Résumé Le Provencal du 01 décembre 1975 |
L'O.M. : CONCEDE SON PREMIER BONUS !
A Sochaux les Marseillais s'effondrent en 2e mi-temps |
|||
SOCHAUX - Voilà ! La belle aventure olympienne s'est terminée à Sochaux. Vous nous direz, il fallait que la série victorieuse se termine un jour ou l'autre. L'O.M., remanié par la force des choses, avait déjà réalisé une sorte de petit exploit en redressant, par trois victoires successives, une situation pour le compromise. Aujourd'hui, nous nous refusons à jeter la pierre à l'équipe marseillaise qui mérite, à notre sens, pas mal d'indulgence. On ne peut pas demander à des garçons comme Fernandez, Martinez ou Boubacar de briller du même feu, ni d'avoir sur une rencontre la même influence que des Skoblar, Magnusson pour autre Paulo Cezar. Encore que ce qu'ils ont réalisé, hier, dans des conditions très difficiles, et tout simplement remarquable. Si vous voulez, c'est O.M. qui avait suscité quelques belles promesses d'avenir a également étalé ses faiblesses actuelles sur le stade Bonal. L'expérience, on le sait, jour un grand rôle dans une équipe de football et, après ce que nous avons pu voir, hier après-midi, c'est précisément cette qualité qui a fait le plus défaut. Avec le temps, peut-être, nous y verrons un peu plus clair. Alors, comme disait le président Meric, après la rencontre, il ne reste plus qu'à se remettre au travail. Peut-être pas tout à fait à zéro, comme le signalait encore le président, mais de manière suffisamment assidue pour que l'O.M. puisse espérer retrouver, un jour, son véritable rang. HISTOIRE DE HORS-JEU La première mi-temps s'était déroulé d'une façon pour le moins curieuse. Sur un terrain, qui ne tardait pas à ressembler à une patinoire, l'O.M. avait tout d'abord donné l'impression de faire le jeu. Ce qui est assez peu courant pour une équipe opérant à l'extérieur. Mais on s'aperçut presqu'aussitôt que les contres de Sochaux pouvaient être également dangereux pour la défense marseillaise. Faisant bien circuler le ballon, jouant toujours groupés, les Sochaliens parvenaient en effet à mettre hors de position leurs adversaires olympiens qui avaient du mal, répétons-le, à trouver leur équilibre sur une pelouse détrempée. Nous étions à ces premières constatations quand intervient l'épisode du but trop pris surprise de Renaut. Rien à dire dans la conception, Klijijan avait fait un travail préparatoire remarquable. Mais, lorsque Renaut reçut le ballon, il était en nette position de hors-jeu et Migeon s'attendait à tout, sauf à ce que l'arbitre valide le point. C'est pourtant, ce que fit M. Leloup, malgré les protestations marseillaises. Les petits malheurs de l'O.M. faillirent bien d'ailleurs ne pas s'arrêter là. |
Dix minutes plus tard, exactement, un centre de Posca trouvait Seles à la réception en position d'avant-centre. L'attaquant Sochalien n'eut aucune peine à battre Migeon de près. Mais, alors que l'action paraissait cette fois tout à fait classique, l'arbitre jugea bon, pour le bonheur olympien, de ne pas accorder le but. Toujours la fameuse histoire de compensation, vous connaissez le scénario... Il n'en reste pas moins que la défense marseillaise avait été suffisant non avertie pour resserrer sa garde. Jusqu'au terme des 45 premières minutes, Migeon ne fut plus inquiété, si l'on excepte une extraordinaire intervention avec une double tentative de Seles et de Posca. Disons alors qu'en rentrant aux vestiaires avec un seul but de retard, tous les espoirs olympiens étaient encore permis. Vous savez, hélas, quelle tournure prit la seconde mi-temps, Seles, d'abord, Guttierez ensuite sonnèrent définitivement le glas des espérances olympiennes à tel point que l'O.M. dut concéder son premier bonus de la saison. UN PROBLÈME D'ATTAQUE On cherche, bien entendu, les raisons qui ont pu précipiter ainsi les événements. Dans les vestiaires on évoquait le mauvais état du terrain. C'en est une sans doute, mais vous conviendrez qu'elle n'explique pas tout. À notre avis, l'O.M. a eu le tort de vouloir jouer trop petit sur un terrain qui se prêtait si bien aux longues ouvertures. C'eût été sans doute une bonne méthode pour surprendre la défense sochalienne bien organisée autour de Seles, Courbis, Posca et Dufour. Et puis, il faut le dire, le véritable défaut de la cuirasse s'est trouvé, non pas en défense comme le score pourrait le laisser supposer, ni au niveau du terrain ou Fernandez et Martinez ont fait merveille aux côtés de Buigues. C'est plutôt devant que la machine n'a pas fonctionné, Yazalde ne fut que très rarement en position d'avant-centre, Boubacar non plus alors que l'aile droite était, quant à elle complètement desserte désertée. Sochaux a donc eu la partie belle pour contenir les rares actions offensives dignes de ce nom. C'est donc dans le domaine offensif que le bât blesse. C'est là qu'il faudra trouver une solution, tout au moins jusqu'à la fin du présent exercice. Ensuite, pour préparer des jours meilleurs, ce sera au recruteur de jouer... Jean FERRARA |
--------------------------------------------------
Le président MERIC : "Il n'y a plus qu'à recommencer" |
|||||||||
On en avait perdu l'habitude : un silence glacial régnait dans les vestiaires olympiens. La tête basse, les joueurs se déshabillaient en silence, tandis qu'adossés au mur, les membres de l'état-major arboraient des mines désolées. "Les Sochaliens ont été meilleurs que nous, reconnaissez le président Meric. Le grand tort de nos joueurs aura été de ne pas se créer assez d'occasions de buts. Lorsque l'on n'est pas suffisamment dangereux devant, la défaite est presque toujours au bout du match ! "Que voulez-vous, nous avions gagné trois rencontres consécutives, nous en avons perdu une : il n'y a plus qu'à recommencer !". "Le score, estimait de son côté le vice-président Roger Heuillet, ne reflète absolument pas la physionomie de la partie. Que nous soyons battus je veux bien, mais nous ne méritions vraiment pas de concéder le premier bonus. Même si les Sochaliens se sont montrés plus décisif que nous en seconde mi-temps ; surtout il ne faut pas oublier que le match à soudain basculer en quelques minutes. À 1-0 nous avons eu quelques occasions que nous n'avons pas su mettre au fond. Et ensuite, à 2-0, c'était fini. Je le regrette, nous méritions peut-être de perdre encore que je n'en sois pas totalement convaincu, mais certainement pas par un tel score". Quant à Jules Zwunka, il estimait que le terrain gras avait constitué pour ses hommes un handicap supplémentaire dont ils se seraient bien passé. "Cela ne saurait être évidemment une excuse, mais il faut reconnaître que nous n'avons pas habitude de jouer sur ce genre de pelouse, si tant est qu'on puisse appeler un pareil bourbier. Certes, cela a gêné nos adversaires aussi, mais disons qu'ils ont, eux, une certaine accoutumance à ce genre de condition. "Mais enfin, là n'est pas l'essentiel. Je pense que nous avons tendance à jouer trop étroit, cela étant peut-être la conséquence de ce qui précède : lorsqu'il est difficile d'assurer des passes, on est tenté de raccourcir le jeu. Il y a aussi, ce but concédé en début de match qui n'a rien arrangé. Pourtant, j'estime que nous avions bien à aborder la rencontrer et que notre première mi-temps, en tout cas, avait été bonne, mais nous n'avons pas su poser le jeu comme il aurait fallu le faire. Je suis néanmoins persuadé que, sur une pelouse normale, le résultat eut été différent". |
Du côté des joueurs, en s'en doute, les confidences n'étaient pas tellement à l'ordre du jour. Migeon donnait des explications sur les trois buts qu'il avait dû concéder. "Le but refusé à Seles n'était peut-être pas entaché de hors jeu, mais je peux vous affirmer que celui accordé aux Sochaliens à la quatrième minute, Renaut était absolument tout seul devant moi. Sur le second but de Seles je n'ai fait qu'effleurer la balle. Quant au troisième but j'étais masqué et je n'ai strictement rien vu". François Bracci, en nettoyant ses chaussures ouvertes de boue, émettait un avis assez voisin de celui exprimé par ses dirigeants : "Il est vraiment très difficile de jouer sur un terrain aussi gras, vous l'avez vu, certains de nous sont tombés sans même prendre part à une action. On ne peut, dès lors, que s'efforcer de ne pas perdre le ballon. Créer quelque chose, prendre des risques devient extrêmement difficile dans de pareilles conditions". Quant à Jean Fernandez, qui avait été assez loin le meilleur olympien du match, il répondait modestement comme toujours à nos hésitations : "Je ne sais pas si j'ai été bon, mais vous pouvez être certain que j'aurais préféré être très mauvais et gagner ce match. En tout cas, c'est la première fois que je termine une rencontre aussi fatigué. En fin de partie je n'arrivais plus à lever les genoux. C'est vraiment dommage : c'est au moment précis où j'étais persuadé que nous allions égaliser que nous avons encaissé ce second but qui nous a signifié la défaite". A.P. |
--------------------------------------------------
Et pourtant on a cru au match nul... |
|||||
Longtemps, très longtemps nous avons cru au match nul. Vu l'ampleur du score cela paraîtra peut-être surprenant. Mais en toute objectivité, on doit reconnaître que, du but de Renaut à celui de Seles, soit de la 4e à la 67e minute, essentiel du jeu fut fourni par les Marseillais qui, loin de demeurer enfermés dans leur coquille, firent montre d'une certaine audace assez peu courante chez les équipes visiteuses pour qu'on ait garde d'oublier de le mentionner. Tout cela dans des conditions assez épouvantables pour la pratique d'un bon football. Grand fut le mérite des deux équipes de donner un spectacle attrayant dans un bourbier faisant penser à certains endroits à une cour de ferme. Dans des conditions rigoureusement similaires les Marseillais avaient ramené un point l'an dernier du stade Bonal. Ils n'avaient ni mieux ni plus mal joué, concédant comme hier un but dès les premières minutes à l'origine duquel se trouvait l'arrière Dufour. Oui, mais voilà, ils avaient égalisé par Paolo Cezar ce qu'ils n'ont pas su faire cette fois et bien qu'ils en aient été très après en certaines occasions. Est-ce une raison pour les vouer aux gémonies ? Nous ne le pensons pas, ne serait-ce que parce que les conditions de jeu très particulières de ce match pourraient fausser complètement la vision des choses. À cet égard la venue de Monaco dimanche constituera à nos yeux un test beaucoup plus probant permettant de juger si le renouveau qui avait été entrevu depuis trois matches était ou n'était pas sans lendemain. Une chose est certaine en tout cas : les jeunes ne sont en rien responsables de ce premier bonus concédé par l'O.M. Martinez a fait un match très honorable, tandis que Fernandez était le meilleur des vingt-deux acteurs. Il serait très navrant que sous couvert de cette défaite, se trouvât interrompue une expérience intéressante à plus d'un titre. Alain PECHERAL |
--------------------------------------------------
Rolland COURBIS : "Notre victoire est indiscutable" |
||||
René Hauss et Paul Parret, directeur et entraîneur du F.C. Sochaux étaient heureux, on le conçoit aisément. Mais un homme l'était plus encore dans le vestiaire franc-comtois : Rolland Courbis pour la première fois de sa carrière battait l'O.M. "Je crois, dit-il, en sortant de la douche, que notre victoire est de celle qui ne se conteste pas. Le bonus, c'est autre chose, cela vient, cela ne vient pas, mais dans l'ensemble, nous méritions de gagner. Nous voila désormais avec 21 points ; l'an dernier à pareille époque, nous n'en comptions pas plus d'une douzaine. Nous n'avons évidemment pas de grandes ambitions, mais c'est tout de même bon à prendre. Les Marseillais ? Je les ai trouvés moyens seulement sur le match d'aujourd'hui. Ils ont, semble-t-il un problème d'homogénéité à résoudre. Peut-être y a-t-il trop de changement au sein de l'équipe à chaque inter-saison ? J'ai tout de même été surpris par Yazalde. Je connaissais sa réputation de buteur, mais j'ignorais qu'il possédait une aussi bonne technique au pied". A.P. |
--------------------------------------------------
Les réponses aux questions que vous vous posez |
|||||||
- LA RENTRÉE DE YAZALDE ? - Il suffit de se référer au score pour se persuader que le renfort de l'Argentin n'a pas apporté de solution au problème offensif marseillais. Pourtant et comme nous le disons par ailleurs, Yazalde a reçu les hommages de ses adversaires et notamment de Courbis, qui nous a avoué lui-même être étonné par la technique en mouvement de l'ancien "Soulier d'or". Nous pensons pour notre part que la façon de jouer de la formation olympienne ne convient pas du tout à Hector. À l'O.M., en effet, le rôle des ailiers est très occasionnel pour ne pas dire plus, et il difficile dans ces conditions de se mettre en évidence sans recevoir le ballon. Il existait bien une solution, celle des deux avants centre avec Boubacar, qui avait, semble-t-il réussi contre Lyon. Mais hier, la tactique a été abandonnée et c'est peut-être à déplorer. - LES JEUNES ? - Nous écrivons par ailleurs que l'O.M. hier a pêché un peu par manque d'expérience. Mais en aucune façon, le jugement ne s'applique à Fernandez ni à Martinez qui furent l'un et l'autre des joueurs irréprochables. La défaite de l'équipe ne leur est donc pas imputable. Au contraire, les dirigeants doivent se féliciter de plus en plus de les avoir enrôlés dans leur effectif. - COMMENT EXPLIQUER ALORS LES LACUNES QUI NE PERMETTENT PAS AUX OLYMPIENS DE S'EXPRIMER ? - Cela relève sans doute d'un manque d'homogénéité, ce qui est sous une autre forme un manque d'expérience d'ensemble. Et c'est un peu normal, ajouterons-nous pour une formation que les événements obligent à se renouveler sans cesse. Non seulement aux intersaisons mais aussi en cours de championnat comme c'est le cas cette année. Rolland Courbis a qui nous demandions ses impressions sur l'O.M. nous fit pour sa part la même remarque. C'est donc que le fait n'avait pas échappé à ce jeune homme reste toujours bien sûr marseillais de coeur. - L'ARBITRE ? - On peut également en parler car une fois de plus le directeur de jeu, peut-être desservi par l'aide de ses assesseurs, se signala par des décisions à contre-sens. Le premier but sochalien accordé, et le deuxième refusée, en sont la meilleure illustration. Car les spectateurs comme nous-mêmes s'étaient aperçus que les deux actions méritaient un jugement contraire. M. Leloup réussit en fait le tour de force de mécontenter aussi bien Sochaliens que les Marseillais. Mais soyons justes, ce n'est tout de même pas lui qui a donné au score de telles proportions. J.F. |