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Résumé Le Provencal

du 03 septembre 1974

 

L'O.M. a su saisir sa chance !

Les Marseillais très volontaires face à des Angevins trop timides

On s'amuse toujours avec Angers. Une équipe poussant l'originalité jusqu'à se défendre en attaquant. C'est tellement rare en 1974 et dans le football français, que nous ne pouvons décemment commencer cet article sans donner un coup de chapeau aux Angevins, à Guillou, à Edwige, à Antic et à tous les joueurs au maillot vert qui nous valurent une rencontre ouverte, débridée, et, partant, passionnante.

L'OM, sans Paolo César et après un début de match laborieux, a su entrer dans la danse, à l'image de Buigues, de Lemée, de Bracci et de Noguès, qui mirent beaucoup de coeur à l'ouvrage.

Il est certain que l'OM a eu la chance de pouvoir, sur son terrain, jouer en contre-attaque. Mais, quelle que soit la tactique adoptée, l'important est de savoir saisir sa chance, de frapper au bon moment. En définitive, on se souviendra, après cette rencontre, que des trois buts marqués par les Olympiens.

UN EXPLOIT DE CHARRIER

La mi-temps s'est terminée sur un résultat (2 à 0) que le plus optimiste des supporters olympiens n'aurait pas espéré à la 40e minute. Le match avait débuté sur un rythme angevin très ralenti. Le jeu été tellement gentil que l'arbitre M. Baucourt n'avait pas encore sifflé le moindre coup franc à la 10e minute. Le fait est assez rare pour être noté.

Par la suite, M. Baucourt ne devait pas trop user de son sifflet : 10 coups francs en faveur de l'OM à la mi-temps et six pour Angers. C'est là une moyenne habituelle et honorable. M. Baucourt est certainement un honnête arbitre. Bref, Angers, pendant la partie de cette mi-temps, s'était montré supérieur à l'OM dans le domaine de la pose des banderilles. Une seule sérieuse tentative d'estocade, à la 6e minute, quand Berdoll après un excellent crochet, tira fortement dans la foulée. Mais Charrier réussit là le premier exploit olympien du match, parvenant à détourner la balle de sa cage, bien que pris à contre pied.

Quant à l'OM, il n'avait jamais, pratiquement, tiré dans l'encadrement au cours des 40 premières minutes.

DEUX MINUTES DE RÊVE

Mais, une fois de plus, en allait sera s'apercevoir que le football est une science totalement inexacte. Alors que le public commençait à gronder et que Vannucci, blessé à l'épaule, se préparait à quitter le terrain, la situation changea du tout au tout en deux minutes : 42e et la 44e.

Le premier but marqué par Buigues avec la complicité de son ancien partenaire Le Boedec et le deuxième d'Emon, un vrai bolide, celui-là, à la suite d'une montée de lutte de "l'infirme" Vannucci. Un extraordinaire renversement de situation, qui mit le public en joie... ou plutôt en transes.

Rampant surtout à Emon, que les spectateurs venaient de siffler et qui, soudain, devint un héros... Mais, à quoi bon le souligner, cela fait partie du folklore d'un match de football au stade vélodrome.

QUALITÉS MORALES ET

CONDITION PHYSIQUE

En deuxième mi-temps, on crut pendant une minute au bonus. Mais au but de Skoblar répondit aussitôt un autre but yougoslave de son ami Antic, celui-là.

Puis Angers, où Guillou se mit à multiplier les dribbles, en grand virtuose, prit la direction du jeu et c'est seulement sur la fin que l'OM se rendant compte que le bonus était toujours possible, termina au sprint, mais sans résultat : 3 à 1, c'est tout de même fort bien pour une équipe olympienne dont on a admiré surtout les qualités morales, l'esprit de corps et l'excellente condition physique.

Il ne faut pas trop en demander, tellement furent évidents pendant la plus grande partie de la rencontre, la meilleure technique et le meilleur jeu angevin d'Angers.

On retiendra de ce match la sûreté de plus en plus grande de Trésor, la classe de Charrier, qui sauva son équipe à plusieurs reprises, la constante progression de Bracci et les bons débuts de Lemée qui, surtout en défense, se montra très précieux.

Il ne reste plus maintenant qu'à attendre le déplacement à Rennes et le retour de Paolo César.

Nous dirons, en conclusion, que l'OM, pourtant privé de son virtuose brésilien n'a pas hypothéqué son avenir.

Tout est encore possible dans ce championnat, encore très serré comme le prouvent les derniers résultats.

Maurice FABREGUETTES

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Jules Zvunka : "Je ne suis pas content

nous avons perdu un points !"

La porte des vestiaires marseillais est resté fermé pendant de longues minutes après la rencontre. Les dirigeants avaient tenu à parler à leurs joueurs pour leur dire ce qu'ils pensaient de cette partie face à Angers.

Et d'après ce que nous avons compris, les Olympiens n'ont pas entendu seulement des paroles de félicitations.

M. Meric, que nous avons retrouvé le premier nous déclarait, avec son soupir de soulagement habituel :

"Eh oui ! voyez-vous, il me manque un point, ce qui gâche un peu mon plaisir. Je trouve que l'équipe s'est relâchée après le troisième but. Mais enfin, n'en parlons plus, j'ai tout de même trouvé quelque chose d'encourageant au cours de cette rencontre. Depuis le début du championnat on prétendait ici et là que l'O.M. valait surtout par un ou deux joueurs. Je parle donc notamment de Paulo César. Et bien, en l'absence du Brésilien l'O.M. a prouvé qu'il était capable de marquer trois buts. N'oublions pas que Vannucci, blessé, a dû céder sa place en deuxième mi-temps ce qui était un handicap indiscutable. Je dois, par ailleurs, rentre aux Angevins qui n'ont jamais fermé le jeu. À l'O.M., Charrier comme toujours, a été excellent, de même que Trésor, ce qui devient maintenant une habitude. Mais je voudrais pour ma part tirer un grand coup de chapeau à Noguès qui, ce soir, a été vraiment remarquable. On ne peut parler de révélation à son sujet, car nous savons tous qu'il est un excellent joueur. Ce soir, il a néanmoins éclaté en démontrant ce dont il était capable, je vous le répète, tout cela est encourageant pour l'avenir".

PAULO CÉSAR : "L'O.M. A BAISSÉ DE PIED EN DEUXIÈME MI-TEMPS"

Bien qu'il n'y ait pas joué ce match, Paulo César était bien entendu très entouré dans les vestiaires : "Ce fut une excellente rencontre, nous dit-il. Et, ce qui ne gâte rien, O.M. a remporté une nette victoire. Il est dommage, bien sûr, que l'équipe n'ait pas pu réussir à marquer un but de plus qui nous aurait valu un point supplémentaire. Mais ne faisons pas la fine bouche, c'est très important, vous savez, de gagner devant ses supporters. Dommage quand même que l'O.M. après avoir marqué son troisième but, se soit un peu relâché. Sinon, je suis persuadé que les Angevins n'auraient jamais pu sauver l'honneur".

JULES ZVUNKA EN COLÈRE

Quant à l'entraîneur, il affichait paradoxalement le visage des mauvais jours : "Non, je ne suis pas content, nous déclara-t-il en devançant notre question. J'estime que l'O.M., ce soir a perdu un point. Et, si nous faisons le compte, sauf cela fait beaucoup de gaspillage depuis le début du championnat.

- Que pensez-vous de notre équipe sans Paulo César ? V

- Pour moi, nous répondit Zvunka, j'ai eu l'impression - si vous permettez la comparaison - d'avoir une voiture à laquelle il manquait une roue. C'est-à-dire n'est pas du tout péjoratif ; nous avons simplement un super joueur et quand il n'est pas là son absence se remarque.

- Quelle a été votre opinion sur Lemée et le jeune Mahieu qui faisaient leur entrée ?

- Je les ai trouvés excellents tous les deux. Lemée manquait de compétition, mais il nous a démontré ce soir qu'il savait se battre et souvent avec bonheur. Quant à Mahieu, ce jeune footballeur qui faisait ses débuts dans des conditions difficiles a su tirer son épingle du jeu.

Signalons que la blessure de Vannucci sollicitait quelques inquiétudes après cette rencontre. MM. Castellonese et Prévost, les masseurs du Club, nous ont déclaré que le joueur devrait passer une radio ce matin. Il est possible que le défenseur ait une fracture de la clavicule ou tout au moins une forte luxation. Notons encore la présence dans les vestiaires, de Georges Carnus, qui est venu féliciter sans réserve, lui, ses anciens équipiers. Et aussi celle de M. Emmanuel Vitria l'opéré du coeur qui, lui non plus, n'a pas caché sa joie devant cette victoire marseillaise.

Jean FERRARA

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Le Boedec : "LO.M. ? Excellent !"

Dans les vestiaires angevins, ce n'était pas la joie, mais ce n'était pas, non plus, l'abattement. Des joueurs prenaient leur douche, rapidement, car ils devaient partir pour regagner leur ville. Guillou, le stratège de son équipe, résumait assez bien la situation :

"Je crois que nous avons réussi de belles choses, mais hélas, nous ne savons pas exploiter les occasions que nous nous créons. Ceci dit, 3 à 1 : il me semble que le score est un peu lourd pour nous".

L'ex-Marseillais Roger Le Boedec, discutait avec Georges Carnus, dans un coin. À votre question, il répondit : "L'O.M. ? très bon ! Je dois vous dire que j'ai été surpris par le jeu de mes anciens équipiers. Deux hommes m'ont fait une très grosse impression : Trésor en défense et Emon en attaque. Albert, sans avoir l'air d'y toucher, est très difficile à contrer. Il remue beaucoup et se trouve toujours où il faut être".

Nous laisserons à Gonzalès, entraîneur d'Angers, la conclusion.

"À mon sens, nous avons raté le coche en début de première mi-temps, lorsque nous nous sommes créé plusieurs occasions que nous n'avons pas su exploiter. Ceci dit, je ne suis pas mécontent de la prestation de mes joueurs. Incontestablement, nous avons progressé depuis le début de la saison, et nous commençons à avoir une certaine maîtrise du ballon, surtout au milieu du terrain. Maintenant il va falloir travailler pour que nous arrivions à conclure, et aussi, il va falloir que je me penche sur la défense, car nous prenons beaucoup trop de buts !"

A. de R.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

L'ABSENCE DE PAULO CÉSAR A-T-ELLE ÉTÉ PRÉJUDICIABLE À L'O.M. ?

Il est vraisemblable qu'avec le Brésilien - qui est à ce jour le meilleur buteur de son équipe - l'O.M. aurait sans doute accru hier soir son capital buts.

Ne regrettons rien puisque les attaquants marseillais ont trompé Griffoni à trois reprises, ce qui constitue pour cette saison leur record au stade vélodrome.

En conséquence, on peut dire que la blessure de Paulo César n'aura pas été grandement préjudiciable à son équipe, encore qu'avec lui les Olympiens auraient peut-être ce soir un point de plus : ce celui du bonus.

POURQUOI ZVUNKA A-T-IL MAINTENU VANNUCCI BLESSÉ JUSQU'À LA MI-TEMPS ?

Sans aucun doute, l'entraîneur marseillais n'a pas voulu modifier son équipe en cours de match d'autant qu'il ne savait pas si son arrière pouvait ou non continuer.

Ce faisant, il prenait un risque car on se rendit bien vite compte que Vannucci était fortement handicapé, à telle enseigne qu'en deux ou trois occasions, il fut à l'origine, bien involontairement, de situations dangereuses devant les bois de Charrier.

Mais le football étant une chose bien curieuse en vérité, c'est au moment précis où l'arrière phocéen s'apprêtait à quitter le terrain que l'O.M. marqua deux buts en deux minutes. En conséquence, il serait malvenu de critiquer ici la décision de Zvunka.

A-T-ON ASSISTE À UN GRAND MATCH ?

Assurément pas. Certes Guillou a fait apprécier sa technique nettement au-dessus de la moyenne, mais l'Angevin n'eut, en fin de compte, aucune action décisive pour son est équipe, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes. Ceci précisé, il faut avouer que les maladresses furent nombreuses et à mettre au passif des deux formations.

En deux mots, le match fut plaisant, notamment à cause des quatre buts échangés, mais beaucoup trop décousus, surtout en deuxième mi-temps, pour que l'on puisse dire que nous avons assisté à une rencontre d'un bon niveau technique.

LE BUT D'ANTIC A-T-IL DE L'IMPORTANCE ?

Et comment ! En effet, à la 53e minute, l'O.M. totalisait dix points au classement. De minutes plus tard, il n'en avait plus que neuf dans son escarcelle. Ce but fait donc perdre à l'O.M. un point, celui du bonus. C'est un peu comme si Angers avait réussi le nul au stade vélodrome.

André DE ROCCA

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L'estocade

L'absence de Paulo, c'était la meilleur des occasions de faire le point. Un révélateur en quelque sorte.

L'O.M. sans Paulo Cesar privé de l'appui de la botte magique du maestro parviendrait tout de même à exécuter correctement sa partition.

On s'interrogea longtemps. L'espace d'une mi-temps presque. Certes on avait pu apprécier l'activité de fourmi d'un Nogues au souffle inépuisable, la clairvoyance d'un Eo, la hargne indomptable d'un Lemée, petite boule de muscles teigneuse, tenant à ponctuer à sa façon sa grande rentrée dans l'équipe.

C'est aussi la souveraine aisance de Tresor impérial dont le seul fait qu'il se soit tiré, en compagnie de son ami Charrier de quelques situations particulièrement chaudes, prouve aussi que l'O.M., n'était pas maître chez lui.

Or, tout se précipita.

2 buts en deux minutes changèrent la face du match : une estocade sans bavures.

2 buts à la réalisation desquels Noguès avait activement travaillé.

2 buts, aussi ne nous leurrons pas amenés par de coupables erreurs de la défense angevine.

L'O.M. avait partie gagnée. Allait-il réussire ainsi son premier bonus ? L'attente commença, Antic ayant (comme à Reims et sans doute fallait-il voir là les effets d'accès d'un optimisme) répondu du tac au tac à Skoblar.

En vain ; bien que délivrés du souci d'assurer la victoire, les Marseillais sont apparus beaucoup plus maîtres d'eux-mêmes dans cette deuxième mi-temps. Dommage évidemment, mais ces trois buts et cette victoire acquise sans celui qui avait jusqu'à présent assuré invariablement le résultat de ses couleurs, sont tout de même mieux qu'encourageants.

Même si la défense Angevine répétons-le apparut particulièrement naïve.

Alain PECHERAL

 

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