OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 26 janvier 1976

 

  ON ATTENDAIT BIANCHI, CE FUT YAZALDE !

  

L'Argentin de Marseille

a signé un précieux succès sur Reims (1-0)

Nouvelle et quatrième victoire d'extrême justesse de l'O.M. au stade vélodrome.

Mais cette fois contre un adversaire de qualité et indiscutablement supérieure à Monaco et à Strasbourg par exemple.

Le stade de Reims qui a encore 10t matches de jouer à domicile sera pour l'O.M. un concurrent dangereux pour la 3e place. Le public a paru assez déçu par ce que l'on appelle la qualité du jeu. Beaucoup de tirs mal ajustés, trop au-dessus, ou même franchement à côté entre autres erreurs tactiques. Mais il faut tenir compte d'un fait qui a pu échapper à ce de nombreux spectateurs.

La pelouse trop sèche et bosselée plus le vent constituent pour les footballeurs, et plus particulièrement pour les buteurs qui n'ont pas de temps à perdre, un handicap certain.

Cette rencontre et cette victoire, au demeurant méritée, ont confirmé ce que l'on savait déjà de l'O.M., une équipe ne renonçant jamais, animée d'un esprit collectif assez remarquable, mais à laquelle il manque ici et là quelques riens pour atteindre le niveau supérieur.

On a beau modifier les tactiques, tenter de nouvelles expériences, les joueurs restent avec leurs talents et leurs défauts.

Il serait trop facile s'il suffisait de quelques coups de baguette magique, de conférences au tableau noir et de bons conseils pour modifier la valeur et le comportement d'un ensemble ne pouvant pas être renforcé.

Il faut prendre l'O.M. tel qu'il est cette saison et s'en contenter. Il est d'ailleurs suffisamment bon, si pas très bon, pour apporter à ceux de ses supporters qui ne rêvent pas aux gloires passées, de belles satisfactions.

L'EXPLOIT INUTILE D'EMON

La première mi-temps permit au public d'assister à une chose assez rare. Sur coup franc pour l'O.M. Emon réussit l'exploit de tromper directement Aubour. Un tel exploit technique mais inutile. Emon distrait, n'avait pas vu que l'arbitre venait de lever le bras, ce qui signifiait clairement que le coup franc était indirect.

C'est d'autant plus "ralant" que les meilleurs tireurs ne réussissent de pareils exploits que deux ou trois fois l'an.

YAZALDE L'OBSTINE

0 à 0 après une première mi-temps assez équilibrée, mais à peu près dépourvus de tirs des deux côtés, le public commençait à s'énerver et je Zvunka à s'inquiéter quand, dès la reprise, la lumière jaillit soudain de la simplicité.

Les deux équipes laissant de larges portions de terrain inoccupées sur les deux ailes, Bereta lança le plus aisément du monde Bracci sur sa gauche.

Ce dernier pour une fois ne se compliqua pas la vie. Il centra à ras de terre sur Yazalde, l'obstiné qui se trouvait à la bonne place, non point par hasard, mais au flair du buteur et donna à l'O.M. le but qui allait être celui de la victoire.

TOUJOURS LE MILIEU DE TERRAIN

Jusqu'au bout de la balance oscilla entre le 2 à 0 et le 1 à 1.

De bonus, il n'en fut jamais question bien entendu, les deux mots de la fin devant revenir au gardien.

À quelques minutes d'intervalle, Migeon d'abord et Aubour ensuite allaient dévier en corner l'un sur tir de Bianchi, l'autre sur tir de Noguès.

La poudre, on le voit, était argentine. L'O.M. une fois de plus a pêché par son milieu de terrain. C'est un problème quasiment impossible.

Dans le domaine de l'orientation du jeu, Bereta et Emon sont les meilleurs, mais ils laissent à Buigues et à Fernandez un travail de titan, on ne saurait tout faire et avoir toutes les qualités.

Bereta est toujours précieux par ces coups de patte et sa vision du jeu. Emon a de la technique à revendre. Malheureusement tous les deux sont insuffisants dans le domaine plus important, qu'on ne l'imagine de la prise du ballon à l'adversaire. Que faire d'autre ? Bien malin qui pourrait le dire à Jules Zwunka.

BIANCHI ET

LE STADE VÉLODROME

Une fois encore Carlo Bianchi, dont la classe pourtant évidente, n'a pas marqué de but au stade vélodrome, ce terrain maudit pour lui.

Il faut dire que la défense de l'O.M. ne lui laissa que deux ou trois occasions de manifester son talent et que son ami Vergnes l'aida assez peu.

Tant et si bien qu'avec Aubour, toujours très sur et fort bien placé, les meilleurs rémois furent le grand Laraignée, absolument impeccable, le petit Krawzick, Ravier, Mascleux... et très épisodiquement Santamaria.

Mais il faut objectivement reconnaître que cette équipe rémoise ne manque pas de possibilité et qu'elle devrait finir dans le groupe de tête.

À l'O.M., ou Trésor une fois de plus plana en défense, Victor Zvunka qui neutralisa Vergnes, Migeon bien sûr et le jeune Gransart formèrent la meilleure division de l'équipe. Celle qui conservera la victoire.

On notera enfin que Bracci a paru en regain de forme, et pas seulement par le but qui donna à Yazalde.

Et maintenant tout pour l'importante Coupe de France.

Maurice FABREGUETTES

--------------------------------------------------

Le cri du coeur des Olympiens :

"Il fallait gagner !"

On avait dans le camp marseillais le sentiment du devoir accompli, même si, pour la septième fois de la saison au stade vélodrome, la victoire n'avait été enlevée que par le plus petit des écarts.

"Ainsi que la presse l'avait dit, commentait Jules Zvunka, il fallait absolument gagner aujourd'hui. C'est chose faite, et ces deux points ont tout de même été pris devant une des meilleures équipes du championnat, bien supérieure à des formations comme Strasbourg ou Monaco par exemple.

J'avoue avoir passé un mauvais moment en seconde mi-temps lorsque nos adversaires prirent la direction du jeu.

Car le but de Yazalde, marqué aussitôt après la reprise, a eu, paradoxalement, effet de nous contracter.

Nous avons alors trop cherché à préserver cette avance au lieu de développer notre jeu normal qu'il nous aurait sans doute permis de remporter un succès confortable.

Cependant ce match a eu aussi plusieurs côtés encourageants.

En premier lieu, j'ai eu la sensation de voir le travail effectué tout au long de la semaine exécuté sur le terrain.

Il y a eu une recherche sans les appuis, les appels de balle ; incontestablement, les garçons ont fait des efforts, ont essayé quelque chose.

Et puis je crois que l'innovation consistant à placer Albert Emon en position de deuxième avant-centre a été concluante.

Il a très bien joué le coup et chacune de ses accélérations ont amené le danger dans le camp rémois.

Autre satisfaction - outre la solidité de la défense qui n'a que rarement été mise hors de position - le retour en forme de Bereta.

En revanche j'ai remplacé Boubacar par Noguès parce que j'estimais qu'il ne participait pas assez au jeu sans ballon, qu'il de décrochait pas suffisamment et ne recherchait pas les espaces vides. Il n'était pas toujours, aussi tranchant qu'à l'ordinaire".

Le président Meric estimait de son côté : "Avec un peu plus de sang-froid, un peu plus de maturité, nous aurions pu marquer un ou deux buts de plus.

Bianchi et Vergnes, à la solide réputation de buteurs, sont pratiquement passées inaperçues.

Par contre, hier bien que l'on associe toujours l'O.M., à une politique de vedettes, le jeune Gransart a fait un match irréprochable, comme en avaient fait avant lui Fernandez, Martinez ou Flores.

C'est la preuve que l'O.M. peut faire entrer un jeune au pied levé dans des conditions difficiles. C'est pour moi le principal enseignement de cette rencontre."

Voyons maintenant le point de vue de quelques joueurs :

MIGEON : "Reims possédait une très forte ligne d'attaque, Jules nous avions demandé d'être très vigilants derrière, de resserrer le marquage. Nous l'avons fait sans trop de problèmes.

Et je n'ai que rarement été en danger.

En revanche, nos attaquants ont souvent tiré au but, beaucoup plus qu'à l'ordinaire et c'est certainement un point positif".

BUIGUES : "Je ne suis absolument pas content de moi. Je n'ai pas été bon et l'on peut dire que l'O.M. à jouer ce match à 10 et demi. Heureusement que nous avons gagné..."

BERETA : "Cela revient petit à petit. Il faut savoir ne pas se montrer trop impatient. J'ai mis pas mal de tirs, sans grande réussite. Mais je sens que la forme n'est pas loin".

TRÉSOR : "L'essentiel est fait. Notre victoire aurait été plus facile si nous avions marqué en première mi-temps".

Sur le coup franc d'Emon, personne - moi le premier - n'a vu M. Verbecke lever le bras. C'est pourquoi j'ai dit Albert de le tirer. C'est dommage mais finalement cela ne change rien.

Cette victoire était tout un même indispensable avant le marathon que nous allons entreprendre avec 3 matches dehors, en Coupe, contre Avignon (puissamment motivé), à Saint-Étienne et à Nancy".

Alain PECHERAL

--------------------------------------------------

--------------------------------------------------

Le pour...

et le contre

L'expérience, depuis le début de la saison, nous a appris souvent à nous contenter de peu au sujet des performances olympiennes.

On aurait tort, dans ces conditions, de faire la fine bouche après la courte victoire obtenue hier après-midi par l'O.M. sur le Stade de Reims. D'autant que l'adversaire, après tout, se présentait à Marseille avec de sérieux arguments, et que dans le camp olympien, personne n'avait le coup d'envoi, n'était tellement persuadé d'un succès aussi mince soit-il.

Le score en lui-même, ne mérite donc pas de commentaires désobligeants. Nous sommes également tout à fait d'accord avec le président Meric quand il déclare : "On nous critique quelquefois, mais nous voilà à notre quatorzième victoire. On parlait beaucoup de Reims de la terreur Carlo Bianchi. Or, nous avons battu le premier et muselé le second. C'est peut-être la preuve que nous ne sommes pas si vous prouvez que cela..."

C'est un raisonnement répétons-le, tout à fait logique et que dans un certain sens, on aurait mauvaise grâce à deux pas partager.

Malheureusement, si tout ceci est juste, il n'en reste pas moins par ailleurs, que les spectateurs marseillais n'ont pas encore retrouvé leur O.M. souverain. Une équipe, si vous voulez, à laquelle on peut prédire à coup sûr, une place dans les tout premiers en championnat et une brillante carrière en coupe.

Il est difficile pourtant, de reprocher quoi que ce soit en ce qui concerne les initiatives. Jules Zvunka hier après-midi, avait même essayé une nouvelle tactique. Si sa réussite ne fut pas toujours évidente du haut des tribunes le système n'en a pas moins contrarié la machine champenoise. Et c'était le but recherché.

Alors d'où vient que cette formation olympienne, la plupart de temps maîtresse des débats devant un rival assez décevant hier après-midi, n'ait pas réussi à s'imposer de manière plus nette ? C'est évidemment toute la question, et y répondre serait du même coup, résoudre une grande part du problème.

Nous n'avons pas la prétention bien sûr, de jouer les médecins du football, mais nous nous sommes aperçu, comme tout le monde, que Yazalde était capable de marquer des buts quand il recevait de bonnes balles. On regrettera simplement que les actions bien construites de ce genre aient été distillées au compte-gouttes.

L'O.M. avait ainsi sacrifié l'aile gauche en première mi-temps, et la droite en deuxième. L'on peut se demander si cette façon d'occuper le terrain, n'a finalement pas fait le jeu des défenseurs adverses.

Reconnaissons, pour être tout à fait objectifs, que les Olympiens n'ont guère été servis par la chance. Emon, toujours aussi talentueux, Bereta en regain de forme et Yazalde auraient pu chacun marquer un but supplémentaire.

Mais enfin, en football, et ce sera notre conclusion, la chance, on le sait, il faut souvent la forcer.

Jean FERRARA

--------------------------------------------------

Pierre Flamion :

"Une attaque inconsistante"

Dans le camp rémois, les mines étaient assez sévères. L'entraîneur Pierre Flamion nous déclarait sur un ton légèrement déçu :

"On ne peut pas gagner un match avec une ligne d'attaque aussi inconsistante ! Nous avons eu quelques occasions, mais notre attaque n'a pas su en profiter, certes Bianchi a été inférieur à sa renommée et à son rendement habituel, mais Vergnes et Santamaria n'ont pas donné le meilleur d'eux-mêmes. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner du résultat, car notre manière est basée sur l'allant de notre équipe ! Mais la vie du football est ainsi faite : il y a des jours où les gens sur lesquels on compte ne se manifestent pas. Quoi qu'il en soit, le résultat ne me rend pas particulièrement pessimiste, car il n'y a rien de catastrophique".

Le gardien de but Aubour partageait cette opinion en d'autres termes.

"Je crois qu'avec un peu de réussite, nous serions parvenus à arracher le match nul, mais il est incontestable que si nous avions pu disputer notre match de championnat de la semaine dernière qui a été renvoyée, nous aurions été dans de meilleures conditions physiques".

L'attaquant Vergnes devait nous faire remarquer de son côté : "Durant la trêve, nous avons joué à Haïti en pleine chaleur et nous sommes arrivés ici avec l'hiver. Il faut un temps de réadaptation et c'est pour cela que la première mi-temps a été dure pour nous, mais je crois que bientôt nous retrouverons notre rythme et nous serons bien meilleurs qu'aujourd'hui !"

Le président Germain ne cherche pas de faux-fuyants.

"Nous avons perdu, tant pis pour nous, quoique je pense qu'un match nul aurait mieux reflété le déroulement de la partie et puis il y a un mois et demi que notre équipe ne jouait plus en compétition officielle et notre ligne d'avants n'a pas été très entreprenante. Toutes ces raisons peuvent expliquer le résultat final".

Alain DELCROIX

--------------------------------------------------

Les réponses aux questions

que vous vous posez

- Comment jugez la rentrée de Gransart ?

- Dans la mesure où le rendement de ce jeune joueur intéresse directement l'avenir de l'O.M., il mérite bien entendu d'être commenté. Nous avons dit dans notre papier de présentation de les circonstances obligeaient le défenseur à faire ses débuts dans des conditions peu favorables. Eh bien, Roland s'est acquitté de la tâche de façon très honorable. Et c'est d'autant plus encourageante qu'il se trouva souvent aux prises directes, si l'on peut dire, avec le fameux Carlos Bianchi. Or, argentin n'a pas toujours eu le dernier mot, loin s'en faut. C'est donc un bon point à l'actif de Gransart qui, expérience et la maturité aidant, devrait comme son père Maurice, faire lui aussi carrière en première division.

- Pourquoi l'arbitre a-t-il refusé un but à Emon ?

- Les spectateurs se sont, en effet, étonnés à la 34e minute, de voir M. Verbecke annuler le remarquable tir victorieux d'Emon, qui sur coup franc de 20 mètres, avait mystifié à la fois le mur rémois et le gardien Aubour. Le public, comme Albert sans doute, ne s'était pas aperçu que le directeur de jeu en sifflant la faute avait levé son bras. Ce qui, en football signifie coup franc "indirect".

Or la balle a frappé directement les filets et, là-dessus, le règlement est formel. C'est le dégagement en six mètres pour l'adversaire. Exploit inutile donc, pour Emon, et c'est dommage car son coup de pied était un petit chef-d'oeuvre.

- Que doit-on penser de la tactique adoptée par l'O.M. ?

- Jules Zvunka avait placé Albert Emon en numéro 10, confiant à Bereta et Boubacar les postes d'ailiers que l'un et l'autre n'ont d'ailleurs occupé qu'épisodiquement.

Il est certain qu'avec ce système, un O.M. des grands jours pourraient faire des étincelles en attaque. Mais, comme nous le disions par ailleurs, l'équipe n'est pas encore à son niveau le plus élevé.

"Emon, très brillant, et capable on l'a vu, d'actions de classe, mais ce n'est pas ce qu'il est convenu d'appeler un milieu de terrain, notamment dans le domaine de la récupération. À ce jeu, Fernandez et Buigues risquent de s'essoufler un jour ou l'autre. Boubacar, lui, a essayé, dans un poste de faux ailier droit, de chercher sa voie sans jamais la trouver vraiment. Dans ce rôle-là, c'est maintenant évident, il n'est pas à son aise. Quant à Noguès, on ne peut pas toujours lui demander de transformer en un quart d'heure la physionomie d'une rencontre. C'est toujours le côté pile ou face qui est le lot de chaque douzième homme. Peut-être reparlera-t-on un jour d'Albaladejo qui fut, en son temps, un organisateur. Mais ceci est une autre histoire.

J.F

 --------------------------------------------------

 ------------------------

 (Photo Le Provencal paru dans La Gazette sport-magazine - Achives de Norman Jardin)

 

 

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.