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Résumé Le Provencal

du 11 avril 1976

 

  LE PRINTEMPS DE L'O.M.

 

  BERETA fait la différence devant REIMS (3-1)

Le football fera toujours notre joie par ce qu'il a d'imprévu et parfois d'illogique.

A la 60ème minute on pouvait lire 1 à 1 au tableau d'affichage et déjà, autour de nous, ont commencé à parler de l'épreuve des penalties et le long de la touche Emon s'échauffait prêt à faire son entrée. De toute évidence à ce moment-là c'est un buteur qu'il fallait à l'O.M.

Mais qui allait faire les frais de l'opération ? Nos voisins se posaient la question et certains pronostiquaient la sortie de Bereta.

Vous connaissez sans doute la suite : 5 à 6 minutes plus tard, l'ex-capitaine stéphanois devenait le héros du match et l'O.M. voguant sur des eaux plus tranquilles, se trouver qualifié pour les quarts de finale.

Le plus sympathique et que ce ces deux buts furent aussi jolis que d'une révélation technique peu facile.

Le premier fut le frère de celui marqué par Platini contre la Tchécoslovaquie : sur un coup franc indirect, en pleine surface de réparation, il sapa le moral des Rémois fort de neuf joueurs.

Le second, un tir percutant du gauche d'une vingtaine de mètres sous un angle à demi ouvert, un de ses tirs dont Bereta s'était fait une spécialité quand il portait le maillot vert et jouer contre l'O.M.

Si nous avons assisté sur ces deux buts, c'est qu'ils furent l'essentiel de la rencontre en faisant la différence.

En football, la chose importante est toujours de marquer, le reste n'étant que subsidiaire.

UN MATCH PASSIONNANT

Cela dit, nous avons assisté à une passionnante rencontre de Coupe. Il ne faudrait pas croire que Reims s'est laissé faire. L'équipe champenoise a beaucoup mieux joué que mardi dernier sur son terrain. À l'exception du début de la première mi-temps, où elle s'était montrée très réservée, elle attaqua constamment.

Au début de la deuxième mi-temps, alors que l'O.M. se trouvait encore à égalité avec son rival, les Rémois amorcèrent de très dangereuses attaques.

Jusqu'à la fin, ils se montrèrent très offensifs donnant au match toute la houle sa couleur et son intérêt.

Mais en face, l'O.M. a réalisé lui aussi, un match de qualité. Devant des adversaires ne voulant pas se laisser battre, ils firent preuve de bout en bout, de beaucoup de consistance dans l'effort, et de progrès très net dans ce que l'on appelle la circulation du ballon.

Il ne fait pas de doute que sur les deux récentes rencontres, auxquelles nous venons d'assister, l'O.M. a mérité sa qualification, elle est le fait d'une équipe, qui, avec le printemps, semble avoir retrouvé l'essentiel de ses moyens.

Une équipe qui devrait faire une excellente fin de saison. Ce sera du moins notre voeu.

SOUS LE SIGNE DU

QUATRE-QUATRE-DEUX

En première mi-temps, le mêmes quatre-quatre-deux pratiqué par les deux équipes avait failli nous endormir, quand la partie fut relancée brutalement par l'égalisation de Migeon. Jusque-là l'O.M., fort du but marqué par Noguès avec la complicité d'un défenseur rémois, dès la troisième minute, avait généralement dominé, mais sans obliger Aubour à se surpasser.

De belles reprises de la tête par Boubacar, mais assez nettement au-dessus, et ce fut à peu près tout. Il est vrai qu'en face, Migeon n'avait absolument pas touché le ballon, quand il dut s'incliner sur un tir de Simon. Un tir inarrêtable au demeurant, car le jeune Rémois se trouvait à la hauteur du point de penalty, presque en face.

En fait, presque tout le jeu se faisait au milieu du terrain ou les joueurs des deux équipes étaient en surnombre.

Pendant ce dernier quart d'heure de la première mi-temps, l'O.M. comprenant enfin qui lui fallait appuyer sur l'accélérateur, s'était montrée beaucoup plus menaçant et sans obtenir autre chose qu'un net avantage aux corners.

UNE DEUXIÈME MI-TEMPS TRÈS

ENLEVÉE

La deuxième mi-temps a réconcilié le nombreux public du stade-Vélodrome, non seulement avec son équipe, mais encore avec le football de compétition.

Ce fut vraiment, de bout en bout, un vrai match de Coupe, disputé sur un rythme qui ne faillit jamais. Aux attaques massives de l'O.M., Reims répandit par de très fines contre-attaques et faillit même, à plusieurs reprises, prendre l'avantage ou remonter son retard.

Les deux équipes donnant le meilleur d'elle-même offrirent ainsi au public un fort beau spectacle.

Rendons grâce aux 22 joueurs qui avec leurs qualités et leurs défauts, mais en tout cas, en ne ménageant jamais leurs efforts, réussirent à faire de ce rendez-vous sportif un grand événement du football.

Il reste maintenant à l'O.M., qualifié pour les quarts de finale, à faire un pas de plus vers le Parc des Princes.

Nous pensons aussi que sur sa forme du moment, il est capable de remonter plusieurs places au classement de Championnat. Car, en fait, ce et ce sera notre conclusion, si nous avons insisté sur l'importance des deux buts de Bereta, il est bon d'ajouter que ce succès fut, avant tout, celui de toute une équipe.

 Maurice FABREGUETTES

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Un gauche retrouvé !

On a beau dire et redire que la Coupe de France fait souvent les yeux doux à l'O.M., nous n'étions pas tellement rassurés lorsque M. Wurtz donna, hier soir, le coup d'envoi sur le coup de 20 heures.

C'est que ces Rémois qui, quatre jours plus tôt, avaient été trop mauvais pour être honnêtes, on les sentait capables de réussir "un truc".

Certes, lorsque d'entrée Noguès, avec la complicité de la défense champenoise, trompa Aubour, la première réaction fut de penser que la Bonne Mère avait prit les Olympiens sous sa protection.

Et puis, il y eut la suite.

C'est-à-dire le but égalisateur de Simon. Et les spectateurs qui, plus nombreux que d'habitude, avaient pris le chemin du stade se surprenaient à trembler. C'est que cette partie, commencée à la lumière du jour, et qui se poursuivait sous celle des projecteurs, semblait tourner, après un excellent départ des Phocéens, à l'avantage des Rémois.

Le jour et la nuit en quelque sorte, entre les vingt premières minutes et les vingt dernières.

À la reprise, l'heure passait, le public commença à réclamer Albert Emon sur l'air des lampions. Ce fut alors le moment que choisit Georges Bereta pour faire parler la poudre.

On sait que, cette saison, les Phocéens, en règle générale, ne font rien comme les autres. Et "Berete", décida donc de ne pas faire exception à la règle. Lui qui, après trente jours de championnat court toujours après son premier but, se décida à en marquer deux, en moins de cinq minutes, histoire sans doute de prouver qu'il a encore un gauche qui sait se faire respecter.

Ce n'est pas Aubour qui viendra aujourd'hui nous dire le contraire.

La qualification en poche, les Marseillais achevèrent la partie en roue libre, encouragés par 30.000 personnes qui, se découvrant tout à coup une âme "ohémiste" scandèrent quelques minutes avant le coup de sifflet final un tonitruant "On a gagné ! On a gagné.

Voilà donc l'O.M. qui a franchi un nouvel obstacle sur la route du Parc des Princes. Un résultat tout à fait logique sur l'ensemble des deux rencontres qui l'ont opposé aux Rémois. Quand on sait, qu'au départ, les pronostics ne lui étaient pas favorables, il faut applaudir des deux mains.

Quelle surprise nous réserve encore ces Marseillais cru 76 ? Bien malin qui peut, d'ores et déjà, le dire, mais une réponse définitive pourrait nous être apportée fin mai à Paris.

André de ROCCA

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Le président MERIC :

"J'ai toujours eu confiance"

Beaucoup de monde dans les vestiaires marseillais dont la porte, exceptionnellement, s'était ouverte dès la fin de la rencontre. Les dirigeants olympiens démontraient ainsi qu'ils n'avaient rien à cacher à la fois à leurs joueurs et aussi aux nombreux journalistes.

Le président Meric était encore sans voix quand il s'apprêta à répondre aux traditionnelles questions.

"En effet, j'ai beaucoup crié pendant la rencontre, mais maintenant je peux afficher un sourire légitime, a déclaré le président.

"L'O.M. ce soir a très bien joué. L'équipe a eu la réussite qu'il fallait, mais reconnaissez avec moi que cette réussite les joueurs l'avaient bien cherchée pendant les 90 minutes".

- Après le but rémois, avons-nous demandé, est-ce que vous avez ressenti une sorte de doute ?

"Sincèrement, nous a répondu le président, j'ai toujours eu confiance en cette équipe. Je savais que les gars étaient capables de nous gagner cette rencontre.

"D'ailleurs, à la mi-temps, aux vestiaires, j'ai dit à tous les joueurs de ne pas se décourager, de continuer à jouer dans le même esprit et que le résultat ne tarderait pas à suivre. Finalement ce fut tout à fait conforme aux prévisions.

"Nous voilà qualifié pour les quarts de finale de la Coupe de France. Peut-être que l'O.M., tant décrié depuis le début de la saison, n'a pas encore dit son dernier mot".

JULES ZVUNKA

"UNE ÉQUIPE QUI CONFIRME"

Jules Zvunka, lui aussi, était entouré par les nombreux journalistes :

"Je suis tout à fait satisfait, nous a dit l'entraîneur, à la fois de la qualification et du jeu offert ce soir par l'O.M.

"Cette rencontre, et la victoire qui a suivi, confirment en fait les sorties précédentes. L'O.M., c'est incontestable, a trouvé un nouveau rythme. Certains prétendront peut-être que la forme vient un peu tard, mais, comment on dit, dans un championnat - et à plus forte raison en Coupe de France - mieux vaut tard que jamais".

MARIUS TRÉSOR :

"NOUS VOULIONS CETTE VICTOIRE"

Inutile d'ajouter, par ailleurs, que tous les Olympiens savouraient avec délice le résultat de cette rencontre.

Marius Trésor, le premier, en dégustant une coupe de champagne, nous faisait sa propre analyse.

"Je crois, nous a dit le capitaine, que ce fut dans l'ensemble un très bon match. Après le but marqué par Noguès l'équipe assez un peu relâchée. En quelque sorte, c'est l'égalisation rémoise qui nous a sorti de notre léger passage à vide. Nous avons alors recommencé à jouer pour forcer le résultat.

"Nous avons notamment à border la deuxième mi-temps avec une totale détermination. Nous étions tous décidés à offrir cette victoire de supporters. Les deux magnifiques buts obtenus par Bereta sont, en fait, la conclusion logique de notre domination".

Justement, il était intéressant de prendre l'avis de Georges Bereta qui fut le grand bonhomme de cette rencontre.

- On a retrouvé le grand Bereta ? Avons-nous lancé à l'ex-capitaine stéphanois.

"Ce qu'il faut souligner surtout, nous a dit Georges avec modestie, c'est le jeu d'équipe qui a permis à l'O.M. d'obtenir sa qualification. C'est vrai à Reims, ce le fut encore ce soir à Marseille. Vous savez, en Coupe de France, ce n'est jamais la réussite d'un seul joueur qui fait la différence, les biens l'aide de tous ses camarades. C'est exactement ce qui s'est passé ce soir".

- À quoi attribuez-vous votre réussite ?

En jouant à l'aile gauche j'ai davantage de temps de récupération. Cela me permet de concentrer tous mes efforts lorsque je suis en possession de la balle. De toute façon, je pense que mon tir du gauche sur le troisième but est de ceux qui vous réconfortent. Un peu de chance peut-être, mais je suis tout de même content de moi".

La conclusion nous la laisserons à Jacky Lemee dont la rentrée, une fois de plus, a été remarquée.

"J'avais un peu peur de manquer de rythme, nous a dit le défenseur, mais au fil des minutes tout s'est très bien passé. Quant à la rencontre elle-même, je crois que c'est un des meilleurs matches de l'O.M. à Marseille. À mon avis, c'est aussi notre plus belle victoire".

Là-dessus, les nombreux supporters seront certainement d'accord.

Un succès qui vous ouvre les portes des quarts de finale est toujours appréciable.

 Jean FERRERA

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Pierre Flamion : "Nous n'avons pas à rougir de cette défaite"

Les Rémois n'étaient pas accablés par leur élimination en Coupe de France. Ils admettaient même avec une certaine philosophie. Le gardien Aubour était volubile, comme d'habitude :

"En Coupe de France, la qualification doit se réussir à domicile, nous l'avons raté chez nous".

L'entraîneur Flamion à analyser la rencontre avec beaucoup d'objectivité :

"Notre production en première mi-temps ne fut pas éclatante, et nous de méritions pas de parvenir après 45 minutes de jeu, à un score nul. Et, pourtant, c'est durant cette période que nous avons perdu. On peut dire que Bereta a fait la décision contre nous. Il a joué d'une façon très intelligente, comme un joueur expérimenté, et il a relancé l'équipe marseillaise au bon moment. Les Marseillais ont fait meilleure impression en Coupe de France quand championnat.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- À QUI ATTRIBUER LE PREMIER BUT DE L'O.M. ?

- À Noguès évidemment, puisque c'est lui qui arma ce tir, donnant l'avantage à son équipe, après trois minutes de jeu seulement. C'est en général ainsi que l'on procède en pareil cas, mais cela ne saurait faire oublier que, sans un contre providentiel au départ de l'action qui modifia du tout au tout la trajectoire du ballon, l'O.M. n'eut pas bénéficié de cette avance importante, à plus d'un point de vue. Souvent malheureux lorsqu'il s'agit de conclure, Noguès avait, pour une fois, les dieux du football avec lui !

- COMMENT EXPLIQUER LE SOUDAIN RENOUVEAU DE BOUBACAR ?

- L'expliquer est bien difficile, mais la constater est à la fois agréable et relève de la plus élémentaire honnêteté. Incontestablement Boubacar est transformé. Non seulement il participe activement à la récupération de chaque ballon perdu, mais il accomplit dans le domaine offensif qui demeure, bien entendu l'essentiel de sa tâche, un travail considérable. Son excellente technique alliée à des qualités physiques déjà bien connues, lui permet de faire peser un danger constant sur la défense adverse. D'autant qu'il semble désormais totalement libre de ses mouvements sur tout le front de l'attaque. Ceci expliquant peut-être cela.

- YAZALDE EST-IL HORS JEU LORSQU'IL MARQUA À LA 60E MINUTE ?

-Nous pensons bien que oui, bien qu'il soit difficile d'être formel. Mais lorsque Buigues arma sa passe retournée, il semble que l'Argentin était déjà un bon maître derrière Laraignée. Bereta se chargea, de toutes façons, d'ôter tout intérêt à cette question.

- QUE PENSER DE BERETA PRÉCISÉMENT ?

Qu'il hésite trop souvent tenter sa chance ! Son tir meurtrier demeure trop souvent inemployé. Curieux tout de même comme la Coupe réussit au Stéphanois !

Rappelons-nous le premier O.M. - Paris de l'an dernier, et le match contre Avignon cette année... Ses buts valent leur pesant d'or !

- POURQUOI KRAWZICK EST-IL SORTI À LA 33e MINUTE ?

- Non pas parce qu'il était blessé, mais tout simplement parce que Pierre Flamion son entraîneur, estimait que la présence de Georges Lech convenait mieux au jeu de son équipe dans ces circonstances bien précises. À noter que Reims, comme l'O.M., l'avait fait au match aller, s'était aligné avec quatre joueurs au milieu de terrain.

- LES DEUX AVERTISSEMENTS INFLIGÉS À BIANCHI ET ZVUNKA ÉTAIENT-ILS JUSTIFIÉS ?

-Certes les deux hommes, hier soir, comme au match aller, s'étaient livré un duel impitoyable, dépassant souvent la régularité. Mais les fautes pour lesquelles ils furent punis, elles étaient insignifiantes. Bianchi le fut pour avoir expédié le ballon au loin d'une pichenette ; Victor pour avoir poussé son adversaire de l'épaule.

On aimerait voir les cartons jaunes sanctionner plus souvent des agressions et non pas des fautes vénielles.

Ceci dit, soulignons que Bianchi, pour sa deuxième apparition de l'année à Marseille, est demeuré très effacé. Tout le mérite en revenant à Victor Zvunka, un garçon qui n'a sans doute, pas fini d'étonner.

Alain PECHERAL

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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