OM1899.com

Résumé Le Provencal

du 23 février 1976

 

  FLORES : LES FLEURS DE LA VICTOIRE

 

Deux buts décisifs pour le jeune Olympien

et Paris S.-G. s'incline (2-1)

Le football sans passion, est comme une bouillabaisse de limandes. Hier après-midi, sous un ciel portant gris et n'incitant pas à la joie, on a réentendu l'assez grande foule du stade-Vélodrome, gronder, manifester, soutenir son équipe... bref, revivre.

C'est le plus grand hommage que l'on rendra à ce match débridé, plus physique que technique, plus engagé que réfléchi, quant au résultat incertain jusqu'au qu'au dernier corner joué à la seconde même de la fin, en faveur de Paris-St-Germain.

Privé de son gardien de but Migeon et de son meilleur technicien Emon, l'O.M., après avoir fait front en première mi-temps, emballant la rencontre pendant le deuxième quart d'heure de la deuxième mi-temps.

Om mesurera mieux l'importance du psychique sur une équipe : après que Florès eût marqué deux buts, l'impossible paraissait possible, surtout le bonus, à une équipe olympienne à laquelle tout réussissait, même les contres.

Mais il a suffi d'un but parisien donné par Dalheb à Floch pour que le scénario fut complètement inversé, avec, pourtant, les mêmes acteurs. Habités par l'inquiétude, la peur de perdre des deux points de la victoire, les Olympiens se mirent à déjouer de façon telle, que sans un sauvetage de Victor Zvunka sur sa ligne, le public eût d'assisté au premier match nul de la saison de son équipe.

Ainsi va le football et c'est ce qui fait sa popularité.

Il n'en reste pas moins que l'O.M., grâce à cette victoire, parfaitement méritée sur l'ensemble de la rencontre, peut encore conserver un certain espoir de terminer dans le groupe de tête.

Mais, pour cela, c'est bien évident, il faudra aller prendre des points en déplacement, et pour commencer le 12 mars, à Troyes.

REMARQUABLE FLORÈS

Quand Noguès entra sur le terrain en remplacement de Lendo, à la 58e minute, il fut accueilli par une bordée de sifflets.

Ce n'était pas gentil, et c'était aussi oublier que l'encore jeune Franco-Argentin fait tellement de choses surtout au cours d'une vingtaine de minutes, qu'il en réussi parfois d'excellentes.

C'est ainsi que, d'un centre ras de terre venu de la droite, il trouva le pied de Florès, lequel en authentique buteur, n'hésita même pas un dixième de seconde, pour frapper (peut-être du pointu) et marquer le premier but de la partie. But décisif et qui fut suivi d'un autre, du même Florès.

Le jeune international junior de Mazargues venait-il ainsi de faire une entrée tonitruante, en équipe première. Il ne sera sans doute pas question de le remplacer dimanche prochain, et l'on espère pendant toute la fin de la saison.

Buteur naturel, Hervé Florès s'est aussi montré excellent dans l'entre-jeu. Bonne conduite de balle, passes précises et rapides dans le sens du mouvement. On ne pouvait lui demander mieux. Toutes ses qualités étaient déjà bien connues, mais on attendait qu'elles soient mises en pleine lumière au cours d'un vrai match de 1re division. Voilà qui est fait, et bien fait.

LA FORTE PRÉSENCE

DE MARIUS

Si Florès fut le réalisateur, on ne pourrait passer sous silence la forte présence de Trésor, au centre de la défense. On a pu noter que le jeune Maillé n'eut pratiquement rien à faire, ce qui, au demeurant, plutôt un handicap pour un gardien débutant. Nous voulons bien que Gransart, Victor Zvunka, Bracci et le travail de récupération de Buigues et de Fernandez aient grandement contribué à cette situation. Mais tout le monde sera d'accord si nous ajoutons que, sans le super match défensif de Trésor, les choses eussent peut-être été très différentes.

Marius Trésor est devenu au fil des saisons une véritable institution olympienne.

Lendo qui, lui aussi, avait une grosse carte à jouer, ne manqua ni d'audace, ni de technique, mais la réussite ne fut pas de son côté. On ne les condamnera pas pour autant.

HUMBERTO : LA CLASSE

Porté par la presse de la capitale, le Paris Saint-Germain n'était pourtant pas descendu à Marseille en triomphateur. Il joua son match avec une certaine réserve, dont il ne se départit qu'en fin de match, alors qu'il était difficile de faire autrement.

À ce moment-là seulement, on s'aperçut combien Dalheb, M'Pelé pouvaient être des attaquants de pointe dangereux, quand on leur donne les moyens de s'exprimer.

En fait, à cette équipe, il manque surtout un véritable n. 10, capable de garder le ballon, et d'arrêter le jeu.

Il est vrai que Dogliani est sur la touche, et que Tokoto, grippé était resté à Paris.

Tant et si bien que le meilleur parisien, l'un des hommes du match, fut le Portugais Humberto, joueur et défenseur de grande classe internationale.

Novi, face à Yazalde, fut à peu près impeccable.

Mais on ne gagne pas le déplacement avec un seul centre de défense.

Justier, baptisé le "Justicier" par le public, ne nous a pas déplu malgré les apparences, et une certaine naïveté.

Cependant, de tous les jeunes Parisiens, c'est l'arrière Piloguet, encore junior, qui nous a produit la meilleure impression.

Le grand Paris ne s'est pas fait en une heure, et il en sera de même pour le Paris Saint-Germain qui a tout de même le mérite d'exister et d'avoir contribué, hier, à un spectacle qui, à défaut de grande classe technique, fut un intérêt dramatique constant.

Maurice FABREGUETTES

--------------------------------------------------

Le président Méric :

"Le match du renouveau"

MM. Sastre et Sadoul, les spectateurs de marque de cette rencontre avec Georges Boulogne, ont été les premiers à rentrer dans les vestiaires marseillais. Ainsi, l'équipe olympienne recevait-elle l'hommage des deux plus éminentes personnalités de notre football.

Inutile, d'ajouter, par ailleurs, que l'atmosphère était à la joie après cette victoire que l'on peut qualifier d'encourageante. M. Meric, qui, un peu plus tard, devait prendre l'avion pour le Brésil, eut le temps de nous livrer ses impressions avec un large sourire sur les lèvres. "En dehors du succès, nous dit-il, il est un événement voyez-vous qui m'a fait le plus grand plaisir, c'est de voir le public vibrer d'un bout à l'autre du match. Il y avait longtemps que l'on avait perdu l'habitude d'assister à de telles manifestations du stade Vélodrome. À croire donc que nous avons fait le bonheur de nos supporters. Et pour le dirigeant que je suis, je le répète, c'est une grande satisfaction.

"Sur le match lui-même, je crois que nous avons également tout lieu de nous féliciter. Il n'y avait pas moins de cinq jeunes joueurs dans cette équipe et tous se sont battus avec un coeur admirable. Les uns et les autres se sont montrés dignes de notre confiance. Vous avez pu remarquer notamment la classe de Florès. Cela aussi, croyez-moi, et un enseignement des plus positifs".

Nous avons demandé ensuite au président si son voyage au Brésil était seulement touristique.

"En principe oui, nous a-t-il répondu. Mais je me doute bien qu'un tas de personne vont encore me proposer des tas de joueurs exceptionnels, cédés évidemment à des prix dérisoires. Il faut donc que je me tienne sur mes gardes mais de toute façon, comme je l'ai signalé maintes fois, je ne ferai rien dans ce domaine avant la fin de la saison".

Que cela ne nous empêche pas de souhaiter un heureux séjour au Brésil au président de l'O.M. et à son épouse.

HERVE FLORES : "FATIGUE

MAIS CONTENT"

Vous devinez sans peine que le jeune Florès était très entouré dans les vestiaires, et notamment par les représentants de la presse.

"Je suis un peu fatigué mais heureux, nous dit-il en dégustant le champagne de la victoire. En toute sincérité, je ne pense pas avoir raté mon deuxième essai avec l'équipe première. Pour moi c'était essentiel.

"Vous savez, je ne me fais pas d'illusion. L'attaque de l'O.M. compte des joueurs comme Emon, Yazalde, Bereta je n'ai pas encore la prétention de prendre leur place. Mais j'ai du temps devant moi. Ce match a été un encouragement. Il m'aidera sans doute à travailler davantage pour progresser. Maintenant si l'on me donne une nouvelle chance, je ferai mon possible pour la saisir.

- En somme, vous vous êtes tout de suite acclimaté à ce poste d'ailier gauche ?

- Je dois dire que Yazalde, Bereta, François Bracci entre autres ont beaucoup joué sur moi. J'ai eu si vous voulez une tâche en grande partie facilitée. Mais je crois tout de même que la meilleure place est en numéro 10".

Voyons l'opinion de ses jeunes camarades, dont la plupart faisaient aussi leurs débuts.

Maillé : "J'avais bien sûr un peu d'appréhension entrant sur le terrain. Mais tous les joueurs ont fait leur possible pour me mettre en confiance. Je les en remercie et suis très content d'avoir participé à cette victoire".

Lendo : "Je n'ai peut-être pas pris assez de risques. Physiquement j'étais bien. Hélas j'ai voulu trop en faire. Il faut dire aussi que j'étais passablement nerveux avant la rencontre ce qui n'est pas dans mes habitudes".

Gransart : "Petit à petit, je parviens à mieux m'intégrer à cette équipe. Malheureusement, j'ai eu un petit relâchement en fin de match. Le principal, de toute façon, est d'enlever les deux points".

N'oublions pas Fernandez, qui fait lui aussi partie de la promotion, bien qu'il soit un titulaire à part entière. "Dommage, nous a-t-il dit pour sa part, nous sommes passés une fois encore à côté du bonus. Mais ne soyons pas trop gourmands, la victoire ce n'est déjà pas si mal".

Tout le monde sera bien d'accord sur ce point.

J.F.

--------------------------------------------------

--------------------------------------------------

Quand l'O.M. fait Flores

Gardons-nous d'employer des adjectifs dithyrambiques, nous ne rendrions service à personne. Dans le domaine du football, et notamment celui de l'O.M. cette saison, l'expérience nous a appris à observer une certaine prudence au lendemain de quelques résultats flatteurs. Nous n'en voulons pour preuve que la victoire obtenue sur Saint-Étienne, et suivie quelques jours plus tard par la plus surprenante défaite concédée à Nancy, sur ce même stade vélodrome. Sans doute, les Olympiens s'étaient-il alors laissé griser par leur réussite.

C'est la raison pour laquelle nous voudrions aujourd'hui mesurer le concert des louanges. Pour que l'équipe précisément ne tombe pas dans le même travers. Ceci dit, il faut bien reconnaître que le match nous a apporté beaucoup d'enseignements positifs.

Il y eut d'abord, et ce n'est pas négligeable, les réactions d'un public tout acquis à la cause olympienne. Il a crié, il a vibré, il a manifesté. Depuis longtemps on n'avait vu une telle communion entre joueurs et leurs supporters. L'O.M. dans ce domaine a donc marqué un point.

Maintenant, il en a marqué deux autres aux dépens de Paris Saint-Germain. Et c'est bien sûr un argument à ne pas mésestimer non plus. Mais, voyez-vous, au delà de la victoire, il est un fait qui n'est pas moins important, c'est la manière avec laquelle cette formation olympienne a construit sa défense. On redoutait un peu, pourquoi ne pas de le dire, cette entrevue avec le Paris Saint-Germain. D'abord, parce que les joueurs de la capitale étaient en pleine euphorie, et qu'ensuite la force des choses avait obligé ceux de Marseille à aligner pas moins de cinq jeunes footballeurs dont la plupart effectuer leurs débuts. Eh bien, c'est pourtant là que l'on a retrouvé l'O.M. du droit au but, plein d'allant et surtout sans complexe.

Il n'est pas question, bien entendu, de dissocier les vainqueurs à l'heure des félicitations. Mais il est certain que Florès a pris une grande part dans ce que l'on appelle déjà le renouveau olympien. Il voit le jeu, sait adresser la passe juste, peut donner à tout moment une impulsion aux actions offensives. Et, ce qui ne gâte rien, il a le chic pour marquer des buts. Il inscrivit les deux de son équipe hier après-midi. Voilà une entrée pour le moins remarquée.

Quand on vous dira que l'O.M. a fait Florès vous connaîtrez dorénavant le nom du responsable.

La morale de cette histoire et qu'il faudra bien trouver désormais une petite place, et même une grande, à ce talentueux jeune homme. La pointe, à n'en plus douter, et celle d'un titulaire...

Jean FERRARA

--------------------------------------------------

--------------------------------------------------

Just FONTAINE :

"Nous avons joué comme des vieux"

Les Parisiens n'étaient pas catastrophés par leur défaite subie au stade Vélodrome. L'entraîneur Jules Fontaine, tout en allumant un Cigarillo nous a dit sans passion :

"Mes joueurs ont joué comme des vieux ! Quelle différence avec dimanche dernier ! Ils n'ont pas exécuté un seul tir en première mi-temps, ils ont "bourré" dans le de dernier quart d'heure mais c'est trop tard ! Les Olympiens en ont voulu plus que nous. Les Parisiens ont été d'une lenteur désespérante à croire qu'ils avaient tout un début de grippe, comme Bauda qui est malade !"

Le président Daniel Hechter nous a fait remarquer : "Ce fut un mauvais match des deux côtés ! L'O.M. a voulu davantage gagner que nous, il faut dire qu'après une mauvaise série il avait besoin de se "requinquer" !

Mais il est toujours difficile de jouer contre une équipe en perte de vitesse ! De plus, notre équipe a été déséquilibrée par l'absence de Tokoto, et la rentrée de Bauda, qui avait 39 degrés de fièvre, ne pouvait pas être bénéfique et le danger marseillais est venu du côté gauche !"

Pantelic s'est exclamé : "Florès a été le plus redoutable de l'attaque marseillaise qui n'a pas tellement construit de mouvements collectifs !"

Novi a indiqué de son côté : "Avec un peu plus de hargne nous pouvions arracher le nul !"

A.D.

--------------------------------------------------

Les réponses aux questions

que vous vous posez

Avec deux avants-centre

L'OPÉRATION JEUNESSE A-T-ELLE RÉUSSI ?

Si l'on ne tient compte que des joueurs du champ, deux jeunes, Emon et Boubacar, avaient été remplacés par deux autres jeunes Flores et Lendo.

Mais là n'était pas le véritable problème. Le plus intéressant était de savoir si Florès et Yazalde, qui sont tous deux des avants-centres de tempérament, pouvaient être complémentaires.

Certains le croyaient, d'autres pensaient le contraire.

L'expérience a prouvé que les deux premiers avaient raison.

À ce stade, ce n'est pas une question d'âge mais et d'harmonie dans le jeu.

Il y a déjà dans le championnat, Bianchi et Vergnes, il y aura peut-être, désormais Yazalde et Florès.

La suite du championnat nous le dira.

QUE FAUT-IL PENSER

DU JEUNE MAILLE

Exactement rien. Le poste de gardien de but est très spécial et au cours de certaines rencontres, titulaire de ce poste peut-il n'avoir que très peu à s'employer.

Nous avons regretté pour cet excellent jeune homme que les joueurs parisiens (un seul tir dans l'encadrement, celui du but) n'avaient rien fait pour le faire briller.

Rien de meilleur, pour les nerfs d'un gardien débutant, qu'un "bombardement à distance".

Tel ne fut pas le cas.

ET QUAND EMON VA

RENTRER ?

Rien de plus simple. Samedi prochain, à Auxerre, Emon jouera à l'aile droite, tandis que Florès occupera, au moins au départ, le poste d'ailier gauche. Il est bien certain qu'en cours de match, toutes les permutations (avec Bereta en particulier) sont possibles et même conseillées.

M.F.

 --------------------------------------------------

 

 

 

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.