Résumé Le Provencal du 26 mai 1976 |
O.M. : UNE TERRIBLE HUMILIATION
Les Marseillais touchent le fond et concèdent le bonus à SOCHAUX (3-0) |
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Drôle de match que le maigre public venu au Stade Vélodrome n'a pas trouvé drôle du tout. L'O.M. préparait la demi-finale de la Coupe de France. C'est du moins ce que l'on nous avait dit. Il faut espérer que les Olympiens joueront de façon différente samedi au Parc des Princes, sinon ce sera un échec assuré. Nous ne voulons pas tellement parler des trois buts marqués par Sochaux et qui représentent une part de chance assez peu ordinaire. Mais, avant la catastrophe de la fin, tant que l'O.M. produisit l'impression de pouvoir l'emporter ou au moins de faire match nul, ce qui nous a le plus frappé désagréablement, est l'extrême lenteur des discussions de l'équipe. On court, on se bat, en se débat, mais la seule vitesse qui compte, c'est-à-dire celle du ballon, est en définitive très réduite. De ce fait, la défense de Sochaux qui, pendant au moins 75 minutes, n'imagina jamais qu'elle allait gagner avec bonus, put toujours faire face aux attaques olympiennes. Inversement quand les Sochaliens passèrent à l'attaque ou contre-attaquèrent, ce qui a le plus surpris et justement leur vitesse d'exécution. En quelques mouvements extrêmement rapides, les petits attaquants sochaliens réussirent de nombreuses fois à mettre la défense de l'O.M. hors de position. C'est bien cela le véritable football moderne et l'O.M. a dû prendre ce soir une fort bonne leçon dont il devrait profiter. SOLER TOUT SEUL Entre une équipe, Sochaux qui jouait trop prudemment et une autre, l'O.M. qui jouait fort lentement, la première mi-temps avait été assez soporifique. Grâce à un exploit personnel le long de l'aile gauche, Soler trouvant Migeon sous un angle assez fermé, avait marqué le seul but de cette première période. Après ce petit avantage, les Sochaliens, comme s'ils étaient satisfaits d'eux-mêmes, se contentèrent de tirer le rideau jaune devant leurs buts, laissant à l'O.M. la direction du jeu. Nous pensons que ce fut une erreur, mais la chance aidant, ils réussirent à conserver cette maigre avance jusqu'à la mi-temps. L'O.M., dominant peut-être trop et, de ce fait, s'exposant aux dangereuses contre-attaques de l'adversaire, se créa, au petit trot, un nombre assez important d'occasions de buts, mais il manqua toujours ce petit rien qui fait d'une tentative une réussite. Nous ne savions pas à ce moment là, alors que Sochaux menaient par 1 à 0 que nous venions de voir le meilleur O.M. LE K. O. FINAL En deuxième mi-temps, alors que l'on pensait que l'O.M. allait réagir, c'est le contraire qui se produisit. Dès le départ, les Sochaliens faillirent marquer deux buts. On s'aperçut alors que l'équipe olympienne paraissait sérieusement fatiguée. Certains de ses joueurs, comme Bereta et même Emon, avaient du mal à revenir, ce qui créait de larges zones de danger, tant en attaque qu'en défense. |
Mais, enfin, le match se poursuivait un rythme assez lent et rien ne laissait supposer ce qui allait se produire et permettre à l'équipe de Sochaux de gagner avec bonus. On n'a pas fini d'épiloguer sur le but que marqua Pintenat. Pourtant, l'avant-centre Sochalien partant au sprint, alors que son gardien de but Rust venait de dégager très haut et très loin, n'était certainement pas hors jeu au moment où fut frappé ledit ballon. De plus il se trouvait dans le camp olympien. Il s'agit là passablement d'un truc répétait à l'entraînement qui surprit complètement la défense olympienne. Mais en ce demandera si Pintenat tacklé au dernier moment par Trésor et Migeon, n'a pas posé le ballon dans la cage de la main. C'est là, à notre avis, le seul point mystérieux. L'arbitre accordé le but, ce qui semblent prouver qu'à son avis, Pintenat avait frappé le ballon du pied. De notre place, bien sûr, nous ne pouvions rien affirmer. C'est alors que l'on discutait sur le terrain et dans les tribunes de ce but assez révolutionnaire que l'ailier gauche de Sochaux, Maier, parti tout seul sans que le hors-jeu fut en cause et réussit à tromper Migeon à bout portant. On vit alors les Sochaliens s'embrasser : ils étaient venus à Marseille pour prendre un point et ils sont retournés avec le bonus. CE QUI NE VA PAS À L'O.M. Avant le départ pour Paris, Jules Zvunka va certainement passer des nuits blanches. Comment former la meilleure équipe possible ? Hier, les joueurs présents sur le terrain n'ont permis de répondre à aucune question que l'on se posait. Florès, qui remplacé Yazalde, a été étouffé par le centre de la défense de Sochaux, il est vrai excellent. Boubacar a couru comme une âme en peine sans la moindre réussite. Quant à Bereta, il a joué avec une telle lenteur, une telle désespérante lenteur même, qu'il aurait eu sa place, hier, dans une bonne équipe de vétérans. Quant aux plus satisfaisant de tous, Emon, il fut blessé à la fin et l'on se demandait s'il pourra tenir sa place samedi au Parc. Mais le reste de l'équipe est aussi coupable au moins de négligence. La défense s'est laissée surprendre plus d'une fois par la vivacité des attaquants Sochaliens et elle devra elle aussi, à Paris, se montrer beaucoup plus vigilante. Un dernier mot pour dire combien cette équipe de Sochaux, malgré son étonnante réussite, a paru améliorée par rapport aux saisons précédentes. Un joueur surtout a fait d'énormes progrès : l'avant-centre Pintenat qui fit hier, un très grand match, donnant un travail fou à Victor Zvunka et impressionnant même Trésor à plusieurs reprises, ce qui est une chose exceptionnelle dans le football français. Maurice FABREGUETTES |
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Le choeur des olympiens : "On sait ce qu'il nous reste à faire" |
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Il a fallu attendre de longues minustes avant que la porte les vestiaires marseillais ne s'ouvre sur les journalistes. Mais paradoxalement, alors que nous avions vu souventes fois des minutes tristes pour d'autres occasions, disons moins catastrophiques, l'atmosphère, sans être euphorique, n'avait rien, apparemment, d'une désolation générale. Certains dirigeants, comme M. Heuillet, par exemple, estimaient que l'O.M. ne méritait pas une telle défaite. Le vice-président allait même jusqu'à affirmer que ce match lui avait laissé entrevoir des perspectives pas si mauvaises pour la Coupe de France. Nous lui laisserons bien entendu son bel optimisme. Il est un fait, aussi, que joueurs et dirigeants estimaient d'un commun accord que l'arbitre leur avait joué un mauvais tour en validant le deuxième but des sochaliens. "Pour moi, ajouté même le président Meric, les deux derniers buts de nos adversaires ne veulent absolument rien dire. Ils ont été inscrits d'une façon litigieuse. Je ne veux pas chercher de mauvaises excuses, bien entendu, et je suis persuadé, sur le vu de cette rencontre, que le score est très sévère pour l'O.M. Je n'en veux pas non plus tirer aucun renseignement avant le match de Coupe contre Nancy. Ce soir, les Marseillais ont pleuré, peut-être souriront-ils samedi prochain au Parc des Princes. Quoiqu'il en soit, je ne veux absolument pas jeter le manche après la cognée..." Jules ZVUNKA : "L'O.M. EST CAPABLE DE SE REPRENDRE" Jules Zvunka, lui non plus, n'était pas plus abattu que ces dirigeants. Certes, l'entraîneur n'avait guère envie de sourire. "Mais, précisa-t-il à notre intention, il ne servirait plus à rien maintenant de se lamenter sur cet échec que j'estime injuste. Il est évident que ce bonus concédé aux Sochaliens n'est pas tellement indiqué pour arranger les affaires avant une demi-finale de Coupe de France. Cependant, je l'ai toujours dit, le championnat est une chose, la Coupe en est une autre..." - Quelles seront d'après vous les répercussions sur le moral de vos joueurs ? "Je suis convaincu en ce qui me concerne, que l'équipe saura réagir de la manière la plus déterminé samedi prochain. Il ne faut jamais juger l'O.M. sur une seule rencontre, même sur une mauvaise série. C'est justement dans ces moments-là que cette équipe est capable de surprendre son monde. J'espère alors qu'elle saura le démontrer devant les Nancéiens. Je voudrai d'ailleurs signaler au passage que Nancy n'a pas été tellement heureux lui non plus ce soir. Donc, à mon avis, il n'y a pas lieu encore de considérer l'aventure de la Coupe comme définitivement perdue". |
Jules Zvunka nous a encore précisé qu'il comptait toujours sur la rentrée de Yazalde, samedi au Parc. "Je pense, nous a-t-il dit en conclusion, que le fait de ne pas avoir retenu l'Argentin pour cette rencontre a été une sage idée. Il est bon à mon avis qu'Hector n'ait pas été sur le terrain ce soir. Lui aussi était sorti en laissant le public sur une mauvaise impression. Je préfère alors l'avoir laissé sur la touche. Au parc, samedi, nous le retrouverons sans doute avec un état d'esprit bien plus vigoureux". MARIUS TRÉSOR : "IL FAUT MARQUER DES BUTS" Les joueurs dans l'ensemble ne se sont pas laissés aller à de longs commentaires. On discutait beaucoup. Nous l'avons dit, sur les deux buts litigieux marqués par les Sochaliens. Mais à quoi bon y revenir aujourd'hui, du moment que cela ne change rien à l'affaire. Trésor, lui, a pour sa part analyser la rencontre avec une saine objectivité. "On a beau dire tout ce que l'on veut, dans un match de foot il faut marquer plus de buts que l'adversaire. Et dans ce domaine là Sochaux, ce soir, a été bien meilleur que nous. C'est tout ce que l'on peut dire sur ce match". - Mais comment expliquez-vous score si élevé ? "Je n'en sais rien. Cette semaine je n'étais pas là. Dans ces conditions je ne sais pas quel a été le travail effectué ! Le mieux est maintenant de penser à autre chose..." Signalons que Albert Emon, sorti du terrain en deuxième mi-temps, souffre d'une entorse à la cheville. Les responsables médicaux lui ont posé un plâtre dès hier soir. Le diagnostic, en ce qui le concerne, est réservé. On ne peut rien dire quant à sa participation au match de samedi. À ce propos, nous laisserons le mot de la fin à Robert Buigues qui se s'est beaucoup dépensé hier soir. "Maintenant, nous a dit Robert avec le ton le plus sérieux du moment, si on ne veut pas mettre les clés sous la porte, on sait ce qui nous reste à faire samedi contre Nancy..." Ce sera aussi notre conclusion. Jean FERRARA |
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René HAUSS : "Notre jeu collectif a payé" |
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Les Sochaliens, après avoir consulté les résultats de la soirée, poussèrent un triple "Hip Hip Hip, Hourrah" ! Ils venaient d'apprendre qu'ils partageaient avec Nice le fauteuil de leader. "Tremblez le Bayern, tremblez Kiev... Sochaux arrive", lança en guise de boutade le minuscule Maier. René Hauss analysait, lui, la situation. "C'est une victoire normale. Nous avons été collectivement supérieurs aux Marseillais. Je pense que nous avons fait la preuve que notre classement n'est pas usurpé. Courbis, très entouré, félicité par Bernard Bosquier, cachait mal sa joie. "Content ? Bien sur que je le sui, et pour cause. Ne me demandez pas mon sentiment sur l'équipe marseillaise, mes propos risquent d'être mal interprétés". A. de R. |
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Le drame |
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L'O.M. ayant, depuis un bon bout de temps, abandonné toute prétention pour ce qui est du Championnat de France, on attendait, cependant avec un certain intérêt, ce match contre Sochaux. Un test idéal face au second du championnat, un texte qui devait permettre aux Phocéens de renouer avec la victoire pour se présenter samedi au Parc des Princes, face à Nancy, avec un moral de vainqueurs. Un coup d'oeil sur le résultat et vous aurez compris que l'opération a échoué. Et de la plus lamentable des façons. Battus, humiliés, les Phocéens ont maintenant très exactement quatre jours pour tenter de se reprendre. C'est bien peu en vérité. Et bien qu'en football la vérité du mardi ne soit pas forcément celle du samedi, on voit mal, sauf miracle, comment Trésor et ses hommes pourraient seulement inquiéter Platini et les siens. La défaite concédée hier est de celles qui ne se discute pas. Que Pintenat ait été ou non en position de hors-jeu avant de marquer le second but ne change rien à l'affaire. Si l'O.M. a perdu, c'est uniquement parce qu'il ne méritait pas de gagner. En fait, le onze marseillais souffre d'un mal chronique dont on voit mal comment il pourrait guérir. L'O.M. ne marque plus. C'est là le drame. Le dernier but réussi par un attaquant se perd dans la nuit des temps. Il fut marqué le 30 avril par Yazalde à Lyon, sur penalty à l'ultime seconde du match. L'O.M. traverse décidément une bien mauvaise passe, le calvaire se terminera-t-il samedi au parc. Rien n'est moins sûr. Les Nancéiens semblent posséder tous les atouts pour que se continue le chemin de croix. Un chemin de croix de Lorraine bien entendue. André de ROCCA |
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Les réponses aux questions que vous vous posez |
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COMBIEN DE MARSEILLAIS S'ÉTAIENT-ILS DÉPLACÉS POUR SUIVRE LEUR ÉQUIPE POUR SON AVANT-DERNIÈRE SORTIE DE LA SAISON AU STADE VÉLODROME ? 8.054. Cela pourra paraître peu aux non-initiés. Mais en fait, il ne faut pas oublier que l'O.M. restait déjà avant ce match sur trois défaites consécutives (Lyon, Nantes, Strasbourg), et que le championnat est perdu depuis longtemps. Comble d'infortune, une averse s'abattant sur la ville peu avant le début de la rencontre n'a pas manqué de décourager encore un certain de spectateurs. QUE PENSER DE L'O.M. ? Le score, évidemment, pourrait se passer de commentaires. Pourtant, à notre sens, le football a une fois de plus démontré qu'il était chose bizarre. Par rapport à ce qu'il avait montré devant Lyon, Angers (deux fois), Nantes et Strasbourg, les Marseillais, durant 90 minutes, nous étaient en effet apparus en progrès. Certes, tout était loin d'être parfait comme en témoigne la nouvelle démonstration de leur incapacité chronique à trouver le chemin des filets, mais enfin, nous n'en étions plus à l'inertie coupable de semaine précédente. Les deux buts de Pintenat et Maier, obtenu en deux minutes, firent évidemment basculer le match de façon irréversible. Nous ne voudrions pas avoir l'air de manier le paradoxe mais, alors que nous envisagions presque sûrement une défaite olympienne devant Nancy, une qualification nous apparaît désormais de nouveau possible. Bizarre après un 3 à 0 mais c'est ainsi ! Ce qui ne veut évidemment pas dire pour autant que nous donnons les Marseillais favoris. ET SOCHAUX ? C'est très certainement la meilleure équipe que l'on ait vue au stade vélodrome cette année. D'ailleurs, tant au match aller qu'hier soir, l'O.M. à concéder le bonus, les deux seules de cette saison, ce qui prouva le réalisme de cet ensemble franc-comtois. Les visiteurs eurent le mérite d'un bout à l'autre du match d'attaquer dès que se présentait pour eux une occasion. Sans doute bénéficièrent-ils d'un brin de réussite pour leurs deux buts marqués coup sur coup, notamment sur celui de Maier dont le tir passa entre les jambes de Migeon. C'est le football. Et si le bonus est sévère pour les Marseillais, le succès sochalien, lui, ne ce conteste pas. PINTENAT ÉTAIT-IL HORS JEU SUR SON BUT À LA 77E MINUTE ? Difficile de le dire avec certitude. Les uns affirment que oui, les autres que non, les joueurs, dans ce genre de situation n'apportant aucune lumière. Ce qui est sûr, c'est que Pintenat reçut le ballon dégagé par Rust, il se trouvait tout seul dans le camp marseillais ayant déjà dépassé l'arc de cercle central. Le problème est de savoir si au moment du dégagement. Il se trouvait encore dans le sens camp. C'est bien possible après tout, car ce Pintenat court diablement vite, et il bénéficia en outre de l'effet de surprise. Peut-être la télévision pourra-t-elle trancher le débat ? Alain PECHERAL |