Résumé Le Provencal du 20 juin 1976 |
O.A.-O.M. : UN VRAI MATCH DE COUPE
Les Avignonnais ont battu les Olympiens a l'arraché (2-1) |
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AVIGNON - Avant le match, pendant le défilé des majorettes, nous avons fait un rêve. Là, devant nous, un stade de cent mille places, le premier de France, plain et archi-plein pour une finale O.M. - Lyon, mais qui osera ? Enfin contentons-nous pour ce soir de clôture d'un O.M. - Avignon. D'un côté, une équipe pensant trop à la future Coupe des vainqueurs de Coupe, de l'autre, une équipe préparant sa prochaine campagne en division II, sous la direction d'Albert Batteux. Nous étions certains d'avance de ce qui allait se passer. Les petits, les sans grade, animés par la noble ambition de prouver quelque chose à leurs supporters venus assez nombreux, à leurs nouveaux dirigeants, à leur nouvel entraîneur, ne pouvaient qu'essayer de battre, huit jours exactement après le Parc des Princes, les vainqueurs de la coupe. Voilà toute l'histoire de ce match qui, en définitive, par son rythme, son engagement et son indécision, donna beaucoup plus que ce que l'on pouvait logiquement en espérer. Un peu plus même puisqu'il y eut quelques échanges de coups, que nous mettons au compte de la chaleur et de l'énervement. LEROY FRAPPA LE PREMIER En première mi-temps, l'O.M. aurait pu faire assez rapidement la décision, sans un rien de malchance, un tir de Mahieu sur le poteau et trois remarquables arrêts de Gallina sur des tirs de Zlataric et deux fois de Trésor. Mais les buts manqués ne figurant pas au tableau d'affichage, il reste que c'est Avignon qui frappa le premier. D'abord pour rien, un joli un très joli tir de l'ex-Mazarguais Gordani, dans la lucarne ayant été refusé par l'arbitre pour une irrégularité préalable de Chazaretta. Le public, on s'en doute, ne fut pas d'accord et il en résulta une magnifique bronca suivie une série d'accrochages sur le terrain. Là-dessus Leroy, d'une frappe instantanée du pied droit, de 20 mètres environ, et de face, trompa Migeon et calma les esprits. 1 à 0 à la mi-temps. Mais on devinait déjà qu'Avignon avait jeté ses principales forces dans la bataille. EN DEUXIÈME MI-TEMPS, DU GRAND SPECTACLE Malgré, et peut-être à cause de la chaleur, la deuxième mi-temps allait nous valoir du grand spectacle. Deux authentiques exploits, une bagarre générale et, pour finir, une victoire d'Avignon, obtenu pendant les arrêts de jeu sur penalty. Commençons par le plus agréable. Dès la reprise, ou presque, Zlataric, dans une position impossible et dans son style particulier, réussit un admirable centre lifté. Devinez qui il y avait à la réception ? L'inusable Nogues, le roi du Parc des Princes, qui, dans la position à genoux, marqua de la tête. |
L'O.M. venait ainsi d'égaliser. En fin de mi-temps sur un tir presque à bout portant d'Herbet. Migeon réussi le deuxième exploit de cette mi-temps : une déviation réflexe assez impressionnante. Mais nous n'étions pas au bout de nos émotions. Alors qui restait environ 6 minutes à jouer, une bagarre débuta devant la cage de l'O.M. Elle devient rapidement générale et l'on vit tous les joueurs, presque sans exception, en venir aux mains. Un peu comme dans le ces séquences de violences des westerns, où opèrent généralement des cascadeurs. À ce moment-là, l'arbitre aurait pu expulser les deux équipes. Il eut sagesse de n'en rien faire et tout finit par se calmer. Heureusement, mais nous avions eu chaud car, de notre place, nous avons bien vu une bonne trentaine de coups échangés. Tout à fait en fin de rencontre, alors que l'on jouait les arrêts de jeu, Fernandez crocheta Herbet, dans la surface de réparation. Ce fut le penalty que Castellan transforma en but au milieu de l'enthousiasme avignonnais que l'on devine. Ainsi, l'Olympique d'Avignon qui va descendre en deuxième division, avait-il ainsi réussi à battre le vainqueur de la Coupe, mais au prix de quels efforts ! L'O.M. A PU FAIRE FRONT Que ressort-il de ce match : que dans l'Olympique de Marseille comme nous le savions déjà, on trouve des joueurs qui ont une excellente santé et qui ne rechignent jamais quand il faut se battre. En deuxième mi-temps, en particulier, Buigues, Noguès, Zlataric, Boubacar, Trésor et quelques autres pesèrent de tout leur poids dans ce que l'on peut appeler une bagarre. Si l'O.M., en définitive, a perdu, on peut estimer que son équipe ne sort pas moralement diminuée de ce match. Dans des conditions extrêmement difficiles pour lui, contre un adversaire décidé à jouer un match de Coupe, huit jours après la finale de la Coupe, il a démontré toute la force et son tempérament, même si ce fut dans l'adversité. Un dernier mot pour cette équipe d'Avignon qui, si elle n'avait pas raté complètement son départ, aurait eu sans doute une chance de se maintenir en Division Nationale. Dans ses rangs, il existe, en effet, quelques bons joueurs comme Gallina, Herbet, Gordani, Castellan... et l'on ne peut que lui souhaiter de remonter rapidement parmi l'élite du football, ne serait-ce que pour notre belle Provence soit représentée par deux équipes. Maurice FABREGUETTES |
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Jean FERNANDEZ "Il n'y avait pas penalty" |
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De quoi pouvait en parler dans les vestiaires de l'O.M. après la rencontre, sinon de la bagarre générale qui avait éclaté quelques minutes avant la fin, fait assez rare dans les annales du football professionnel, et qui semblait réservé aux terrains de banlieue. Et tout le monde à ce sujet s'expliquait à sa manière. Vous en aurez confirmation en prenant connaissance des déclarations avignonnaises. Pour ce qui était de l'O.M., les coupables étaient vauclusiens. Ainsi, Migeon, qui fut un peu à l'origine de l'incident, nous expliquait : "Je ne sais pas ce qui a pris à Castellan de gratifier Victor d'un croc-en-jambe, mais il l'avait fait si nettement que je n'ai pas pu faire autrement que de lui reprocher. Castellan l'a mal pris et à manifester une attitude belliqueuse qui fut bien vite "calmée" par Marius Trésor. En fait, Castellan a été vexé quand je lui ai reproché d'avoir commis une faute volontaire". Marius Trésor, pour sa part, regrettait cet incident. Il n'est pas coutumier du fait et nous ne l'avons jamais vu abuser de sa force herculéenne. "Je regrette ce qui s'est passé mais vraiment Castellan avait exagéré, il avait menacé Migeon". La partie fut, on le sait, terminée de façon très tumultueuse. Non seulement avec ce début de bagarre générale, mais aussi avec ce penalty de la dernière minute qui alimentait les conversations. Il avait été accordé par l'arbitre alors qu'on jouait les arrêts de jeu pour une faute de Fernandez sur Herbet qui se laissa tomber légèrement à l'intérieur de la surface de réparation et le jeune demi marseillais nous expliquait : "Je n'ai pas commis la moindre faute. Au contraire, je sais qu'Herbet est coutumier du fait et je n'ai pratiquement pas voulu tenter de lui prendre la balle. C'est à ma grande surprise qui s'est "affalé" dans la surface de réparation jouant le tout pour le tout. Il est regrettable que l'arbitre se soit laissé prendre jeu". Le président Meric regrettait évidemment que la saison se termine sur cette série de coups fourrés. "Je ne sais pas ce qui a pris à nos adversaires. Nous étions venus pour jouer une partie tout à fait amicale. Il est vraiment dommage qu'elle se soit terminée de cette façon". |
Le président était approuvé par Victor Zvunka qui avait la tête des mauvais jours : "Ce n'est pas tant la défaite qui me contrarie, mais la façon dont elle a été consommée. Assister à un pareil début de bagarre dans un match de professionnels est évidemment regrettables. Quant au penalty, je suis persuadé qu'il était tout à fait imaginaire. Tout cela n'est pas d'une importance capitale, Dieu merci, mais je ne peux pas m'empêcher de "râler" car vous savez que je suis un gagneur". Le jeune Yougoslave Zkataric avait été l'un des héros marseillais de la rencontre. Mais il nous disait : "Je suis satisfait de mon comportement. En effet, j'ai réussi quelques centres de débordement dont l'un a amené notre but. Mais il est vraiment dommage que nous ayons perdu la rencontre de cette façon et cela vient gâcher quelque peu mon plaisir". Daniel Mahieu qui débuta à l'Isle sur Sorgue faisait pratiquement ses débuts. Il nous disait : "Il est toujours dommage d'effectuer de vrais débuts qui se traduisent par une défaite. Tout cela contrarie le plaisir que j'aurais pu avoir d'évoluer devant mes amis et ma famille". Boubacar, lui, s'était battu avec sa conviction habituelle mais il était assez véhément : "Je ne sais pas quelle mouche a piqué ces Avignonnais. Il est probable qu'ils étaient jaloux de notre victoire en Coupe et ont voulu le prouver quelque chose". Michel Baulieu, lui, revenait en équipe première après une longue absence. Comme tous ses camarades il était visiblement contrarié et il nous confiait : "Je pense surtout à la saison prochaine. L'essentiel, est de ne pas avoir souffert de mon genou opéré". Il est bien évident que dans le vestiaire d'à côté on devait entendre un tout autre son de cloche. Louis DUPIC |
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Le choeur des Avignonnais "Une victoire méritée" |
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Dans les deux camps, on était navré de la tournure prise par les événements en fin de partie : du résultat lui-même on n'en parlait que très peu dans la mesure où les deux parties étaient déjà fixées depuis longtemps sur leur sort respectif. L'Avignonnais Castellan, averti, présentait une arcade sourcilière profondément entamée. Mais chez les Avignonnais, on était content du résultat bien sûr, mais tout le monde pensait aux vacances. Quant à Marc Bourrier, il terminait son mandat dans le club olympien et regrettait du aussi la fin de partie quelque peu houleuse. De son côté, Herbert affirmait : "Oui, il y avait penalty, car j'ai été fauché par Fernandez. L'arbitre ne pouvait pas hésiter un seul instant. Enfin, Albert Batteux, toujours aussi lucide, faisait le point. "Après les vacances, on y verra plus clair. Mais l'équipe a fait preuve d'une excellente bonne volonté. C'est de bon augure, pour l'année prochaine. Je sais que nous ferons tous ensemble du bon travail. |
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