Résumé Le Provencal du 02 avril 1975 |
O.M. : une nouvelle performance à TROYES
Avec BERETA et BRACCI la série rose continue (2-1)
TROYES - "13 reste raide" : une expression bien connue des pétanqueurs marseillaises et qui, traduit en clair, veut dire : "Vous avez 13 points de 15, vous ne ferez pas les deux derniers". Il expression aujourd'hui qui s'applique à quelques nuances près à l'O.M. On espère, et c'est justement là la différence, que les Olympiens qui, hier soir à Troyes, ont joué leur 13e match consécutif sans défaite n'en resteront pas là. UN MATCH DIFFICILE Il va de soi (on ne peut contenter tout le monde et son père, c'est bien connu) qu'il s'en trouvera pour faire la fine bouche. Ceux-là considéreront en jetant un coup d'oeil sur le classement que la performance n'a rien d'exceptionnel, et qu'elle reste dans l'ordre des choses. C'est un raisonnement simpliste que nous ne poursuivons pas. Évitons de jouer les blasés et regardons les choses comme nous avons appris l'habitude de le faire en toute objectivité. Pour s'imposer au stade de l'Aube, il fallait tout à la fois un bel état d'esprit, d'énormes ressources physiques, et quelques notions tactiques, le tout indépendamment d'un bagage technique. L'O.M. a prouvé hier soir, balle au pied, que ces vertus étaient siennes, même si tout ne fut pas parfait, loin de là. Il serait donc injuste, dans ces conditions, de ranger le succès marseillais au rayon des péripéties courantes du championnat. D'autant plus injuste que l'on aurait pu expliquer de mille et une façon une éventuelle défaite. D'abord parce que d'autres équipes, et des plus huppées s'étaient déjà cassés les dents cette saison sur la pelouse troyenne. Ensuite, par des temps qui courent, les Troyens, qui ont plus besoin de points que de conseils, se sont lancés à corps perdu dans un match, mieux, dans une bataille vitale pour eux. Enfin, parce que le public champenois, fidèle supporter du T.A.F., était venu nombreux soutenir son équipe, de la voix et du geste, un exercice pour lequel il a montré de sérieuses dispositions. Voilà pourquoi il faut considérer la performance marseillaise à sa juste valeur : c'est en tout cas un signe évident que les progrès enregistrés ces dernières semaines ne sont pas seulement le fait d'un concours de circonstances heureuses. |
Ceci précise précisait, il faut bien admettre qu'un résultat nul aurait en quelque sorte beaucoup mieux reflété la physionomie de la rencontre. Et il faut bien considérer que ce nul, les Troyens, en deuxième mi-temps l'eurent à deux reprises au bout du pied, mais Dumas, véritablement maladroit ne sut en profiter. Jusque-là, les Phocéens avaient remarquablement manoeuvré ; ils avaient laissé passer l'orage, puis s'étaient attachés à prendre la situation bien en main. Ils réussirent dans leur entreprise, puisque Bereta marqua le premier but et que François Bracci réussit à aggraver le score après un cadeau de Watteau. Dès cet instant, on peut penser que les hommes de Jules Zvunka s'en allaient vers une facile victoire, et, pourquoi pas, vers un troisième bonus consécutif. Il n'en fut rien, car quelques secondes après ce second but, les Troyens profitèrent au maximum d'une erreur de la défense olympienne pour réduire la marque. Ce but eut un double effet : il contracta les Marseillais et donna du courage aux locaux. À telle enseigne que, durant toute la seconde mi-temps, ce furent les Troyens qui déclenchèrent les attaques les plus dangereuses. Le mérite de la défense marseillaise, et il n'est pas petit, c'est d'avoir su faire front, d'avoir par moments plié, mais de n'avoir jamais rompu. Ainsi donc, voilà les Olympiens toujours bien placés derrière les leaders stéphanois. Il va de soi que cette série rose s'arrêtera un jour, mais pour l'heure, tous les espoirs demeurent permis, et si, samedi, les attaquants marseillais se montrent devant Nîmes un peu plus tranchant, un peu plus constant qu'ils ne furent hier, peut-être, alors, les hommes au maillot blanc arriveront-ils à reprendre quelques points sur ceux de Robert Herbin, qui joueront en déplacement. Le 5 avril, ce sera à Jairzinho, Paolo César et Emon de jouer. Et surtout de jouer un peu mieux qu'il ne le firent hier soir, car en fin de compte, la légère déception est venue d'eux. André DE ROCCA |
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Treize !.. TROYES - Et de 13 ! La fête continue pour la bande à Jules qui en deux coups de pieds est venu hier soir à bout de toute une armée de maléfices. Maléfice d'un premier avril et de ce chiffre 13 dont les esprits superstitieux, et il s'en trouve plus qu'on pourrait croire, redoutent toujours quelque mauvaise facétie. Maléfice aussi "d'un signe indien" attaché à ces Troyens que les Marseillais n'avaient jamais pu battre depuis leur retour en première division. Maléfice enfin que celui constitué par... notre présence personnelle. Puisqu'un hasard malchanceux et tenace vous avait interdit d'assister à une victoire olympienne en déplacement depuis 2 ans et demi ! Depuis le 1er novembre 72 exactement ou l'O.M. de René Gallian et de Kurt Linder s'est imposé à Angers grâce à deux buts de ce Skoblar. Et avec une équipe dont il ne reste aujourd'hui que 3 rescapés : Jules Zvunka, Trésor qui jouait là si notre mémoire est bonne son troisième match sous le maillot blanc au poste d'arrière droit et Emon dont c'était une des toutes premières apparitions en pros comme 12e homme. Mais trêve de considérations personnelles. Notre série noire s'achève, l'O.M., lui, poursuit sa série rose, et nous n'en sommes pas les derniers ravis. D'autant plus que les Marseillais ont fait preuve hier d'une maîtrise collective, d'un brio qui sont de ceux que l'on va plaisir à souligner. Deux gardiens spectaculaires, deux attaques pétillantes, des tirs à profusion, un minimum de fautes et de maladresse, les spectateurs du stade de l'Aube en ont eu pour leur argent. Et comme l'on souhaiterait voir plus souvent des matches de cette trempe. De Reims à Troyes, en passant par Nantes et Montluçon, Jules et es siens viennent donc de jouer 1200 minutes, 20 heures si vous préférez, sans connaître la défaite. Ce n'est pas si courant, non plus que ce tableau de marche allant irrésistiblement crescendo : 3 matches en janvier et trois points, trois en février et six points, quatre en mars à neuf points ! Et voilà qu'avril laisse augurer une nouvelle moisson tout aussi généreuse. Il risque décidément d'y avoir de l'ambiance le 3 mai à Saint-Étienne. A.P. |
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Jules ZVUNKA : "un match plein !" |
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TROYES - Est-il utile de préciser qu'il régnait dans le vestiaire olympien comme une ambiance de fête ? Un vestiaire qui, par exception d'ailleurs, ne resta pas fermer pendant les cinq minutes "réglementaires" mais qui fut très vite envahi par une foule d'admirateurs connus ou inconnus. Le président Meric n'étant pas là, puisque participant à la table ronde sur le football de Monaco, c'est à M. Jean-Pierre Klein, attaché à la présidence, le seul représentant de l'état-major marseillais, que nous nous sommes adressés en premier lieu : "J'ai, vous vous en doutez, de bonnes raisons d'être satisfait, nous a-t-il dit. J'ai surtout remarqué l'excellent jeu collectif pratiqué par nos garçons ce soir. Et bien que ma place sur le banc de touche ait eu le désagrément de me faire sentir la température plutôt fraîche, je dois dire que je n'ai pas regretté de suivre l'action d'aussi près. Buigues, Bereta et Albaladejo, nos hommes de milieu de terrain, ont abattu une besogne considérable qui s'est avérée déterminante dans la conduite du match. La technique d'ensemble s'affine incontestablement au fil des matches. Par ailleurs, je suis très heureux pour Bracci qui n'a pas tellement souvent l'occasion de marquer des buts. Or, celui qu'il a inscrit aujourd'hui a été particulièrement précieux". Jules Zvunka était, bien entendu, lui aussi satisfait : "J'ai vu ce soir un match plein. D'un bout à l'autre de la partie, le rythme n'a pas baissé. Troyes est une équipe dynamique qui nous a posé, je le reconnais, quelques problèmes. L'équipe a bien réagi, surtout après le but que nous avons concédé aussitôt après celui de Bracci. L'important, ce soir, était de ne pas perdre, mieux encore, de ramener les deux points de la victoire. Car, comme on pouvait s'y attendre, Saint-Étienne a pris le bonus chez lui. Notre espoir de rattraper les champions de France est évidemment mince, mais il existe tout de même. Encore, que cela dépende surtout des Stéphanois plus que de nous-mêmes. Contentons-nous de gagner le match comme nous l'avons fait ce soir, et attendons un éventuel faux pas de Saint-Étienne. Nous verrons bien... "Par ailleurs, je suis très heureux que Charrier ait magnifiquement réagi après sa déception de France - Hongrie. Il a fait ce soir un grand match, et la petite crise morale que j'appréhendais ne s'est finalement pas manifestée". René Charrier précisément nous expliquait : "L'O.M. et le Club France sont deux choses absolument distinctes. Ce soir j'étais dans mon élément au sein de mon club ; j'ai pu m'échauffer normalement et il n'y a eu aucun problème. Ce qui ne veut évidemment pas dire que je ne me sens pas à l'aise en équipe de France. J'espère en tout cas avoir prouvé que ce match au Parc n'était somme toutes qu'un accident ". |
François Bracci étai, lui aussi, très entouré. Il est vrai que ce n'est pas tous les ours que le grand François inscrit un but. Il nous le racontait en détail : "Lorsque j'ai vu Watteau recevoir ce ballon, j'ai tout de suite compris qu'il allait le passer en retrait à Formici. J'ai donc continué ma course et j'ai eu la chance que la passe de Watteau soit trop molle. J'ai hésité une seconde en voyant Formici se dresser devant moi, et c'est peut-être ce qui m'a aidé à le tromper. Car ensuite, j'ai tiré presque les yeux fermés. Je suis d'autant plus heureux que c'est le deuxième but que je marque en Pro. Après celui que j'avais réussi, il y a trois ans à Lyon." Marius Trésor, lui, expliquait comment avait été amené le but troyen : "C'est une mésentente entre Paulo et moi. Au moment ou j'allais frapper dans la balle, Paulo est arrivé, il m'a involontairement contré. Petrovic s'est emparé de la balle, et il a ensuite très bien joué le coup avec Tonnel. Heureusement tout de même que cette bévue aura été finalement sans conséquence". Quant à Paulo Cezar, il expliquait, dans un grand éclat de rire, que Saint-Étienne était loin d'être irrattrapable : "Il n'y a pas eu le but brésilien, ce soir, mais l'O.M. a gagné. C'est la preuve que nous avons accomplie de gros progrès dans le domaine collectif et que tout le monde est maintenant parfaitement à sa place. Je crois que rien n'est perdu pour la conquête du titre. Pas plus tard que samedi prochain, nous recevons Nîmes, tandis que Saint-Étienne se rendra à Lyon où il n'est pas facile de s'imposer. On en reparlera dans quelques semaines..." Enfin, nous avons interrogé Georges Bereta, qui, par une curieuse coïncidence, a inscrit hier un but pratiquement identique à celui qui avait marqué contre Lens, voici quelques jours. Lui aussi a insisté sur les progrès collectifs affichés par ses équipiers. "Nous avons fait preuve d'une certaine maîtrise, quoique le fait d'avoir était séparé pendant une semaine ait été sans doute quelque peu préjudiciable. Mais nous nous trouvons maintenant beaucoup plus facilement sur le terrain, et je pense que cela ira encore en s'améliorant. Pour l'instant nous ne visons jamais que la deuxième place. Car Saint-Étienne me paraît bien difficile à rejoindre. Alain PECHERAL |
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Les Troyens déçus "On est toujours déçus lorsque l'on perd et on l'est d'autant plus lorsque l'on a le sentiment de subir une défaite assez imméritée". C'est Pierre Flamion qui s'exprimait ainsi à la fin des débats : "En fait, poursuivait-il, nous avons été trop maladroits en seconde mi-temps pour prétendre enlever la victoire. "Les deux occasions uniques qui se sont offertes à nous sont de celles qu'il ne faut pas rater. "D'autant qu'en football on n'a pas toujours ce que l'on mérite !" Quant au capitaine Gérard Tonnel, il estimait qu'il aurait dû obtenir un penalty en seconde mi-temps pour une charge irrégulière de Victor Zvunka en pleine surface. "Mais, reconnaissait-il par ailleurs, nous nous sommes montrés beaucoup trop timides en première mi-temps, nos défenseurs ne venant pas assez épauler l'attaque. Je pense qu'en prenant un peu plus de risques nous pouvions faire la décision. Car, l'O.M. ne m'est pas apparu comme une équipe transcendante". A.P. |
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Les réponses aux questions que l'on se pose |
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Q. : quelles étaient les conditions atmosphériques ? R. : une fois n'est pas coutume, il ne pleuvait pas sur la cité champenoise. Le ciel était constellé d'étoiles mais il faut bien reconnaître que le temps était frisquet pour le printemps. La pelouse était un excellent état, en deux mots, les conditions étaient idéales pour la pratique d'un bon football, sauf peut-être pour les deux Brésiliens de l'O.M. qui sont en train de découvrir les rigueurs d'un hiver tardif. Q. : M. Meu a-t-il bien arbitré ? R. : dans l'ensemble il n'y a pas trop de reproches à lui faire. Il faut dire que les 22 acteurs ne dépassèrent jamais, ou presque jamais, les limites permises. L'homme en noir ne se laissa pas prendre à quelques actions théâtrales des attaquants de deux camps et, de peur d'être berné, il perdit quelque peu les pédales en fin de match, ou bien de signaler quelques fautes flagrantes. Q. : quelle fut l'attitude du public ? R. : il y avait bien évidemment beaucoup de monde hier soir au stade de l'Aude. Si le record d'affluence ne fut pas abattu, (il avait été établi pour le match Troyes-Reims) on a remarqué avec quelle énergie les spectateurs défendaient leur équipe. À ce titre, les supporters marseillais ont des leçons à prendre. En effet, si l'O.M. avait été mené au stade vélodrome comme l'étaient hier les Troyens chez eux, il y a gros à parier qu'ils auraient joué le dernier quart d'heure sous les sifflets plutôt que sous les encouragements. Q. : pourquoi Zvunka n'a-t-il pas remplacé Emon visiblement hors de forme ? C'est l'entraîneur marseillais qui nous a donné explication dans les vestiaires : "Albert en ce moment, traverse une crise morale, et lui fait quitter le terrain en cours de match n'aurait pas été un bon service à lui rendre. Par ailleurs, il est un véritable attaquant et j'ai préféré le maintenir, car, à tout moment, il aurait pu, au terme d'un exploit personnel, marquer un 3e but. Noguès qui était sur la touche est plutôt un demi et dans mon esprit, mieux valait tenter de 3 à 1 que d'assurer un 2 à 1 bien hypothétique en cours de match". Ce sont des raisons qui peuvent paraître logiques et nous ne critiquerons pas la décision de Zvunka. Ceci dit, il va falloir maintenant qu'il s'attache à "regonfler" le moral du jeune olympien. A. de R. |
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