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Résumé Le Provencal

du 29 février 1976

 

  O.M. : LE PLUS DIFFICILE EST FAIT !

 

Mais Auxerre a été un redoutable challenger

AUXERRE - Pas de surprise, donc bonne surprise pour l'O.M. qui semble avoir fait la partie la plus difficile du parcours sur le chemin menant aux huitièmes de finale.

Pourtant, l'équipe d'Auxerre n'a rien à se reprocher et pendant les trente premières minutes, elle a même dû faire croire qu'elle avait les moyens d'infliger à l'O.M. un cinglant échec.

Ce fut le temps des "Allez les bleus !" poussés par les dix mille supporters entassés tant bien que mal, disons plus ma plutôt mal que bien dans ce stade qui d'ordinaire en accueille trois mille.

Jouant vite et bien, disputant toutes les balles comme si elles avaient été d'or, les Auxerrois donnèrent alors une image plus séduisante de leur talent.

Une bonne équipe certainement bien entraînée, que le public du stade-vélodrome découvrira vendredi prochain avec intérêt et sympathie, du moins, espérons-nous.

Mais l'O.M., qui a au moins une qualité, celle de savoir se battre et de ne jamais baisser les bras, a su supporter sans trop de mal la véritable bourrasque qui souffla hier par moment sur le stade d'Auxerre.

AUXERRE ÉTAIT PARTI AU SPRINT

La première mi-temps, comme on pouvait d'ailleurs le supposer, avait été caractérisée par une nette domination d'Auxerre.

Tenant avec un engagement constant et une classe non négligeable leur rôle de challengers, les amateurs s'étaient attribué la maîtrise du ballon etpar conséquent, du jeu.

C'est simple mais efficace et c'est aussi, en Coupe, la meilleure façon de l'emporter sur l'équipe supposée la plus forte.

L'O.M. donc fut refoulé dans son camp, pas mal ballotté, et Trésor et Victor Zvunka durent faire feu de tout bois pour parer au plus pressé, dégagement en touche, coup de tête n'importe où, tout était bon pour empêcher les Auxerrois de tirer au but.

Heureusement, pendant cette période très chaude pour l'O.M., Migeon ne commettait aucune faute, se montrant d'une rassurante sûreté pour ses partenaires.

Au fil des minutes cependant, l'O.M., grâce surtout à Emon et à Florès, put montrait quelques facettes de ses qualités offensives.

Mais tout cela, qui ne présenta que des banderilles, ne suffit pas à mettre vraiment en danger le gardien polonais Szeja.

0 à 0 à la mi-temps c'était la meilleure chose qui pouvait arriver à l'O.M. Il ne restait plus qu'à attendre la suite pour savoir si l'O.M., de dominer, allait devenir à son tour dominateur.

LE DEUXIÈME SOUFFLE DE L'O.M.

Dominateur, ce serait beaucoup dire, mais l'O.M., en deuxième mi-temps, a dominé à peu près autant que l'avait fait son courageux adversaire durant la première période.

Ayant trouvé leur deuxième souffle, alors que certains Auxerrois accusaient nettement la fatigue de leurs généreux efforts, les Olympiens réussissaient au moins à prouver une chose que l'on savait déjà, à savoir que Szeja est vraiment un gardien de but qui ferait le bonheur de nombreuses équipes de premières divisions, s'il n'était étranger.

À cette équipe auxerroise qui s'était battue avec une volonté digne d'admiration, il évita le désagrément d'une défaite qui lui semble immérité.

Cependant, toujours au cours de cette deuxième mi-temps, le meilleur arrêt de la suite d'un parti fut à encore l'oeuvre de Migeon. Sur le tir du jeune et petit ailier droit d'Auxerre Devin, alors que l'on croyait déjà la balle dans la cage, il réussit grâce à une détente et à une déviation miracle, à repousser le ballon en corner.

Bravo Migeon qui depuis qu'il a obtenu une place de titulaire à l'O.M. n'a cessé de s'imposer et de surprendre agréablement tout ce qui ne le connaissait pas.

LA SUITE VENDREDI PROCHAIN

Ainsi donc, sur un match nulle par 0 à 0, qui ne reflète pas l'intérêt de cette rencontre les Olympiens sont retournés aux vestiaires assez contents de cette mini performance.

Il reste que la route des huitièmes de finale semble largement ouverte devant eux.

Malgré toute la valeur de l'équipe auxerroise et la qualité de certains de ses joueurs, nous ne pensons pas qu'elle puisse l'emporter au stade vélodrome.

Cependant, une fois encore, l'O.M. a montré à la fois ses qualités et ses limites. Quand l'équipe veut élever le rythme du jeu, les passes arrivent plus et les offensives tournent au désordre.

Hier, en première mi-temps, le meilleur jeu, le plus net, le mieux pensé, a été celui de l'équipe d'Auxerre tandis que l'O.M. de faisait que de se défendre.

Sans doute l'essentiel a été obtenu, mais on pourrait demander mieux à une grande équipe de première division qui avait, hier, devant elle, un public en or venu pour l'applaudir et pour admirer le grand football de première division.

Maurice FABREGUETTES

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Jules ZVUNKA :

"Un vrai match de Coupe"

Les Marseillais ne faisaient pas la fine bouche sur le résultat nul qu'ils ramenaient d'Auxerre, et leur entraîneur Jules Zvunka résumait ainsi le sentiment général : "Ce fut pour moi un vrai match de Coupe. Un match plein, extrêmement disputé mais sans méchanceté et dans un très bon esprit, ce qui est à souligner. Nos adversaires amateurs m'ont surpris par leur cohésion, leur esprit de corps. Ils ne sont pas non plus dénués de solides qualités techniques. Ils ont joué le match qu'il fallait en essayant de nous priver du ballon, en étant sans cesse au contact et je dois avouer que la première mi-temps a été tout à fait et c'est excellente. Il est normal qu'ils aient fléchi quelque peu en deuxième mi-temps, après avoir imprimé un tel rythme à la partie, et nous aurions pu alors en profiter car nous avions eu suffisamment d'occasions au cours de cette période pour nous imposer.

"Enfin, je ne suis pas déçu par le résultat. Je m'attendais à un match difficile. Toutes nos chances de qualification sont préservées et c'est bien l'essentiel".

Marius Trésor, le capitaine, était de l'avis de son entraîneur :

"Ces amateurs en voulaient terriblement. Ils étaient beaucoup plus forts que je ne le croyais. Ils ont joué une très bonne première mi-temps, mais il est certain que nous pouvions à notre tour nous imposer en deuxième.

"Je ne pense pas que l'on doive se faire trop de souci pour le match retour qui se déroulera dans de tout autres conditions".

Gérard Migeon n'avait eu à réaliser que quelques interventions difficiles, mais il avait su se trouver au point nommé pour arrêter deux balles très dangereuses en deuxième mi-temps.

Il nous disait : "Il est toujours délicat d'avoir à faire à une équipe amateur qui en veut. Nos adversaires de ce soir étaient loin d'être les premiers venus. Encouragés par le nombreux public, ils ont joué un véritable match de coupe et nous avons tout lieu d'être satisfaits du résultat qui préserve toutes nos chances de qualification".

François Bracci était revenu aux vestiaires en grimaçant, il nous confiait : "En ce moment, j'éprouve certaines difficultés car je souffre terriblement d'une cheville depuis plusieurs semaines. De ce fait, je dois toujours rester en dedans de mes actions, ce qui est fort désagréable. Ce soir, notamment, j'ai éprouvé certaines difficultés car nos adversaires étaient toujours au contact, à disputer leur chance avec une ardeur que vous avez pu constater".

Buigues, lui, pensait également à Montluçon : "Le match de ce soir n'est pas sans rappeler celui que nous avions joué la saison dernière au stade Dunlop. Là aussi nous avions fait match nul 0 à 0. J'espère maintenant que nous n'aurions pas à jouer les prolongations mardi prochain pour arriver à nos fins".

Albert Emon était, comment on dit, mi-figue, mi-raisin : "Je crois qu'aujourd'hui, c'est surtout notre défense qui s'est mise en évidence. Elle n'avait pas la partie facile, il faut le reconnaître, car les amateurs avaient empoigné le match à bras-le-corps et nous ont posé un problème, surtout en première mi-temps. Et ceci d'autant plus que nous n'avons pas été très saignants en attaque. Mais, enfin, on peut croire sérieusement désormais à la qualification."

Le jeune Florès se plaignait, quant à lui, de la cuisse : "J'ai connu une soirée difficile. En effet j'avais souffert d'un léger claquage avant le match contre Paris. Je m'étais bien soigné au cours de la semaine, mais ce soir j'ai senti rapidement la douleur se réveiller. Voici pour mon compte personnel. En ce qui concerne l'ensemble, il est certain que nous avons eu une partie difficile. Les amateurs jouèrent avec une forte conviction et étaient sans cesse sur la balle. Quant à nous, je crois qu'il nous a manqué en attaque un petit quelque chose".

Nogues s'était montré une fois de plus l'un des meilleurs de son équipe : "Certain ont l'air de faire la fine bouche sur notre performance. Pour ma part, je ne trouve pas que nous ayons réalisé un mauvais match. J'estime même que ce fut un match méritoire".

L.D.

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La fête

"Nous ne voulons pas considérer cette soirée comme une apothéose, car nous espérons faire souvent aussi bien, et peut-être mieux, à venir. Mais aujourd'hui, pour nous, c'est la fête, la fête de la saison".

Ainsi s'exprimait un dirigeant bourguignon en regardant rêveusement le stade rempli à craquer d'une foule bon enfant, bruyante et colorée, prenant d'assaut les éventaires des marchands de vin, de frites et de saucisses. Et il reprenait : "Nous avons dû ouvrir les portes un peu après 16 heures. Il le fallait bien pour éviter la panique !"

Le record des recettes ne veut certes pas dire quelque chose mais l'augmentation permanente des prix, mais le record d'affluence a été non pas battu mais pulvérisé à l'occasion de la venue de l'O.M. Le précédent record avait été établi lors du derby contre le voisin Avallon avec 3.600 spectateurs. Or, vendredi soir, près de 8.000 places avait déjà été louées.

Avec les ayants droits, ils étaient certainement plus de dix mille, par une soirée printanière, succédant à une merveilleuse soirée ensoleillée. Toutes les conditions étaient donc remplies pour le succès total.

Seule la Coupe de France dans une ville de moyenne importance encore bien loin d'être blasée, peut apporter pareil déchaînement d'enthousiasme. Le décor de la fête était planté ; il restait à l'équipe locale à se montrer digne de la circonstance.

Et nous croyons bien que c'est, sans l'obséder, ce qui peut préoccuper le plus l'entraîneur Guy Roux, qui nous avait confié lors du déjeuner :

"Une partie de l'opinion nous voit déjà battre, ou tout au moins tenir l'O.M. en échec. Disons qu'elle est en avance sur nous. Nous n'en sommes pas là. Chez mes hommes, je sens surtout une sorte de curiosité, un désir sincère de mesurer leur valeur face à un grand de notre football !"

Cette réalité, nous la partageons, et nous pouvons assurer que le comportement des amateurs n'a pas dû décevoir le responsable, car ils s'attelèrent à la tâche avec toute la conviction désirable, jouant parfaitement le rôle de challenger, réduisant longtemps à la défensive une équipe marseillaise prudente, faisant face à l'orage et attendant que se présente l'ouverture, l'occasion favorable.

Il arrive parfois malheureusement qu'au cours de choc opposant des amateurs aux professionnels, la hargne des premiers atteigne parfois à une sorte d'hystérie et provoque une flambée de violence. Ce ne fut pas le cas hier soir, empressons-nous de le souligner. Les amateurs menèrent leur combat avec une grande ardeur, un engagement physique complet, mais de partie ne dégénéra jamais. On assista à aucun vilain geste, et on peut dire que ce sont les professionnels souvent mis sur des charbons ardents, qui commirent le plus de fautes, le plus souvent d'ailleurs à la suite d'accrochages sans gravité. Quant à l'immense foule, relativement, s'entend, si nous considérons les dimensions du stade d'Auxerre, elle se tint bien sagement à sa place derrière les fragiles barrières.

Et si elle encouragea follement ses favoris, elle ne se départit jamais de la plus grande courtoisie à l'égard des visiteurs.

Ainsi, cette très bonne soirée, cette grande fête du football à Auxerre, ne fût-elle ternie par aucune fausse note.

LOUIS DUPIC

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Guy Roux :

"Je ne suis pas déçu"

L'entraîneur bourguignon Guy Roux nous avait longuement entretenu avant le match d'un espoir qu'il nourrissait pour son équipe et à cet égard il n'était absolument pas déçu ni par son comportement ni par le résultat et disait :

"Je ne suis pas déçu pour la bonne raison que je ne me faisais guère d'illusion quant au résultat de l'aventure. Rappelez-vous que mon souhait principal était que nous ne perdions pas ce match afin que mon équipe demeure invaincue à domicile. Il a été réalisé et c'est déjà une bonne chose. Sur un plan plus général, mon équipe a joué je crois le match qu'il fallait en abordant la partie à toute allure et en essayant de réussir le K.O. comme tout challenger qui se respecte. Mais la défense marseillaise à jouer à mon avis un grand match. Elle n'a commis aucune faute il était vraiment difficile de passer, car ses défenseurs là sont vraiment de grands joueurs. Je pense notamment à Trésor et Victor Zvunka qui se sont montrés des remparts vraiment infranchissables.

"C'est au cours de la première mi-temps comme nous l'avons tous vu, que nous aurions pu faire la décision. Il était normal que nous réfléchissions après le repos pour la bonne raison que plusieurs de mes joueurs notamment Mesone et Truffaut avaient joué le match avec une forte grippe et que notre capitaine Hallet a dû jouer pour trois pendant la majeure partie de la rencontre.

"Nous aborderons le match retour sans plus de prétention que le match aller. Nous amènerons toute notre équipe à Cassis, aux Roches Blanches et à défaut d'autre chose nous ont fait un beau voyage et connu une expérience intéressante.

L.D.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- CE MATCH MÉRITAIT-IL UN ARBITRE DE LA QUALITÉ DE M. WURTZ ?

- Ce ne fut pas tellement évident. À quelques accrochages près, au demeurant inévitables et bénins dans un match de Coupe, la rencontre fut très disputée, mais dans un excellent esprit sportif.

Ce qui fait que la tâche de l'arbitre ne fut vraiment jamais insurmontable.

Toutefois on a pu constater que M. Wurtz, qui semble être moins théâtral qu'avant, ce qui n'est pas un mal, a pleinement justifie sa réputation.

Un très bon arbitre, la chose est maintenant certaine.

- EMON, YAZALDE ET FLORÈS CONSTITUENT-T-ILS LE MEILLEUR TRIO DE POINTE OFFENSIF DE L'O.M. ?

- Il est très difficile de répondre à cette question sur un seul match, surtout quand il s'agit d'un match de Coupe aussi acharné. Toutefois on ne pense pas qu'il soit possible de faire mieux en ce moment. Emon, Florès et Yazalde ont les qualités très différentes, et si l'harmonie ne règne pas encore aussi parfaitement qu'on le souhaiterait, il faut leur laisser le temps de se mieux connaître et combiner ensemble.

Rien ne se fait dans le domaine du football en une courte période. C'est le temps seul qui apportera à ces trois footballeurs les automatismes qui leur font défaut et, à chacun d'eux, la connaissance de ses partenaires.

QUELLE EST LA VALEUR EXACTE DE L'ÉQUIPE D'AUXERRE ?

On s'est aperçu, une nouvelle fois, que le football avait fait, en France, de très grands progrès en profondeur.

Il n'y a pas, actuellement, une différence énorme entre les bonnes équipes de Première Division et les bonnes équipes de Deuxièmes Divisions.

Jugée surtout sur sa première mi-temps, l'équipe auxerroise a produit l'impression qu'il ne serait pas ridicule en Division Nationale.

Elle a su jouer vite et bien, en recherchant constamment la mise hors de position de l'adversaire. Ce ne fut jamais du football à l'emporte-pièce, du football qualifié autrefois d'amateur. Sans doute peut-on reprocher à Auxerre d'avoir mal réparti ses efforts sur l'ensemble de la rencontre. Mais, en l'occurrence essayer le K.O. dès le député du match, n'était peut-être pas si mal jouer. Il s'en est d'ailleurs fallu d'assez peu que les bouillants et brillants amateurs ne réussissent dans leur entreprise.

Il s'agit donc d'une bonne équipe dont le classement élogieux en Deuxième Division ne nous surprend plus, après ce que nous avons vu hier soir sur le terrain d'Auxerre.

M.F.

 

 

 

 

 

 

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