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Résumé Le Provencal

du 13 mars 1975

 

DIX MATCHES SANS DEFAITE : UN VERITABLE EXPLOIT POUR LES MARSEILLAIS

L'O.M. A ENCHANTE LA FOULE DU PARC

PARC DES PRINCES - Alors que se déroulait la deuxième mi-temps à un rythme de plus en plus accéléré, chaque équipe essayant de forcer la décision nous ne pouvions nous empêcher de penser : quel que soit le résultat de ce match, l'O.M. a réussi à justifier sa réputation, non simplement par la valeur archi-connue de ses vedettes étrangères et internationales, mais aussi par la qualité de son jeu collectif.

Voilà qui va certainement faire plaisir à Jules Zvunka. L'O.M. hier soir au Parc des Princes, a joué en équipe digne de figurer dans le haut du tableau de notre championnat et la différence avec la pale équipe ayant sué sang et eau pour éliminer Montluçon était énorme.

Nous n'avions pas changé une ligne à ce préambule, même si Jairzinho n'avait égalisé à deux minutes de la fin d'une tête plongeante qui souleva le stade. Le score est une chose, mais le comportement d'une équipe a autant d'importance car il préfigure l'avenir.

L'O.M. que nous avons vu hier soir, semble parti pour une bonne carrière en championnat et en Coupe, d'autant plus qu'il avait devant lui une équipe parisienne à laquelle il ne manque vraiment pas grand-chose pour jouer les premiers rôles.

DOGLIANI CHEF D'ORCHESTRE

A la mi-temps, la foule du Parc des Princes avait applaudi les deux équipes à leur retour au vestiaire. C'était la preuve, par l'approbation de ceux qui paient, que cette première mi-temps avait été plaisante et d'une qualité certaine.

Sur un rythme peu amorti par la lourdeur de la pelouse les deux équipes s'étaient efforcées de construire un jeu à la fois précis et efficace.

Dogliani orchestrait au centre du terrain le jeu assez élaboré du Paris S.G. avec l'aide un d'un Novi très sur en défense centrale et celle, plus mordante et souvent imprévisible pour ses adversaires, du jeune et prometteur Nosibor.

À peine pourrait-on reprocher au jeu des Parisiens de faire un peu ron-ron et partant de manquer d'accélération dans la zone de tir.

Tant et si bien que Migeon n'avait pas eu un seul arrêt à faire au cours de cette première mi-temps, même s'il avait failli être battu par M'Pelé et Dalheb.

LES COUPS D'ACCÉLÉRATEUR

DE PAULO

En face, l'O.M. dont le milieu de terrain, surtout grâce à Albaladejo et Bereta faisait un à peu près jeu égal avec celui des Parisiens, réalisait une grande partie et le score de parité semblait équitable quand Paulo Cezar se mit à jouer son meilleur rôle, c'est-à-dire celui d'accélérateur.

La fin de la mi-temps du fantasque et talentueux Brésilien fit le régal des spectateurs. Que Paulo Cezar n'ait pas alors marqué ou fait marquer un but à ses partenaires est pur miracle pour l'équipe parisienne.

LA QUALITÉ D'ABORD

La deuxième mi-temps fut assez égale. Le Paris S.G. domina au début, mais l'O.M. se reprit très brillamment à la fin. Ne revenons pas sur les buts marqués, par Dahleb pour Paris et par Jairzinho pour l'O.M.

Mais le plaisir des spectateurs fut surtout constitué par la qualité du jeu et la classe de certains joueurs présents sur le terrain.

Dans l'équipe parisienne, Pantelic prouva qui n'avait rien perdu de ses qualités. Son placement est toujours aussi sûr, et il intervint avec autorité en de nombreuses circonstances, réalisant même un arrêt-miracle sur un premier coup de tête de Jairzinho.

Dans cette équipe de Paris, nos deux amis Novi et Dogliani se sont montrés en excellente forme : Dogliani, remarquable dans son rôle de meneur de jeu, et Novi tellement sûr et efficace en défense qu'il nous paraît avoir retrouvé la pointure internationale.

Mais en attaque la surprise vint surtout du petit fluet Nosibor, qui fut, pour le grand Bracci, un poison constant. Très souple et rapide, excellent dribbleur et n'oublions pas de voir ses partenaires, ce petit Martiniquais est vraisemblablement un grand espoir de notre football.

Dans l'équipe de l'O.M., le joueur ayant produit la plus forte impression sur nos voisins parisiens, fut évidemment Paulo Cezar. On nous a dit de lui : "Ce soir, c'est le véritable ennemi public du Paris S.G."

Il est de fait que Paulo Cezar, en grande forme et très sûr de son jeu, comme d'habitude, a eu hier soir, une certaine malchance. Le plus étonnant est qu'il n'ait pas réussi à marquer un but, tellement ses actions surprirent les défenseurs parisiens par leur vivacité et leur précision.

Mais, à l'O.M., Bereta fit ce qu'on peut appeler maintenant son match habituel, c'est-à-dire très au-dessus de la moyenne. Au milieu du terrain Albaladejo fut extrêmement efficace et précis. Enfin en défense, Migeon n'a absolument rien à se reprocher. Disons pour terminer, que Jairzinho, très souvent contré par Novi et par les autres défenseurs parisiens, eut finalement le mot de la fin et de la plus belle manière.

Bref, pour nous résumer, une rencontre de qualité et un match nul somme toute équitable. Répétons ce que nous avons dit au début : l'O.M. sur cette lancée, pourrait aller très loin !

Maurice FABREGUETTES

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CHAPEAU

Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. Ce match nul de l'O.M. au Parc des Princes équivaut pour nous à une victoire.

Avant la rencontre, l'équipe marseillaise, on le sait, avait enregistré le forfait de René Charrier. Le gardien titulaire avait tellement apporté la preuve de son efficacité depuis le début de la saison qu'il était légitime de ressentir au départ une petite appréhension de voir cet atout maître rester sur la touche.

Disons tout de suite que Migeon a su se hisser à la hauteur de sa tâche. Il n'eut peut-être pas à multiplier les interventions, mais il fit bien ce qu'il eut à faire, contribuant à mettre ses camarades en confiance.

Les satisfactions de l'O.M. cependant ne s'arrêtent pas là. Passons sur la classe de Paulo Cezar, l'efficacité de Jairzinho et le sens du jeu de Bereta, ce sont là des qualités déjà amplement connues. Mais il faut surtout mettre l'accent sur l'esprit de corps de l'ensemble, de tous ces Olympiens qui se sont battus jusqu'à la dernière minute pour obtenir un match nul mérité.

Potiron même mieux, O.M. ne méritait jamais, hier soir, d'être battu tant il avait donné au public parisien l'image d'une grande équipe française.

Pourtant, tous ces joueurs marseillais auraient pu se décourager envoyant leurs tentatives successives échouer la plupart du temps d'un cheveu. Eh bien non. Et ce sera là leur principal mérite. Voilà neuf matches qu'ils étaient invaincus : ils ont mis un point d'honneur hier soir à prouver aux Parisiens et à pas mal de supporters marseillais qu'ils étaient capables d'en ajouter un dixième à la série.

Ils sont parvenus à leurs fins de magnifique façon.

Chapeau !

Jean FERRARA

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Jules Zvunka : "Bravo, les gars"

On imagine, sans y avoir été, quelle était l'ambiance dans les vestiaires marseillais après cette rencontre, qui avait passionné la grande foule du Parc des Princes.

Commençons d'abord par donner des avis autorisés :

Stéphan Kovacs, qui avait suivi le match aux côtés de sa vieille connaissance Kaiser nous affirma qu'il avait été enchanté par le match joué par les deux équipes.

"À mon sens, devait-il nous dire, c'est une des meilleures rencontres que nous avons eu l'occasion de suivre à Paris".

Les attaquants, de part et d'autres, n'ont pas eu beaucoup de réussite car le score aurait aussi bien pu se monter à un 3 à 3. Mais n'importe : les 40.000 spectateurs se sont retirés enchanter et c'est, pour l'instant, le principal".

Interrogé sur la partie jouée par ses internationaux, le directeur de l'équipe de France devait poursuivre :

"Les uns et les autres ont été à la hauteur de leur réputation. Bien que blessé à un genou, Trésor s'est montré, comme à son habitude, un patron de défense. Quant à Bracci et Bereta, ils ont également justifié leur réputation. Il est dommage que Charrier n'ait pu disputer ce match mais, d'après ce que j'ai pu voir, son remplaçant Migeon s'était, lui, montrait à son avantage".

Georges Boulogne, lui aussi, avait beaucoup apprécié ce match : "Ce fut une rencontre passionnante de bout en bout, un match comme on aimerait en voir à chaque journée de championnat. Les deux équipes se sont partagés les occasions, sans aucun temps mort. Vraiment du très beau football".

M. MERIC : LE TERRAIN A

GÊNE NOS VEDETTES

M. Fernand Meric, pour sa part, était tout sourire à la fin de la rencontre : "Je sais bien, devait-il nous confier, nous aurions pu gagner ce match avec un peu plus de réussite. Mais nous aurions pu le perdre de la même façon ; alors il faut se contenter de ce résultat nul, qui nous permet de poursuivre notre route sans défaite. Je crois que nos joueurs, et particulièrement le Jairzinho de Paulo Cezar, ont été gênés par l'état du terrain ; sinon, ils n'auraient pas manqué autant d'occasions. N'oublions pas, non plus, que le match de Montluçon a lourdement pesé dans les jambes de l'équipe. Pour toutes ces raisons, je crois qu'il faut féliciter l'O.M. sans réserve d'avoir obtenu un résultat positif."

JULES ZVUNKA : "UN

VÉRITABLE ESPRIT D'ÉQUIPE"

Jules Zvunka, entouré, comme à l'habitude, par une nuée de journalistes, essayait d'analyser cette rencontre avec, bien entendu, le sourire aux lèvres.

"À défaut de deux points, nous disait-il, je me contente du match nul. Car lorsque Paris a marqué son premier but, j'avais, à ce moment-là, pas mal de raisons de redouter le pire. Heureusement, l'O.M., ce soir, a su démontrer son esprit d'équipe, sa volonté de lutter jusqu'au bout. Et les efforts de tous ont été récompensés. L'Etat de la pelouse ne nous a guère facilité la tâche. Les prolongations en Coupe de France contre Montluçon n'ont pas, non plus, arrangé les affaires. Mais voilà maintenant que nous en sommes à notre dixième match sans défaite. Vraiment, l'O.M., cette saison, me procure beaucoup de satisfaction".

LA JOIE DE MIGEON

Un joueur était également beaucoup entouré, c'était Gérard Migeon à qui nous avons, bien entendu, demander son sentiment, après la rencontre.

"J'étais peut-être un peu contracté avant le coup d'envoi, devait-il nous déclarer. Mes partenaires ont fait tout ce qu'il fallait pour me mettre en confiance. Cela m'a permis de disputer cette partie avec tous mes moyens. Et, ma foi, je suis très heureux d'avoir pu assurer la succession de Charrier dans de telles conditions. Quant au match lui-même je crois que notre match nul est tout à fait logique. Jamais nous n'aurions mérité d'être battus sur la physionomie des quatre-vingt-dix minutes !"

Paulo Cezar, lui aussi, était très content : "La pelouse ne m'a pas gêné personnellement. À Rio, nous avons l'habitude de jouer sur de tel terrain, mais là-bas, nous jouons pieds nus. En somme ce sont les souliers qui m'ont gêné ce soir. Je m'en veux un peu d'avoir manqué de si belle occasion. Avec un peu plus de réussite je donnais à coup sûr la victoire à l'O.M.".

Jair qui fut, en quelque sorte, le héros de la rencontre en obtenant le but égalisateur, laissait éclater son bonheur dans la piscine des vestiaires :

"Nous avons eu beaucoup plus occasions que nos adversaires. Mais enfin, je suis très satisfait d'avoir marqué ce but qui permet à l'O.M. de continuer sa série sans défaite".

Bereta pour sa part, reconnaissait qu'il avait été fatigué en fin de deuxième mi-temps : "La prolongation contre Montluçon a, de toute évidence, laissé des traces, mais ce résultat, ici, sur le Parc des Princes, nous fera oublier nos jambes lourdes pour ne penser qu'au seul résultat".

J.F.

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Vicot : "Match nul équitable"

L'entraineur parisien Vicot acceptait pour sa part le résultat avec une certaine satisfaction.

"Je ne suis pas du tout déçu par le score final. J'estime qu'il est logique. Sur la physionomie de la partie, l'O.M. et Paris-St-Germain se sont partagés à peu près les occasions. De plus, ce match s'est joué avec un très bon esprit, viril mais correct de bout en bout. Mon équipe a prouvé qu'elle savait se hisser au niveau des meilleures. J'espère simplement qu'elle saura continuer dans cette voie.

"Quant à l'O.M., j'ai beaucoup apprécié la partie jouée par Migeon, qui a très bien remplacé Charrier. La défense est très solide. Le milieu de terrain sait jouer son rôle en usant de son métier. L'attaque pour sa part, a de merveilleux artistes à sa disposition, Paulo Cezar et Jairzinho. Enfin, le jeu de l'ensemble est collectif. L'O.M. a prouvé ce soir qu'il avait acquis désormais la maturité nécessaire à jouer les premiers rôles en Division nationale".

J.F.

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Les réponses aux questions que l'on se pose

QUEL ÉTAIT L'ÉTAT DE LA PELOUSE DU PARC DES PRINCES QUI AVAIT OBLIGÉ LES DIRIGEANTS PARISIENS À LE FERMER PENDANT UN MOIS ?

Avant le match nous sommes allé sur la pelouse même avec tous les joueurs de l'O.M. Fort heureusement il n'avait pas plu à Paris, sinon le match se serait déroulé dans un bourbier. Nous l'avons trouvée très molle et assez instable.

Emon nous a fait une remarque amusante : "On l'a arrangée comme une autoroute en mettant du gravier".

Nous avons alors demandé à Pantelic, qui la connaît mieux que nous, quel était son avis autorisé. Le grand gardien de but, ex-Bastiais, nous a répondu :

"Elle est un peu améliorée, mais c'est encore loin d'être bon. Il faudra malheureusement, je le crains, à refaire complètement, c'est-à-dire fermer le Parc".

L'impression générale est que l'actuelle pelouse du Parc qui ressemble à un vieux pantalon rapetassé. On l'a recousu à droite, et il va craquer à gauche au premier faux mouvement. On peut dès à présent douter que la finale de la Coupe d'Europe puisse avoir lieu sur cette pelouse.

Un peu de pluie et quelques matches de rugby par-dessus le marché et il est fort possible que les dirigeants de l'Union européenne de football soient obligés de chercher un terrain de repli, Bruxelles par exemple.

POURQUOI CHARRIER N'A PAS JOUÉ ?

Nous avons posé la question à Charrier lui-même avant la rencontre. Il nous a dit "Je crois que je suis guéri, mais ce matin j'ai ressenti cette douleur au genou. Ainsi, par prudence, ai-je demandé à mon entraîneur de ne pas me faire jouer. D'autant plus qu'il fallait tout de même donner une chance à Migeon. Par conséquent, ce fut pour moi un acte de simple prudence. Je pense pouvoir jouer samedi prochain contre Nice et répondre à en ce qui concerne l'équipe de France à la convocation de Stéphane Kovacs pour France - Hongrie".

Tout est bien qui finit bien.

QUELLE A ÉTÉ LA TENUE DU PUBLIC DU PARC DES PRINCES ?

Elle a été excellente. La grande foule parisienne a soutenu son équipe, ce qui est parfaitement normal. Mais elle n'a pas manqué de souligner les belles actions marseillaises. Elle a applaudi Paulo Cezar comme il le méritait et, tout à fait en fin de rencontre, bien que ce but ait ruiné les espoirs de victoire de du Paris Saint-Germain elle a crié de plaisir quand Jair a marqué de la tête.

L'O.M. VIENT DE JOUER DIX MATCHES SANS DÉFAITE,

EST-CE UN RECORD ?

Non, même pas, puisque l'O.M. au cours de la saison 1971-1972, c'est-à-dire celle de son doublé, l'O.M. en début de saison avait déjà joué dix matches sans connaître la défaite dont sept victoires consécutives. Une de ces victoires avait été obtenue contre l'équipe polonaise de Gornik. Mais au milieu de cette belle saison, l'O.M. devait faire beaucoup mieux c'est-à-dire discuter treize matches consécutifs sans connaître la défaite.

C'est sans doute le record olympien des temps modernes.

M.F.

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