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Résumé Le Provencal

du 16 mars 1975

 

DU SPECTACLE ET LE BONUS

Pour ouvrir le jeu, rien ne vaut de pousser la porte dès le coup d'envoi. Alors que l'on pouvait redouter un match fermé, les Niçois ayant mobilisé tous leurs arrières, le but d'Albaladejo marqué dès la 15e seconde modifia du tout au tout les données de la partie.

Un but pareil est chose rarissime. Entre le coup de sifflet initial de l'arbitre et sa réalisation un seul joueur niçois avait touché le ballon : Adams qui, de la tête, le repoussa dans les pieds d'Albaladejo. Nous avons beau fouiller notre mémoire, c'est du presque jamais vu.

LE BONUS À LA MI-TEMPS

Ce but obligea les Niçois à essayer de jouer l'offensive, dans un style qui, s'il est parfois brillant, n'est pas très économique. Pour l'O.M. qui hier soir était habité par l'inspiration brésilienne, ce fut une bénédiction. Paulo Cezar et Jairzinho ne sont jamais aussi dangereux que quand ils nous ont du champ devant lui, même si ce champ n'est pas exactement un boulevard.

De fait, alors que Nice réalisé l'un de ses meilleurs matches de la saison, et que l'on voyait les maillots rouges envahir souvent le camp des blancs, l'O.M. à chacune de ses attaques, mettait la défense visiteuse dans ses petits souliers.

Un penalty signé Paulo Cezar, un but accrobatique Victor Zvunka - Jairzinho : le bonus était déjà acquis à la mi-temps et la cause entendue.

Il est seulement dommage que dans cette symphonie, à laquelle les Niçois comme Eriksson, Huck et Isnard avaient grandement participé, Buigues ait tenu à ajouter bien inutilement un coup de "grosse-caisse".

NICE JUSQU'AU BOUT

La deuxième mi-temps se poursuivit sous le signe du spectacle, devant un public qui, rassuré par la large victoire de son équipe en arrivait à applaudir les meilleures actions des Niçois.

Comme la première mi-temps, cette deuxième période débuta sur un coup de foudre ; un tir de Paulo Cezar seulement renvoyé par Baratelli, ce qui permit à Jairzinho toujours à l'affût, toujours bien placée, d'ajouter un nouveau but à son total, le quatrième de la soirée.

Pour les techniciens, nous ferons remarquer que cette fois Paulo Cezar, avait tiré de son pied gauche. Là-dessus, ce fut au tour de Charrier d'entrer dans la danse par une série d'arrêts qui coupèrent nette l'élan niçois.

On n'y attachera qu'une attention très relative, mais sans la performance très au-dessus de la moyenne du gardien olympien, à ce moment de là partie, le bonus aurait pu être menacé. On s'en aperçut d'ailleurs un peu mieux quand, Monique ayant sauvé l'honneur de son équipe, les Niçois se firent pressants en fin de match. Tant et si bien que le coup de sifflet final fut donné alors que Charrier venait d'arrêter sur sa ligne, et avec peine, un tir de Huck.

Cette fin de mi-temps n'aurait mérité aucun commentaire supplémentaire si Camerini n'avait tacklé de façon exceptionnellement violente, son ancien partenaire Bereta, alors que rien ne justifie cette action.

LA SÉRIE ROSE CONTINUE

L'O.M. vient donc de marquer entre l'aller et le retour, sept buts à Nice contre deux. Dans l'histoire des deux clubs, c'est sans doutes la première fois que l'on enregistre une telle différence. Pourtant, hier, l'équipe de Nice a prouvé qu'elle ne manquait ni de moyen, ni de qualité.

Ce match nous a rassuré sur son avenir. Nous ne pensons pas sérieusement que Nice puis descendre cette saison. L'O.M., lui, n'a peut-être pas joué hier le meilleur match de sa saison, mais ce fut certainement sa meilleure exhibition au stade vélodrome.

Rappelons, pour ceux de nos lecteurs qui pourraient ne plus s'en souvenir, que le sommet de la saison olympienne a été atteint à Bordeaux en Coupe de France, quand Nantes dut s'incliner par 4 à 0. L'équipe de l'O.M. a largement confirmé la bonne impression produite à Paris il y a quelques jours.

Sans doute, et il serait ridicule de le nier, la part apportée par les deux Brésiliens est considérable, surtout quand comme hier soir, Paulo est en excellente condition physique, ainsi que son ami Jairzinho.

Tous deux donnent à une équipe française des possibilités offensives qu'aucun autre ensemble de notre pays ne peut prétendre avoir. Mais il ne reste pas moins que le reste de l'équipe à jouer un bon match collectif, et que l'on peut espérer qu'entre la coupe et de championnat, elle réussira une fin de saison extrêmement brillante.

Ce sera en tout cas notre dernier souhait.

Maurice FABREGUETTES

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Malgré les embûches

Quatre à un. Les Niçois peuvent se vanter d'avoir évité un véritable désastre. Un désastre comparable à celui qu'avait connu Bastia à Lyon voici peu de temps.

En effet, si le préposé au tableau d'affichage avait été un peu plus à l'ouvrage et que ce soit les Phocéens qui lui aient procuré un surcroît de travail personne n'aurait songé un seul instant à crier au scandale. Même pas les "Aiglons" assurément.

Ainsi, pour l'O.M., la belle série continue.

L'équipe de Jules Zvunka poursuit son bonhomme de chemin, un chemin qui, il faut le souligner, reste parsemé d'embûches puisqu'après les blessures de Lemme, Jairzinho et Buigues à Lyon, celles de Trésor et Carrier contre Montluçon, voilà que c'est Georges Bereta qui paie aujourd'hui son tribut à la malchance et au jeu dur...

Et quant on connaît l'influence du capitaine de l'équipe de France sur le jeu marseillais, il faut espérer qu'une fois encore François Castellonese et Marcel Prévost, les hommes aux mains d'or de l'O.M. accompliront un nouveau miracle.

Pour l'instant, bornons-nous de féliciter les Olympiens, qui restent sur onze matches sans défaite.

Sans aucun doute, un record pour le genre.

Pour nous, tout a commencé, il y a trois mois, lorsqu'on vit les hommes au haut maillot blanc, privés du tandem brésilien "manger du ballon" contre le Stade de Reims.

Ce jour-là, il y avait la bonne volonté. C'était déjà un signe encourageant. Aujourd'hui, il y a la manière et on voit ce qu'il arrive.

Les qualités individuelles de chacun sont désormais mises au service de la collectivité, c'est pourquoi désormais le spectacle vaut d'être vécu. Le porteur du ballon est toujours secondé par deux, voire trois partenaires, le jeu clair, bien construit, tout le monde est en mouvement. On commence à trouver que l'on sait, à Marseille, ce que jouer au ballon veut dire.

Jules Zvunka - et son mérite est grand - a, dans un premier temps, fait refaire surface à l'O.M.

Aujourd'hui, il est en passe de lui donner un fond de jeu avec le parcours de ses prestigieuses valeurs que sont Paulo Cezar, Jairzinho et Bereta dont on ne soulignera jamais assez les mérites.

L'O.M. et Nice sont des équipes constellées de super-stars du football national et international.

L'une a su évoluer dans le bon sens : la Marseillaise.

L'autre, la Niçoise, est à la recherche de sa cohésion et nous doutons fort qu'elle l'obtienne dans les jours, voir les mois qui suivent.

Lente, mal inspirée, l'équipe de Markovic nous a irrésistiblement fait penser à l'O.M. hier.

Chassons ces mauvais souvenirs. L'O.M. d'aujourd'hui nous autorise aux rêves les plus fous...

André de ROCCA

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Le président Méric : "un joyeux anniversaire"

Il y avait un an, jour pour jour, que M. Meric et son Comité de gestion avaient prit la direction de l'Olympique de Marseille. Le sort a voulu que cet anniversaire coïncide avec la brillante victoire sur l'équipe niçoise. Bien entendu le président ne se privait pas de faire le rapport entre les deux événements.

"Je suis très content, nous disait-il, tout d'abord, pour les joueurs que Jules Zvunka a su modeler pour leur donner un style qui leur a permis, à ce jour, de disputer onze matches consécutifs sans défaite. C'est une performance, je crois, qui n'est pas courante dans un championnat de football. À ce propos, je tiens à féliciter publiquement mon entraîneur".

"Et puis, puisque ce jour correspond avec notre venue à l'O.M., je voudrais profiter de l'occasion pour remercier tous les collaborateurs. Eux aussi, se sont battus à leur façon à mes côtés. Et, sans fausse modestie, je crois pouvoir dire ce soir que notre travail en commun a été également payant".

Peut-on parler de l'avenir, après avoir assisté à la brillante partie de l'O.M. ?

"Vous savez il est du devoir de tout dirigeant de faire des projets surtout à Marseille. Mon voeu le plus cher, actuellement, et de terminer le championnat dans les trois premiers, et, sur ce point, je crois que nous sommes sur la bonne voie. Reste, la Coupe de France et, pour ne rien vous cacher, je ne serais pas fâché de retourner au Parc des Princes pour disputer la finale et pourquoi ne pas ramener le trophée dans la bonne ville de Marseille ?

Je voudrais encore ajouter un mot sur le match de ce soir. On avait annoncé au mois de décembre dernier que les Niçois ne seraient pas en sécurité au Stade Vélodrome. Nous avons su prouver, ce soir, que notre équipe savait gagner un match sportivement."

JULES ZVUNKA : DES ACTIONS DE GRANDE CLASSE

Il est difficile par ailleurs de s'interroger pour savoir si Jules Zvunka était satisfait de ses jambes :

"J'ai vu ce soir, nous confiait l'entraîneur, des actions. vraiment marquées par le sceau de la classe. Croyez-moi, j'ai ressenti un immense plaisir sur le banc de touche en voyant mon équipe jouer de la sorte. Nous voilà avec 11 matches sans défaite. J'espère simplement que nous continuerons le plus longtemps possible".

- À quoi attribuez-vous personnellement ce renouveau ?

"Je crois que le mot renouveau ne se prête pas tout à fait aux circonstances puisque l'équipe tourne bien depuis la reprise du mois de janvier, mais il est certain que l'arrivée de Bereta a déclenché une sorte de déclic. Cependant, il faut rendre cette justice aux autres joueurs qu'ils ont su magnifiquement tirer partie des services de notre ancien Stéphanois. L'équipe tout entière, a trouvé un équilibre, une stabilité. Nous avons des vedettes que je n'ai pas besoin de vous citer. Mais le tout donne un ensemble complémentaire et le moins que l'on puisse dire, et que tout cela et très encourageant pour les matches à venir".

BERETA : ÉCRASEMENT MUSCULAIRE

La joie de la victoire était quelque peu tempérée par la blessure de Bereta qui devait se faire soigner pendant que ses camarades sablaient le champagne. D'après MM. Castellonese et Prévost, Georges souffre d'un écrasement musculaire de la cuisse droite.

Une blessure donc on ne sait pas encore quelle sera son évolution. Bereta, hier soir, était donc incertain pour le prochain match contre Lens.

"Je tiens à signaler, devait il nous dire sportivement, que Grava m'a blessé de façon tout à fait involontaire. C'est ce qu'on appelle le coup malheureux. Quant à la partie nous avons abordé exactement comme il fallait, c'est-à-dire sur un rythme soutenu. Et cette tactique a payé, si j'en crois notre premier but inscrit dès la 1ère minute".

- Quelle impression cela vous fait-il d'être maintenant second derrière Saint-Étienne ?

- C'est ma foi un très bon résultat. Dommage que nous ayons laissé tant d'avance à mon ancien club. Mais de toute façon, si nous terminions dans les trois premiers, nous aurons réussi une très bonne saison ; il nous reste aussi la coupe je sais que le public marseillais est très friand de cette compétition ; je serais très heureux pour ma part, si je pouvais offrir cette récompense à mes nouveaux supporters".

Voyons pour finir des opinions en vrac :

Paulo Cezar : "Je suis enchanté, car ce soir l'O.M. a joué véritablement en équipe, tout le monde s'est battu pour la victoire, nous avons pris confiance et il serait très difficile maintenant de nous arrêter".

Jairzinho : "L'O.M. a prouvé ce soir que sa condition physique était parfaite. De plus, tous les joueurs sans exception, ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Ce genre de victoire est un très bon stimulant".

Albaladejo fut pour sa part le premier buteur de la soirée. Il nous explique sa réussite : "Quand le ballon m'est arrivé dans les pieds, je n'ai pas réfléchi une seconde, j'ai frappé. Mais je dois vous dire que j'ai sauté de joie quand j'ai vu le ballon dans les filets".

Seul Robert Buigues faisait quelque peu grise mine dans son coin. À cause vous le devinez de son avertissement. "Je reconnais que j'ai eu une mauvaise réaction quand j'ai vu Jair abattu par un Niçois. L'ennuyeux, c'est que ce nouvel avertissement (Buigues avait déjà écopé de la même sanction à Lyon) risque de me valoir une suspension. Enfin, j'ai tout de même espoir de jouer contre Lens car la commission de discipline ne se réunit que mercredi."

Le mot de la fin nous laisserons à Georges Eo, le 12e homme : "Vous ne vous en doutez peut-être pas, nous a-t-il confié, mais c'est un véritable régal de rentrer en jeu au cours d'une telle partie..."

A.D.

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MARKOVIC : "L'arbitre a fait cadeau

d'un but crucial à l'O.M."

Dans les vestiaires niçois nous avons vu beaucoup de visages défaits, c'était légitime après le résultat.

L'entraîneur Markovic faisait triste mine : "Je considère que l'arbitrage de M. Mouchotte a été trop partial ; l'arbitre a réellement fait cadeau d'un but à l'Olympique de Marseille et cela a faussé le match. Autrement nous n'aurions pas encaissé un tel score".

Huck affichait la même opinion : "L'arbitre a laissé courir une faute commise contre Nice. Il aurait dû en faire autant, quelques instants plus tard, et ne pas siffler un penalty qui était vraiment sévère !"

Baratelli secouait la tête pour nous dire : "Décidément, je vous l'assure, nous ne méritions pas de perdre avec un tel écart. Ce n'est pas très encourageant pour nous".

Adam remarquait très objectivement : "Nous sommes tombés devant une grande équipe marseillaise et il n'est pas question de discuter son succès, mais je pense que nous avons eu des occasions et que nous aurions pu marquer un ou deux buts de plus. Le score, pour moi, en définitive, est réellement trop lourd !"

Isnard constater avec une certaine amertume : "Depuis quelque temps rien ne tourne rond pour nous. La chance n'est pas de notre côté. J'espère que ça ne va pas durer et il serait souhaitable que notre mauvaise passe finisse au plus tôt !"

A.D.

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Les réponses aux questions que l'on se pose

Buigues : suspension probable

QUEL FUT LE COMPORTEMENT DE CHARRIER

"LE CONVALESCENT" ?

Il eut vite fait de rassurer ses amis en se montrant pour tous ses camarades sous un jour flatteur. Un arrêt réflexe en première mi-temps et plusieurs interventions pleines d'autorité en seconde mi-temps lui suffirent à prouver que son incident de Montluçon ne serait pas plus bientôt qu'un mauvais souvenir.

Encore que le dernier tir niçois qui bloqua à genoux ait quelque peu réveillé sa douleur. Rien de bien grave cependant.

Profitons de l'occasion pour signaler que c'est le jeudi 27 mars au lendemain de France - Hongrie qu'il recevra à midi dans les salons de Radio Monte-Carlo son oscar de meilleur footballeur de février, petite cérémonie que sa blessure avait fait ajourner. Et chacun souhaite qu'il fête par la même occasion sa première sélection.

DANS QUEL ÉTAT D'ESPRIT ÉTAIENT VENUS LES NIÇOIS ?

La composition de leur équipe avec sept défenseurs, deux milieu de terrain et deux attaquants seulement indiquait clairement qu'ils n'entendaient pas aborder le match la fleur au fusil. Même le but surprise d'Albaladejo d'ailleurs ne les fit pas sortir de leur timide et peu enthousiaste réserve. Il est vrai que leurs adversaires ne leur laissèrent guère le loisir. Il est vrai aussi que le mal de l'O.G.C. Nice ne réside pas seulement au stade des intentions, mais paraît beaucoup plus profond.

Cette équipe sans âme bien que constellée de vedettes n'a pas été sans nous rappeler l'O.M. au milieu de la saison dernière.

POURQUOI TANT DE JOUEURS ONT-ILS GLISSÉ

À LONGUEUR DE PARTIE ?

Il s'agit tout simplement d'une question de crampons. Certains Marseillais, dont Bracci, avaient vu un "peu court" en la matière, d'où leur équilibre plutôt instable. Même chose pour les Niçois chez qui certains comme Eriksson, jouaient même avec des crampons en caoutchouc.

BUIGUES SERA-T-IL SUSPENDU ?

On peut en effet sérieusement le redouter. Voulant venger Jairzinho, victime d'un fauchage à la 43e minute, il décocha à Ascery, un coup de poing qu'il risque de payer cher.

Il avait, en effet, déjà reçu un avertissement à Lyon et risque donc d'écoper d'un match de suspension ferme. À moins que la commission de discipline fasse preuve d'indulgence compte-tenu que le bouillant Robert s'est tout de même sérieusement amendé cette saison (2 avertissements en 31 matches). Mais, à la moindre incartade il serait donc alors frappé très sévèrement et sans recours.

 Alain PECHERAL

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(Document Serge Gloumeaud)

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 Nota : (Le match initial était prévu le 22 décembre 1974)

 

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