il est vrai, mais il semble bien tout de même que l'ex-parisien tienne actuellement la grande forme. Alain PECHERAL |
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Le fait du match |
Le Phare dans la tempête La tempête faisait rage, hier soir, au Stade Vélodrome. Une de celles qui vous mettent la peur au ventre, qui vous figent à votre poste, qui vous hypnotise et vous mènent droit au désastre. Le frêle esquif de l'O.M. était la proie désemparée des lames de fond strasbourgeoises et menaçait de chavirer à chaque assaut. Sur le bateau (ce n'est pas encore la galère) c'était l'affolement. Vannucci, Victor Zvunka et Bracci couraient vers les brèches ou s'engouffraient les flots strasbourgeois déchaînés. Quant à Marius Trésor, il s'efforçait de colmater à grand-peine toutes les issues et d'aveugler les brèches les plus béantes. Mais, à peine était-il affairé ici que là-bas cela menaçait de craquer... Sur le pont, la circulation n'était guère meilleure. Dans un brouillard épais, le timonier Skoblar s'escrimait au gouvernail à tenter d'éviter les écueils. Mais, au dernier moment, on en heurtait toujours un dissimulé par quelque autre et le désespoir le gagnait insensiblement. Quant à l'entrepont, il était, lui, la proie à la pagaie la plus extrême. On ne savait pas qui faisait quoi et Buigues, Leclercq Noguès n'en avaient pas non plus une idée très précise. Leur seule chance de salut, Ils s'y accrochaient avec la foi du pèlerin. Puis soudain, ce fut l'instant éblouissant. La luminosité éclatante de la pureté retrouvée. Un instant, un instant seulement... Le vaisseau a échappé au naufrage. Mais les miracles n'ont lieu qu'une fois. Il faudra s'en souvenir pour le prochain voyage. Alain BEYER |
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