Résumé Le Provencal du 13 mars 1976 |
L'O.M. A TROYES : PREMIER MATCH NUL !
En deux corners les Marseillais ont perdu l'avantage de la victoire |
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TROYES - Depuis la reprise du championnat, l'O.M. - battu à Metz, à Saint-Étienne et à Nancy - n'avait pas pris le moindre point en déplacement. Il est certain que ce tableau de marche ne pouvait permettre à l'équipe olympienne d'espérer mieux qu'une place honorable au milieu du tableau. Pour redresser la situation, pour aller de l'avant, une victoire à Troyes - dont l'équipe est déjà menacée de relégation en Deuxième Division - était quasiment indispensable. Cette victoire, on crut qu'elle serait facile, indiscutable, peut-être même éclatante, deux minutes après la mi-temps quand Emon, après avec une facilité dérisoire, porta l'avantage de son équipe à 2-0. Mais, à partir de ce moment, le combat change d'âme et quand Troyes eut réduit l'écart sur un premier corner, O.M. se mit à trembler, à tout perdre, son assurance, sa superbe, son jeu, au point de ne plus être qu'une équipe affolée défendant bec et ongles mince avantage avec ce qui est convenu d'appeler les "moyens du bord". Un deuxième cornait vint remettre les deux équipes à égalité. À partir de cet instant, on se mit avoir grand peur pour l'O.M., dont l'équipe était devenue complètement méconnaissable. Le bel O.M. de la première mi-temps, celui qui paraissait cavalcader vers une brillante victoire, s'était complètement désuni et c'est finalement avec la plus grande peine qu'il conserva le point du match nul. Un point précieux tout de même, qui, compte tenu des circonstances et de l'opposition, ne représente pas exactement tout ce que l'on pouvait attendre de ce match. YAZALDE UN BUT DE SOULIER D'OR "Frappez et vous serez considéré", telle pourrait être la conclusion de la première mi-temps. Au cours de cette période, les deux équipes eurent à peu de choses près le même grand nombre de corners et le même nombre d'occasions de but. L'occupation du terrain furent aussi assez partagée. Mais un tir de Yazalde fit la différence. Un vrai tir, un bolide comme on le dit dans le langage de football. Sur une attaque de l'O.M. partie de Trésor, et qui avait fait son petit bonhomme de chemin, Yazalde hésita hérita du ballon à quelques centimètres de la ligne des 18 yards, légèrement sur le côté gauche du but de Troyes. Ce qui, au coup d'oeil faisait encore environ une vingtaine de mètres. Sans attendre, sans même armer son tir, il frappa du gauche comme une mule et le ballon alla se loger dans la lucarne du même côté. Un but magnifique, un but de spécialiste, digne de la réputation de l'ex-soulier d'or européen. On peut dire ce que l'on voudra, parler tactique, esprit collectif et tout le bataclan... le tir reste le geste noble du football, le geste rentable. UN O.M. (PARFOIS) EN DÉMONSTRATION Mais ce tir, pour aussi important qu'il fut, n'avait pas été toute la première mi-temps. Adossé au vent et à la pluie, O.M. avait, au moins pendant un bon quart d'heure, joué comme en démonstration. |
Le ballon circulait mieux et plus vite que d'habitude, bref, il y avait une certaine et bien sympathique euphorie dans le jeu de l'O.M. Il faut cependant dire que l'équipe de Troyes était un adversaire idéal pour ce genre d'exercice. Non point qu'elle fut mauvaise, bien au contraire, mais un jeu appliqué, fait de petites passes, trop téléphonées pour surprendre vraiment l'adversaire, s'averrait un mal qui ne pardonne pas : l'inefficacité. Mais, enfin, il avait bien été bien agréable de revoir un O.M., menant le jeu et faisant une bonne partie du spectacle sur terrain adverse. Depuis la reprise du championnat, pareille chose ne s'était jamais vue. UNE TRÈS CHAUDE DEUXIÈME MI-TEMPS Comme on pouvait s'y attendre, et compte tenu du mauvais classement de Troyes, la 2e mi-temps se joua sur les nerfs. Elle débuta par un double coup de foudre. Un 2e but de l'O.M. donné par Boubacar à Emon et presque immédiatement sur corner un autre but de Troyes. Sur ce corner, il nous a semblé que Migeon avait été chargé irrégulièrement par un attaquant de Troyes. Mais l'arbitre, qui se trouvait très près de l'action de jeu, ne remarqua rien et accorda à Troyes ce but. Un but qui allait leur redonner l'espoir. Le reste de la 2e mi-temps fut très chaud. Les Troyens, survoltés, poussés par leur public, attaquèrent avec le maximum de conviction face à un O.M. se décomposant au fil des minutes. Le 2e but est imputable à Migeon, sur un corner tiré de la gauche par Richard, qui rabattait le ballon dans sa propre cage. Un accident qui peut arriver à tous les gardiens, même aux meilleurs. La fin du match fut absolument passionnante. Aux attaques incessantes de Troyes, qui se heurtaient à une défense de l'O.M. regroupée et dégageant au petit bonheur la chance, l'attaque olympienne répondit par quelques contre-attaques extrêmement dangereuses. Yazalde eut une magnifique occasion de donner la victoire à son équipe mais son tir à bout portant alla heurter le jeune portier de Troyes, Arblay. Tout en fin de match, les Troyens forcèrent l'allure pour arracher la décision, mais l'O.M. - qui au moins pendant cette période eue le mérite de jouer avec beaucoup d'abnégation - réussit à protéger son petit point du match nul. Maurice FABREGUETTES |
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Le président MERIC : "Notre meilleur match de la saison" |
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Depuis bien longtemps on n'avait pas eu une ambiance aussi sereine dans les vestiaires marseillais. Comme quoi, chacun est bien à même de faire un distingo entre les médiocres et les bonnes performances. Le président Meric, ravi, s'exclamait : "C'est notre meilleur match de la saison. Et c'est particulièrement réconfortant, plus encore par la façon dont nous avons pu le construire, que par le résultat en lui-même. Cette fois je crois que tout peut encore repartir si l'équipe persévère dans cette voie". Jules Zwunka était lui aussi satisfait : "Bien sur, nous a-t-il dit, le fait d'avoir eu deux buts d'avance et de s'être fait rejoindre, laisse tout de même quelques regrets. À 2 à 0 je pensais bien que nous devions l'emporter. Cependant il y a de nombreux points positifs à retirer de cette rencontre, notamment une amélioration sensible dans le domaine du jeu collectif.. Autre satisfaction, la grande partie fournie par Hector Yazalde et le nombre important d'occasions de buts que nous avons pu nous crier". "C'est notre premier match nul, disait son côté Marius Trésor. Il ne me reste plus qu'à obtenir notre premier bonus mardi devant Lille. Je crois que la rentrée de Michel Albaladejo s'est avérée particulière bénéfique. C'est un garçon comme lui qui nous manquait pour orienter le jeu surtout dans la partie offensive. Mais toute l'équipe, je crois, a fait un bon match". Migeon, pour sa part, expliquait comment il avait concédé les deux buts. "Sur le premier, j'ai reçu un coup de poing derrière la nuque de Diallo tandis que Martinez mettait la balle au fond des filets. J'étais pour ma part à moitié K.O. Quant au second, je reconnais bien volontiers qu'il peut m'être imputé : j'ai fait de faute de main et le ballon glissant, est allé dans le fond des filets". Albaladejo et Lemee, les rentrants, étaient eux aussi satisfaits. "J'avais un peu peur de manquer de rythme, nous confiait le premier nommé, tout s'est finalement très bien passé". Quant à Lemée, il ajoutait : "Comme l'an dernier, nous avons retrouvé ce soir le plaisir de jouer et de faire courir le ballon. Espérant que nous n'en resterons pas là". A.P. |
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ENFIN ! |
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En s'adressant aux joueurs cette semaine, le président Meric avait notamment dit : "A tout prendre, je préfère vous voir perdre 5-4 que 1-0. Faites du spectacle, dégagez-vous, et battez-vous. Donc peu avant le départ pour la Champagne, le principal souci de Jules Zvunka était le manque de combativité manifesté ces derniers temps par son équipe en première mi-temps. "Il faut absolument résoudre ce problème et motiver les garçons en conséquence, avait-il ajouté, car il est incompréhensible que nous passons notre temps à tenter de rétablir des situations que nous compromettons par notre inertie". On ne sait lequel des deux a été entendu... Toujours est-il que pour la première fois depuis longtemps, l'O.M. a enfin attaqué le match tambour battant. Tout laissait pourtant prévoir une furia champenoise. Mais les Marseillais surent habilement contrecarrer les desseins de leur adversaire en faisant preuve de sang-froid en défense d'abord, puis en montrant une ingéniosité et une vivacité nouvelle au milieu du terrain. Enfin et surtout, en affichant une arme de tous les instants, hargne fort bien traduite par le nombre impressionnant de ballons qu'ils récupérèrent à la suite de contres favorables. Dans ces conditions, l'avantage qu'il possédait à la mi-temps était de ceux que l'on ne saurait discuter, d'autant qu'il avait été acquis d'une façon remarquable sur un but tout aussi excellent dans sa conception que dans sa réalisation. Le 2e but obtenu juste après la reprise fut bien évidemment pour les Troyens un véritable coup de massue. Inscrit d'une façon alliant la classe et la désinvolture, grâce au trio Albaladejo-Boubacar-Emon, il semblait anéantir les dernières chances de Jacques et de ses camarades. Pourtant, ceux-ci se révélèrent soudain et sous une pluie redoublée, se lancèrent rageusement à l'assaut des buts olympiens. Migeon devant en plusieurs circonstances parer au plus pressé. Et ce fut ce but là à la 53e, qui allait tout compromettre. Que Migeon a été bousculé c'est certain. Mais les Champenois faisaient observer, non sans malice, que la même action de jeu leur avait valu d'être éliminée de la Coupe par Sochaux voici huit jours. L'O.M., quoi qu'il en soit, passa alors un quart d'heure bien inconfortable, même si le but égalisateur tarda à venir... des propres mains de l'infortunée Migeon qui avait jusque-là comme à l'habitude multipliée les exploits. Mais qu'importe l'O.M. a fait hier honneur à sa réputation et après la grande disette de ces dernières semaines, c'est pour le moins réconfortant. Comme le disait le président Meric, il est des matches qui valent des victoires. |
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Hodoul : "Nous revenons de loin" |
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Jean-Louis Hodoul, qu'il est inutile de présenter aux Marseillais, nous a accueilli avec son légendaire sourire. "Nous revenons de loin, nous a-t-il dit, est très franchement à 2 à 0, je pensais que les carottes étaient cuites. Mais il faut dire que le vent était pour nous en deuxième mi-temps et cela été un facteur déterminant, sur le résultat de la rencontre. Autant nous avons été gênés en première mi-temps, autant ce fut au tour de nos adversaires de l'être par la suite. Cela dit, je ne comprends pas très bien toutes les critiques qui ont pu être émises sur l'équipe marseillaise. Je l'ai trouvé pour ma part, pleine d'allant et de vivacité". Quant à l'entraîneur René Cedolin, il estimait satisfait par ce résultat. "On peut dire en simplifiant à l'extrême, que chaque équipe a eut sa bonne période. Sans doute les Marseillais ont-ils été plus tranchants et plus réalistes que nous, mais ce score de parité me paraît en définitif équitable" |
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Les réponses aux questions que vous vous posez |
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- COMMENT UNE EQUIPE PEUT-ELLE JOUEUR DEUX MI-TEMPS TOTALEMENT DIFFERENTES ? - Ce sont des choses qui arrivent fréquemment. Pour ne citer qu'un exemple, O.M. au stade-vélodrome, avait largement dominé l'équipe de Nancy en première mi-temps avant de se faire "promener" par cette même équipe au cours de la deuxième période. Mais hier, à Troyes, le problème fut un peu différent. Ce sont les nerfs des Olympiens qui ont craqué au cours de la deuxième mi-temps. Quand Emon eut marqué le deuxième but olympien, ils se prirent sans doute à rêver. Ils se voyaient déjà revenir à Marseille avec leur premier bonus de la saison. Jusque-là, tout ce que l'on avait vu du haut des tribunes du stade de Troyes pouvait laisser prévoir une telle issue. Mais le but de Troyes, obtenu sur corner quelques minutes plus tard, vint tout remettre en question. De conquérant, l'O.M. devenait menacé. Il perdit alors brutalement tout son football. Au lieu d'essayer de garder le ballon, de se le passer, il se mit à dégager au petit bonheur la chance. Et c'est ce qui se passe le plus souvent en pareil cas, le ballon va régulièrement adversaires et, de ce fait, on se trouve groupé devant ses buts, ne sachant plus exactement que faire. Il a manqué visiblement à ce moment-là un homme de sang-froid dans les rangs de l'O.M. Un footballeur capable de prendre le ballon, de dribbler, de le conserver efficacement et de faire placer ses camarades. Bereta, malgré toute sa bonne volonté, n'a pas actuellement les moyens de jouer ce grand rôle. Quand toute équipe marche, comme ce fut le cas en première mi-temps, il sait se rendre très utile grâce à son métier et à sa classe. Mais il n'est plus l'homme à porter sur ses épaules le poids d'une rencontre et c'est bien dommage. Car, répétons-le, l'O.M. avait ce soir la possibilité de remporter une large victoire. - LES RENTRÉES DE LEMEE, DE BOUBACAR ET D'ALBALADEJO ONT-ELLES ÉTÉ HEUREUSE ? - Pour Lemée, c'est absolument certain. Il fut, grâce à sa technique du contre et à son sang-froid, l'un des meilleurs joueurs de l'équipe. On avait peut-être oublié un peu trop combien il pouvait être précieux dans le cadre de l'O.M. actuel. Il est toujours difficile, on pourrait même dire impossible, de comparer Boubacar à Florès, les deux rivaux pour le deuxième poste d'attaquants de pointe. Ils sont totalement dissemblables. Florès est très supérieur en technique et vision du jeu, mais Boubacar représente une force dynamique qui souvent a rendu le précieux service à l'équipe. Quant à Albaladejo qui avait fort bien débuté pour terminer le match assez mal, il faut lui faire confiance, il manque de condition, c'est certain. - YAZALDE EST-IL REDEVENU LE GRAND SOULIER D'OR EUROPÉEN ? - Nous ne saurions répondre honnêtement à cette question. Quand Yazalde a été le grand avant-centre de l'équipe d'Argentine, puis le Soulier d'or européen pour le corps du Sporting de Lisbonne, nous avons très peu vu jouer. Il est donc quasiment impossible de comparer deux choses, quand l'une nous est presque totalement inconnue. Quoi qu'il en soit, hier Yazalde a certainement fait l'un de ses meilleurs matches depuis qu'il joue à l'O.M. Son but, répétons-le une fois de plus, fut un modèle du genre. Un grand but de grand buteur. M.F. |