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Résumé Le Provencal

du 24 août 1974

 

Petit match, petite victoire

Un penalty signé Paulo Cesar a fait la différence (1-0)

On attendait la confirmation de Nice. En jouant sur les mots, on pourrait dire que la victoire de Nice a été confirmée par une nouvelle victoire.

Mais ce n'est sans doute pas exactement ce qu'attendait la nombreuse foule venue au stade vélodrome dans l'espoir de revoir un grand O.M.

Car l'O.M., qui a battu hier soir le F.C. de Metz, ne fut ni grand ni brillant, et sa courte victoire a été due, en définitive, à une grosse ruse de Paulo César.

On s'est aperçu au cours de cette rencontre, des fragiles mécanismes de loin.

Il a suffi que Paulo César soit en petite forme pour que les attaquants : Skoblar et Emon, soient dépourvus presque totalement de bonnes balles, de ces balles qui, comme à Nice, appellent le but.

De ce fait, le bonus escompté n'a jamais été en vue et, jusqu'à la fin, on a pu redouter une dernière redoutable attaque de Metz.

On le sait déjà, aucune rencontre ne ressemble à une autre, et, il faut aussi le dire, que l'équipe de Metz, c'était d'ailleurs son rôle, ne s'est pas montrée conciliante, surtout en défense. C'est le football et c'est aussi le championnat.

PAULO CÉSAR :

L'ART DE LA CHUTE

La première mi-temps n'avait jamais atteint les sommets espérés par le nombreux public. Par rapport à l'ambiance, le spectacle faisait figure de tournée théâtrale de deuxième ordre.

Les deux équipes papillonnaient avec la grâce d'Anne-Marie Kother, mais par ailleurs assez loin de l'efficacité de la plus belle athlète des nageuses allemandes.

À la vingtième minute, notre première page de notes était d'un blanc de neige. Paulo César se distinguait surtout par ses multiples chutes.

Nous ne savions pas, qu'à ses nombreux talents, le Brésilien ajoutait celui de la cueillette des coups-francs. À côté de lui, Charlie Loubet fait figure d'amateur.

0-0 à la mi-temps, c'était assez équitable, étant donné le peu de travail difficile ayant incombé aux deux gardiens.

On avait tout de même fait une remarque intéressante : n'est pas ailier qui veut. La démonstration de centre dans les nuages que fit Vanucci, juste sous notre tribune, en était la meilleure preuve.

Mais la partie dure 90 minutes, alors, il fallait attendre.

UN PENALTY PROVIDENTIEL

Que l'O.M. attaquât bille en tête, dès la reprise, était une certitude. Sans avoir été dans les vestiaires, on devine que Jules Zvunka avait dû dire à ses joueurs : "C'est aujourd'hui ou jamais : les gars, n'attendez pas la saison prochaine pour marquer un but à Metz".

Mais ce but se fit espérer jusqu'à la 77e minute. Il fut, permettez-nous de l'écrire, une véritable rigolade. Un plongeon artistique de Paulo César dans la surface de réparation et un penalty que le même Paulo César transforma en butte.

Pauvre M. Bacou, qui s'est laissé prendre à cette grosse ficelle brésilienne, et qui, une dizaine de minutes plus tôt, avait refusé l'O.M. un penalty beaucoup plus plausible pour un fauchage caractérisé de Noguès dans la surface de réparation.

Par sa constante pression depuis le début de la mi-temps, O.M. méritait cet avantage, mais nous n'aimons pas qu'une équipe visiteuse ait l'impression d'avoir était volée au stade vélodrome.

L'ESPRIT DE CORPS

ET TRÉSOR

La fin de la rencontre fut marquée par la fatigue des deux équipes. L'O.M. parut se contenter du résultat, et si Metz insista pour essayer d'égaliser, ce fut sans grande énergie. Il restera de ce match, que quand l'équipe olympienne ne peut pas compter complètement sur ses chefs de file, son jeu n'est pas supérieur à celui de la plupart des autres équipes françaises.

Mais hier soir, ce qui est intéressant, l'O.M. a montré un excellent esprit de corps. Bien que jouant dans un désordre évident, il s'est bien battu, et, à la sa tête, Trésor, véritable pilier de la défense, fut certainement le meilleur joueur sur le terrain.

On dira donc, pour conclure, que l'O.M., cette saison, connaîtra encore des hauts et des bas. Des hauts, quand Paulo César aura ses meilleures jambes, et des bas, quand le Brésilien se contentera de faire quelques choses petites choses, brillantes sans doute, mais insuffisantes pour un joueur de son talent.

L'impression générale n'est cependant pas mauvaise. Cet O.M. vu à travers ces deux matches : celui de Nice et celui d'hier soir contre Metz, peut encore prétendre jouer un rôle intéressant dans un championnat de France, il est vrai, pas tellement relevé.

Maurice FABREGUETTES.

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Le président Fernand Méric :

"Ne boudons pas notre succès"

Quand nous avons retrouvé M. Meric, sitôt après le coup de sifflet final, il était visiblement satisfait d'en avoir terminé avec cette rencontre. Le président, en effet, était quelque peu inquiet, avant le match. Lui aussi voulait que l'O.M. confirme son brillant succès de Nice.

"Enfin, nous dit-il, ne boudons pas notre plaisir, l'O.M. a gagné, par un seul petit but d'écart mais cela fait tout de même deux points. Je regrette, personnellement, que notre victoire ait été acquise sur un penalty. À mon avis, nous aurions mérité de marquer des buts, en mouvement. Mais qu'importe, c'est la loi du sport. Sachons nous contenter du résultat. Je sais bien qu'après notre victoire à Nice, nos supporters attendaient un succès avec bonus, sur notre terrain. Cependant, nous ne sommes pas encore à la hauteur d'Ajax de Cologne. Il faudra encore un peu de patience, avant que l'O.M. n'atteignent les sommets.

Pour résumer, je suis un peu déçu par le score mais très satisfait du résultat".

JULES ZVUNKA :

ENCORE DU TRAVAIL À FAIRE

Jules Zvunka était, à peu près, du même avis que son président :

"Pour moi, nous dit-il, une seule chose compte. Ce sont les deux points qui s'ajoutent à notre capital. À ce jeu, voyez-vous, il n'est pas de petite victoire, même si elles sont obtenue grâce à un penalty. De toute façon, je savais que Metz adopterait cette méthode, sur le terrain du Stade-Vélodrome. C'est une équipe que je connais bien. Elle ne perd pas son sang-froid et sait se regrouper en défense. L'O.M. s'est usé, à force de vouloir attaquer, sans trouver le chemin des filets. Quoi qu'il en soit, à travers cette rencontre, on s'aperçoit que beaucoup de travail reste encore à faire. On parlait déjà de l'O.M. comme d'une grande équipe. Ce match vient de démontrer qu'il ne faut pas brûler les étapes. Je tiens tout de même à dire un grand merci au public qui, ce soir, s'est montré formidable à notre égard".

Les Messins :

"Dommage de perdre sur penalty"

Dans le camp messin, certes on déplorait la défaite, et on n'était pas mécontent de la performance de l'équipe, et l'entraîneur, M. Huart, nous a dit :

"Nous avons joué serré, mes joueurs ont été sérieux, appliqués. Je suis donc satisfait de leur prestation. Néanmoins, je regrette que nous ayons perdu sur un penalty. Ce penalty n'était pas valable, car il y avait une charge d'épaule contre épaule. Les Marseillais ont été contraignants pour nous, car, ils n'ont cessé de monter à l'attaque. Mais nous avons su conserver notre calme et répliquer chaque fois que cela a été nécessaire. Toute la défense fourni une partie exemplaire, en particulier Barth, et aussi si Coustillet. Je crois que ce qu'il faut noter en faveur de ce match, c'est qu'il n'y a pas eu de temps mort, et en fin de rencontre les Marseillais ont dû défendre leur camp, car ils ont été menacés, et nous aurions pu, avec un peu de chance, obtenir l'égalisation".

Le gardien Barth devait nous avouer de son côté : "J'espérais bien que nous finirions par faire match nul zéro à zéro et c'est dommage d'encaisser un but sur penalty".

Braun a souligné de son côté : "L'O.M. est un ensemble solide, mais il ne nous a pas dominés, et je crois qu'en toute objectivité, on peut dire que nous avons fait jeu égal".

Enfin, le président, M. Molinari, était assez heureux : "Ce fut un très bon match. Je ne suis pas du tout mécontent de mes joueurs, bien au contraire, et je pense que ce sera une bonne propagande pour la prochaine rencontre, qui aura lieu sur notre terrain, devant Lens".

A.D.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

1re QUESTION : Paulo victime du marquage individuel ?

Hier soir, c'est incontestable, le Brésilien a connu pour la première fois les désagréments du marquage étroit dont Baulier (le numéro 2 messin) était l'auteur. Il a paru fort gêné de la situation pendant toute la première mi-temps, au cours de laquelle Baulier ne l'a pas lâché d'une semelle.

Paulo, dont le style de jeu s'épanouit grâce à une certaine liberté de manoeuvre et d'action, fut donc très discrets durant les 45 premières minutes. Mais Baulier desserrant insensiblement son étreinte après la mi-temps, le numéro 8 olympien retrouva quelques-uns de ses coups de patte magiques et le rendement entier de l'équipe s'en ressenti.

C'est en outre sur une de ses très belles actions, un slalom dans la défense messine, qu'il obtint le penalty de la victoire. Penalty qui n'est peut-être pas indiscutable. Car il convient de faire la part entre la faute de Delpierre et la malice de Paulo César qui s'est habilement laissé tomber à terre.

Paolo rencontrera sans doute encore les mêmes difficultés. Heureusement, en France, les arrières droits de grande classe ne sont pas légion, et ceux qui s'accrochent aveuglement aux basques de leurs vis-à-vis encore plus rares.

2e QUESTION : l'O.M. a trouvé un allié et un milieu de terrain ?

Il est peut-être tôt pour répondre par l'affirmative. En ce qui concerne l'ailier, il n'est pas douteux que le jeune Albert Emon à toutes les qualités requises pour tenir son poste brillamment. Certes, il lui reste encore à acquérir la régularité et la sérénité indispensable à un ailier de talent. En tout cas, les quelques débordements dont il nous gratifia, notamment au cours de la seconde période, démontrent abondamment qu'il faut lui faire confiance, et surtout l'utiliser plus rationnellement et plus systématiquement. Car la défense messine n'est pas des plus faciles, et sur le vu du match, on peut affirmer qu'Albert Emon pourra, dans un proche avenir, rendre à l'O.M. de très grands services.

Quant au milieu du terrain, il pourra bien s'appeler Raoul Noguès, qui, pour sa part, a confirmé des projets incessants. Lui aussi rate encore un peu trop de passes, mais il a dévoilé des talents de battant qui laissent bien augurer de l'avenir. Il est aussi fort capable de venir appuyer Skoblar au centre de l'attaque, et de délivrer d'un poids qui semble peser bien trop lourd sur les épaules du malheureux Josip.

3e question : et devant Reims ?

Mardi prochain, c'est le déplacement en terre champenoise. Alors, à quoi faut-il s'attendre ? Depuis le miracle niçois, il devient difficile d'avancer un pronostic. L'O.M. semble beaucoup plus à l'aise à l'extérieur, ou il peut développer son jeu de contre-attaque, que devant son public, ou l'équipe supporte le poids du match, doit construire le jeu, et se heurte souvent à des difficultés très serrées.

Les joueurs semblent également handicapé par la tension nerveuse qui les habite dès qu'ils évoluent au stade vélodrome. Il suffit de voir les maladresses de Skoblar, Emon, Vanucci et Bracci, entre autres, pour s'en convaincre.

Contre Reims, les Olympiens livreront un combat difficile. Il s'agira de museler Bianchi. Le problème est de savoir si Victor Zvunka s'acquittera aussi bien de sa tâche que devant Musemic et Braun. Néanmoins, l'avantage du terrain et de l'étendue des possibilités offensives de l'équipe rémoise mettront certainement plus d'une fois de défense olympienne en difficulté. Un résultat nul serait un nouvel exploit à mettre à l'actif de l'O.M.

 Alain BEYER

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Le film

La première phase dangereuse est à l'actif de l'arrière messin Baulier qui, 35 mètres, à la 10e minute, adresse un shot plongeant à Charrier qui doit sortir de sa cage et repousser le ballon des deux poings.

Ensuite l'arbitre distribue de nombreux coup franc, puis César est fauché par Baulier. Le public proteste et c'est un coup franc dangereux donner à quinze mètres des buts lorrains. Il en résulte un corner. La reprise est faite par Eo, malheureusement sa balle s'écrase sur la barre transversale (23e).

Quelques instants plus tard Braun est balancé et il obtient un coup franc ; il est donné de façon redoutable par Coustillet dans le coin gauche. Il oblige Charrier à plonger (29e). On note ensuite un tir de Perrignon et une tête de Skoblar. Et la mi-temps est sifflée sur le score de 0 à 0.

À la reprise Noguès est abattu à proximité des dix huit mètres mais l'arbitre ne siffle aucune sanction contre les Lorrains. Bracci s'énerve, déborde et shote de trente mètres, mais il rate la cage.

C'est ensuite Emon qui fonce et oblige Barth a exécuté un plongeon spectaculaire à la 56e.

À la 57e Noguès est descendu dans la surface de réparation ; le penalty paraît flagrant mais l'arbitre ne siffle rien. Le public est mécontent et c'est une véritable bronca qui s'abat sur ce dernier.

À la 69e Bracci déborde de l'aile gauche et shoote dans sa foulée mais Barth se détend magnifiquement César s'infiltre dans la défense messine, feinte trois adversaires, et il est fauché impitoyablement par Baulier ; cette fois-ci c'est le penalty. César le tir et marque le seul but de la rencontre : Marseille 1 Metz 0.

Alain DELCROIX

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Le fait du match

GEORGES

parmi nous...

Le fait du match hier, circonstance exceptionnelle, n'eut pas directement la pelouse pour cadre.

Non pas d'actions d'éclat eussent été parfaitement en dehors du débat.

Mais c'est avant même que ne débute la rencontre, qu'était intervenu un moment d'émotion bien particulier.

Pas l'émotion entre guillemets, celle du sport, mais la vraie.

Conséquence d'une petite phrase lancée au micro par le président Meric : "Nous avons la joie d'accueillir ce soir, parmi nous, Georges Carnus".

Une petite phrase à peine audible, dans le brouhaha fébrile de l'avant match.

Que tout le monde, néanmoins, entendit comme par enchantement : dans un même mouvement, trente mille personnes se levèrent. Spontanément. Et durant toute une longue minute applaudirent. Sans un cri, sans une de ces paroles que l'on croit de réconfort et qui sont celles qui font le plus mal aux être en détresse...

Ces applaudissements que Georges n'aurait pas voulu, n'aurait jamais dû entendre, doivent raisonner à ses oreilles comme autant de cadeaux.

On fêtait, hier, au stade, le retour d'un ami.

Sans vaine et cruelle compassion, sans artifice : Georges Carnus, son enfant chéri, lui était revenu. Et le public, heureux, ne voulait penser à rien d'autre.

Georges pensait, sans doute, avoir connu chacune des multiples sensations qui flottent au flanc des stades.

Trente mille frères qui lui ont prouvé, hier soir, le contraire...

Alain PECHERAL

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