Résumé Le Provencal du 17 août 1974 |
PAULO CESAR MENE LE BAL !
L'O.M. remporte à Nice une victoire méritée et intelligente
NICE - Nous nous attendions à un match très chaud. Il le fut au propre et au figuré. Nous supposions que le débat serait animé, indécis, et partant passionnant. Il le fut aussi, au-delà de toutes limites. Mais personne n'avait envisagé que l'O.M. allait sur le stade du Rey plus au-delà du possible, humilier son grand rival régional. Le président Meric, lui-même, à qui nous voulions essayer de faire croire, avant le débat, que son équipe allait l'emporter, nous répondait en souriant : "Vous savez me faire plaisir. Vous savez, une petite défaite par 2 à 1 ne serait pas pour nous une mauvaise chose." Pourtant, sur l'ensemble de la rencontre, la victoire olympienne fut méritée. Elle a été celle de la meilleure équipe de cette chaude soirée, de celles qui, ayant su calmer le jeu, en première mi-temps, devant un adversaire niçois déchaîné, s'envola littéralement et irrésistiblement vers la victoire, au cours de la deuxième période. Ce succès est, avant tout, celui d'une équipe complète qui sut se battre, du commencement à la fin, mais il serait injuste de ne pas ajouter que les coups de patte de Paulo César représentèrent un peu mieux que le légendaire coup de pouce du destin. Bref, une victoire méritée et brillante et qui va mettre du baume au coeur de tous les supporters marseillais, surtout de ceux qui, hier, n'avaient pas fait le déplacement de Nice. Malgré la chaleur très lourde dans les tribunes et, par conséquent encore plus pesante sur la pelouse, la première mi-temps avait été de bonne qualité. Visiblement, Nice et l'O.M. seront, cette saison encore, dans le peloton de tête de notre championnat. Les deux équipes jouaient sensiblement de la même façon. Une très grande défensive, mais une participation à l'offensive d'un nombre de joueurs suffisants, pour appuyer véritablement les actions. La différence de 1 à 0, pour les Niçois, à la pause fut essentiellement le fait que Huck. Joueur opérant sur toute la surface du terrain, il plafonna sur cette première période, insaisissable, omni-présent et inspiré. Il fut à l'origine du but marqué par Loubet à son ancienne équipe et posa, a ses adversaires, des problèmes souvent insolubles. En ce qui concerne, Paulo César, de l'autre côté, le même rôle lui était dévolu. Opérant par à-coups, faisant alterner les temps morts, et les actions brillantes, le Brésilien influa moins sur le court de cette première mi-temps que ne l'avait fait Huck. Mais son jeu très coulé, tout en finesse, en vitesse de déplacement et en lucidité, représente l'une des meilleures armes offensives de l'O.M. Sur le plan tactique, on avait pu remarquer qu'au jeu groupé de l'O.M. peut-être un peu lent dans l'exécution, Nice répliquait par une grande vitesse dans ses fulgurantes contre-attaques. Mais nous n'étions alors qu'à la mi-temps et tout était encore possible. |
LA REVANCHE DU BRÉSILIEN Le début de la seconde mi-temps devait nous apprendre une chose très instructive à savoir que le jeu des Niçois est très fatiguant. Incapable de soutenir le rythme élevé qu'ils avaient imprimé au jeu, en première mi-temps, ils durent laisser la maîtrise du ballon et donc celle du jeu aux Olympiens. C'était transposé sur un terrain de football, la femme du lièvre et de la tortue. Nice qui était parti trop vite, se voyait rejoint puis dépasser par l'O.M. et l'on assistait à la revanche de Paulo César sur Huck éteint et d'une équipe marseillaise sur un adversaire soudain déboussolé. En moins de vingt minutes, l'O.M. avait marqué trois buts, dont le premier fut refusé pour hors jeu et pour une question de millimètre, de dizaines de millimètres, dans l'application de l'arbitre de touche. La dernière passe fut de Paulo César et la conclusion fut de Emon et de Skoblar. Belle revanche pour Josip qui avait subi, de la part de l'international Adams, un marquage d'une sérénité parfois excessive et souvent irrégulier. Il est vrai que le jeu, dans son ensemble, ne surpris jamais l'arbitre. M. Wurtz se donnait beaucoup de mal, pour éviter qu'aux trop nombreux règlements de comptes, succède une bagarre générale. L'excessive chaleur on le sait, engendre la fatigue, l'énervement et les coups. UNE ÉQUIPE DE L'O.M. COMPLÈTE La fin du match fut difficile, pour les deux équipes et comme Nice se lançait imprudemment à l'attaque, pour égaliser, la suite logique. Sur une contre attaque, Emon surpris habilement la défense niçoise, marquant le troisième but, qui fut celui du K.O. 3 à 1, les Aiglons et leurs supporters n'en croyaient pas leurs yeux, mais cette image reflétait assez bien ce que fut l'étonnante domination olympienne, au cours de la deuxième mi-temps. Pour la première fois, que nous voyons jouer l'O.M. cette saison, notre surprise fut de taille. Nous avons découvert une équipe complète, très sûre en défense, avec un Trésor en grande forme internationale, un milieu de terrain travailleur autant qu'efficace avec Noguès, absolument infatigable et en attaque, à côté de Paulo César l'inspirateur, Skoblar et Emon brillèrent de mille feux. Voilà qui va bien relancer l'intérêt du championnat. L'O.M. sur le match qu'il vient de livrer à Nice, peut désormais être considéré comme un candidat sérieux, aux premières places. L'important comme nous l'a dit un supporter olympien, évidemment ravi à la fin de la rencontre et que cela dure. Mais, en tout cas, ce qui est pris est pris et cette victoire olympienne à Nice, a remis l'équipe marseillaise sur les bons rails, ceux du succès. Maurice FABREGUETTES |
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Les Marseillais : "Joyeux anniversaire Jules" |
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C'est le président Meric que nous avons retrouvé le premier après cette sensationnelle victoire. Visiblement le président ne tenait plus en place, il avait besoin d'air et n'avait pas voulu rester plus longtemps dans la chaleur des vestiaires. "Vous avez devant vous un homme comblé, nous dit-il, un sourire rayonnant sur les lèvres. L'O.M. a fait ce soir un match remarquable et surtout une deuxième mi-temps exemplaire. Je crois que l'équipe vient de prouver qu'elle n'était pas seulement vouée à jouer les seconds rôles. Je ne dirai pas, car il faut être prudent, que tout a été parfait mais, ce soir j'ai enfin trouvé un O.M. tel que je le souhaitais. Vous savez, après les quelques performances médiocres, je craignais que le doute s'installe au sein de l'équipe. Voilà un succès qui va, je pense, redonner une confiance totale de nos joueurs". LE SOURIRE DE JULES ZVUNKA Quand nous sommes entrés dans les vestiaires deux personnes se sont précipités vers nous : c'étaient MM. Vernet et Gamet membres du comité de gestion. Tous deux avaient une remarque importante à nous faire. "Alors comment avez-vous trouvé Victor Zvunka ?" nous lancèrent-ils d'une même voix. Les deux responsables marseillais évolués en fait nous rappelaient que le cadet Zvunka avait fait une partie remarquable. Ce que nous reconnaissons volontiers d'ailleurs. Il est à signaler que dans le succès, cette équipe olympienne s'est serré les coudes autant que dans les soirs de défaite. Tous les joueurs ont été unanimes à vanter les mérites de Victor Zvunka, Emon et Buigues qui avait fait hier soir une partie digne d'éloges et qui pourtant avait été critiqués. Voyons à ce sujet l'opinion de Jules Zvunka qui, enfin hier soir, avait retrouvé son fameux sourire. "À la mi-temps nous dit-il l'entraîneur, j'avais dit à mes joueurs qu'il fallait jouer un peu plus vite pour essayer de surprendre les Niçois. Mais j'avais surtout demandé aux hommes de ne pas se décourager. Je savais que le renversement de situation était encore possible. Je suis en tout cas très heureux de ce résultat qui, je l'espère, redonnera la sérénité nécessaire à notre formation. Je ne veux pas simplement parler de mon frère. Mais vous savez que des joueurs avaient été plus ou moins critiqués ces derniers temps à Marseille ; les uns et les autres ont démontré ce soir non seulement qu'ils étaient dignes de jouer dans cette équipe, mais en plus qu'ils ont pris une part prépondérante à la victoire. Ce café Victor par exemple devant le redoutable Yougoslave Musemic mérite un grand coup de chapeau. Je vous rappellerai aussi qu'Albert Emon avait été plus ou moins conspué par les spectateurs marseillais. Heureusement j'ai tenu bord et je l'ai maintenu dans l'équipe. Ce soir il nous a marqué deux buts extraordinaires et il ne s'arrêtera certainement pas là. Quant à Buigues, vous l'avez vu comme moi, il a fait tout simplement une partie éblouissante au milieu du terrain. Et ce qui ne gâte rien, tous leurs camarades ont joué sur le même ton. Comme quoi une équipe de football ne se fait pas du jour au lendemain. J'avais noté quelques progrès. Aujourd'hui l'O.M. vient de démontrer qu'il a atteint son rythme de croisière. À mon avis nous ne devrions pas en rester là". JOYEUX ANNIVERSAIRE Puisqu'il était fortement question de Victor Zvunka dans les vestiaires baignant de bonheur, nous avons trouvé le cadet de la famille. |
"Eh bien nous dit-il, un pâle sourire sur les lèvres, je ne voudrais pas faire de longs commentaires. C'était ce soir l'anniversaire de mon frère et je suis content pour lui que nous lui ayons offert cette belle victoire. Quant à moi, je suis bien sûr content d'avoir effectué une bonne partie face à un adversaire redoutable. Je m'efforcerai simplement de continuer dans cette voie". Albert Emon, aussi, a rendu hommage à son entraîneur en lui dédiant ce succès pour son anniversaire. "Oui, c'est vrai, je suis satisfait de moi-même, nous dit le jeune Albert. Vous savez, quand j'ai entendu l'autre soir les spectateurs du stade vélodrome sifflaient à l'annonce de mon nom, j'ai eu beaucoup de peine. Et pour ne rien vous cacher j'avais perdu une grande partie de mes moyens. En marquant ces deux buts, je me suis réveillé. J'espère simplement que nos supporters nous applaudiront la prochaine fois quand nous nous présenterons devant eux". Signalons aussi que Noguès, qui dut quitter le terrain, et moins gravement touché qu'on ne l'avait pensé. "La joie du succès aidant, nous dit-il Franco-Argentin, je serais certainement très vite sur pied". Nous avons demandé à Jacky Lemée s'il n'avait pas trop souffert de rentrer en fin de partie quand le match était brûlant comme l'on dit. "Non. Pas du tout nous a dit l'ancien Angevin, après le premier sprint, j'étais tout à fait dans l'ensemble de ce match et j'en voulais tellement que j'aurais voulu marquer un but. Claudio Coutinho, en connaisseur, nous disait à son tour qu'il avait vu ce soir un très bon O.M. "Les efforts commencent à être payants nous confia le Brésilien. Vous verrez, nous reparlerons encore de l'O.M. Le mot de la fin à Josip Skoblar qui avait enfin trouvé le chemin des filets : "Peu importe que j'ai marqué un but ou non nous affirma le Yougoslave, l'O.M. a gagné à l'extérieur devant un adversaire difficile. Il vient ainsi de prouver sa véritable valeur et pour moi c'est bien ce qui compte. MARKOVIC : "LE MEILLEUR A GAGNÉ" Dans les vestiaires niçois l'euphorie était bien entendu beaucoup moins sensible. Léon Rossi, tout d'abord ne fit pas de mystère et nous avouait que le meilleur avait gagné. Et l'opinion était en tous points confirmée par l'entraîneur Markovic : "Rien à dire nous dit-il, les Marseillais ont fait une bien meilleure deuxième mi-temps et ils ont mérité leur succès. Je pense d'ailleurs que cette défaite nous rendra service dans la mesure ou elle aura prouvé que nous devons encore travailler pour atteindre les sommets. L'O.M. à cette année une fort bel équipe qui je l'avoue, m'a fait impression. Que dire de Paulo César, sinon qu'il est un très grand joueur qui a visiblement impressionné son garde du corps. Son jeu et d'une limpidité remarquable. Quant à Skoblar, que je connais bien puisque j'ai joué avec lui dans l'équipe yougoslave, il est reste un très grand du football. Comme quoi dans ce sport il n'y a pas d'âge. Il y a simplement la personnalité du joueur. Et Skoblar - qui n'est plus un tout jeune homme- a démontré ce soir que sa classe était intacte. Jean FERRARA |
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Les réponses aux questions que vous vous posez |
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FAUT-IL Y CROIRE ? C'est évidemment la première question que l'on se pose. Jusqu'à aujourd'hui, le public marseillais était plutôt sceptique en ce qui concerne sa nouvelle équipe, il l'avait vu au Stade Vélodrome se faire battre en match amical par Paris-Saint-Germain. Ensuite, en championnat, elle avait fait un pénible match nul contre Strasbourg, avant de battre la faible équipe de Sochaux sans gloire. Entre-temps, elle était allée se faire battre à Lille par 1 à 0. Par conséquent, les résultats d'ensemble de ce début de saison n'engendraient pas l'optimisme. Or, au stade du Ray, contre l'équipe niçoise vedette de ce début de championnat, l'O.M. vient d'obtenir une brillante autant que méritée victoire. Faut-il donc, par conséquent, croire dès maintenant que l'équipe olympienne peut postuler à nouveau le titre de champion de France ? Comme vous le savez très bien - et nous ne vous l'apprendrons pas - en football il ne faut jamais s'emballer mais au contraire étayer son jugement sur l'ensemble d'une saison. Quoi qu'il en soit, il n'en est pas moins vrai que ce soir à Nice, devant un adversaire de qualité et qui, en première mi-temps, joua à un rythme extrêmement élevé, l'O.M. vient de se montrer sous un jour extrêmement favorable. Évitons d'extrapoler, de croire que nous avons vu le futur champion de France ; mais enfin, il faut honnêtement convenir que le jeu de l'O.M., a été convaincant que nous avons vu une équipe en bien meilleure condition que sa rivale, mener des actions brillantes et gagner d'une façon extrêmement logique. Il s'agit donc là non point d'un rêve mais d'une réalité que nous considérerons comme extrêmement encourageant. En attendant la suite... QUEL DEVRAIT ÊTRE LE RÔLE DE PAULO CÉSAR ? Il semble que Paulo César ait trouvé tout naturellement le rôle lui convenant le mieux. Il ne faut pas commettre l'erreur faite avec Magnusson, c'est-à-dire lui demander de jouer un rôle défensif. Paulo César est un pur attaquant et, uniquement un attaquant. Mais compte tenu du niveau du football en France, les services qu'il peut rendre à sa nouvelle équipe seront d'autant plus considérables que l'on ne lui demandera pas de faire des choses qui ne sont pas de son ressort. Sur ce que nous avons vu hier soir à Nice, nous pensons que Paulo César peut-être, pour l'O.M., le véritable inspirateur qui lui a fait défaut ces deux dernières saisons. |
NOGUÈS A-T-IL TROUVÉ SA MEILLEURE PLACE AU MILIEU DU TERRAIN Noguès n'est pas le premier attaquant qui se soit reconverti à un poste de défense ou de milieu de terrain. Quand il vint à Lille, il y a deux saisons, une jeune Noguès, encore junior, était considéré comme un avant-centre. Or, ce que l'on demande à un joueur de pointe est techniquement beaucoup plus difficile pour des raisons faciles à comprendre de vitesse d'exécution, que ce qui est exigé d'un joueur de milieu du terrain ou d'un défenseur. Donc, pour jouer au centre de son équipe, Noguès disposera d'un avantage technique. Il est très combatif, très en souffle et il ne lui reste plus à apprendre que quelques subtilités défensives, ce qui n'est pas tellement sorcier. Avec le temps, on peut croire que Noguès deviendra un intermédiaire de qualité. A-T-ON RETROUVÉ LE GRAND SKOBLAR ? On ne retrouvera certainement jamais le très grand Skoblar de la saison du dernier doublé de l'O.M. Sur toute une saison, l'âge ne pardonne pas. Mais Skoblar a prouvé à ses détracteurs qu'il possédait encore de très beaux restes. Pourtant, la partie fut très difficile pour lui car son adversaire direct de Adams est certainement l'un des défenseurs les plus coriaces du football français. S'il en était autrement d'ailleurs, le sélectionnerait-on régulièrement dans l'équipe de France ? Skoblar donc, hier soir, sut se battre et marquer deux superbes buts. On ne saurait demander autre chose à cette très grande vedette du football vieillissante, mais pouvant encore, de temps en temps, s'élever au niveau de tout à fait supérieur. M.F. |
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Enfin un vrai j'eu d'équipe Oui, le fait marquant de ce match sera que l'O.M. ait enfin retrouvé un jeu digne de ce nom, et c'est d'autant plus remarquable qu'il avait à faire, cette fois, à un adversaire réputé difficile. Les Marseillais, qui avaient abordé cette rencontre avec une louable détermination, avaient été pourtant cueillis à froid si l'on peut dire, par le tir de l'inévitable Loubet. On sait que Charlie chaque fois qu'il a retrouvé cette formation marseillaise, a toujours fait son possible pour lui jouer un tour à sa façon. On crut bien cependant une heure que l'ex olympien allait être une nouvelle fois le gros de l'O.M., en marquant un but d'ailleurs inscrit contre le cours du jeu. Hier soir, les Marseillais en plus de leur courage, que personne n'a jamais mis en cause, avait trouvé un style, une méthode, qui étaient enfin ceux d'une équipe. Les Niçois avaient abordé le match à 100 à l'heure, puis ils furent forcés d'abord de ralentir la cadence devant le jeu posé et intelligent de l'O.M., avant; de s'effondrer complètement en deuxième mi-temps. Nous avons noté pour notre part, que le premier but marseillais avait été inscrit par Emon. Mais à sidbker que cette action victorieuse avait pour origine Paulo César qui, en l'occurrence c'était comporté en véritable ailier de département. Il semble que cette tactique serait certainement bénéfique à l'O.M. |